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Le Travail des enfants


par Aude Cadiou
Université de Nantes - DEA de droit privé 2002
  

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CHAPITRE II  :
LA RECHERCHE DE SOLUTIONS PLUS CONCRETES ET D'ALTERNATIVES AU TRAVAIL DES ENFANTS

La communauté internationale s'est engagée à éliminer rapidement le travail des enfants dans des conditions dangereuses et, à plus long terme à éradiquer totalement le fléau que constitue le travail des enfants. Cependant, il serait totalement utopique, de penser pouvoir retirer les enfants purement et simplement du travail qu'ils effectuent sans leur proposer des solutions de remplacement. Le résultat serait alors complètement à l'opposé de celui escompté et agrandirait considérablement la misère de ces enfants.

Parmi ces solutions de remplacement tous les Etats se doivent de fournir aux enfants ne travaillant pas une éducation de qualité et accessible à tous ; c'est dans cet exigence primordiale que réside sans doute la principale solution au problème du travail des enfants, et c'est pour cela que favoriser l'éducation est un point de départ indispensable à l'éradication du travail des enfants ( Section I ). Cependant, la lutte contre le travail des enfants doit se mener sur plusieurs fronts à la fois pour être efficace. Il est indispensable d'obtenir un large consensus au sein de l'opinion publique et de la communauté concernée, pour que la situation de ces enfants évolue
( Section II ).

SECTION I  :
Favoriser l'éducation : un point de départ indispensable

Pour que l'éducation soit une véritable solution au problème du travail des enfants, il faut qu'elle soit offerte à tous les enfants, y compris ceux qui sont actuellement au travail mais ceux-ci sont la plupart du temps peu enclins à quitter leur travail
( Paragraphe I ), car ils estiment sans doute à juste titre que l'éducation n'est pas appropriée à leurs attentes ( Paragraphe II ).

Paragraphe I  :
Réussir à amener les enfants à l'école

Le bilan de « l'éducation pour tous » réalisé en 2000 par l'UNICEF, évaluation la plus complète jamais réalisée en matière de développement de l'éducation, montre que le taux net d'inscription à l'école primaire a augmenté dans les années 90 dans toutes les régions du monde. Cependant, l'objectif énoncé dans les conventions internationales, telles que la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, de l'accès universel à l'éducation de base n'a pas été atteint. Il subsiste en effet, près de 130 millions d'enfants qui ne sont pas scolarisés ; ce chiffre serait même de 404 millions si l'on considère l'ensemble des moins de dix huit ans. Grâce à ces chiffres, il est assez facile de faire le lien entre le travail des enfants et le non accès à l'éducation, puisque parmi les 250 millions d'enfants qui travaillent, le BIT estime à 120 millions le nombre de ceux qui travaillent à temps plein, et ne peuvent donc pas bénéficier d'une scolarisation.

La mise en place d'une éducation de qualité dans des pays où le travail des enfants est très développé se heurte à un problème difficilement compréhensible : les enfants ne souhaitent pas toujours aller à l'école mais préfèrent au contraire continuer à travailler. En effet, les enfants travailleurs eux-mêmes ne montrent pas un grand enthousiasme à l'idée d'entrer dans un système d'éducation qui, la plupart du temps, a déjà déçu la majorité de ceux qui l'ont fréquenté pendant une courte période. Ils dénoncent les traitement inhumains et dégradants dont sont victimes beaucoup d'enfants travailleurs pendant les heures d'école, et surtout l'inadaptation de l'école. Ils veulent bien apprendre à lire et à écrire mais ils ne demandent pas pour autant que l'école soit l'activité principale de l'enfance. Dans une étude menée auprès des enfants des rues au Brésil et au Paraguay une partie non négligeable des enfants interrogés ont dit préférer continuer à travailler plutôt que de retourner à l'école. Ayant connu la dangereuse liberté de la rue, ces enfants sont en effet les moins susceptibles de se couler à nouveau dans le cadre d'une école traditionnelle. Il devient alors d'autant plus difficile de répondre à leurs besoins éducatifs. De toute façon, que ce soit par choix ou par obligation financière, des millions d'enfants ne peuvent pas quitter leur travail : il faut donc que ce soit l'école qui vienne à eux pour qu'ils puissent profiter de ses bienfaits.

Presque toutes les tentatives faites pour apporter l'éducation aux enfants qui travaillent ont été menées dans le cadre de programmes indépendants du système éducatif. L'un des programmes les plus connus est sans doute le programme du Comité rural pour le développement rural du Bangladesh ( BRAC )qui s'occupe d'enfants de 8 à 14 ans. Ce programme reconnaît que la majorité des enfants qui le fréquente consacrent une grande partie de leur journée à travailler dans leur foyer ou dans les champs : par conséquent la journée scolaire ne dépasse pas deux heures et demi. De plus, il est impératif que ce type de structure tienne compte des rythmes journaliers et saisonniers de la vie, tels que les périodes de récoltes. Ces établissements sont installés près des habitations des élèves leur évitant des trajets trop loin après des journées de travail parfois bien fatigantes. L'éloignement des écoles voir leur absence dans de larges zones géographiques est aussi une des causes de leur non fréquentation par les populations rurales. Enfin, et c'est là un point essentiel, car c'est le reproche le plus courant fait à l'école dans les pays en développement, l'enseignement insiste sur les compétences pratiques correspondant à l'environnement de l'enfant. Les résultats de ce programme sont excellents puisque plus de 95% des élèves achèvent le cycle de trois ans et la plupart du temps continuent à l'école primaire classique. Il existe environ 3 000 écoles du BRAC offrant un accès à l'éducation de base à près d'un million d'enfants bangladais, dans les campagnes ou dans les villes.

Une autre solution pour faciliter l'accès à l'éducation des enfants au travail est d'amener directement l'éducation aux enfants. L'idée des « éducateurs de rue » est aujourd'hui développée partout dans le monde. Elle a vu le jour en Amérique latine où des éducateurs ont pris contact avec les enfants des rues afin de les aider à retourner à l'école. Ces programmes se sont ensuite développés à travers le monde sous le nom d'  « écoles des rues » ou d'  « écoles mobiles » ou de « retour à l'école », et ont touché plus de 60 000 enfants aux Philippines. Les éducateurs utilisent la pédagogie du souhait pour permettre aux enfants de dresser des plans d'avenir. Les enfants apprennent donc à lire et à écrire mais ils peuvent travailler en même temps ou faire une formation professionnelle. De plus, un aspect non négligeable de ces écoles des rues est qu'elles permettent un certain encadrement de ces enfants, leur évitant parfois de tomber dans les pièges qu'ils peuvent rencontrer tous les jours dans la rue. Les éducateurs permettent également à ces enfants d'accéder à certains soins médicaux, et fournissent des abris et des repas réguliers, améliorant ainsi leur situation sanitaire.

Le but suprême de l'éducation pour tous est d'éradiquer à long terme le travail des enfants. En effet, la démarche s'inscrit sur plusieurs générations : les enfants retirés du travail et recevant une qualification, auraient un travail moins pénible et mieux rétribué et ne seront donc pas obligés, une fois adulte, d'envoyer leurs enfants travailler. Le cercle vicieux de la pauvreté entraînant la pauvreté serait alors brisé, au profit du cercle de l'instruction : les parents ayant bénéficié des bienfaits d'une éducation de base seront plus enclins à vouloir instruire leurs enfants. Cependant, pour pouvoir mettre en oeuvre ces principes, très louables, on ne peut pas se contenter de mettre en place ponctuellement des écoles des rues. L'éducation non formelle, c'est à dire en dehors de structures institutionnelles, même si elle a beaucoup d'avantages et d'excellents résultats, ne doit pas faire oublier que c'est un système institutionnel d'éducation de base très important que les pays en développement doivent mettre en place le plus rapidement possible.

Une fois ce système mis en place, il faudra modifier l'enseignement qui ne peut rester tel quel car il n'est pas en adéquation avec les attentes des familles et des enfants. Il faut en effet réussir à faire rester les enfants à l'école grâce à des programmes attractifs et une facilité d'accès accrue.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus