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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§5. Sous-développement

Mutuza esquisse bien cette question dans La Problématique du Mythe Hima-Tutsi. Le problème de sous-développement est à la mode. Il a pris une place de choix dans la littérature économique ; les sociologues, les géographes, les juristes et même l'homme de la rue, parlent couramment aujourd'hui de sous-développement ou de pays sous-développés.

Mutuza dit que « La vulgarisation de ce terme explique en partie son ambiguïté(97(*)). Aussi, depuis quelques années les auteurs tentent-ils de préciser la notion de sous-développement et d'examiner les implications que comporte l'adoption d'une définition rigoureuse. A l'origine de cette conception il y a selon Mutuza une confusion grave entre sens et vérité qui repose, entre autre, sur une sorte de croyance animiste dans une autorité, ou un pouvoir, des mots.

L'histoire de la philosophie voit ce souci acharné des définitions exactes, censées donner un savoir supplémentaire, perdurer de siècle en siècle, même chez les adversaires de Platon qui restent prisonniers d'une sorte de préjugé essentialiste en ce qui concerne les mots. On le retrouve, sous des formes diverses, chez Berkeley, Wittgenstein et leurs émules, autant que chez Husserl (et un pan entier de la phénoménologie - que l'on songe un instant à l' « intuition des essences »), Hume, Moore ou Carnap (on sait, par exemple, que ces deux derniers prônent respectivement l'analyse philosophique et l'explication des concepts). Ces philosophes accordent aux problèmes concernant les mots et leur signification une place majeure et sont tributaires de ce que l'on a appelé la décision platonicienne, spécialement en ce qui concerne l'idée d'explication ultime qui sous-tend, on le verra, l'idéal de précision terminologique.

Contre cette tendance prédominante, Mutuza maintient que les questions de définitions sont « toujours sans objet, sans intérêt philosophique; il cite également R. Gendarme qui a recensé vingt et une définitions parmi tant d'autres(98(*)). Et il ajoute que « les définitions sont des dogmes; seules les conclusions que nous en tirons peuvent nous offrir un nouvel aperçu des choses»(99(*)) , et répète inlassablement que les mots que nous employons n'ont en soi pas d'importance. Ce qui doit être pris au sérieux, « ce sont les questions qui concernent les faits, et les affirmations sur les faits ; les problèmes qu'elles résolvent ; et les problèmes qu'elles soulèvent »(100(*)).

Il ne faut pas pour autant voir en Mutuza une sorte d'anarchiste du langage rejetant l'idée de précision pour on ne sait quel motif obscur et affirmant qu'il n'y a qu'à parler sans se soucier des termes que l'on emploie. S'il soutient bien qu'il ne faut pas s'y intéresser outre mesure, et surtout ne pas en faire son unique objet d'étude, c'est qu'il tient que la vertu cardinale de l'expression ne doit pas être la précision, mais la clarté.

La suspicion à l'égard de la terminologie doit être vue en ces termes également ; ce qui est refusé n'est pas l'apport, parfois réel, que peut donner une mise au point sur le sens d'un mot, mais l'attitude obscurantiste qui peut se cacher derrière le "pointillisme linguistique". Ce que vise Mutuza, c'est bien « la terminologie prétentieuse et la pseudo-exactitude qu'elle implique », qui se trouve chez Popper (P.S. I , Préface de 1956 - p. 27), au nom de ce que l'on appellera son "principe d'effort" : « Ce qui peut être dit doit, et peut, l'être avec toujours plus de simplicité et de clarté » (id.) Il convient de ne pas interpréter cette maxime en un sens "wittgensteinien", insinuant qu'il y a des choses qui ne peuvent être dites (mais juste, par exemple, montrées), tant il n'est rien qui soit plus étranger à l'esprit de Mutuza que ce genre de mysticisme. Ce qu'il faut retenir est ce « devoir moral pour les intellectuels » qu'est le rejet de l'obscurité dans l'expression des idées, ainsi que le souci de n'être pas plus précis que la situation ne l'exige.

Au niveau philosophique, le contexte culturel de Mutuza est très important si on veut bien comprendre sa lutte pour l'identité et l'appartenance.

* 97 MUTUZA, La Problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 23 ; voir aussi Des Nations sans Etat, p.

* 98 GENDARME, R., p. 33.

* 99 De la Philosophie occidentale à la philosophie négro-africaine, p. 235.

* 100 Ibidem, p. 236-237.

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