INTRODUCTION
Depuis les années 1990, nous avons pu constater une
évolution conséquente du jeu et des données
anthropométriques des rugbymen (Maso et coll., 1999). En effet, l'auteur
nous montre que la masse moyenne des joueurs de rugby a subi une augmentation
de 4% à 12% environ. De plus, la taille moyenne des joueurs a suivi une
évolution parallèle à celle de la masse avec une
augmentation allant jusqu'à 3% (Maso et coll., 1999). L'apparition de
qualités physiques qui étaient peu développées au
début des années 90 a suivi l'évolution de la masse et de
la taille des joueurs. En effet, le rugby moderne impose aux joueurs
d'être de plus en plus mobiles car les enchainements d'actions sont de
plus en plus nombreux et sont généralement de courte durée
mais aussi très intenses (Cometti, 2007). En revanche, il ne faut pas
confondre le nombre d'enchainements et le nombre d'actions dans un match.
Girardi (2002), nous montre que le nombre d'actions dans un match a
diminué alors que la durée de celles-ci a considérablement
augmenté (Millereau, 2007). Cazorla et coll. (2004) quantifient
précisément l'évolution des durées des actions et
du nombre de séquences de jeu en pourcentage du temps total de jeu.
Cette transformation du jeu est en grande partie due à la
médiatisation du rugby qui veut montrer un aspect de celui-ci
s'apparentant de plus en plus à un sport-spectacle en exigeant une
continuité du jeu, un mouvement permanent, et un jeu plus lisible par
les spectateurs (Girardi, 2002). Nous pouvons constater cela sur les phases de
touches jouées rapidement, les placages ou le nombre de remplacements
autorisé qui a augmenté afin de garder des joueurs mobiles sur le
terrain.
Les analyses plus récentes de la tâche et du jeu
au rugby moderne mettent en évidence l'importance de l'endurance,
l'adresse et la puissance dans le rugby moderne. C'est surtout cette
dernière qualité qui devra être développée au
travers de l'amélioration de ses trois composantes qui sont la masse
maigre ou musculaire, la force et la vitesse (Millereau, 2007). Cependant, la
priorité est différente selon la composante. La vitesse devra
donc être au centre de la préparation physique du rugbyman. Nous
pouvons décliner la notion de vitesse en beaucoup de composantes comme
la vitesse de pointe, la vitesse gestuelle ou encore l'explosivité. Dans
le cadre de ce travail, nous nous intéresserons exclusivement à
cette dernière notion qu'est l'explosivité (Millereau, 2007) et
qui, selon Miller (2006), est la capacité d'un athlète à
faire varier sa propre quantité de mouvement le plus brièvement
possible. L'explosivité semble être une qualité physique
incontournable pour le rugbyman moderne. Le développement de
l'explosivité, par le biais de la musculation, doit permettre au
rugbyman de progresser dans des actions de type «
accélération maximale », de sauter « le plus haut et le
plus rapidement possible » (Cometti, 2007), ou encore de prendre
l'avantage sur un ou des adversaires directs en étant capable de passer
à travers le rideau défensif adverse.
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Il convient donc de décrire plus
précisément ce qu'est l'explosivité au rugby et en quoi
elle peut se présenter sous des formes diverses selon les individus.
Pour cela, nous pouvons commencer par distinguer deux formes
d'explosivité spécifiques aux rugbymen. Il s'agit maintenant de
prendre en compte la spécificité des postes et leurs besoins
particuliers. En effet, pour un avant, produire une accélération
est souvent synonyme d'une mise en mouvement à partir d'une vitesse
nulle lorsque celui-ci doit courir à l'issue d'une phase de
mêlée, d'un regroupement, ou encore d'une touche. Dans ce
registre, nous demanderons à ces joueurs d'avoir un profil
puissance-force élevé (Girardi, 2002). Les termes de
puissance-force et de puissance-vitesse sont des déclinaisons du terme
puissance, qui est le produit de la force par la vitesse. Pour les
arrières, l'accélération s'exprime souvent à partir
d'une vitesse non-nulle lors d'une prise d'intervalle, d'un contournement d'une
ligne de défense adverse, ou d'une course de soutien. Dans ce cas
précis, le profil attendu de ces joueurs sera plutôt un profil
puissance-vitesse élevé (Girardi, 2002). Cette différence
est à prendre en compte dans le cadre de la préparation physique
qu'il convient d'adapter au mieux aux caractéristiques du rugbyman.
L'objectif de ce mémoire d'expertise va être de
s'intéresser aux différents processus de développement de
la force explosive des membres inférieurs et de les transférer
dans l'activité rugby. Pour cela, nous allons dans un premier temps
effectuer une analyse précise du jeu et de la tâche au rugby, puis
dans un deuxième temps nous considérerons les différentes
composantes à améliorer pour développer
l'explosivité, et dans un dernier temps, nous tenterons de
définir les exigences particulières qui sont requises pour
améliorer cette qualité chez des jeunes rugbymen.
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