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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§2. Durée diatonique dans les poèmes et identité dans la communication

La position de Platon sur les vertus de l'âme, si savante soit-elle, est à la fois idéaliste et parfaitement réaliste du fait qu'elle établit la corrélation entre le caractère de l'Etat et celui des individus. La prédominance de l'un de ces caractères à une certaine époque détermine l'orientation politique. Les gouvernements varient comme varient les coeurs des hommes et il doit y avoir autant d'espèces des uns que des autres. On ne peut être plus proche des conceptions de l'inter caractérologie moderne. C'est dans la compréhension du « temps » que la durée diatonique peut être bien analysée.

Bergson a bien différencié le « temps » objectif et matériellement mesurable de la « durée », cet aspect subjectif de l'appréciation de l'écoulement du temps. Cette appréciation dépend, selon nous de la résultante de deux systèmes binaires :

1. L'un d'eux est conditionné par le rythme des échanges neuro-chimiques, par la quantité de pulsions neurotoniques disponibles en temps donné, pour un circuit cérébral donné.

Un tel processus est considérablement plus intense chez un jeune enfant que chez un vieillard, d'où l'impression relative de lenteur de l'écoulement du temps vécu par les jeunes, par rapport à la sensation de la fuite des années qui surprend le vieillard.

Ce rythme métabolique et fonctionnel peut être artificiellement modifié par des psycholeptiques. Des stimulants (caféine, faible quantité d'alcool, etc.), augmentant la pression neurotoniques, donnent au sujet l'impression que « le temps est bien rempli », alors que des calmants, des analgésiques, qui ralentissent le rythme des pensées, font dire aux patients que « la journée s'est écoulée sans qu'ils sachent comment » ! L'arrêt complet des échanges neurotoniques, tel que cela se produit dans le sommeil profond et sans rêve, correspond à un arrêt total de la durée.

2. Le second système est lié au couple « plaisir-douleur », qui est la source la plus fondamentale et primitive de la conscience animale.

Dans les poèmes dynastiques la souffrance, le malaise, l'attente, la crainte, etc. augmentent le sentiment de la durée, alors que le bien-être, le plaisir, l'euphorie, la distraction, la passion, etc. raccourcissent le temps. Combinée avec les deux facteurs binaires : rythme neurotoniques et plaisir-douleur, on doit utiliser la durée de sons pour comprendre les gammes typiques de la musique émise par tambour.

Depuis le Moyen Âge occidental(566(*)), les gammes typiques de la musique occidentale sont des gammes diatoniques, correspondant aux touches blanches du piano. Ces gammes se composent d'une séquence répétée de demi-tons (entre les notes blanches, mi-fa et si-do) et de tons (entre tous les autres tons adjacents) ; elles comptent sept notes par octave (la huitième note de cette série étant la répétition de la première note à l'octave supérieure).

Les gammes majeure et mineure, qui dominent la musique occidentale depuis 1650 environ, sont, à proprement parler, deux modes de la gamme diatonique fondamentale : le mode ionien -- do ré mi fa sol la si (do) --, devenu la gamme majeure ; et le mode éolien -- la si do ré mi fa sol (la) --, devenu la gamme mineure. Ces deux modes ont une sonorité différente parce que les intervalles d'un demi-ton occupent dans chacun des positions différentes.

Quand on observe bien les poèmes dynastiques, on se rend compte que le poète tutsi a expérimenté d'autres gammes, en particulier la gamme par tons entiers : do ré mi fa sol dièse la dièse (do), et les gammes micro-tonales (utilisant des intervalles inférieurs au demi-ton). Les gammes pentatoniques (de cinq notes), souvent utilisées dans la musique folklorique et dans les musiques non occidentales, associent généralement des intervalles de tierce mineure (ré-fa, mi-sol, la-do, etc.) et des tons entiers : do-ré- fa-sol la (do) ou do-ré-mi-sol-la (do).

Il existe de nombreuses autres gammes, en particulier des gammes heptatoniques (à sept notes) et pentatoniques s'appuyant sur le demi-ton. Toutefois, de nombreuses gammes non occidentales utilisent des systèmes de tonalité différents, dans lesquels les intervalles ne correspondent réellement à aucun intervalle des gammes occidentales. C'est notamment le cas de la musique indonésienne, qui utilise (parmi de nombreuses autres gammes) une gamme pentatonique appelée sléndro, dans laquelle les cinq notes sont espacées à intervalles presque réguliers à l'intérieur de l'octave.

Mais si on affirme que la poésie occidentale et la poésie des bantu précèdent chronologiquement la poésie tutsie, on se bute à la question suivant : comment dès lors expliquer cette inégalité des valeurs civilisatrices dans la contemporanéité du temps conventionnel, inégalité qui devient beaucoup plus aiguë dans le cas de la survivance de civilisations de l'âge de la pierre à côté de civilisations hautement évoluées ?

La théorie évolutionniste classique ne saurait donner une explication valable de ces inégalités se présentant dans la contemporanéité du temps chronologique conventionnel, ou à des distances irrégulières dans ce même temps, même si elle avait recours à l'argument de l'évolution indépendante des civilisations dans l'espace, car alors elle aurait à justifier deux phénomènes par excellence antiévolutionnistes, celui de la régression d'une part, celui de la stagnation de la civilisation d'autre part. La difficulté ainsi créée ne saurait être levée qu'en faisant abstraction du temps chronologique conventionnel, adapté aux données physiques, et en adoptant à sa place la notion du temps entropologique et/ou du temps anthropologique ou du temps culturel, sans toutefois démunir de toute signification anthropologique le premier(567(*)). Mais cette notion nouvelle du temps entropologique nous induit en une nouvelle problématique ; celle qui demande la détermination des critères d'après lesquels cette notion est s'établit. Ainsi le mode d'évaluation se détermine par la craniométrie et par l'entropie des sons et des mélodies ou bien encore par l'entropie craniométrique. Mais les chercheurs et universitaires africains spécialistes en sciences sociales se sont donné la peine du schéma néo-darwinien. Nous y reviendrons avec Mutuza dans son analyse de la diaspora, panafricanisme, citoyenneté transfrontalière, méritocratie, etc.

Les modes de la musique médiévale occidentale et de la musique folklorique des Bantu sont constitués de façon comparable, mais avec des points de départ différents (ré-ré, sol-sol, etc.). Le mode est, en quelque sorte, une gamme, bien que cette dernière corresponde à une notion moins complexe, ce qui est le cas chez les Tutsis. Le principe essentiel des gammes majeure et mineure et du mode est la séquence caractéristique des intervalles, reproduite indépendamment de la hauteur de son : par exemple, sol la si do ré mi fa dièse (sol). Pour obtenir cette séquence, il est nécessaire d'introduire des notes supplémentaires en plus des sept notes initiales (ici, fa dièse, soit une touche noire sur le clavier du piano).

Au cours du développement du système de tonalité majeure-mineure, la gamme mineure naturelle a subi deux modifications. La forte tendance à avoir un demi-ton au-dessus de la note fondamentale (par exemple, sol dièse par rapport au la) a abouti à la gamme mineure harmonique : la si do ré mi fa sol dièse (la). Toutefois, la nouvelle « note de base » (ici, sol dièse) a créé un intervalle (ici, entre fa et sol dièse) qui était mal venu dans les mélodies. La gamme mineure mélodique, dans sa forme ascendante -- la si do ré mi fa dièse sol dièse (la) -- a permis d'adoucir cet intervalle désagréable en rendant plus aiguë une deuxième note et, ne nécessitant pas de première note dans sa forme descendante, elle restait la gamme mineure naturelle descendante : la sol fa mi ré do si (la).

N'empêche que l'auteur de cette codification, Alexis KAGAME, l'éditeur des poèmes dynastiques, ait consigné sous forme d'articles de code les points essentiels des règles coutumières qui régissent les institutions sociales du royaume ruandais. Le ton de ce code nous permet d'aborder la durée diatonique. Nous sommes en philologie classique.

Dans cette perspective, l'intonation de la voix considérée comme critère de différenciation des mots par les variations de la hauteur et de l'intensité résultant de l'accentuation est ce que l'on appelle ton. Et chaque vers des poèmes dynastiques renferme une idée d'appartenance politique et juridique comme sentiment de la durée diatonique au sein des poèmes.

* 566 Cette comparaison entraîne des jugements de valeurs entendues tant objectivement que subjectivement. Cette constatation éveille immédiatement chez l'observateur la problématique non seulement de l'étude comparative des civilisations, mais aussi celle de civilisations étudiées en elles-mêmes et par rapport à leur évolution historique. C'est toute une problématique de valeurs qui déborde le domaine strict de la science positive et contraint à la spéculation philosophique. Attachons-nous toutefois aux données des civilisations tutsie et bantu, les deux, en rapport avec la civilisation occidentale qui les colonisa. Tels que les poèmes se présentent en face des récits épiques des Lega, il y a inégalité lesquels, pour éviter de se laisser entraîner dans le domaine de jugement des valeurs, nous situons provisoirement dans la catégorie matérielle. Et c'est dans le domaine des valeurs matérielles, morales et intellectuelles que nous constatons cette inégalité. Et la migration justifie la consolidation au XIIIe siècle de cette civilisation Chamite.

* 567 Avec MUTUZA et MUSEY cette dissociation des deux temps s'avère nécessaire en matière de traitement anthropologique, où la classification des civilisations dans leurs rapports essentiels et organiques impose le temps culturel en tant que postulat méthodologique. C'est l'ingénierie sociale dont Musey nie les pertinences et que Mutuza accueille avec foi à cause de sa croyance en la prédiction.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo