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La lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne à travers l'amélioration du marché du travail et la contribution au développement de l'emploi des jeunes.

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par Gaelle CAYAU
Université Montpellier 3 Paul Valéry - MASTER 1 Institution-Organisation-Développement Gestion Stratégique des Ressources Humaines 2008
  

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Section 2 : La montée du ch™mage, le sous-emploi et le sida comme freins à l'amélioration du marché du travail

En 2005, en Afrique sub-saharienne le nombre de chômeurs était estimé à 38 millions. Selon le Bureau International du travail (BIT) le taux de chômage déclaré avoisine les 10% à 12% pour bon nombre de pays. Pour d'autres, le taux de chômage estimé est un peu plus élevé, il se situe pour la plupart des pays largement au dessus des 15%22(*). Pour ces derniers, ces chiffres sont en dessous de la réalité, la définition du chômage (donnée en1982) retenue par le BIT qui est utilisée et appliquée dans la plupart des enquêtes sur l'emploi dans le monde, est décrite comme très limitative et non adéquate avec la situation en Afrique sub-saharienne. En effet, elle évoque que « pour être déclaré chômeur, il faut ne pas avoir travaillé ne serait ce qu'une heure dans la semaine de référence de l'enquête, rechercher activement un emploi, et être immédiatement disponible pour en exercer un». Cette définition ne correspondrait donc pas aux réalités des pays africains car ils ont du mal encore à cerner les frontières entre le sous-emploi ou chômage déguisé (« fait référence à une situation dans laquelle l'élimination d'un certain nombre de travailleurs est sans effet sur le volume global de production») et l'inactivité23(*).

On distingue d'un côté les travailleurs occasionnels qui font de petits travaux en cherchant simultanément un emploi, d'un autre les individus qui travaillent à temps réduit contre leur gré et enfin les personnes « non-chercheuses » d'emploi qui finissent par être découragées, certes elles recherchent du travail mais pas de manière active car elles restent persuadées qu'il n'existe aucun emploi disponible.

Les enquêtes sur l'emploi réalisées en Afrique de l'Ouest par l'Institut de Recherche pour le Développement montre que «c'est surtout le sous-emploi qui constitue le principal frein à l'amélioration de la situation sur le marché du travail, affectant 67 % des actifs. Ainsi, près de 2,7 millions sur plus de 4 millions de personnes sont en situation de sous-emploi : au chômage, en activité mais gagnant moins que le salaire horaire minimum exerçant ainsi une activité professionnelle dans laquelle leurs qualifications ne sont pas pleinement utilisées (sous-emploi invisible) ou travaillant moins de 35 heures semaine contre leur gré (sous-emploi visible). Quant aux personnes considérées comme inactives, quatre sur dix se sont en fait retirées du marché du travail, estimant ne pas pouvoir obtenir de travail compte tenu de la faiblesse de l'offre. Ces inactifs, qui relèvent d'une forme de chômage latent, représentent en fait des demandeurs d'emploi potentiels, susceptibles de réintégrer le marché du travail si celui-ci s'améliore. Ils doivent donc être considérés comme tels dans les réflexions sur la mise en place de mesures économiques en faveur de la création d'emplois24(*).» Ainsi, le sous-emploi visible représente au Cameroun 12,1% de la population active occupée en zone urbaine, à l'inverse le sous-emploi invisible englobe 69,3% des actifs occupés25(*).

Le blocage des embauches dans les années 1980 ne s'est donc pas accompagné d'une relance des investissements dans le secteur privé moderne. La plupart des chômeurs doivent se résoudre à travailler dans le secteur informel. Quelles sont donc toutes les principales causes du chômage en Afrique sub-saharienne ?

Il y a de nombreuses causes du chômage constamment mises en avant. « Il s'agit entre autres : du déclin économique et de l'agriculture, du fardeau de la dette, de l'insuffisance de l'investissement étranger direct, du ralentissement de l'aide publique au développement, de l'incapacité de tirer profit des avantages relatifs au traitement préférentiel (accords de l'Organisation Mondial du Commerce), de la mauvaise gouvernance, des situations de conflits armés. A toutes ces causes, il faut aussi ajouter la croissance démographique vue précédemment (c'est la plus élevée de tous les continents) qui fait que la proportion de la population de moins de 14 ans est d'environ50%, à ne pas négliger non plus l'exode rural26(*)». A noter aussi l'épidémie du VIH/SIDA qu'on développera un peu plus tard.

L'exclusion du marché du travail touche toutes les catégories de la population. Elle affecte particulièrement les plus diplômés. Aujourd'hui en Afrique, le diplôme n'est plus le passeport pour l'emploi27(*), caractérisé par un sous-emploi du travail qualifié. L'Afrique subsaharienne est la région du monde où il y a le plus de travailleurs pauvres. Ainsi, selon le BIT dans un rapport intitulé « Tendances mondiales de l'emploi des jeunes28(*) », publié en 2006, « les jeunes quand ils ne sont pas au chômage sont des travailleurs pauvres. Le chômage sur le continent quant à lui serait dû au décalage entre la croissance du marché de l'emploi et celle de leur population.  Ils sont 57,7% en Afrique sub-saharienne à vivre avec moins d'un dollar par jour et 87,1%, avec moins de deux dollars. En d'autres termes, explique Dorothea Schmidt, économiste au BIT et co-auteur du rapport, « un seul jeune sur dix gagne assez pour s'élever au-dessus du seuil de 2 dollars par jour ». Alors qu'entre 1995 et 2005, le nombre de ces jeunes travailleurs pauvres est passé de 60 millions à 45 millions en Asie du Sud où cette tendance était la plus importante, il est passé en Afrique sub-saharienne, de 36 à 45,4 millions. Souvent issus de famille pauvre, ces jeunes partagent leurs revenus avec leurs proches ou sont eux-mêmes, notamment à cause du sida, chefs de famille29(*)».

Le constat qui a été réalisé, a été de dire que la croissance de la population des jeunes croît plus vite que le nombre d'emplois disponibles. Toujours selon ce rapport entre 1995 et 2005, la main-d'oeuvre des jeunes, entre 15 (généralement personne en âge de travailler) et 24 ans, a augmenté de 29,8% en Afrique subsaharienne. Le taux de chômage des jeunes, est fixé à 18,1% pour la même période.

Cependant, les femmes ont le plus de difficultés à trouver un emploi stable et convenable mais la tendance générale montre que les taux de chômage en Afrique sub-saharienne sont un peu plus élevés chez les hommes que chez les femmes (voir tableau numéro 1). En effet, le taux d'emploi est relativement élevé pour les femmes mais il ne faut pas interpréter cette donnée comme un élément positif, dans la mesure où, celles-ci sont contraintes aux activités de subsistance (agriculture de subsistance) et sont encrées dans le secteur informel (emplois vulnérables), les caractéristiques typiques de la pauvreté.

Tableau 1: Parité dans le monde, taux de chômage, par région dans

le monde et par sexe

Source : Source: BIT, 2007 (données 2004)

Tiré de

http://www.observatoire-parite.gouv.fr/portail/parite_monde/pdf/EM2b.Taux_chomage_monde.pdf

Les jeunes sont également confrontés à d'autres problèmes et doivent faire le plus souvent des choix, pour eux trouver un travail s'est donc essayer de survivre en se contentant d'effectuer des petits boulots souvent informels, mal rémunérés n'offrant aucune protection sociale, soumis à des horaires lourds, ou encore beaucoup d'entre eux baissent les bras par découragement en estimant qu'ils ne possèdent que d'infimes probabilités de trouver un emploi et préfèrent alors sortir du marché du travail.

Selon l'Organisation Internationale du Travail, si on pouvait réduire de moitié le taux de chômage des jeunes, l'économie mondiale y gagnerait et pourrait s'élever de 2200 à 3500 milliards de dollars. Environ 20% de cette croissance aurait lieu en Afrique sub-saharienne30(*).

Par ailleurs, un problème tout aussi important qu'il convient de signaler se rapporte à l'épidémie du VIH/SIDA.

La grande majorité des personnes infectées par ce virus sont celles qui sont en âge de travailler soit la population comprise entre 15 et 49 ans. Cela, représente 90% des 40 millions de personnes touchées par ce virus. Ce phénomène à des conséquences désastreuses sur le marché du travail. En effet, à long terme il y a des pertes de main d'oeuvre, des répercussions au sein des structures familiales, des problèmes liés à la survie des communautés, des entreprises et de la productivité.

Pour le BIT, cette épidémie a donc des effets directs sur la main d'oeuvre disponible et sa productivité, sur les taux d'épargne, sur la croissance économique, sur la mise en place de service public. Il rajoute que cette épidémie hausse le coût d'exploitation, étrangle la production et fait fondre les revenus. Selon leurs estimations, chaque jour 7000 jeunes âgés de moins de 25 ans contractent le virus, 14 millions d'enfants ont perdu leurs parents à cause de ce virus, d'ici l'an 2020 les pays les plus touchés connaitront une réduction de la main d'oeuvre d'environ 10 à 30%31(*).

Dans ce contexte, il est commode de dire qu'il y a de profonds bouleversements sur le marché du travail qui menacent l'éventuel passage à une certaine stabilité. La situation sur le marché du travail en Afrique est tellement perturbée, qu'il n'est pas étonnant de voir qu'aujourd'hui l'immigration clandestine vers l'Europe est en constante augmentation. Ces évolutions actuelles traduisent un renforcement de la pauvreté au sein d'une population durement touchée.

Autres que le chômage, le sous emploi, l'épidémie du VIH et tous les autres freins à l'amélioration du marché du travail, nous pouvons constater que tous ces phénomènes se manifestent à cause de l'économie africaine qui ne semble pas répondre aux exigences de la population et par l'accentuation des inégalités qui semble aujourd'hui ne pas relever de la fatalité.

Cependant, qu'en est-il de la demande de travail ? Par demande de travail on entend qu'il s'agit des diverses actions que mènent les entreprises africaines pour recruter une main d'oeuvre qui est généralement cruciale pour assurer le bon fonctionnement de leur économie. Cette demande de travail comporte de nombreuses spécificités particulières à la structure du marché du travail en Afrique sub-saharienne et qu'on ne retrouve nulle part ailleurs.

* 22 http://www.av-garde.com/extrait.php?extid=17&idmag=5&idsom=88

* 23 Marché du travail et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

* 24 http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm

* 25http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/documents-de-travail/ddt17.pdf

* 26 http://www.av-garde.com/extrait.php?extid=17&idmag=5&idsom=88

* 27http://www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/Dialogue/vieux_numeros/dial4/art1.htm http://www.dial.prd.fr/

* 28 http://www.ilo.org/public/english/employment/strat/download/gety06fr.pdf

* 29 http://www.afrology.com/presse/afrique_emploi2006.html

* 30 http://www.un.org/french/issues/africa/stakes/labour.shtml

* 31 http://www.ilo.org/public/french/bureau/inf/download/wssd/pdf/hivaids.pdf

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein