SECTION II : LES
MÉDIATIONS INTERNATIONALES
Après avoir renoncé à sa politique de
non-intervention (depuis le fiasco politico-militaire au Rwanda en 1994), la
France a envoyé 2500 soldats par le biais de l'opération
Licorne», pour sécuriser ses 25 000 ressortissants mais aussi
l'intérêt de ses entreprises. Elle propose maintenant une solution
politique en réunissant les différents protagonistes à
Paris afin de faire renaître l'espoir d'un retour de la paix dans le
pays.
Paragraphe I : La table ronde
de Linas-Marcoussis
Du 15 au 24 Janvier 2003, s'est tenue à Marcousssis une
table ronde sur la côte d'Ivoire, dont les résultats ont
été avalisés par la conférence des chefs d'Etats
réunis à Kieber le 25 et 26 Janvier 2003.
De cette table est né un processus de normalisation et
de réconciliation visant une réforme juridique.
A. La naissance d'un
processus de normalisation et de réconciliation
Après dix jours de conclave à
Linas-Marcoussis, les acteurs de la crise ivoirienne ont tous
apposé leur signature au bas d'un accord. Cette table ronde regroupait
les différentes sensibilités de la crise. Le MPCI est
représenté par Louis Dacoury-Tabley, Guillaume Soro, le FPI par
Oulaye Hubert, Pascal Affi Nguessan, le PIT par Francis Wodie, le RDR par
Alassane Ouattara et Henriette Diabaté, le MFA par Innocent Koberra
Anaky, le MPIGO par Félix Doh, le MJP par Gaspard Deli, le PCI par
Alassane S. Ndiaye, l'UAPCI par Paul Akotoyao, Théodore Mel Eg pour
1'UDCY, Alphonse Djédjé Mady et Henri K. Bédié pour
le PDCI.
Il y avait la présence des personnalités
qualifiées telles que Kéba Mbaye, Seydou Diarra, Mohamed Ibn
Chabbas et Cheikh T. Gadio de la CEDEAO, Miguel Travaodo, Ahmed Ouid Abdallah
de l'ONU. Les travaux étaient dirigés par Pierre Mazeaud.
Au terme de ces travaux, un accord de trois pages ainsi qu'un
programme de gouvernement de 10 pages ont été soumis au conseil
de sécurité des Nations Unies. L'accord réaffirme la
nécessité de préserver l'intégrité de la
Côte d'Ivoire, de respecter les institutions et de restaurer
l'autorité de l'Etat, l'accession au pouvoir par les urnes de
façon démocratique. Le chef de l'Etat restera en place jusqu'en
Octobre 2005, devant partager le pouvoir avec un Premier ministre de
consensus. Le gouvernement doit être composé de
représentants de chacune des délégations ivoiriennes ayant
participé à la table ronde avec attribution équitable des
ministères. Parmi les priorités du gouvernement, il y a la
restructuration des forces de défense et de sécurité,
l'amnistie de tous les militaires détenus, s'assurer aussi qu'aucun
mercenaire ne séjourne sur le territoire national.
Un comité international basé Abidjan est
chargé de veiller à l'application de cet accord, est
composé des représentants de l'Union Européenne, de la
commission de l'Union Africaine, du secrétariat exécutif de la
CEDEAO, de l'ONU, de l'organisation internationale de la francophonie, de la
Banque mondiale et du Fonds Monétaire International, du G8 regroupant
les pays les plus riches. L'accord issu de cette table ronde a
été avalisé par la conférence des chefs d'Etat
à Kieber.
C'est ainsi qu'est nommé un Premier ministre de
consensus en la personne de Seydou Elimane Diarra, un musulman né le 23
Novembre 1933 à Katiola. Les ministères de la défense et
de l'intérieur ont été attribués au MPCI, annonce
faite publiquement par Guillaume Soro.
Ont pris part à cette conférence le
sénégalais Abdoulaye Wade, l'Ivoirien Laurent Gbagbo, le
Sud-africain Thabo Mbeki, président en exercice de l'Union
Africaine, le Français Jacques Chirac, le secrétaire
général de l'ONU Koffi Anan.
Ces travaux ont été sanctionnés par la
résolution 1464 des Nations-Unies le 4 Février qui condamne les
violations des droits de l'homme, et appelle d'autre part les forces politiques
ivoiriennes à travailler avec le président et le premier ministre
à la mise en place d'un gouvernement stable.
Durant les discussions de Marcoussis, les différents
aspects du contentieux politique qui ont débouché le 19 Septembre
à une insurrection militaire, puis à une partition de Côte
d'Ivoire ont été longuement débattus.
Sur le plan militaire, il a été
déployé une force d'interposition sous l'égide du
général Fali, dénommée ECOFORCE, financée
par la France et les Etats -Unis.
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