WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

( Télécharger le fichier original )
par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

§2. De la déconstruction du langage philosophique

Mutuza cherche à construire un nouvel édifice du nominalisme en créant la réévaluation des concepts. Mais le rapport qu'il entretient entre le terme et le concept ouvre la voie qu'il a fermée aux questions des mots et de leurs définitions. C'est là la déconstruction du langage philosophique par laquelle il interpelle les philosophes d'entretenir la confusion entre le terme et le concept. Pareille explication ouvre la voie qu'il a fermée aux questions des mots et de leurs définitions. C'est là sa déconstruction.

Par la déconstruction du langage philosophique, Mutuza entend démonter les éléments dont se sont servis les ingénieurs de la science philosophique pour en élever un nouvel édifice capable de rénover la société congolaise. Il entend le faire en rapport avec la philosophie du langage dont la réévaluation des concepts est une des méthodes qu'il préconise. Il l'emprunte dans la forme négative, Áïßêïäüìçóéò(304(*)), ce qu'Aristote construit en métaphysique.

La philosophie du langage a deux orientations. La première est celle dite philosophie analytique. En tant que méthode de la philosophie, l'analyse linguistique remonte à l'Antiquité grecque. Plusieurs dialogues de Platon, par exemple, ont explicitement pour objet de clarifier des termes et des concepts. Il n'en reste pas moins que ce style particulier de la philosophie connut un spectaculaire regain d'intérêt au XXe siècle. Sous l'influence de la première tradition de l'empirisme britannique de John Locke (+ 1704), George Berkeley (+ 1753), David Hume (+ 1776) et John Stuart Mill, ainsi que des écrits du mathématicien et philosophe allemand Gottlob Frege, au XXe siècle, les philosophes anglais G.E. Moore (+ 1958) et Bertrand Russell (+ 1970) sont apparus comme les pères de ce courant analytique et linguistique contemporain. La parenté de pensée est que Mutuza refuse de faire le bien en forçant les autres à être heureux.

Mutuza se situe entre Hume et Stuart Mill cherchant à répondre à la question comment faire le bien sans forcer les autres d'êtres heureux ? Sa réponse est proche de Moore et Russell qui rejetaient l'idéalisme hégélien, en particulier l'interprétation qu'en livraient les oeuvres du métaphysicien anglais Francis Herbert Bradley. Celui-ci affirmait que rien n'est absolument réel sauf l'absolu. Leur opposition à l'idéalisme et leur attachement à l'idée qu'il est crucial, en philosophie, de porter une attention minutieuse au langage, eurent une influence déterminante sur l'état d'esprit et le style de la philosophie dans une grande partie du monde anglophone au XXe siècle.

Moore considérait la philosophie avant tout comme une analyse. Philosopher exige de clarifier des propositions ou concepts énigmatiques, en leur apposant des propositions ou concepts moins énigmatiques et censés être logiquement équivalents aux premiers. Cette tâche une fois accomplie, on peut établir avec plus d'exactitude la vérité ou la fausseté de propositions philosophiques problématiques. Moore est célèbre par ses minutieuses analyses d'énoncés philosophiques énigmatiques comme « le temps est irréel », par lesquelles il déterminait alors la vérité de telles assertions. Fortement influencé par la précision des mathématiques, Russell chercha à développer un langage logique idéal qui soit le reflet fidèle de la nature du monde. Les propositions complexes peuvent, selon la thèse de Russell, être résolues en leurs plus simples composantes, qu'il appelait « propositions atomiques ». Ces propositions renvoient aux faits atomiques, les ultimes constituants de l'univers.

La conception métaphysique fondée sur cette analyse logique du langage, jointe à la nécessité, pour les propositions pourvues de sens, de correspondre à des faits constituent ce que Russell a appelé l'« atomisme logique ». Son intérêt pour la structure du langage le conduisit également à distinguer la forme grammaticale de la forme logique d'une proposition. Les assertions « Jean est bon » et « Jean est grand » ont la même forme grammaticale, mais des formes logiques différentes. Ne pas reconnaître cette différence reviendrait à traiter la propriété « bonté » comme si elle était une caractéristique de Jean au même titre que la propriété « grandeur ». C'est de ce genre d'erreur que découle la confusion philosophique.

Les recherches mathématiques menées par Russell attirèrent à Cambridge le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein (+ 1951), qui devint une des figures centrales du mouvement analytique et linguistique. Dans son premier ouvrage, Tractatus logico-philosophicus (1921), dans lequel il exposa pour la première fois sa théorie du langage, Wittgenstein soutenait que toute philosophie est une critique du langage et que « la philosophie a pour but l'éclaircissement logique de la pensée ». Les résultats des analyses de Wittgenstein se rapprochaient beaucoup de l'atomisme logique de Russell. Il affirmait que le monde est, en dernière analyse, composé de faits simples, que le langage a pour but de dépeindre. Pour être pourvues de sens, les assertions sur le monde doivent être réductibles à des énoncés linguistiques qui ont une structure similaire aux faits simples représentés. Dans cette analyse du premier Wittgenstein, seules les propositions qui représentent des faits -- comme les propositions de la science -- sont considérées comme factuellement signifiantes. Les propositions métaphysiques, théologiques et éthiques sont jugées comme factuellement vides de sens. Influencé par Russell, un groupe de philosophes et de mathématiciens fonda à Vienne, dans les années 1920, le mouvement dit « positivisme logique ».

Sous la direction de Moritz Schlick (+ 1936) et de Rudolf Carnap, le cercle de Vienne accomplit une des oeuvres les plus significatives de l'histoire de la philosophie analytique et de la philosophie du langage. Pour eux, la tâche de la philosophie est la clarification du sens et non la découverte de nouveaux faits (objet de la science) ou l'élaboration d'une explication d'ensemble du réel (quête infructueuse de la métaphysique traditionnelle). Les positivistes répartissaient tous les énoncés pourvus de sens en deux catégories : les propositions analytiques et les propositions empiriquement vérifiables. Les propositions analytiques, qui englobent les propositions de la logique et des mathématiques, sont des assertions dont la vérité et la fausseté dépendent entièrement de la signification des termes qui les composent, comme la proposition « deux plus deux égalent quatre ». La seconde catégorie de propositions pourvues de sens comprend toutes les assertions sur le monde qui sont vérifiables, du moins en principe, par l'expérience sensorielle. En fait, les sens de telles propositions requiert la méthode empirique de vérification. Cette théorie vérificationniste de la signification, de l'avis des positivistes, permet de démontrer que les assertions scientifiques sont des affirmations factuelles légitimes et que les énoncés métaphysiques, religieux et éthiques sont factuellement vides. Les idées du positivisme logique furent exposées de A. J. Ayer(305(*)).

La théorie positiviste vérificationniste de la signification fit l'objet de critiques virulentes de la part de philosophes comme Karl Popper. Finalement, cette théorie étroite de la signification fit place à une conception plus large de la nature du langage. Là encore, Wittgenstein joua un rôle prépondérant. Rejetant nombre des conclusions du Tractatus, il inaugura une pensée d'un type nouveau, qui culmina dans son oeuvre posthume, les Investigations philosophiques (1953). Dans cet ouvrage, Wittgenstein montrait que la variété et la flexibilité du langage se font jour dès lors que l'on prête attention à la façon dont le langage est vraiment utilisé dans le discours ordinaire. Les propositions font beaucoup plus que dépeindre des faits. Cette découverte fut à l'origine du concept wittgensteinien de jeux de langage. En témoignent, par exemple, le scientifique, le poète, le théologien, qui sont impliqués dans différents jeux de langage. De plus, la signification d'une proposition doit être comprise dans son contexte, c'est-à-dire en termes des règles du jeu de langage dont elle fait partie. Wittgenstein en conclut que la philosophie est la tentative de résoudre les problèmes qui résultent de la confusion linguistique, et que la clef de tels problèmes réside dans l'analyse du langage ordinaire et dans l'usage approprié du langage. Le mouvement analytique et linguistique s'est vu enrichi de nouvelles contributions, à travers les oeuvres des philosophes britanniques Gilbert Ryle, John Langshaw Austin et P.F. Strawson, et du philosophe américain W.V. Quine. Selon Ryle, la tâche de la philosophie est de reformuler les « expressions systématiquement trompeuses » sous une forme logiquement plus exacte. Musey y avait apporté sa pierre en démontrant dans le Cratyle de Platon l'importance d'une réévaluation des concepts et de leur fonctionnalité. Il s'intéressait tout particulièrement, comme son collègue Ryle, aux assertions dont la forme grammaticale suggérait l'existence d'objets non-existants. Ainsi Ryle est-il célèbre par son analyse du langage mentaliste, langage qui suggère trompeusement que l'esprit est une entité au même titre que le corps.

La deuxième est celle du langage ordinaire. Mutuza se réfère à Austin qui affirmait que toute recherche philosophique doit, dès le départ, porter une attention particulière aux distinctions subtiles qui sont à l'oeuvre dans le langage ordinaire(306(*)). L'analyse du concept d'Etat débouche sur une théorie générale qu'il appelle rupture épistémologique. Cette rupture est proche des actes de langage chez Austin, c'est-à-dire une description de la variété des actes qu'un individu est susceptible d'accomplir en énonçant quelque chose.

Mutuza complète sa théorie par l'analyse que Strawson fit des relations entre logique formelle et logique du langage ordinaire. La complexité de ce dernier n'est pas, selon lui, représentée de façon adéquate par la logique formelle. Aussi est-il nécessaire d'ajouter un grand nombre d'instruments analytiques à la logique pour analyser le langage ordinaire. Quine se pencha sur le rapport entre langage et ontologie. Il affirmait que les systèmes linguistiques tendent à engager leurs utilisateurs à présupposer l'existence de certaines choses. Pour Quine, les raisons qui justifient la manière de s'exprimer d'une façon plutôt qu'une autre sont purement pragmatiques. L'analyse du langage, considérée comme partie intégrante et indispensable des recherches philosophiques, demeure un aspect majeur de la philosophie contemporaine. Par ailleurs, le clivage se perpétue entre ceux qui préfèrent travailler avec la précision et la rigueur des systèmes logiques symboliques et ceux qui préfèrent analyser le langage ordinaire.

Mutuza a opté pour cette dernière position. Bien qu'il y ait peu de philosophes contemporains pour affirmer que tous les problèmes philosophiques sont linguistiques, l'idée que l'examen de la structure logique du langage et de l'usage du langage ordinaire peut souvent contribuer à la résolution des problèmes philosophiques demeure largement partagée. Et ce partage, Mutuza le prend en termes du géométrique.

* 304 Action de déconstruire qu'on rencontre chez Aristote dans sa forme active ïßêïäüìçóéò, dans son livre de métaphysique. La notion même de « déconstruction » de l'oeuvre repose sur le postulat que le texte ne possède pas une signification fixe et prédéterminée que l'interprétation pourrait retrouver ; la stratégie déconstructiviste se fonde en outre sur le principe d'une « autocontradiction » inhérente au texte, qui empêche l'émergence d'un sens définitif et cohérent. Né sans doute du décalage entre l'intention de l'auteur et la signification effective du texte, cette « autocontradiction » du texte littéraire est le point de départ de la critique déconstructiviste. Notons que le terme de « déconstruction » renvoie aussi à la pratique critique elle-même, parce qu'elle utilise des concepts inaptes à rendre vraiment compte de la complexité et de l'instabilité du texte littéraire du point de vue du sens.

* 305 Langage, vérité et logique, p. 50

* 306 A la différence de Austin, Mutuza ne veut pas que l'on s'attarde à des définitions. Il pense que le vrai problème philosophique est la pratique de la vertu dans la vie. La vertu s'impose à tous comme la loi morale.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams