QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX CHERCHEURS DE L'IRCAM
I - Identification : Informations
personnelles
Tableau N°38 :
|
Sexe
|
Age (en ans)
|
Amazighophones
|
|
H
|
F
|
30 à 40
|
41 à 50
|
51 et +
|
oui
|
non
|
N
|
4
|
3
|
2
|
2
|
3
|
7
|
0
|
%
|
57
|
43
|
29
|
29
|
43
|
100
|
0
|
Entièrement amazighophone, l'équipe de l'IRCAM
est constituée de chercheurs majoritairement de sexe masculin avec tout
de même 43% de femmes; ils se répartissent selon leur âge en
3 catégories : près d'un tiers de ceux qu'on peut qualifier de
jeunes chercheurs, la même proportion de chercheurs
expérimentés et une majorité de "doyen" âgés
de plus de 51 ans dont probablement le Recteur du centre M. Ahmed Boukous.
II - Formation académique, pédagogique
et didactique :
Tableau N°40 : centre de formation
Tableau N°39 : Informations professionnelles
Forma. académique
|
Langue de rech.
|
Doc.
D'état
|
Doct/
Habilit
|
D.E.A
|
Lice
|
Ara
|
Fra
|
Ang
|
2
|
3
|
1
|
1
|
3
|
4
|
1
|
29
|
43
|
14
|
14
|
38
|
49
|
13
|
Formation pédagog.
|
Formation en amazighe
|
CPR
|
ENS
|
FSE
|
Autre
|
ling
|
péd
|
didac
|
autre
|
2
|
0
|
1
|
1
|
5
|
0
|
0
|
0
|
50
|
0
|
25
|
25
|
71
|
0
|
0
|
0
|
Plus de 2/3 des questionnés ont un doctorat ou plus.
Ils ont pour la plupart (49%) réalisé leur recherche en
français; un peu plus d'un tiers en arabe et un seul en anglais. Dans le
tableau N°40, on lit que seuls 4 personnes sur 7 ont reçu une
formation pédagogique dont la moitié par le CPR, 25% par la
faculté des sciences de l'éducation et 25% à
l'étranger. Nous leur avons demandé le titre de leur recherche.
En voici quelques-uns :
Ø "Tracy assessment of learns' needs"" (en anglais).
Ø "Apprentissage de la lecture" (en
français).
Ø "La représentation de l'avenir des
lycéens" (en français).
Ø "Les partis politiques au Maroc et leur participation
au développement" (licence de droit, en arabe)
Ø "Les unités significatives de la phrase
verbale amazighe "(en français).
Ø "Syntagme "complimentiseur" en amazighe" (en
arabe)
Ces titres nous apprennent que les centres
d'intérêt de nos chercheurs varient essentiellement entre la
sociolinguistique (1/3) dès lors qu'ils traitent des
sujets généraux et la linguistique quand il
s'agit de réflexion sur la langue amazighe (1/3).
Quant à leur formation sur l'amazighe (2e
partie du tableau N°37), 71% en ont reçu et exclusivement en
linguistique soit par l'IRCAM ou à l'université soit " en
autoformation ". Les chercheurs de l'IRCAM, pourtant premiers
concernés par la mise en place d'outils didactiques tant conceptuels que
matériels, semblent ne pas avoir été eux-mêmes au
fait de la didactique de cette langue; voilà qui justifie encore une
fois la nécessité d'un travail sérieux sur la didactique
de l'amazighe.
III - Formations animées par les chercheurs
de l'IRCAM:
Tableau N°41 : dans quel cadre et en faveur de quel
public :
Formation
|
Dans quel cadre
|
Bénéficiaires
|
Convention IRCAM/MEN
|
Privé
|
Professeurs
|
Inspecteurs
|
Etudiants
|
Privé
|
Nbre
|
6
|
7
|
2
|
7
|
2
|
1
|
1
|
%
|
86
|
100
|
29
|
100
|
29
|
14
|
14
|
Nous retenons de ce tableau que 86% des chercheurs de l'IRCAM
participent à l'animation des formations sur la langue amazighe et ce
dans le cadre de la convention de ce centre avec le MEN. Les
bénéficiaires sont prioritairement les enseignants puisque tous
les chercheurs questionnés (100%) ont donné au moins une
formation en leur faveur des professeurs. Les inspecteurs, vu leur nombre
réduit, n'ont été formés que par 2 chercheurs parmi
ceux qui ont répondu à cet item.
Quant à la durée globale de la formation elle a
été estimée à 5 mois et 3 semaines environ (173
jours) assurés par 5 formateurs sur les 7 questionnés, soit une
moyenne de 34 jours par formateur; c'est dire à quel point ces
formateurs s'investissent dans le volet formation sachant qu'ils ont à
assumer tout le côté conception des modules de formation, des
manuels scolaires en sus de la gestion administrative des différents
départements du centre.
La question suivante leur a été posée :
"quels ont été les points forts de ces formations ? Voici les
réponses des 85% qui ont répondu :
1. "Initiation à l'alphabet tifinaghe et aux
règles d'orthographe et de grammaire amazighes" (3 réponses).
2. "Familiarisation aux trois variantes de la langue dans
l'optique d'une standardisation".
3. "Esprit d'entente et de collaboration pour dépasser
les difficultés de départ ressenties surtout au niveau
linguistique par les arabophones".
4. "Initiation à la didactique de l'amazighe".
5. "Réconciliation des amazighophones avec leur
langue".
Ces réponses montrent que la formation des enseignants
est à dominante linguistique, la didactique n'a été
mentionnée qu'une seule fois comme point fort des formations
animées par les chercheurs de l'IRCAM. Les réponses 3 et 5 sont
significatives dans le sens où les chercheurs rencontrent, lors des
formations, des contraintes liées à l'attitude de
réticence chez certains formés qui, s'ils sont arabophones,
n'arrivent pas à suivre et, s'ils sont amazighophones, doutent de
l'utilité de la formation car peu convaincus de l'avenir d'une langue
jusqu'ici reléguée aux oubliettes. Nous avons pu constater ces
réticences lors de nos discussions avec les enseignants. Ce qui prouve
que le chemin est parsemé d'embûches et appelle une
détermination sans faille pour relever ce défit.
Une autre question, d'ordre méthodologique, a
été posée aux formateurs pour savoir quels outils
conceptuels (ou théoriques) ils utilisent lors de ces formations.
Là aussi, le mieux est de les mentionner dans leur substance vu leur
nombre réduit :
· " (j'utilise) les mêmes méthodes
adoptées dans l'enseignement public marocain (approche par
compétences, approches communicatives, situations-problèmes,
cognitivisme...)", réponse donnée par 57% des questionnés.
Cela montre à quel point nos concepteurs de matériel didactique
n'échappent pas à l'environnement dans lequel ils
évoluent, à savoir pour ce qui nous concerne, celui d'un
système éducatif où sont ancrées déjà
des traditions d'enseignement/apprentissage, elles-mêmes inspirées
des orientations générales des sciences de l'éducation
à travers le monde et plus particulièrement le monde francophone,
en tant que partenaire immédiat.
· Deux chercheurs ont parlé de "linguistique
descriptive" comme méthode utilisée.
IV - Méthodes d'enseignement utilisées par
les enseignants :
La didactique du français
est utilisée pour
les activités de
|
Lecture
|
3
|
43
|
Communication
|
3
|
43
|
Morphosyntaxe
|
3
|
43
|
Ecrit
|
3
|
43
|
Evaluation/soutien
|
2
|
29
|
Tableau N°s 42, 43 et 44 :
Proches de la méthode
utilisée pour enseigner
|
%
|
L'arabe
|
0
|
0
|
Le français
|
3
|
50
|
Les deux
|
2
|
34
|
Autre
|
1
|
16
|
Recours à la didactique du français au cours de
la formation
|
Nbre
|
%
|
Systématiquement
|
0
|
0
|
Souvent
|
3
|
43
|
Rarement
|
0
|
0
|
Jamais
|
4
|
57
|
La moitié des concepteurs et des formateurs ayant
répondu à la question (3 sur 6) estiment que la méthode
d'enseigner l'amazighe est proche de celle d'enseigner le français. 43%
d'entre eux ont recours à la didactique du français pour former
les professeurs et pensent qu'elle est utilisable pratiquement dans toutes les
disciplines. Toutefois, plus de la moitié des questionnés ne
l'utilisent jamais! Il semblerait que cela est dû à leur formation
initiale (arabe ou anglais); l'un d'eux a même affirmé qu'il
adopte la didactique de l'amazighe (prétention ou
réalité?).
A la question "Pourquoi d'après vous les enseignants
utilisent-ils les méthodes d'enseignement du français pour
enseigner l'amazighe?", nous avons recueilli les réponses suivantes :
Ø " Faute de didactique de l'amazighe?
Ø "En raison de la nouvelle réforme de
l'enseignement au Maroc (approches par compétences)"
Ø "Parce que c'est l'approche communicative qui est
adaptée à l'enseignement de l'amazighe"
Ø "Pour permettre l'utilisation d'un manuel unique pour
les amazighophones et non amazighophones et pour préparer la
standardisation de l'amazighe"
Ici, nous nous rendons compte que les chercheurs de l'IRCAM,
eux aussi, ont du mal à préciser le pourquoi de l'emprunt
qu'effectuent les enseignants à la didactique du français pour
enseigner l'amazighe dans leurs classes. Tantôt ils l'attribuent à
l'absence d'une didactique propre à l'amazighe, tantôt au fait que
les enseignants adoptent les démarches dictées par la
réforme, démarches qui s'inspirent essentiellement de celle
adoptées pour l'enseignement du français; tantôt ils
évoquent des raisons liées à la spécificité
de la langue amazighe qui " se rapprocherait de celle du français"; ce
qui reste à démontrer.
De même, lorsque les chercheurs de l'IRCAM justifient
leurs réponses au niveau des disciplines où l'emprunt s'effectue
le plus, ils donnent les raisons suivantes qui, livrées telles qu'elles
ont été libellées par leurs auteurs, manquent
également à notre sens de précision:
Tableau N°45
En lecture
|
- "cela permet de développer les stratégies de
lecture"
- "surtout en première année pour
l'apprentissage
des graphèmes par l'approche globale"
|
En communication
et en activités orales
|
- "actes de parole, situation"
"cette méthode facilite l'appropriation des dialogues
et donne accès à la communication par le biais des jeux de
rôles."
|
Langue (gram, conj, ortho...)
|
- "offre une grande variété d'exercices"
- "facilite le réemploi des structures"
|
En écrit
|
- "permet la préparation progressive de l'oral à
l'écrit"
- "les dimensions et les normes de tifinaghe ne
diffèrent
pas beaucoup de l'écriture latine"
|
En évaluation et soutien
|
- "offre des approches d'évaluation et de soutien
appropriées"
- "les grilles qui nous sont proposées sont
convenablement
adaptées à notre langue"
|
V- Manuels scolaires :
Tableau N°46 : participation des chercheurs de l'IRCAM
à l'élaboration des manuels.
Participation
|
Apport
|
Total
|
5
|
Linguistique
|
Pédagogique
|
Didactique
|
Autre
|
%
|
71
|
57
|
43
|
14
|
0
|
Nous retenons du présent tableau que plus de 2/3 des
formateurs ont participé directement à l'élaboration des
manuels scolaires de l'amazighe mais la totalité y a contribué :
57% sur le plan linguistique, 43 sur le plan pédagogique et seulement
14% ont affirmé avoir contribué sur le plan didactique (!). Cela
montre encore une fois la carence dans ce domaine, même à un haut
niveau de la recherche et de la réflexion. Disons-le tout de suite, ce
n'est pas au ministère de l'éducation qu'il faut demander une
solution car c'est à l'IRCAM qu'est dévolue la charge de tout ce
qui a trait à la question amazighe.
Tableau N°47 : degré de difficulté des
manuels de l'amazighe.
Les manuels sont
|
D'usage facile
|
Difficile
|
Impossible
|
Sans réponse
|
Total
|
1
|
3
|
0
|
3
|
%
|
14
|
43
|
0
|
43
|
Cette question a été posée aux
concepteurs des manuels dans l'espoir de vérifier celles des inspecteurs
et des professeurs déjà alarmantes. En effet, près de la
moitié des concepteurs attestent, eux aussi, que les manuels d'amazighe
sont difficiles à utiliser même si la même proportion ne
s'est pas prononcée. Les raisons données se résument en ce
qui suit :
Ø "L'insuffisance de la formation des enseignants
(réponse donnée à plusieurs reprises)";
Ø "Parce qu'ils sont rédigés en tifinaghe
(alphabet non encore bien maîtrisé par les enseignants); nous
revenons par conséquent à la question de la formation";
Ø "Ils sont trop chargés" : réponse
étonnante venant d'un concepteur!
Ø "Il est trop tôt pour se prononcer",
réponse unique mais significative à notre sens du fait qu'on
n'est encore qu'au début de l'expérimentation de ces manuels
(depuis trois ans seulement)
Il ressort de ces réponses que la formation des
enseignants reste l'un des maillons les plus faibles de la chaîne.
Tableau N°48 : ressemblance entre le manuel de l'amazighe
et le manuel du français :
Sur le plan
|
Total
|
%
|
Des contenus
|
2
|
33
|
De la didactique
|
3
|
50
|
Des deux
|
0
|
0
|
Autre
|
2
|
33
|
Il y a eu autant de "oui" que de "non" et les concepteurs qui
ont répondu "oui" trouvent que les manuels scolaires de l'amazighe
ressemblent aux manuels du français notamment sur le plan didactique.
Encore faut-il examiner ces deux réponses à l'item "autres..." :
1. "La thématique est adaptée à
l'âge et à la situation de la langue. Au niveau des
compétences, il y a ressemblance afin d'aider l'apprenant à les
transférer vers les autres langues. Au niveau des approches, l'amazighe
est à la fois langue maternelle et langue nationale".
2. "Cette ressemblance figure non seulement entre le manuel de
l'amazighe et le manuel du français mais aussi et surtout entre ledit
manuel et le manuel de l'arabe et les manuels sémitiques des pays
anglo-saxons" (voilà une piste à creuser).
L'item suivant cherchait à savoir si nos concepteurs
ont d'autres suggestions quant aux ressemblances et différences entre le
manuel de l'amazighe et le manuel du français; voici quelques-uns unes
de leurs réponses, à nos yeux signifiantes:
1. "Le fait de s'inspirer de l'enseignement du français
en France comme langue maternelle et au Maroc comme langue
étrangère est dû, à mon sens, à la formation
des auteurs actuels des manuels scolaires et des "concepteurs de la langue
amazighe" au Maroc (voulait-il dire "concepteurs d'outils didactiques
spécifiques à cette langue"), surtout au niveau de la
répartition thématique (progression) et didactique
(compétences et capacités)".
2. "Vivacité dans les apprentissages, implication des
élèves, thèmes proches de la culture nationale".
|