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Comment réussir sa transmission/reprise de petite entreprise de façon pérenne ?

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par Jean-Louis Mourot
Université Catholique de Lille (Iéseg Lille) - Master  2009
  

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Chapitre 3 : Etude de la relation tripartite à partir de l'arrivée du repreneur.

De nombreux conseillers et organismes accompagnateurs considèrent maintenant leur mission terminée, dans le cadre d'une opération conclue avec succès. L'objectif de ce chapitre est de faire comprendre aux cédants et repreneurs que leur objectif commun de réaliser une opération bénéfique pour le développement et la pérennité de l'entreprise va largement dépendre du déroulement de la phase d'arrivée du repreneur (décrite dans la section 1.1). Dans un nombre de cas trop important, le nouveau dirigeant doit attendre cet évènement afin de rencontrer ses futurs collaborateurs. Les premières impressions de chacun seront capitales dans la construction des relations de travail durant les mois suivants.

Nous nous concentrerons dans la deuxième section sur la période d'accompagnement du repreneur, au cours de laquelle l'évolution de la relation cédant/repreneur va fortement impacter sur la motivation et le bien-être des équipes au quotidien.

Enfin, le départ du cédant est un moment dont le déroulement dépend principalement de la
qualité des relations au sein du trio cédant/repreneur/collaborateurs. Il peut être un moment de

joie pour chacun, comme une rupture nette. La troisième section permettra d'avancer plusieurs règles afin que chacun prépare le départ du cédant, et reconnaisse son travail et ses qualités. Il doit lui être rendu un hommage à la hauteur de son engagement passé pour l'entreprise.

Section 1 : La phase d'arrivée du repreneur, un tournant dans la vie de l'entreprise.

Dans la plupart des cas, l'annonce d'un changement de dirigeant et de l'arrivée du repreneur faite aux salariés intervient brutalement et à quelques minutes d'intervalles, ce qui engendre des attitudes négatives de la part des salariés, pouvant mener, à terme, à un échec de l'opération de reprise et à la défaillance de l'entreprise. Les risques constatés sur le terrain visant les deux principaux protagonistes seront analysés (1). Le degré de risque dépend du niveau de centralisation des responsabilités du cédant, et donc du vide qu'il va créer dans l'entreprise. "L'environnement réagit d'autant plus négativement à ce problème de transfert que les performances de l'entreprise sont fortement liées au capital humain du cédant, qui est un actif spécifique inaliénable" (Moore, 1992).

Fiegener (1996) déclare quant à lui qu'"il n'existe pas d'évènement non récurrent plus critique que le transfert du pouvoir et de l'autorité d'un dirigeant à un autre". Une préparation minutieuse est donc indispensable et sera abordée dans un second temps (2).

1. Les risques encourus par les différentes parties.

Nous pouvons rapidement pu confirmer les propos de Boussaguet (2006), selon laquelle "l'émotion est un facteur de perturbation pour l'ensemble des acteurs", en particulier à partir de l'annonce du départ du cédant. Les personnes interviewées nous en ont effectivement fait part.

Nous allons nous attacher à étudier les points de vue du cédant (1.1), du repreneur (1.2) et des collaborateurs (1.3) au niveau de leurs incertitudes et les risques qu'ils doivent maîtriser lors de cette phase. Nous fixons, dans un premier temps, l'hypothèse que la relation cédant/collaborateurs est saine, basée sur la confiance et le respect mutuel.

1.1. Les risques encourus par le cédant :

Les risques liés à sa propre personne concernent en premier lieu la non maîtrise de ses émotions lors de l'annonce aux équipes de la cession de l'entreprise. La façon dont il va annoncer l'opération à l'ensemble des équipes est déterminante afin que sa décision soit comprise par ses collaborateurs. Cette annonce doit avoir été préparée en compagnie du repreneur, et éventuellement avec un coach s'il a des doutes sur sa capacité à gérer ce moment difficile. Il doit être clair et concis vis-à-vis des salariés, suspendus à ses lèvres au moment de l'annonce de cet évènement capital. Ceux-ci vont avoir tendance à découvrir qu'une opération se préparait dans leur dos, et qu'ils n'étaient pas mis dans la confidence. Leur attitude va être fortement liée à la raison pour laquelle le cédant a pris la décision de quitter son entreprise et ses salariés, et à sa justification quant au déroulement choisi du processus engagé.

Le risque principal de cette annonce réside donc dans l'émergence de menaces pesant sur la qualité de la relation cédant/collaborateurs. Les employés vont en effet connaître un premier choc lorsqu'ils apprennent la nouvelle. Le cédant doit gérer ces réactions en compagnie du nouveau dirigeant, sous peine de perdre la relation de confiance et de respect mutuel qu'il entretenait avec les membres de l'entreprise, ce qu'il pourrait ressentir comme un échec de l'opération...

Les risques pour le cédant sont aussi liés à l'attitude que va tenir le repreneur lors de cette phase. Sa légitimité peut être mise à mal si l'image ou l'attitude de l'acquéreur n'est pas en adéquation avec ses attentes ou celles des salariés. Ce dernier doit montrer qu'il est le dirigeant officiel, mais qu'il est impatient de découvrir l'entreprise plus en profondeur et faire connaissance avec chaque salarié.

1.2 Risques pour le repreneur :

Le repreneur peut tout d'abord ressentir une appréhension de ne pas être à la hauteur de la situation et de la tâche future, dont l'enjeu est la valeur personnelle et professionnelle des collaborateurs. Rollin décrit un tout autre risque qu'il a désigné comme le « syndrome de décompression » : le repreneur peut en effet arriver le premier jour dans un état de relâchement et de fatigue général, après une période de festivité, alors que le bon déroulement de la phase qui débute est primordial.

Le fait que le cédant réalise un long discours, flou et non-structuré, peut affecter le passage de
témoin et la première opinion des employés au sujet de l'opération et du repreneur. Il doit
s'engager à présenter clairement la personne qui l'accompagne comme le nouveau dirigeant,

celui qui montrera la direction à suivre et prendra les décisions afin d'atteindre les objectifs de l'entreprise. Il devra montrer qu'il lui apporte tout son soutien pour prendre les rênes de l'entreprise. Dans l'idéal, il peut même mettre en avant les qualités de son successeur, ou plus exactement les raisons pour lesquelles cette personne est compétente pour reprendre l'entreprise. Il est conseillé aux deux acteurs de l'opération d'insister sur le critère de continuité au niveau du management si la santé financière de l'entité est satisfaisante, afin de rassurer les collaborateurs.

A noter que le cédant dispose de trois possibilités lors de l'arrivée de son successeur:

· Quitter l'entreprise lorsque la cession a été réalisée.

· Rester pour une période contractuelle.

· Changer de poste dans l'entreprise et collaborer avec l'acquéreur.

La première hypothèse représente un risque pour le repreneur dans le cas où l'asymétrie d'information est importante.

La troisième possibilité est aussi risquée pour les protagonistes, car il s'avère que leurs intérêts divergent très largement dans la majorité des cas. De plus, la mise en place de l'autorité du repreneur et de nouveaux projets se complique.

Les protagonistes choisissent le plus fréquemment la deuxième hypothèse, au grand bénéfice de tous. Cela n'empêchera pas les salariés les plus liés à l'ancien dirigeant d'émettre les pires résistances à toute proposition de changement s'ils sentent chez lui un profond mal-être. La même attitude est constatée chez les personnes qui s'estiment avoir été trompées par le cédant, à qui ils accordaient leur entière confiance, ou flouées, dans la mesure où ils étaient candidats au poste.

Il est d'autre part possible que le cédant désire quitter l'entreprise au plus vite suite à la présentation du nouveau dirigeant, afin de mettre un terme aux difficultés qu'il vit depuis le début du processus de transmission. Il en résulte dans cette situation des risques liés à une inquiétude légitime des salariés, qui s'interrogent sur leur avenir, et une position difficile, voire embarrassante, du repreneur face à une telle attitude de leur ancien dirigeant.

Une personne interrogée a aussi abordé le risque suivant : la promotion d'un salarié à un poste clé sans l'accord du repreneur peut être une volonté du cédant d'entraver le processus d'intégration de son successeur, si cette personne n'a pas les compétences.

Le risque encouru par le repreneur vis-à-vis de salariés qui ont foi en leur ancien patron est d'être dans en premier lieu perçu comme un inconnu. Afin d'éviter qu'ils gardent leurs distances à son égard, il doit utiliser une qualité indispensable du chef d'entreprise : mettre à l'aise ses interlocuteurs en multipliant les interactions, et donc établir un climat de confiance.

Dans le cas opposé, il est susceptible de faire l'objet d'intense lobbying et d'être influencé quant à l'opinion qu'il se forme à propos de la personnalité et la compétence d'un(e) salarié(e), que ce soit dans un sens flatteur ou dégradant. Le nouveau dirigeant doit dans cette situation s'affirmer et annoncer qu'il établira ses propres jugements grâce au travail futur de chacun dans l'entreprise. Une remise à zéro des conflits doit donc être clairement effectuée par l'ensemble des acteurs de l'entreprise, avec la possibilité de recevoir certaines personnes pour des cas bien particuliers, qui rendent le concept mis en place impossible à envisager.

Enfin, dans l'hypothèse où son prédécesseur ne disposait plus entièrement du pouvoir dans l'entreprise au moment de la cession, les salariés vont débattre ensemble du sujet et éventuellement formuler des demandes précises au nouveau dirigeant. Il s'agit alors d'un contre-pouvoir, dont le rôle doit être limité dans l'entreprise. Cette force sociale peut en effet restreindre l'exercice du pouvoir en place, donc du repreneur, et proposer une alternative aux décisions d'une autorité.

Il est donc nécessaire, pour les deux principaux acteurs, d'étudier les risques ressentis par les salariés, afin de bien cerner leurs attitudes et réactions et répondre clairement à leurs interrogations. Il s'agit donc d'anticiper une probable dégradation du climat social.

1.3 Risques pour les collaborateurs :

La qualité des relations cédant/collaborateurs et repreneur/collaborateurs dépendent à courtterme des risques que les collaborateurs perçoivent à leur niveau.

Ils sont en priorité sensibles au risque de perdre un tiers, celui qui a créé l'entreprise et auquel ils sont attachés. Il s'agit de la dimension affective incontestable du pater, ainsi que de son autorité naturelle. Le sentiment d'être abandonné, voire trahi par ce personnage est donc d'autant plus grand dans le cas où ils n'ont pas été prévenus. Seul son charisme a la capacité de concentrer l'attention, de retenir la confiance des collaborateurs, et donc de limiter une inquiétude démesurée.

A noter que cette dimension de trahison est plus ressentie dans les entreprises les plus saines du marché, dans la mesure où le cédant jouait un rôle important dans ce succès.

Les incertitudes liées à la capacité du repreneur de développer la croissance et les résultats de l'entreprise est une source d'inquiétude pour les collaborateurs et les partenaires commerciaux. Dans le cas de l'annonce d'une mise en vente de l'entreprise avant de connaître le repreneur, les interrogations sont maximales quant à sa gestion future. La pérennité de la firme est en effet en partie liée au profil du repreneur, à sa connaissance de l'entreprise et du secteur d'activité. Une réaction générale de méfiance et de repli est alors possible suite à cette annonce.

Lorsque la relation cédant/repreneur est perçue comme tendue, un autre risque pressenti par les salariés est de trahir son dirigeant en acceptant de travailler avec "l'adversaire", avec la peur et la honte de "lâcher" le cédant pour "collaborer" avec le nouveau dirigeant.

Dans les cas où les résultats de l'entreprise doivent être améliorés, l'attention des salariés se portent sur le maintien de leur propre emploi, mais aussi celui de leurs collègues, ce qui mène à des interrogations au niveau de l'organisation future de l'entreprise.

Le lever d'une partie du secret de l'opération engendre donc de nombreux risques pour les trois parties. Le cédant et le repreneur doivent donc s'unir et s'entraider afin de limiter les risques communs et démontrer aux salariés que les bonnes décisions ont été prises afin d'assurer la pérennité de l'entreprise.

2. La meilleure façon de réaliser une annonce convaincante : préparer cette phase capitale du processus.

Je vais aborder dans cette partie la phase de préparation de l'arrivée du nouveau dirigeant (2.1) et du déroulement de ses premiers jours de présence (2.2).

2.1 L'anticipation de la phase d'arrivée :

Le cadre de la négociation, notamment la confidentialité des données et le secret de l'opération en cours, compliquent, pour l'acquéreur, cette anticipation des risques liés à son arrivée et à son processus d'intégration. La gestion par anticipation est basée sur la proactivité et le changement à intervalles réguliers. Il s'agit de créer un sentiment de nécessité impérieuse pour le respect des échéances.

Mais le processus d'intégration du repreneur dans l'entreprise commence avant même son arrivée. Il a déjà pu analyser l'organisation de l'entreprise afin de comprendre son fonctionnement au quotidien. Dans un souci de juste évaluation de la firme, le cédant lui a apporté des informations complémentaires, liées entre autres au facteur humain. De plus, de nombreux points liés à l'organisation ont été abordés pendant la négociation. Ce processus de "socialisation" (Boussaguet) est donc déjà bien avancé dans l'esprit du repreneur, même si son intégration demeure virtuelle. Il est tout de même fréquent que le cédant apporte de plus amples informations à son interlocuteur après la signature du compromis de vente, ce qui permet à ce dernier de réviser certaines idées préconçues et préciser ses intentions. Comme l'annonce un repreneur rencontré, cela provoque parfois un déclic chez l'acquéreur.

Le repreneur, qui a déjà entamé sa préparation psychologique afin de changer de rythme de vie, doit maintenant préciser sa façon de diriger cette entreprise. Il doit prendre conscience que son rôle dans la société va radicalement changer, par la prise de responsabilités sociales et économiques. Les repreneurs quittant un poste de salarié peuvent le vivre comme un choc, d'où la nécessité de s'y préparer, en rencontrant des chefs d'entreprise et en partageant régulièrement ses impressions et ressentis avec un groupe d'amis ou de collègues de confiance (membres de son réseau personnel et/ou professionnel). De nombreux repreneurs de petite entreprise le nomme "conseil d'administration". Ce groupe se réunira ensuite régulièrement afin de suivre les avancées de l'entreprise et de proposer au dirigeant de prendre du recul, par un effet miroir sur ses décisions et actions entreprises. Il va donc peu à peu prendre ses repères et se préparer à une transition en souplesse.

Le dirigeant vendeur se basera sur le déroulement de la visite du repreneur au sein de l'entreprise, pour lui apporter éventuellement des conseils sur l'attitude à adopter lors de son arrivée officielle. Ils définiront ensuite une communication de transition. Les objectifs sont d'informer et de rassurer. Une vision d'ensemble de l'opération sera décrite, plus particulièrement de la part du repreneur, qui pourra apporter des précisions sur ses objectifs principaux, afin de "motiver et fédérer les collaborateurs autour de son projet" (Meier & Schier, 2008). Il pourra aussi mettre en place des actions afin de montrer son engagement dans sa prise de fonction, tout en associant les personnes de l'échelon hiérarchique intermédiaire à la gestion du changement. Cette proposition doit constituer un argument de plus afin de conserver les personnes-clés de l'entreprise, et limiter une possible désorganisation.

Le repreneur devra dans tous les cas s'adapter au contexte culturel qui l'entoure, s'intéresser au passé de l'entreprise au contact des salariés, et à ce qu'il est impossible de modifier. Comprendre l'historique de l'entreprise va en effet permettre au nouveau dirigeant de comprendre les rites et habitudes des collaborateurs. Il pourra ainsi s'appuyer sur ce côté affectif cher aux employés lorsqu'il voudra mettre en avant l'aspect positif de la reprise d'un point de vue social, mais aussi en mettant en avant la préservation de cet état d'esprit propre à l'entreprise. A lui de maintenir le lien de confiance entre l'entreprise et les salariés, et travailler dans un premier temps dans la continuité de son prédécesseur. Il s'agit de "chausser les pantoufles" du cédant.

Cette communication rassurante et insistant sur le lien fort des relations humaines est à moduler en fonction du statut des interlocuteurs, notamment avec les partenaires extérieurs. La ligne de conduite du dirigeant doit, dans tous les cas, être basée sur la transparence et l'engagement, afin de mettre en avant chez les salariés les valeurs de loyauté et de fidélité, et ainsi instaurer un climat de confiance propice à rassurer les stakeholders.

2.2 Une gestion optimale du passage de témoin entre les deux dirigeants.

Le repreneur va endosser le rôle de dirigeant, et être confronté à la réalité de ce nouveau statut dans l'entreprise. Il doit découvrir le fonctionnement réel de l'entreprise alors qu'il en est théoriquement le dirigeant. Ses priorités sont les suivantes :

· Construire son nouveau rôle directorial.

· Affirmer son leadership, face à des salariés souvent perturbés et peu motivés.

Le cédant est, à court terme, le seul élément facilitateur de son intégration. Mais il peut très vite devenir un élément perturbateur de la reprise s'il ne réalise pas complètement ou sincèrement les trois principaux devoirs qui lui incombent. D'où l'importance de la complicité entre les deux personnes. Les missions du cédant consistent à :

· Transmettre le savoir.

· Accompagner et rassurer les salariés, et assurer de la présence légitime du repreneur.

· Faciliter la rencontre entre le repreneur et les partenaires extérieurs.

Le repreneur arrive, de son côté, avec une personnalité et une expérience, qui le mène inévitablement à voir l'entreprise différemment, et à entrevoir un potentiel de développement grâce à des changements dans l'organisation ou la technologie utilisée. Il se trouve cependant face à un héritage solide provenant du cédant, il doit donc suivre un processus bien défini afin d'atteindre d'abord un premier objectif : l'intégration dans l'entreprise. L'intégration constitue théoriquement le "processus ethnologique" qui permet à une personne de se rapprocher et de devenir un membre d'un groupe (Intégration à la française, 1993). Le degré d'intégration dépend des deux parties, donc de deux facteurs. La personne doit tout d'abord posséder une volonté de s'adapter et entamer une démarche d'insertion. Quant au groupe, il doit respecter les différences et particularités de l'individu, en montrant une capacité intégratrice.

L'adaptation du repreneur se focalise sur les points suivants :

· Découvrir l'organisation et la vie de l'entreprise.

· Découvrir le rôle du cédant au quotidien et acquérir les process de l'entreprise.

· Rencontrer chaque salarié lors d'un entretien individuel, et développer une relation de confiance, en expliquant clairement son projet.

Le début de sa prise de fonction constitue pour chaque repreneur externe à l'entreprise deux exigences qui apparaissent, au premier abord, contradictoires. Il doit apprendre, acquérir de l'information pour comprendre l'organisation de l'entreprise, et, d'un autre côté, s'imposer en tant que leader et pouvoir de décision. Nous verrons que ces deux impératifs peuvent être

réalisés parallèlement en adoptant une attitude particulière basée sur les qualités de manager du dirigeant.

Il faut accepter ce temps d'adaptation et en faire une force, afin de tisser des liens forts avec les employés, en montrant de l'intérêt pour son travail, et donc en accordant beaucoup d'écoute à chaque personnage de l'entreprise. Il aura, pendant cette période d'immersion, la possibilité de relever des injustices et de les corriger, à la grande satisfaction de l'ensemble de l'entreprise.

En outre, l'organisation d'une réunion plus ou moins formelle peu après le passage de témoin entre les deux dirigeants permet au repreneur de montrer aux équipes que leurs préoccupations sont prises en compte, et qu'il est ouvert pour répondre à toute question. Le fait de laisser la porte de son bureau ouverte est symbolique d'une ouverture d'esprit et d'une capacité d'écoute constructive pour le repreneur.

Grâce à cette démarche, la légitimité du nouveau dirigeant vis-à-vis des salariés se verra accrue. Elle lui permettra aussi de mieux cerner les moyens dont il dispose, et, en outre de préciser les changements qu'il devra mettre en place afin d'atteindre les objectifs fixés dans le plan de reprise.

Dès son arrivée dans l'entreprise, le repreneur doit aborder les questions suivantes, classifiées par l'organisme APCE :

Il doit aussi s'intéresser à la culture de l'entreprise, représentée par 6 domaines :

· Les rites sont des pratiques qui proviennent des valeurs communes des membres d'un groupe. Il peut s'agir de réunions de travail ou d'évènements particuliers, par exemple une journée portes ouvertes. On peut aussi parler de routines si ce sont des procédures pratiquées par les membres à intervalles réguliers.

· Les mythes sont des histoires liées au passé de l'entreprise, concernant des personnes
ou des évènements, qui ont marqué son histoire. Ils renforcent l'esprit de groupe.

· Les symboles sont représentatifs de la nature de l'entreprise, et des valeurs qu'elle défend (logos, slogans...).

· Les structures de pouvoir représentent la répartition du pouvoir formel et informel au sein de l'entreprise (actionnaires, influence politique ou économique, réseau relationnel...).

· La structure organisationnelle.

· Les systèmes de contrôle et de suivi (qualité, productivité...).

"Mettre les mains dans le cambouis" est donc une expression entendue à maintes et qui résume parfaitement l'attitude à adopter, afin d'obtenir un maximum d'informations fiables grâce à la construction de relations de confiance envers chacun.

Les déclarations des dirigeants rencontrés confirment que les premières décisions interviennent inévitablement au niveau humain, avec des changements rapides mais mineurs sur la façon de travailler. En débattant de ce sujet en compagnie de chaque employé, le repreneur apporte des idées et propositions, qui ont pour objectif d'améliorer sa productivité en jouant sur son bien-être dans l'entreprise. Les employés ressentiront ainsi une satisfaction à pouvoir juger des propositions du dirigeant et à proposer eux-mêmes, donc à échanger et être considérés. Le repreneur concrétise ainsi sa présence par des mesures simples et de bon sens, auxquelles il croit, afin de privilégier le bien-être et la productivité des salariés. Ils détourneront de ce fait leur attention du cédant et du passé, pour se concentrer sur leur rôle dans l'entreprise et l'évolution possible des méthodes de travail pour qu'ils se sentent mieux. Le repreneur est entré dans la phase d'initiation au changement. Il fera découvrir son type de management aux équipes et s'intéressera aux éventuelles réactions des salariés, afin d'approfondir sa connaissance des différents profils.

Un autre point de vue consiste à profiter du regard de nouvel arrivant pour déterminer les points faibles de l'organisation et les actions à mettre en place afin d'obtenir des résultats rapides. Cette méthode est contestable, car imposer des modifications dans les méthodes de travail à destination de salariés dont la relation de travail n'est pas construite mène à l'échec des actions entamées. De plus, ces mesures peuvent être fondamentalement justifiées mais à l'origine d'une désorganisation de la petite entreprise.

Nous suivons donc l'opinion d'un dirigeant rencontré pour conseiller de relever d'éventuels facteurs de progrès et réserver leur mise en place lorsque les relations de travail avec les salariés seront construites, à défaut d'être forcement basées sur un sentiment réciproque de sympathie et de confiance.

En fonction de l'aura dont il dispose, le cédant va devoir très rapidement aborder des sujets importants avec certains de ses anciens salariés, qui sont susceptibles de se sentir considérés comme de simples "pions" alors qu'ils avaient confiance en leur dirigeant, et avaient noué avec lui une relation plus paternelle que professionnelle. Il doit expliquer et réexpliquer les raisons pour lesquelles l'opération s'est déroulée dans le secret.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote