CHAPITRE II : PRESENTATION GENERALE DE L'OUA
L'OUA n'est pas tombée du ciel,
l'idéologie panafricaine est à la base de sa
création. Le panafricanisme est une idéologie qui
« vise à réaliser l'unité ou l'unification
de tout le continent africain afin de rendre à l'homme noir
dignité, considération et respect ».115
Cependant, suivant les époques et les auteurs, le
panafricanisme est apparu tour à tour comme un mouvement racial, un
mouvement culturel et un mouvement politique ; ici c'est dans cette
dernière perspective que nous allons exploiter le
panafricanisme116.
Ainsi, au lendemain des indépendances, deux mots d'ordres
résonnent avec une particulière insistance : « l'Afrique aux
africains » et « Une Afrique unie ».117
Nécessité faisant loi : il fallait trouver
des formes permettant de se regrouper et de réaliser
l'unité africaine.
Si l'unité africaine est une exigence
largement soutenue par les Etats africains nouvellement
indépendants, elle suscite, toutefois, parmi les Africains des
divergences
de vue quant aux mécanismes et moyens pour la
réaliser.
unité.
En effet, deux grands courants d'idée s'affrontent dans la
représentation de cette
Le premier courant est celui du groupe des pays dits
« progressistes » ou groupe de
Casablanca dont le chef de file était le Ghanéen
N'KRUMAH.
Ce dernier incarne un courant radical tendant à
réaliser l'unité immédiate et totale sur tous les
plans, ainsi que la suppression des frontières africaines
héritées de la colonisation, jugées artificielles,
pour un cadre fédéral voire une organisation supra
nationale.118
Le deuxième courant est celui des pays dits «
modérés » ou groupe de Monrovia représenté
par Houphouët BOIGNY. Il juge la première tendance
irréaliste et excessive,
la critiquant de ne pas être précise quant
à ses buts et moyens. En outre, ce deuxième courant, se voulant
plus modeste, affirme que l'unité africaine doit se
réaliser par le biais de la solidarité ainsi que
l'appréhension des intérêts communs.119
115 KOUASSI (K.), Les organisations
internationales africaines, Paris, Berger-Levrault, 1987, p.72
116 En effet, l'analyse complète de
l'abondante littérature consacrée au panafricanisme
déborderait le cadre de cette étude. Cependant pour plus de
détails, voir DECRAENE (P.), Le panafricanisme, Paris, PUF, Que
sais-je, 126p.
117 WODIE (F.), Les institutions régionales
en Afrique occidentale et centrale, Paris, LGDJ, 1970, p.1
118 BA (A.) et al. , L'organisation de
l'unité africaine : De la Charte d'Addis-Abéba à la
Convention des droits de
l'Homme et des peuples, Paris, Silex, 1984, p. 11
119Une troisième tendance favorable à la
création de groupes sous régionaux et locaux et défendue
par Léopold S. SENGHOR, a vite disparu et s'est fondue dans celle du
groupe des modérés. Cf. BA (A.) et al., op. cit.
, p. 12
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Si ces deux conceptions vont s'affronter durant la
période 1958 - 1961, un rapprochement va cependant être
amorcé en 1963.
Ainsi, le mois de mai 1963 voit la tenue du premier sommet
panafricain durant lequel
on assiste à la naissance de l'OUA.
Néanmoins, les trente-neufs ans d'existence de l'OUA
et l'évolution des relations interafricaines seront marqués
par l'influence de ces deux courants opposés.
Le présent chapitre, le deuxième, a pour
ambition de faire une présentation générale de l'OUA
mais dans une perspective de son évolution et de sa disparition.
Ce faisant, une présentation de l'OUA - fut-elle
générale - doit à tout le moins s'attarder sur sa
structure et son fonctionnement.
Ceci fait, il convient, dans la mesure de son
évolution, de jeter un regard sur sa contribution avant
d'indiquer les difficultés auxquelles elle a été
confrontée avant de disparaître.
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Section 1ère : La structure et le fonctionnement de
l'OUA
La structure et le fonctionnement d'une organisation
internationale - comme on a
eu à le voir dans le premier chapitre - varie
d'une organisation à une autre selon sa composition, ses buts et
principes ainsi que ses organes.
Distinctement, l'analyse de la Charte d'Addis-Abeba
est-elle en mesure, d'une part de nous renseigner sur les contours de la
participation des Etats au sein de l'OUA
(§1), d'autre part de nous aider à déterminer
ce que Boutros Boutros GHALI qualifie
« d'idéologie de la Charte » (§2).
Enfin, nous terminerons par une description des organes de l'OUA
(§3).
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