B- Une économie
géo-ethnique
En Mai 1961, Houphouët Boigny déclarait à
Karogho, ville du nord « Il faut qu'à l'intérieur de notre
Côte d'Ivoire nous réalisons l'unité de tous les ivoiriens,
et surtout l'égalité entre tous les ivoiriens, qu'ils soient du
nord, du sud, de l'ouest ou de l'Est »10(*)
La différence géo-ethnique s'est faite sur fond
de différences régionales et de mouvements de populations.
En Côte d'Ivoire, en effet, on distingue le Sud du Nord
qui reste déshériter malgré les progrès accomplis.
C'est au sud que sont concentrées toutes les grandes productions
exportables, de café, de cacao, de bananes, d'ananas. Ce
phénomène a été l'origine d'importants mouvements
de populations vers le sud. Les populations du nord sont largement
constituées de Dioulas terme désignant les commerçants.
Une analyse détaillée des revenus, des comportements sociaux et
du niveau de vie, permet à SAMIR ArviiN11(*) de dire que les populations du nord détiennent
une part importante de l'économie. En effet par le biais des vagues de
migratoires, le centre -ouest et le sud-ouest ont été
submergés par des migrants qui ont occupé la majeure partie des
espaces cultivés. L'agriculture paysanne se développa
grâce à une immigration spontanée massive en provenance des
zones de savanes de la côte d'ivoire, mais aussi du Burkina et du
Mali. Quant à l'agriculture industrielle elle se développa
grâce à l'exécution d'un programme initial de grandes
plantations. De véritable « réseaux de
recrutement» furent mis sur pied. Le Burkina Faso fournit 35 %
à lui seul de travailleurs. Lorsque les populations autochtones ont
senti que le glas Krou avait commencé, ils se mirent à jouer le
jeu des plantations villageoises dans la décennie 1980. En 1998 la loi
sur la propreté foncière, autorisait l'expropriation de tous les
« étrangers ». Le conflit foncier qui a opposé en
novembre des autochtones Krou dans la sous -préfecture de Tabou à
des immigrés Lobi a donné lieu au départ
précipité de 15 000 Burkinabé dépouillés
ainsi de leurs propriétés foncières.12(*)
Ces facteurs politico-économiques s'ajoutent des
facteurs socio-juridiques.
* 10 10
Mireille Laporte : la pensée sociale de Feux H. Boigny,
chercheur au C:E.A.N Mars 1970
* 11 Samir Amin :Le
Développement du Capitalisme en Côte d'Ivoire -- paris Ed de
Minuit l967,p 333
* 12 Abdoulaye Bathily :A
Quelle Côte d'Ivoire se refère l'ivoirité :Contribution,
Walfradjri 1er et 2 Décembre 2002
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