SUGGESTIONS
1. Sur le plan méthodologique :
il faut d'abord rappeler que ce modeste travail est, pour
nous, une première exploration prélude à une recherche
plus approfondie où seront examinés les faits d'une façon
plus rigoureuse. Les échantillons seront déterminés plus
scientifiquement; les questionnaires seront soumis à un
échantillon, le plus représentatif possible, de la population
ciblée; ils seront libellés de sorte que toute équivoque
soit levée; l'hypothèse de départ tiendra compte des
réactions qui peuvent ne pas aller forcément dans le sens qu'elle
vise initialement; les questions ouvertes seront suffisamment finement
catégorisées pour parer à la tendance (constatée
dans la présente enquête) à "sauter" toute question
demandant un effort de réflexion ; la population visée sera la
plus diversifiée possible afin d'obtenir des avis variés et
signifiants. Ici, par exemple, en dehors des intervenants immédiats
(professeurs, inspecteurs et concepteurs), on fera appel aux chefs
d'établissement, aux parents d'élèves et aux
élèves eux-mêmes, aux responsables administratifs et
pédagogiques relevant des délégations du MEN et des AREF,
aux associations de la société civile, aux partis politiques et
aux élus locaux et nationaux...
De même qu'on devra procéder à l'analyse
détaillée des manuels élaborés par l'IRCAM aussi
bien sur le plan des contenus que sur le plan des approches
méthodologique adoptées. On dégagera, par la même
occasion, les soubassements théoriques qui ont sous-tendu cette
élaboration. De plus, on veillera à la comparaison - à
tous points de vue- des manuels de l'amazighe et des autres manuels de langue
utilisés par les élèves (arabe, anglais, espagnol
notamment).
Par ailleurs, nous irons observer dans les classes les
pratiques des enseignants et les réactions des apprenants surtout dans
les trois premières classes où est enseignée la langue
amazighe (1e , 2e , et 3e années). On
devra également observer l'évolution d'une classe pendant deux ou
trois ans en vue d'évaluer les progrès réalisés et
de les comparer aux résultats dans d'autres disciplines, en particulier
les langues. Des entretiens seront prévus avec les enseignants et avec
les élèves à l'issue de chaque séance; on
accompagnera les inspecteurs lors de leur tournée pour recueillir
à chaud leurs impressions.
Nous prévoyons aussi d'analyser les fiches
pédagogiques (à l'élaboration desquelles nous pouvons
prendre part) des professeurs d'amazighe et voir dans quelle mesure ils
arrivent à concrétiser les objectifs et les compétences
pendant le vis-à-vis pédagogique. Une comparaison de ces fiches
avec celles conçues pour l'enseignement/apprentissage des autres langues
est également envisagée. Comme est envisagé le fait de
tenir compte à l'avenir des trois variantes de l'amazighe sachant qu'un
travail sérieux est en cours quant à la standardisation de la
langue amazighe.
Ainsi, la vision se précisera et sera aussi globale
que significative et permettra d'obtenir des résultats plus probants.
C'est du moins ce que nous projetons d'entreprendre dans
l'hypothèse où l'occasion nous en sera offerte.
2. Sur le plan des contenus de l'enquête et de
ses résultats :
Nous pensons qu'au niveau quantitatif, le ministère a
intérêt à continuer de recruter parmi les professeurs ceux
qui ont l'amazighe comme langue maternelle. Nous avons vu d'après les
statistiques officielles qu'ils sont légion et que ce sont eux qui
peuvent garantir un certain succès à l'entreprise
d'intégration de l'amazighe dans le système scolaire marocain, en
attendant que soient formés un personnel qualifiant pris dans toutes les
catégories des enseignants, arabophones compris. Pour ce faire, des
centres de formation, classiques (CFI, CPR, ENS, FSE,...) ou
créés, doivent être ouverts aux enseignants et aux
étudiants désireux de se former dans ce domaine. Et,
parallèlement, des filières de langue et de littératures
amazighes mais aussi de didactique doivent être accessibles aux
étudiants et aux chercheurs.
Au plan de la formation, les efforts entrepris en linguistique
sont à encourager. En didactique, par contre, l'IRCAM doit
procéder en premier lieu à la formation de formateurs qui
pourront être sélectionnés, dans un premier temps, parmi
les amazighophones francisants, plus disponibles, puis par quelques arabisants
maîtrisant la langue française.
Le recrutement des enseignants doit se faire parmi les plus
jeunes vu leur disposition à suivre plus aisément les formations
en amazighe tant linguistique que didactique. Nous en avons été
convaincu lors des formations organisées par l'IRCAM dans la
région du sud, formation à l'animation desquelles nous avons
partiellement pris part nous-même : nous avons constaté qu'autant
les seniors avaient du mal à suivre ces formations normalement
autant les juniors manifestaient intérêt et
enthousiasme.
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