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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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Chapitre sixième : IDENTITE ET APPARTENANCE SELON LES POEMES DYNASTIQUES DU RUANDA ET LES VALEURS QU'ILS DEFENDENT

Introduction

Dans ce chapitre, notre attention est tournée vers l'observation de première importance que nous devons noter au sein de certaines peuplades africaines. Plus les groupements se rapprochent de leur composante hamitique, plus augmente le nombre des individus évolués. Le type physique s'affine et peut devenir d'une grande beauté, le visage s'éveille, la démarche et le maintient s'anoblissent, la vie luxueuse est recherchée, l'art se perfectionne. On arrive à une élite que l'on n'ose plus qualifier de « Noirs hamitiques », mais plutôt de « Hamites noirs » car, pigmentation mise à part, les physionomies se rapprochent du type européen méditerranéen. « Nomades, les peuples pasteurs sont toujours minoritaires dans les pays qui les accueillent. Mais propriétaires du gros bétail qu'ils chérissent et dont ils se nourrissent rarement ou pas du tout, selon qu'ils les considèrent comme un bien de prestige ou un bien sacré, ils se trouvent entourés de prestiges auprès des peuples bantu agriculteurs. Prestige renforcé par l'exaltation des traits physiques qui les rapprochent de l'homme blanc, qui s'est présenté à l'homme noir comme le modèle et le prototype du beau, du bon et du vrai. Bien que cela ne soit pas vrai, l'imaginaire populaire continue à croire (ce) mythe(506(*)). Mais l'homme blanc a oublié ce qu'était les Grecs, maîtres et fondateurs de la civilisation occidentale.

Comparativement aux cultures protohistoriques des autres régions de l'Europe, la Grèce se peupla tardivement et ses habitants vécurent longtemps à l'état sauvage. C'est seulement à l'âge du cuivre, vers l'an 3000, que de vastes immigrations peuplèrent le Péloponnèse et les Cyclades qui étaient encore déserts. Vers 2000 ans avant J.-C., les Achéens, qui savaient fabriquer et travailler le fer, s'établirent en tant qu'ethnie bien définie dans le nord du Péloponnèse. Vers les XIe XIIIe siècles de l'ère archaïque, les Doriens refoulèrent leurs prédécesseurs Achéens, occupant le Péloponnèse (symbolisé par les Spartiates) et lançant dans la mer Egée, sur les côtes de l'Asie Mineure, de l'Afrique, de Sicile et en Italie.

Ce résumé migratoire démontre encore le phénomène psychosomatique résultant du contact de deux ethnies antagonistes d'abord, puis complémentaires, fusionnant leurs caractères physiques et psychiques et créant ainsi de nouvelles combinaisons mentales, sources de civilisations nouvelles.

Pour prendre le cas sous examen à propos des Tutsi, il est bien connu qu'ils sont venus de quelque part, et avec la haine pour outil, nerveux, et parfois sentimentaux, les Hutu leur donnèrent l'élément flegmatique, l'endurance et l'énergie, la discipline d'un champ de conscience concentrique et l'organisation d'un retentissement secondaire. Si l'accueil que les Hutu ont réservé aux Tutsi eut son retentissement en ayant un caractère constructif, alors que les razzias des Tutsi sont toujours destructives, cela a aussi permis à la colonisation de procéder, mal pourrait-on dire, à raison ou à tort, au découpage politique de territoires fondé presque exclusivement sur des conventions qui n'ont pas souvent tenu compte des similitudes ethniques ou linguistiques. Cependant ils ont malheureusement réuni, au contraire, des peuples différents ou encore séparé le même peuple.

Or, la division de l'Afrique en de très grands Etats est psychologiquement moins favorable. C'est pourquoi il est plausible de dire que ce ne sont pas ceux qui divisèrent l'Afrique qui contenaient en puissance les effets dévastateurs de la traite puis de la colonisation mais, qu'au contraire, c'est nous qui possédons «en puissance » toutes les physionomies de ces avatars aujourd'hui disparus. Mais les querelles restent entre Africains quand il s'agit des intérêts des « autres » : il y a conflit entre exportation et importation des valeurs des nos cultures.

Ainsi, allons-nous traiter du pouvoir avec l'ethnonyme et le glossonyme du peuple Hima-Tutsi. Cela a des applications avec le champ de conscience et le cloisonnement ethnique dont les valeurs morales, renfermées dans les poèmes dynastiques, est un matérialisme dialectique dont la vache achève de boucler la boucle. A ces poèmes s'ajoute l'exaltation de cinq tambours qui forment la pentatonique dont chacun des Ingoma représente un des sens d'un organisme analogique à des êtres vivants. La razzia ouvre la politique de l'appartenance dans l'ordre exponentiel. C'est ce qui nous permet de découvrir la durée diatonique des poèmes et la problématique de l'appartenance politique et juridique dont le mythe des ethnonymes (Hutu-Tutsi-Twa) très usuels ne correspondent non seulement pas, mais en rien avec le glossonyme kinyarwanda. Il est bien connu que l'adjectif Banyarwanda (usé en malignité comme ethnonyme) signifie ceux qui viennent de/ou vivent au Rwanda, qui qu'il soit : Hutu-Tutsi-Twa.

Section 1. Pouvoir, glossonyme et ethnonyme du mythe Hima-Tutsi

§1. Royaume et appartenance dans les poèmes dynastiques

Il n'est pas impossible que telle langue se révèle être l'outil particulier bien adapté à l'acquisition d'une certaine forme de culture, mais rien ne permet d'affirmer que la langue d'un peuple détermine le type de civilisation qu'il devra se forger. Le primat de l'objet (la langue) faisant place au primat de la fonction (la culture), l'on ne découvrirait la différence que quand il y a entropie.

Dans ces lignes nous traiterons du roi et de son appartenance sous les chaînes d'or cyclique de l'octave, de la pentatonique du poème et la politique de l'appartenance dans l'ordre exponentiel et, enfin, de la durée diatonique du poème et l'appartenance politique.

A. Kagame rapporte les poèmes dynastiques en kinyarwanda. Le poète exalte la royauté, en énumère huit attributs et y expose cinq tambours royaux. Au roi le Rwanda et les Banyarwanda en sorte que cette entité serait à la fois finie et infinie comme la ligne d'un cercle néant(507(*)). Alors que le néant ne possède aucune dimension euclidienne, ni aucun temps comme le royaume lui-même, le terme du royaume évoque pour nous une idée de grandeur, qui dépasse presque tout le reste de ce qui a du prestige aux yeux des hommes. C'est la raison pour laquelle toutes les poésies, voire même toutes les littératures se servent de cette expression pour désigner des biens éminents. S'il avait existé quelque chose de plus grand que le royaume, certainement que les littératures l'eussent utilisé pour éveiller dans le coeur de leurs lecteurs et auditeurs le désir de l'inexprimable beauté.

Il était impossible de désigner par leur terme propre les biens qui dépassent notre entendement et notre connaissance. Nous avons vu quelle était l'origine du mythe et de sa conception, et comment Mutuza répond au problème posé par les mots. C'est dans la poésie dynastique du Ruanda que ce problème est clairement mis en exposé par Kagame. La poésie dynastique du Rwanda a été créée en rapport avec l'institution royale et pastorale et, comme telle, elle porte le cachet de la civilisation chamitique pastorale à institutions patriarcales et hiérarchie politique concentrée. Elle sert à glorifier les rois sacrés, chefs du royaume, et immortaliser leurs gestes et les actes significatifs de leurs règnes. Elle est si étroitement liée à la personne du roi sacré et à l'institution royale qu'elle a fini elle-même par être une institution annexe, patriarcale pour ainsi dire. Elle a reçu le terme approprié de dynastique par distinction des deux autres genres poétiques qui ont fleuri au Ruanda, le pastoral et le guerrier.

L'itinéraire migratoire des Hima-Tutsi offre un spectacle qui nous permet de comprendre le système politique de ce pays et l'intégration astucieuse des immigrés. Les Hima-Tutsi sont venus trouver les Hutu dans leur Ruanda sous les baame aux pouvoir décentralisé. Arrivés, les Tutsi se sont rendus auprès des chefs et leur ont offert leurs femmes pour épouses et leur troupeau des boeufs. Les baame, ayant admiré les beautés de femmes des immigrés(508(*)) et la viande des boeufs, les ont adoptées. Malheureusement les femmes tutsies se sont arrangées pour n'avoir des enfants qu'avec leurs maris plutôt qu'avec les baame, leurs maîtres.

La société des Hutu est patriarcale. Les enfants nés des femmes tutsies, eux-mêmes des Tutsi purs parce qu'engendrés des Tutsi, maris coïtaux de leurs mères, devinrent des baame et par conséquent des chefs terriens. Cela n'était pas d'un seul instant. Ce fut un long processus. C'est ainsi qu'il y eut dans pratiquement toutes les chefferies des Tutsi qui régnèrent et leur prestige ne savait qu'augmenter. Et cela n'était pas non plus sans s'attirer la haine des enfants des femmes Bahutu.

Pour se protéger, ces baame tutsis durent faire des alliances entre eux(509(*)). Ces alliances leur permirent de former petit-à-petit une monarchie. Comment cela se fut réaliser ? A la mort d'un des baame l'un d'entre eux annexait les sujets du défunt sous sa juridiction. C'est ainsi que le pouvoir centralisé se constituait. Lorsqu'il ne resta qu'un seul mwami, la conscience d'absolutisme se réalisa. Et pour renforcer la monarchie, seul le lien biologique pouvait justifier la pureté de la lignée. Pour se rassurer de cette pureté il a fallu au mwami de prendre pour épouse sa soeur ou sa nièce, seul fait sûr de l'appartenance. C'est ainsi qu'on trouve l'exaltation de la lignée royale dans les poèmes dynastiques.

Kagame ne parle d'ailleurs pas de la poésie dynastique tutsie. Il parle plutôt de la poésie dynastique du Ruanda. Nous avons là l'idée d'une affirmation de l'appartenance aux terres ruandaises. Les immigrants Chamites orientaux se caractérisent par le fait d'avoir préservé leur civilisation pastorale presque à l'état pur, perpétuant d'une manière remarquable leur hiérarchie sociale traditionnelle et organisant les Etats fondés par eux sur le modèle absolutiste et théocratique des peuples pastoraux(510(*)).

Les Bantu les ont dominés dans le domaine linguistique dont l'influence reste encore jusqu'à nos jours et les ont aussi politiquement incorporés, selon la pertinente remarque de K. Oberg, dans African Political systems, en en adoptant la langue sous l'effet d'une écrasante supériorité numérique et en abandonnant complètement leurs propres idiomes chamitiques.

Notre thèse veut plus démontrer le sens de l'appartenance plutôt que l'appartenance elle-même, nous ne nous intéresserons pas des dates de début du règne du premier roi dynastique du Ruanda. Etant donné cependant que ces études dérivèrent artificiellement en supputant les règnes successifs à trente ans chacun, ce qui est plutôt exagéré, dit Mutuza à la suite de Papadopoulos. Une rectification raisonnable donnerait une période totale dynastique pour le Rwanda considérablement réduite(511(*)).

La confrontation comparative des monuments d'une civilisation historique relevant de la rencontre de deux civilisations participant à des degrés différents aux deux phases d'évolution, ethnologique et historique, ont aidé Mutuza à comprendre et illustrer les principes généraux qu'il avait exposés dans son ouvrage.

Le noyau central de la poésie dynastique est constitué par le thème de la royauté. Cette royauté est sacrée. Le thème royal n'est pas celui qui donne la grande idée du mythe. C'est le traitement interne du thème qui importe ainsi que celui de thèmes subsidiaires motivés par la royauté qui confère au poème une signification qualitative : le bovin. C'est emphatique.

Le sens de l'octave est celui de ce cycle infernal du thème central du poème : la royauté. Dans le poème dynastique le poète élargie ses horizons tout en posant affirmativement son thème central, y revient incessamment en décrivant des cercles concentriques autour de ce même thème. C'est l'annonce de ð (p) dont nous avons donné la valeur supra §3.

Nous avons parlé du cycle d'octave à cause qu'une civilisation pastorale, nomadique par ses origines, se fixant en une organisation politique à caractère théocratique qui ne saurait offrir qu'un champ d'action intellectuel très limité, un champ qui ne saurait être fertilisé que par un nombre très restreint de thèmes dérivés des modes très restreints d'existence sociale atteints par le système. Ces thèmes sont naturellement ceux de la royauté, de la vie pastorale et de la guerre, apanage constant de la vie migratoire des nomades. Le roi, les bovins et l'ennemi, « voilà, dit Papadopoulos, la synopse de la vie sociale et individuelle »(512(*)) d'un Tutsi.

Nous rencontrons à chaque enchaînement un retour aux mêmes thèmes. C'est ainsi que l'on peut s'écrier en disant : le même dans le même il demeure et en lui-même repose dans l'immuable ici. Les trois thèmes sont dans l'expression poétique unis et séparés. Quand Papadopoulos se voit acculé par la non liberté du poète des poèmes dynastiques, il ne manque pas de dire son indignation : « la royauté semble primer sur les autres, évidemment nulle part ailleurs il n'est si emphatique que dans le genre dynastique »(513(*)). Et Mutuza de renchérir : « Il ne faut pas chercher à expliquer cette connexion raciale de la royauté avec la divinité : elle reste un mystère »(514(*)).

C'est la vie quotidienne qui domine dans les poèmes. C'est la matérialité de la vie dont l'activité pastorale, le cycle bovidé et la lutte pour la « survivance de l'espèce qui domine dans le poème et dont la guerre est d'une tonalité excessive »(515(*)).

Le poète dynastique ne dispose d'aucune liberté d'action créatrice considérablement plus accusée que ne le disposerait un poète Muntu. L'élargissement de l'horizon intellectuel se reflète sur une plus grande variété de thèmes poétiques, et dans un développement plus étendu de ces thèmes. Cette perception a permis à Papadopoulos de rapprocher, culturellement, le Muntu de l'Hellène. « Dans cette poésie l'homme individuel joue un plus grand rôle que dans la poésie dynastique où il disparaît presque sous le poids dominant du thème exclusif de la royauté », le boeuf étant plus important que le peuple qui n'est déjà « plus une quantité négligeable qui existe grâce au roi et lui doit son existence totale »(516(*)).

Quand on analyse bien les poèmes, on s'aperçoit qu'il n'y a aucun sentiment nationaliste. Il y a, bien sûr le sentiment d'une conscience sociale chez les Tutsi. Le peuple ne compte pas comme une entité qui constitue l'essentielle dans le système tutsi, puisqu'il n'est pas capable d'initiatives et de jugements sociaux, et par conséquent il ne prend pas part à la conduite des affaires sociales et nationales. Aucune autonomie d'action. Aucune responsabilité. Cette inactivité n'implique pas l'élaboration des sentiments moraux dans un sens plus profond.

Par contre, chez le Hutu, avec leur collectivité d'action, le comportement de l'ancêtre durant son existence terrestre a valeur d'exemple pour ses descendants, qui ne se considèrent pas comme des individus isolés mais possèdent au contraire un très fort sentiment d'appartenance à une lignée et capables d'initiatives.

L'importance de la filiation s'illustre dans bien des sociétés traditionnelles par un système assurant des privilèges, accordant des responsabilités ou réservant la pratique de métiers particuliers à certaines familles, en raison des organisations préalablement établies par les ancêtres, et dont on ne saurait remettre en cause la raison d'être. Ainsi la valeur de la lignée, de même que son histoire, ont une importance de tout premier ordre dans la hiérarchie sociale. En Afrique, les griots qui entourent les chefs de clans ou de tribus ont la fonction de rappeler leur généalogie (senga(517(*)), comme les Aphende la nomment), car celle-ci signe leur légitimité.

Ce système d'organisation sociale va de pair avec le sens de la piété filiale, ainsi qu'avec un grand respect et une large place accordés aux personnes âgées dans la vie quotidienne. Les paroles et la volonté des anciens sont considérées comme des exemples de sagesse et ne peuvent pas être discutées par les plus jeunes.

Fiers de leurs origines et de leurs alliances princières, les Gombrowicz , par exemple, conservent avec piété les archives familiales rapatriées de Lituanie. Cette appartenance à une classe sociale à cheval entre la haute aristocratie et le milieu des petits hobereaux déclassés peut expliquer l'intérêt de Witold Gombrowicz pour les zones intermédiaires, l'entre-deux, le haut et le bas, la forme et l'antiforme, le fini et l'inachevé, ainsi que la spécificité de son théâtre peuplé de rois déchus, de princes déclassés, prisonniers d'un rituel vide et agonisant sur fond d'apocalypse dans un univers grotesque aux allures d'opérette.

Un tel peuple (Tutsi) ne peut être qu'instrument, chien de chasse, de son roi. Comme le cycle d'octave est une hypothèse cohérente de cette attitude, la pensée démocratique moderne ne peut que souffrir chez un tel peuple. Toute autorité tutsie, et surtout les chefs de l'Etat, baigne dans les chaînes d'or cyclique de l'octave dynastique. Cela ne peut que susciter, réveiller et éveiller la conscience démocratique des Bantu dont l'institution de mwami est le prototype.

Les Bantu s'éveillent, se réveillent et créent une révolution. Que s'était-il passé ? Après la mort du mwami Mutara, décédé sans héritier, son successeur, Kigeli V, illégitime aux yeux des Hutu et imposé par les conseillers du souverain défunt, applique une politique de fermeté dans la défense des privilèges de l'aristocratie tutsi. Les revendications socio-économiques ont pris, depuis la publication, en 1957, du Manifeste des Bahutu, une dimension politique, sous l'impulsion du Parme-hutu (parti du Mouvement de l'émancipation hutu), et dégénère en affrontements communautaires. L'Église prend alors fait et cause pour la majorité hutu et l'administration coloniale laisse se développer les révoltes qui éclatent en novembre 1959 et ensanglantent le pays après l'assassinat d'un responsable politique hutu.

En janvier 1961, la République est proclamée et un Référendum, organisé quelques mois plus tard, rejette la Monarchie par 80% des voix. Le Parme-hutu remporte les élections organisées au mois de septembre suivant, avec 78% des suffrages. Le 26 octobre 1961, son dirigeant, Grégoire Kayibanda, secrétaire de l'archevêque du Rwanda, est élu président de la République rwandaise. Ces événements historiques nous orientent vers la considération que les Tutsi se font du pouvoir et qu'ils expriment dans les poèmes dynastiques.

* 506 MUTUZA, La Problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 45.

* 507 Nourris de Freud, les auteurs dramatiques créèrent des personnages marqués par le traumatisme de la guerre chez qui la vie psychique a pris le pas sur la réalité et qui dominent mal leurs fantasmes et leurs névroses. À la suite de l'expérience historique des camps de concentration et d'Hiroshima, la conviction selon laquelle le monde a un sens fut ébranlée : on prit conscience de l'abîme entre les actes humains et les principes nobles. Les pièces obéissent à une logique interne, fondée sur le caractère et le statut des personnages, sur l'intrigue (souvent circulaire, sans but, ne tendant jamais vers un dénouement esthétique), sur les objets (pouvant proliférer au point d'effacer les caractères, comme chez Ionesco, ou bien réduits au strict minimum, comme chez Beckett, mettant en exergue les thèmes récurrents du vide et du néant) et sur l'espace, identifié au personnage ; ainsi dans Oh les beaux jours (1963) de Beckett, Winnie s'enlise dans le sable et le monologue.

* 508 La sagesse bantoue dit que la femme du voisin est la plus belle femme. Les coutumes des Inuit sont remarquablement uniformes malgré la large diffusion de ce peuple. La famille -- qui comprend le noyau familial, les parents proches et les parents par alliance -- est l'unité sociale la plus importante. Dans la culture traditionnelle, les mariages, bien que parfois arrangés, sont généralement ouverts au choix individuel. La monogamie est d'usage mais la polygynie et la polyandrie existent aussi. Le mariage, qui est une quasi-nécessité pour la survie physique, est fondé sur une division stricte du travail. Chacun des époux conserve ses propres outils, ses biens ménagers et d'autres possessions personnelles.

* 509 C'est nous qui insistons, et c'est une des nos hypothèses.

* 510 MUTUZA, à la suite de Papadopoulos traite avec clarté cet aspect. Les Tutsi, sous Paul Kagame, ont l'utopique idée de pouvoir se faire accepter par les Juifs comme une des tribus de Jacob.

* 511 A. Kagame, dans son Une histoire du Ruanda, Leverville, 1959, a repris la matière de la généalogie royale ruandaise dans un nouveau mémoire, La notion de génération appliquée à la généalogie dynastique et à l'histoire du Ruanda de Xe - XIe siècles à nos jours (Acad. Roy. des Sc. Colon., Cl. Des Sc. Morales et polit. Nouvelle série in -8°, tome IX, fasc. . 5), 1959. L'auteur retrace une nouvelle généalogie à base de la moyenne tout à fait arbitraire de 33 ns de règne par roi et fait reculer ainsi les origines dynastiques au siècle, dit Papadopoulos. La nouvelle source mise à contribution à cet effet, le Poème généalogique de la Dynastie (pp. 14-18), ne donne qu'une liste de noms mais point d'indications chronologiques. Ces essais manquent d'esprit critique. Dans tout le récent travail de J. VANSINA, L'évolution du royaume ruanda des origines à 1900 (dans la même collection, tome XXVI, fasc. 2), 1962, nous avons enfin la première tentative de traitement critique de l'histoire du royaume ruandais. Il y est notamment entrepris (pp. 17-41) une vraie critique des « sources » de cette histoire qui est sociale et politique en même temps. L'ancienneté des origines du royaume ruandais ne peut en effet être beaucoup plus antérieure à celle du royaume bagandais, estimée aussi d'après les généalogies comme remontant au XVe siècle. Cette indication nous vient de Papadopoulos (Poésie dynastique du Ruanda et Epopée Akritique, note 5, pp. 8-9) qui cite lui aussi J. CZEKANOWSKI que nous avons lu nous même. Nous renvoyons aux études de K.W, Abakama ba bunyoro-Kitara, dans Uganda journal, III, 1935, pp. 149-160, VI, 1936, pp. 65-83, V, 1937, pp. 53-84, ainsi que celle de Sir Apolo Kagwa que nous rapporte Papadopoulos. Mutuza se refusait de pousser plus loin ici ces considérations générales qui lui ont servi d'introduction à la compréhension de la civilisation dont La problématique du Mythe Hima-Tutsi en fit l'examen.

* 512 PAPADOPOULOS, Th., op. cit., p. 18.

* 513 Idem.

* 514 MUTUZA KABE, La problématique du Mythe Hima-Tutsi p. 30.

* 515 PAPADOPOULOS, Th., op. cit., p. 19.

* 516 Idem.

* 517 Senga est la généalogie en kipende. Les Aphende (Bapende) sont un peuple de la RD Congo recouvrant certaines parties des régions du Kasaï (territoire de Tshikapa) et du Bandundu (territoire d'Idiofa, de Gungu, de Kahemba).

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