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Les déterminants socio-politiques de la corruption dans l'administration publique burkinabè

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par SIDI BARRY
Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM) - Conseiller en gestion des ressources humaines (GRH) 2010
  

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Section II : Les déterminants politiques de la corruption dans l'administration

L'absentéisme, le laxisme, la démobilisation, la lenteur administrative, l'improductivité la malhonnêteté et la corruption sont autant de maux qui minent notre administration publique. Les manoeuvres obscures et les scandales répétés témoignent du désordre qui règne dans certains services publics. Et cette situation est visible à travers la grande liberté que se donnent les cadres et agents à l'égard des ressources publiques. En effet, notre administration ne fonctionne pas toujours selon des règles claires et précises à cause des dysfonctionnements (Paragraphe I), de l'impunité (Paragraphe II) et de la politisation de l'administration (Paragraphe III) qui ouvrent la voie à toute sorte d'abus.

Paragraphe I : Les dysfonctionnements de l'administration

Selon le rapport sur le développement humain25(*), «les administrations africaines portent l'empreinte des anciennes puissances colonisatrices. Dans le cas du Burkina Faso, elles sont soumises à un système juridique emprunté à la société française et marquée par la double influence de son régime politique et économique capitaliste».

Malheureusement, de nombreux citoyens et usagers s'accordent à déplorer la corruption, l'incurie, l'inertie, la lenteur des procédures, la mauvaise application des textes, en un mot, le fonctionnement médiocre de la machine administrative dans notre pays.

Cependant, ces dysfonctionnements créent le plus souvent un dédoublement de l'administration qui a pour corollaire l'informalisation qui est souvent source de transactions illégales, voire de corruption.

En effet, ce dédoublement crée un décalage énorme entre l'organigramme sur le papier du service et la division du travail et entraîne une situation où on ne sait pas qui fait quoi dans le service. Ce hiatus entre la norme et la réalité entraîne une sous-qualification (un agent effectue une tâche inférieure à sa qualification) où une sur-qualification (un agent effectue une tâche supérieure à sa qualification) qui entraîne plusieurs dysfonctionnements et favorise la corruption. Ce glissement des fonctions crée immanquablement un flou autour du cahier de charges propre à un poste où à un statut. De ce fait, l'improvisation qui en résulte est propice à des transactions illégales où à des pratiques corruptrices.

Par ailleurs, les dysfonctionnements sont amplifiés à cause de l'ignorance et l'analphabétisme des usagers qui ne savent pas leur droit et devoir et qui ne comprennent rien aux procédures administratives. Cette situation pousse certains agents à prendre en otage le temps des usagers en créant sciemment des lenteurs et des goulots d'étranglement et offrir ensuite une accélération personnalisée et payante du service.

Ainsi, profitant des dysfonctionnements de la machine administrative, certains agents des services publics cultivent une tradition de mépris et d'arrogance face aux usagers des services. Et, c'est toujours avec crainte et tremblement que les usagers où «gens sans importance» qui ne comprennent rien aux rouages de l'administration obéissent aveuglement aux injonctions des agents malhonnêtes et corrompus.

Jean Marc Ela26(*) confirme cette réalité en affirmant qu' «En Afrique, le bénéficiaire des services est loin d'être considéré comme un client digne de respect, alors que tout l'édifice public ne peut fonctionner que par le travail de ses mains et la sueur de son front».

Et pour Jean François BAYART27(*), le mépris affiché de certains agents à l'endroit des usagers est manifeste. Il reconnaît que: « l'humilité qu'affichent les usagers des administrations, bustes inclinés, voix différentes auxquelles répond le ton bourru, voire arrogant des fonctionnaires frappe l'observateur étranger dès ses premières démarches dans les services publics».

En outre, l'analphabétisme et surtout cette méconnaissance des procédures par les usagers les exposent aux risques de corruption car certains agents véreux parce qu'ils ont le monopole de l'information jouent sur les zones d'incertitudes que ces derniers ne maitrisent pas. Donc, les informations administratives font l'objet de monnayage de la part des agents corrompus qui manipulent à leur avantage les informations en leur disposition créant ainsi les conditions subjectives et objectives de la corruption.

A ce sujet, un agent de la DPSSA28(*) donne un exemple qui traduit de fort belle manière les stratégies mises en place par certains agents : «Aujourd'hui, avec le SIGASPE, dès qu'un usager arrive et que tu cliques sur son numéro matricule, tu sais où se trouve son dossier (signature, rédaction où au contrôle financier). Donc, tu viens me voir et je clique, je sais où se trouve ton dossier (par exemple à la signature) et je te dis `'ton dossier là mon ami, ce n'est pas facile mais je vais voir ce que je peux faire pour l'accélérer, donc revient me voir'' et je prends ton numéro de téléphone. Deux jours après, je t'appelle et je te le remets signé. Là tu es convaincu que j'ai fais un effort extraordinaire pour avoir ton dossier alors que je n'ai rien fais. Même si je ne te demande pas de l'argent, tu seras tenté de m'en donner. Le type dira `'je n'ai rien demandé''. Il prend et il n'a posé aucun acte illégal mais simplement il avait une information que l'usager n'avait pas. C'est comme cela que ça se passe dans les services».

* 25 Corruption et développement humain. Rapport sur le développement humain- Burkina Faso-2003 PNUD, p.84.

* 26 Jean Marc Ela, Innovations sociales et renaissance de l'Afrique Noire, Les défis du « monde d'en-bas », Paris, l'harmattan, 1998

* 27 Jean François BAYART, L 'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1959, 427p.

* 28 Entretien avec K.S.E agent à la DPSSA au Ministère de la Fonction Publique

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