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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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§3. Ordre et désordre dans la lutte politique

Nos vies évoluent dans un mouvement constant, dans une alternance d'ordre et de désordre. Il y a des moments, comme l'adolescence ou la vieillesse, où la fragilité et l'angoisse sont plus fortes. Dans l'ensemble, la vie n'est jamais linéaire. Elle se joue de nos agendas, de nos sécurités et de nos places établies. Elle est parsemée de moments de chaos, de désordres, causés par une maladie, un accident, la perte d'un travail, la disparition d'amis. Ces temps entropiques qui bouleversent nos projets et nos habitudes exigent une remise en ordre progressive de nos vies. L'entropie sociale n'est jamais facile à vivre. C'est un temps de deuil, de désolation.

C'est dans cette perspective que Mutuza ouvre une autre question dans la lutte politique : les rapports entre les structures claniques et les structures étatiques. Il se démarque de M. Balandier. Cette question est liée à celle de la genèse de la société à état traditionnel et également au problème de la typologie des systèmes politiques. Elle en pose elle-même deux autres :

-dans quelle mesure le vieil ordre clanique et lignager est-il aboli dans la société à Etat ; dans le cas contraire, comment coexistent-ils ?

-dans quelle mesure peut-on tracer une frontière entre les structures claniques ou celles qui sont dites telles et les structures étatiques ou celles qui sont dites telles ?

L'auteur de Les fondements culturels du fédéralisme, déclare qu'il est impossible d'opposer terme à terme ces deux structures ; le plus souvent les auteurs proposent un continum entre les deux. Mutuza ne nous laisse pas indifférent. Il considère, comme l'a aussi fait E. Leach, que ces aspects sont comme deux pôles ; pôle égalitaire clanique et pôle inégalitaire hiérarchique ; entre les deux toute une série de formation diverses peuvent prendre place et cela aussi bien d'une société à une autre qu'à l'intérieur d'une même société au cours de son histoire.

On se rend compte que le problème des relations entre clan et Etat engage bien plus que l'anthropologie politique. Il a une incidence générale et montre que les sociétés portent en elles des incompatibilités et des contradictions. Au cours de leurs transformations elles n'éliminent pas les formes anciennes d'organisation : « le vieux coexiste avec le neuf » : c'est la notion de complexité verticale dont parle H. Lefèvre. Complexité à laquelle Sartre a donné son adhésion dans la partie « Question de méthode » de la critique de la Raison dialectique. Mutuza se situe sur le terrain des sociétés présentant une géologie sociale où différentes couches et différents éléments cohabitent de façon plus au moins harmonieuse. C'est la lutte dont Marx chante la victoire et prophétise l'avènement.

Les marxistes ont envisagé ce problème, principalement Engels, dans l'Antidühring. Engels examine les modalités du pouvoir dans les communautés primitives : il y existe des individus qui ont la sauvegarde des intérêts collectifs ; mais ces fonctions opèrent sous le contrôle de tous. Ce sont des charges qui représentent les débuts du pouvoir d'Etat. Alors se pose la question comment cette fonction sociale a-t-elle pu devenir avec le temps une autorité sur la société ?

J. J. Maquet souligne à propos du Ruanda ancien, ce que Mutuza affirme dans La problématique du Mythe Hima-Tutsi, l'existence d'une contradiction entre clan et Etat. Cette contradiction est en partie résolue en vidant le clan de sa substance ; elle conduit à l'annulation de l'un des termes.

Dans ce Ruanda le politique est au maximum dégagé du système clanique : le clan est comme une forme qui aurait été vidée de son contenu. Le politique est plus organisé sur la base des réseaux des rapports personnels que sur des réseaux de descendance. C'est l'autorité administrative et militaire qui lui fournit sa base. Cependant dans les régions périphériques, éloignées de la source du pouvoir et de l'autorité, c'est l'ordre clanique qui l'emporte sur l'ordre étatique.

Comment l'Etat tente-t-il de résoudre les contradictions qu'il porte en lui ? Comment les marxistes ont essayé de répondre ? Ici intervient la place de la prophétie sociale de Marx que Camus paraphrase : « Finalement, de la prophétie de Marx, dressée désormais contre ses deux principes, l'économie et la science, il ne reste que l'annonce passionnée d'un événement à très long terme. Le seul recours des marxistes consiste à dire que les délais sont simplement plus longs et qu'il faut s'attendre à ce que la fin justifie tout, un jour encore invisible. Autrement dit, nous sommes dans le purgatoire et on nous promet qu'il n'y aura pas d'enfer »(294(*)) ». Le problème qui se pose alors est d'un autre ordre. Si la lutte d'une ou deux générations au long d'une évolution économique forcément favorable suffit à amener la société sans classes, le sacrifice devient concevable pour le militant : l'avenir a pour lui un visage concret, celui de son petit enfant par exemple. Camus continue : « Mais si, le sacrifice de plusieurs générations n'ayant pas suffi, nous devons maintenant aborder une période infinie de luttes universelles mille fois plus destructrices, il faut alors les certitudes de la foi pour accepter de mourir et de donner la mort. Simplement, cette foi nouvelle n'est pas plus fondée en raison pure que les anciennes »(295(*)).

La recherche du domaine de définition, condition de possibilité de l'existence d'une fonction, permet de comprendre l'identité des différents éléments des ensembles. C'est pourquoi on parle de la destruction chez les marxistes. Cela crée les frontières du politique par rapport à la culture envisagée en tant que système et rapport à ses divers éléments. Il existe une corrélation entre la culture et le système politique. Cette corrélation est inversement proportionnelle c'est-à-dire que moins l'intégration culturelle est poussée plus l'intégration politique est efficace. Cette proportionnalité est calculable à partir de la fonction f dont l'axe des x, la droite x = a et la droite x = b296(*).

Nous sommes en mathématique pure et quiconque veut comprendre la lutte politique avec ses valeurs telle qu'expliquer par Mutuza doit entrer dans la théorie des ensembles en logique. Pour simplifier, on doit supposer que f(x) = 0 entre a et b. Pour tout x = a, soit L(x) l'aire de la région comprise entre a et x. On détermine la valeur de A, supposant que cela suffit pour calculer L(x) et pour l'appliquer à x = b. Si h est une petite variation de x, le domaine délimité par la représentation graphique de f et l'axe des abscisses compris entre x et x + h s'apparente approximativement à un rectangle de hauteur f(x) et de largeur h(297(*)).

Par conséquent, l'aire de ce domaine, par ailleurs égale à L(x + h) - L(x), est sensiblement égale à f(x).h. Lorsque h ? 0, ces approximations deviennent plus fondées : k / h ? f(x). On en déduit que L(x) = f(x) : L est une primitive de f. Donc, si nous connaissons une primitive F de f,L = F + c,c est une constante. Mais comme L(a) = 0, c = -F(a). Par conséquent, A = L(b) = F(b) - F(a). C'est sensible dans ce domaine où le mythe prend la place de l'histoire(298(*)).

Où veut-on en venir avec ses analyses mathématiques si Mutuza, après Malinowski, révèle que le mythe et le rituel peuvent être intégrés comme des arguments en matière de langage justifiant le droit, le statut, le pouvoir ? L'étude de ces fonctions nous montre que le mythe et le rituel peuvent régir le politique et dans cette mesure nous apparaissent comme les homologues de l'idéologie dans nos sociétés modernes.

A moins que Mutuza traite avec la philosophie du langage pour atteindre ses objectifs en matière de lutte politique. Nous donnant une réponse contre le marxisme instrumental et nous invitant à la métaphysique comme le ôïðïò ou le socle du nominalisme, il nous avertit de l'affront comme résolution à la prophétie marxiste.

Ceux qui pressentent cette vie nouvelle et la voient émerger à travers le désordre sont souvent considérés comme des révolutionnaires ; on les trouve trop modernes ou trop libéraux. Ceux qui ne pressentent rien de neuf et ne perçoivent que l'ébranlement de leurs repères habituels ont peur et s'accrochent à ce qu'ils connaissent. Quant à ceux qui gouvernent, ils croient souvent qu'en tenant fermement les rênes du pouvoir ils éviteront l'anarchie. En réalité, les responsables ont peur de partager ou de perdre leur pouvoir. Eux aussi craignent le changement.

* 294 CAMUS, A., l'Homme révolté, Paris, Gallimard, 1951

* 295 Idem.

* 296 EULER, L., Introduction à l'analyse des infiniment petits, p. 148. L'auteur traite de manière analytique et complète l'algèbre, la théorie des équations, la trigonométrie et la géométrie analytique. La faible dispersion spatiale des rayons laser et leur grande précision temporelle permettent de les utiliser pour mesurer des distances, à la manière des ondes radar : les rayons sont envoyés sur des miroirs positionnés sur les sites à cadastrer, par exemple le long d'une faille ou sur les rives opposées d'un océan en expansion. Le temps du trajet aller-retour du rayon laser permet de mesurer les distances au centimètre près. Les satellites utilisent également des altimètres laser pour déterminer l'altitude du relief survolé ou la hauteur des vagues sur la mer. Des miroirs laser ont même été déposés sur la Lune par certains astronautes, et ont renvoyé des rayons laser émis depuis la Terre, permettant de mesurer la distance Terre-Lune avec une précision inégalée : de telles mesures ont mis en évidence la lente dérive de la Lune qui s'écarte de notre planète au rythme de quelques millimètres par an.

* 297 Idem.

* 298 Idem.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984