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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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Chapitre quatrième: CONJURATION ET ENTROPOLOGIE TUTSIES

Introduction

Ce chapitre sur la conjuration des Tutsi fait suite du chapitre précédent qui a traité de l'humanisme et surtout à la question de savoir si les faibles ont une place. A cette question la réponse était que l'exclusion est la façon dont nous rejetons et mettons à l'écart des personnes appartenant à tel ou tel groupe. C'est une réalité très subjective. Certaines personnes nous attirent, car elles nous stimulent et cherchent à nous faire plaisir. D'autres nous font fuir car elles nous font peur, peut-être parce que nous leur faisons peur. Nous éveillons entre nous des sentiments de rivalité.

Les réflexions de Mutuza sur le problème des Hima-Tutsi n'est pas facile pour les Hutu, ceux-ci se sentent négligés et rejetés par ceux-là mêmes qu'ils ont adoptés et qui auraient dû s'allier pour faire face aux Blancs. Ils se sentent trahis. L'attitude des Tutsi alimente en notre auteur un sentiment de non-valeur ; elle suscite des tensions, un sentiment de colère et de révolte qui affecte leur relation avec l'étranger. L'auteur des Réflexions d'un séminariste au tour des événements des années 60 nous dit que les Hutu ont besoin d'être libérés de la haine qui leur est inspirée par les Tutsi et qui les domine. Si, un jour, ils parvenaient à comprendre pourquoi les Hima-Tutsi agissent ainsi, ils seront sur la voie du pardon. Mais pour que ce pardon engendre une rencontre véritable et une communion des coeurs, il faudrait que les Hima-Tutsi acceptent de réfléchir sur leur comportement, réalisent combien ils ont blessé les Hutu et leur demandent pardon. C'est à ce moment seulement que la réconciliation, la guérison du coeur et la libération pourraient être possibles pour chacun de ces groupes. Ici encore Mutuza pense que la question n'est pas de comprendre mais de reconnaître qu'il y a dans ceux qui ont blessé des blocages qui les empêchent d'admettre leur culpabilité.

C'est pourquoi pendant les années 1960, les écrivains de la jeune génération se détournent des fantaisies « colonialistes » de leurs aînés pour s'impliquer davantage dans les bouleversements politiques d'un Congo secoué par des manifestations nationalistes. Formant un mouvement connu sous le nom de chant de coq, ils soutiennent les courants libéraux qui font alors leur apparition en différents endroits de la RD Congo. Mutuza donne « le cas de la société rwandaise où nous avons un phénomène classique de la transculturation »(375(*)). Comme principal philosophe de cette période, Mutuza, dont l'idéalisme rationaliste, comme celui de Hegel(376(*)), a eu une forte influence, notamment, du poète et critique Heinrich Heine(377(*)). En comparaison avec la défaite de la révolution de 1830, lutte au cours de laquelle Heine, lui-même patriote et libéral, part pour Paris, où il écrit la plus grande partie de sa poésie et où il produit de nombreux articles critiques sur l'art et la politique de l'époque, Mutuza en fit autant et dans la même ville, Paris. Observateur perspicace, il est le précurseur de nombreuses techniques de la mise en garde contre l'influence étrangère du journalisme moderne(378(*)). Médiateur entre les cultures occidentale et lega, il complète et rectifie l'ouvrage l'Afrique est mal partie, et affirme l'importance pour l'Europe de la pensée de Tempels. Sa poésie prend le ton de la satire politique et sociale, mais il revient plus tard à son lyrisme premier. Sa vie est celle d'un exilé politique, mais d'un exil volontaire sans exil. Il tente de réveiller l'activité politique congolaise dans son ouvrage La problématique du Mythe Hima-Tutsi.

La réaction qu'on a de cette oeuvre est un acte ou comportement en réponse que les Tutsi donnèrent en réponse psychologique. On peut alors comprendre cette réaction comme dans le domaine de la chimie : processus de transformation de la matière; et en physique comme le processus de modification de la structure d'un noyau atomique avec libération d'énergie ; quant à la politique c'est l'opposition à tout changement dans le système social ou politique, il s'agit du mouvement de riposte spontané ou organisé. En rapport avec l'entropie c'est la force de sens contraire et d'intensité égale à l'action exercée, force de sens contraire et d'intensité égale à l'action exercée.

C'est pourquoi nous abordons le problème de l'insurrection : l'entropologie ; l'analytique fonctionnelle et chronologique de l'entropologie ; la théocratie et patrimoine. Cela nous conduit à comprendre le mythe chez Mutuza : histoire et ethnologie du mythe; sens et interprétation du mythe ; mythe et psychanalyse dans la pensée analytique ; il y a dans tout cela une poésie dynastique et des récits épiques qui nous éclairent sur l'interprétation des fonctions du pouvoir. Le pouvoir est lié à l'autonomie. Il est nécessaire de parler de l'indépendance et ses équivoques chez Mutuza : indépendance du premier genre ou affirmation de l'autonomie de l'Homme Noir ; indépendance du second genre ou la réduction culturelle du contenu colonialiste ou impérialiste ; cela aboutit à l'indépendance du troisième genre ou l'abolition désirée de la civilisation.

Section 1. Conjuration insurrectionnelle

§ 1. Entropologie

Sous un titre provocateur, le conflit de civilisation(379(*)), Mutuza nous donne une explication intéressante de l'insurrection. L'insurrection est l'action par laquelle une population ou un groupe recourt massivement à la force pour s'opposer au pouvoir établi ou à une autorité, opposition ou protestation violentes (contre quelque chose) (soutenu). Cette insurrection entraine l'entropie. Par l'entropie on arrive à la séparation. Par la séparation on découvre l'identité. Et nous trouvons chez Mutuza des allusions proches à l'entropie sociale. Il le fait en rapport avec la désintégration de la langue de Batutsi et la glossophagie de leur culture et société. Il y a lieu de le comprendre si on comprend Lévi-Strauss : « Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui. Les institutions, les moeurs et les coutumes, que j'aurai passé toute ma vie à inventorier et à comprendre, sont une efflorescence passagère d'une création par rapport à laquelle elles ne possèdent aucun sens, sinon peut-être celui de permettre à l'humanité d'y jouer son rôle. » Ce rôle est vain d'ailleurs, puisque l'homme « apparaît lui-même comme une machine, peut-être perfectionnée que les autres (...) précipitant une matière puissamment organisée vers l'inertie toujours plus grande et qui sera un jour définitive ». Quand il s'agit de l'homme c'est donc moins d' « anthropologie » que d' « entropologie » qu'il faudrait parler, puisqu'il s'agit alors d'un « processus de désintégration »(380(*)) s'en prenant aux « manifestation les plus hautes » de l'homme et non pas d'un accomplissement véritable de ce qu'il voudrait devenir, à défaut de l'être par nature. On entendrait alors par entropie une grandeur ou fonction variables permettant d'indiquer le degré de désordre d'un système. On peut définir, de manière macroscopique, la variation d'entropie d'un système à une température T, recevant ou fournissant une quantité de chaleur dQ par la relation différentielle : dS = dQ / T. Cette expression montre notamment que l'entropie est une grandeur extensive, c'est-à-dire qu'elle est la somme des entropies des différents éléments constituant le système. Le second principe de la thermodynamique stipule que l'évolution au cours du temps d'un système isolé (caractérisé par dQ 0) se fera toujours dans le sens de l'augmentation de l'entropie, c'est-à-dire vers un état de désordre maximal (entropie maximale : dS 0).

Ce que Lévi-Strauss pense de la modernité, Mutuza le corrobore en rapport avec la colonisation. Vouloir à tout prix comparer ces deux auteurs est fastidieux. Leur lien tient dans l'acceptation de la structure. Si en 1877, Ludwig Boltzmann (+ 1906) a donné une définition microscopique de l'entropie comme étant la fonction d'états vérifiant la relation : S = k.log Ù où k est la constante de Boltzmann, et Ù est le nombre des différents états microscopiques (ou micro-états) réalisant un état macroscopique donné (par exemple, les molécules d'un gaz) ; la quantité Ù est généralement associée à la probabilité thermodynamique de l'état macroscopique. L'entropie mesure alors le degré d'incertitude ou le manque d'information que l'on possède sur un système. C'est ici le lien entre Mutuza et les autres scientifiques. Le désordre sera, par exemple, maximale dans le cas où plusieurs événements peuvent apparaître avec une probabilité identique, ou nulle dans le cas de problèmes déterministes. L'entropie maximale est atteinte pour un système totalement désordonné ; un tel système présente une symétrie maximale. En revanche, un système parfaitement ordonné présente très peu de symétrie, donc une entropie minimale.

* 375 MUTUZA, La problématique du mythe Hima-Tutsi, p. 29. Voir le même auteur, Le dialogue intercongolais, prolégomènes à une culture démocratique, p. 10.

* 376 Nous avions vu que Mutuza a lu Hegel et Marx, c'est ainsi que beaucoup de leurs critiques se trouvent être pris en compte par lui.

* 377 Heine, Heinrich (1797-1856), poète et critique allemand, auteur du Livre des chants (1827), dont l'oeuvre, polémique à l'égard des institutions politiques et religieuses de son pays, a redéfini la notion même de romantisme.

* 378 Mutuza a encadré Elongo Vicky qui vient d'obtenir un doctorat en Journalisme.

* 379 MUTUZA, Problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 22.

* 380 LEVI-STRAUSS, CL., Tristes tropiques, Plon 1955, p. 477-478. Voir aussi du même, La Pensée sauvage, Plon 1962, 26 et les Mythologiques, IV. L'Homme nu, Plon 1971, 620-621, où l'on trouve le vocabulaire de « dissolution » et de « caducité » pour parler du résultat final de la culture et de l'humain.

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