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Regard des acteurs de terrain sur les conduites addictives des jeunes (représentations sociales, pensée sociale et logique d'accompagnement )

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par Julie Boussoco
Université de Provence Aix en Provence - Master II psychologie sociale de la santé 2012
  

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5.2 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/autrui : formation de l'identité ; choix rationnels ; recherche d'espaces transitionnels

Selon Coslin (2003), les raisons des conduites addictives, chez les jeunes, peuvent être

« liées à des caractères -psychologiques- inhérents à cette période de la vie ». (p.2). En effet, pour Erikson (1979, cité par Assailly, 2003), les principales tâches développementales de l'adolescence sont la résolution de la crise de l'adolescence et la formation de l'identité personnelle qui supposent des expérimentations, des conduites d'essais et d'erreurs, à propos des styles de vie. Braconnier (1998) stipule d'ailleurs que l'adolescent doit faire face à quatre

ruptures majeures dans son développement : l'acceptation de la sexualité, la fin des liens de dépendance à ses parents, la projection dans l'avenir, la maîtrise de ses émotions et de ses affects. L'adolescence est donc une période de transition entre l'enfance et l'âge adulte au cours de laquelle se construit l'identité du jeune. Construction combinant, selon Tap (1980, cité par Favresse, 2011), le développement individuel et social qui va amener le jeune à se différencier et se singulariser pour devenir un être unique, et à s'identifier, à s'intégrer et à se référer aux autres pour devenir un être social. Pour Favresse (2011) « Dans ce processus dialectique entre le moi et les autres, la relation développée avec les parents et avec le réseau amical est fondamentale. » En effet, dans son processus de singularisation, le jeune va se confronter aux prescrits parentaux et dans son processus d'identification, le jeune va se confronter aux autres jeunes parmi lesquels il va se constituer un réseau amical et des symboles identitaires (vêtements, goûts musicaux, manières de parler, etc.). Et, les consommations de produits psychoactifs peuvent, dans une certaine mesure, faire partie de ce processus parce qu'elles permettent au jeune de tester ses limites, d'exprimer son autonomie envers ses parents, et parallèlement, son rapprochement envers ses pairs.

Bergeron (2009), dans son ouvrage La sociologie de la drogue, spécifie qu'« il y a donc tout intérêt à regarder la toxicomanie au travers du prisme particulier de la théorie "choix rationnel" plutôt que de le faire sous l'angle de la "pathologie individuelle ou sociale". » (p.49). Ainsi, les comportements sont causés par les raisons qu'ont les acteurs d'agir comme ils le font, et résultent d'un calcul stratégique d'optimisation de l'utilité personnelle. Cette approche permettrait en outre d'expliquer pourquoi dans un contexte similaire, deux individus ne choisissent pas forcément la même conduite. Par exemple, d'après Favresse (2011), l'échec scolaire favorise le rapprochement du jeune vers des pairs connaissant les mêmes problèmes scolaires. Ils constituent en quelque sorte une «roue de secours» (p.3) en lui permettant, entre autres, d'avoir un groupe d'appartenance, d'obtenir une reconnaissance sociale et de se construire, ou reconstruire une image positive. En contrepartie, le jeune va s'adapter et se conformer aux normes et modes de vie de ce groupe (Pavis et al., 1999, Favresse et al., 2011).

Matuszak (2010), étudie les liens entre les médias et les jeunes. Ainsi, cette appropriation des technologies de l'information et de la communication par les jeunes entrerait plus largement dans le désir d'autonomisation par rapport aux parents (Metton, 2006). Cependant, l'utilisation massive des réseaux sociaux pose question en terme de construction identitaire, que ce soit pour les stratégies de mise en scène de soi tendant vers des comportements d'exposition, ou pour la possibilité de changer d'identité virtuelle en permanence. Mais c'est surtout « la focalisation sur l'instant immédiat » (Geroges, 2009, cité

par Matuszak, 2010) qui laisserait présager une construction identitaire problématique. Pour ce qui relève des jeux « massivement multi-joueurs », Janssen et Tortolano (2010) pointent que les exigences de notre société sont telles que l'individu souffre de sa subjectivité. Selon le sociologue Ehrenberg (1995, cité par Janssen & Tortolano, 2010, p.75), à partir des années 80, l'individu « n'allait [...] devoir [son épanouissement] qu'à lui-même ». Il précise encore : « le «nouvel» individualisme signale moins un repli généralisé sur la vie privée que la montée de la norme d'autonomie : se comporter en individu signifie décider de sa propre autorité pour agir par soi-même, avec les libertés, les contraintes et les inquiétudes qu'une telle posture implique ». Ainsi, les individus, pour échapper à ces normes, se réfugient dans un monde virtuel où « le moi peut se prendre pour le moi idéal » (Janssen & Tortolano, 2010, p.75). Mais si les mondes virtuels ne garantissent pas le maintien à la fois du lien et de la séparation (au sens d'une différenciation) de ces deux réalités, l'investissement de ces mondes par des individus psychiquement fragilisés (par structure, traumatisme ou via la confrontation à un environnement trop défaillant) peut engendrer de réelles difficultés.

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