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La lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne à travers l'amélioration du marché du travail et la contribution au développement de l'emploi des jeunes.

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par Gaelle CAYAU
Université Montpellier 3 Paul Valéry - MASTER 1 Institution-Organisation-Développement Gestion Stratégique des Ressources Humaines 2008
  

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II : L'économie africaine crée t'elle des emplois : relations entre marchés du travail et faiblesses de la compétitivité

Les premières idées qui ressortent de nos précédentes recherches révèlent qu'il y a une très forte population active en Afrique sub-saharienne. En effet, beaucoup d'africains ont un emploi mais ces emplois sont souvent inadéquats et ne correspondent pas à ce qu'il y a de plus utile pour vivre correctement.

S'agissant des difficultés relatives au marché du travail, le manque d'emploi utile et productif est l'un des plus graves problèmes en Afrique sub-saharienne. Il y a une très grande part de la population active qui exerce des activités familiales (travail familial) formellement non rémunérées ou encore qui travaille à son compte. On retrouve globalement ici, la place très importante que joue l'agriculture dans la vie des africains.

Pour autant, que ce soit dans l'agriculture ou dans d'autres secteurs, il s'agit dans beaucoup de cas de travailleurs indépendants, qu'on retrouve en général dans les petites entreprises familiales de subsistance32(*).

Aujourd'hui, il y a malheureusement de graves insuffisances de la demande de travail. Ces problèmes sont liés, à l'incapacité des économies africaines à créer des emplois à un rythme suffisant pour ingérer de nouveaux venus sur le marché du travail, ou encore à la nette préférence des employeurs pour les travailleurs adultes par rapport aux jeunes. Certes ceux-ci ne possèdent pas forcément de compétences professionnelles, ni d'expérience, mais ils peuvent néanmoins compenser tous ces manques par une plus grande motivation, un potentiel plus important notamment dans de nombreux domaines, par ailleurs, ils font souvent preuve d'innovation et d'intuition.

Les économies africaines offrent t'elles des opportunités d'emploi aux plus démunis ?

Pour cela, il sera utile d'aborder dans une première section les principaux mécanismes de la demande de travail en Afrique sub-saharienne. Nous chercherons à voir quels sont les emplois proposés à la population active urbaine ainsi que les rémunérations qui y sont associés.

Il va falloir se replacer dans la logique dans laquelle nous nous trouvions lors de nos recherches faisant référence à l'offre de travail.

Le chômeur rentre sur le marché du travail afin de trouver le « meilleur » salaire qui lui conviendra et qui maximisera son bien être. Pour comprendre les mécanismes de la demande de travail il est utile de débuter par les explications qui se rapportent aux écarts de revenus. Par la suite, ces éléments vont nous éclairer sur la composition réelle du marché du travail en Afrique sub-saharienne. Il existe ainsi deux marchés du travail qui fonctionnent selon les attentes des demandeurs d'emploi.

Enfin dans une dernière section, nous essayerons de comprendre pourquoi les économies africaines ne parviennent-elles pas à s'élever au niveau mondial.

Section 1 : Quels emplois, pour quels marchés du travail: représentations des mécanismes de la demande de travail et les inégalités de revenus33(*)

En Afrique sub-saharienne, selon nos observations la quasi-totalité des emplois sont des emplois de subsistance qui génèrent des revenus très bas et qui créent des inégalités au sein de la population active. Pourtant, c'est à l'Afrique subsaharienne que la création d'emplois décents et productifs pour les jeunes serait le plus profitable : son PIB augmenterait de 12 à 19 pour cent (voir annexe 2)34(*).

Les auteurs DOERINGER et PIORE en 197135(*), ont cherché à expliquer ces écarts de revenus par ce qu'on appelle la « théorie de la segmentation » en considérant que le marché du travail est décomposé en deux segments. Pour eux, les écarts de salaires ne se résument pas seulement au fait que les individus ont une information imparfaite sur les salaires et les emplois (théorie standard) mais aussi parce que les salaires, les trajectoires professionnelles ainsi que la sécurité de l'emploi varient d'un segment à un autre.

Le premier segment n'est autre que le marché primaire, caractérisé par des entreprises qui ont un marché interne du travail protégé.

Le second marché du travail dit « marché externe » se caractérise par trois facteurs. Le premier c'est la relation «capital humain -salaire », les salaires sont maintenus à un niveau bas qui reste très nettement inférieurs aux salaires du marché du travail primaire. Le second facteur est l'instabilité qu'offrent ces emplois. Le troisième facteur concerne les difficultés d'accès des travailleurs sur le marché primaire.

Ainsi, il existe une connexion entre les deux marchés mais les points de concordance sont très faibles. Dans le deuxième marché on trouve des formes d'emplois plus atypiques, plus précaires, souvent à durée déterminée et qui vont se trouver progressivement dans la situation des travailleurs pauvres.

Cependant, en cherchant plus loin, on peut voir que cette théorie serait moins adaptée dans les pays d'Afrique sub-saharienne dans la mesure où ces pays sont caractérisés par la présence du secteur informel. Pour autant, l'existence d'un marché formel et informel urbain du travail dans ces pays et la détermination des salaires sont expliqués dans la théorie de la segmentation.

En effet, cette théorie intègre un schéma dans lequel les marchés du travail sont décomposés en trois secteurs.

Premièrement, il y a le secteur urbain structuré. Dans ce secteur, les salaires sont relativement élevés parce qu'il incorpore tous les agents du pays qui disposent d'une formation secondaire, universitaire. En outre, tous les agents souhaiteraient travailler dans ce secteur parce que non seulement on y trouve des salaires élevés mais qu'en plus il garantie la stabilité de l'emploi. De ce secteur découle donc ce qu'on peut appeler les « emplois salariés décents protégés » qui nécessitent un contrôle de travail et de protection sociale avec une rémunération supérieure au salaire minimum en vigueur.

Selon l'enquête 1-2 -3 dans les capitales de la zone UEMOA étudiées préalablement, l'emploi salarié décent correspond à 30%des emplois urbains disponibles, soit 23,8% des actifs occupés exerçant dans le secteur formel (privé, public et associatif) avec 8,4% de ces actifs dans le secteur formel public et para-public et 15,4% dans le secteur formel privé.

Pour Denis COGNEAU36(*), il y a une part importante d'actifs au sein des jeunes générations qui subit le rationnement des emplois dans le secteur moderne. Cela traduit le fait que dans les pays d'Afrique sub-saharienne seule une minorité d'actifs souhaitant travailler dans le secteur structuré est satisfaite. Selon cet auteur, cette situation s'explique par les insuffisances des capacités de production qui engendre un faible niveau de production dans le secteur formel. Ainsi, la demande de travail dans le secteur formel sera fonction du niveau de la production.

Deuxièmement, on a le secteur urbain non structuré composé de micro-entreprises qui proposent une large gamme de services et qui exercent le plus souvent sur des exploitations délaissées par le secteur structuré par faute de rentabilité. Ce secteur assure des emplois particulièrement aux migrants qui sortent des zones rurales et qui désespèrent trouver un emploi dans le secteur structuré. L'entrée dans ce secteur est ouverte à tous. En effet, pour certains auteurs, l'agent qui dispose d'un petit capital, peut se créer un travail indépendant. A contrario, l'agent ne disposant pas de capital, peut toujours effectuer des services pour autrui dans des conditions de travail souvent pénibles et pour un salaire dérisoire. Selon d'autres auteurs tels que Bruno LAUTIER37(*), pour s'insérer sur le marché du travail non structuré dit encore « secteur informel », il faut être intégrer dans des réseaux, être accepté par tous : fournisseurs, racketteurs ainsi que par la police.

Tous les offreurs de travail peuvent trouver un emploi en accédant à ce secteur. Cette facilité d'accès peut entre autre, constituer une limite. Néanmoins, on constate que l'entrée de nouveaux offreurs sur ce secteur diminue les revenus déjà très bas des offreurs présents.

Sur ce marché du travail, on distingue deux catégories d'emploi : les emplois salariés (irréguliers ou réguliers) non protégés et les emplois indépendants vulnérables qui relèvent essentiellement de ce secteur non structuré. Dans cette première catégorie on va trouver ce qu'on appelle les emplois « dépendants médiocres » qualifiés ou non qualifiés qui se démarquent par la faiblesse des revenus, l'absence de contrôle de travail et de protection sociale. C'est évidemment l'inverse du secteur formel structuré. Les emplois médiocres restent de loin ceux qui rassemblent le plus d'emplois vulnérables. Dans cette structure du marché du travail il existe également des inégalités de revenus entre salariés non protégés qualifiés et salariés non protégés non qualifiés.

« Selon des enquêtes du BIT dans cinq capitales d'Afrique Subsaharienne, suivant les pays 1,8 à 32,9 % des salariés qualifiés du secteur informel gagnent moins que le salaire minimum, contre 43,1 à 100 % pour les travailleurs non qualifiés et 92,8 à 100 % pour les apprentis ». Dans la seconde catégorie d'emploi proposée par le secteur urbain non structuré, on a donc les emplois indépendants vulnérables. L'objectif à long terme pour le salarié sera de sortir de cette classe « vulnérable » par échelonnement en essayant de se hisser dans la catégorie des salariés indépendants non vulnérables qui se trouvent à cheval entre le marché du travail urbain structuré et le marché du travail urbain non structuré. Les emplois indépendants des économies urbaines en Afrique sub-saharienne sont généralement occupés par des patrons de micro-entreprises qui sont très souvent des anciens salariés qui ont démissionné ou ont été licencié, ont été des anciens apprentis et aides familiales qui sont passés ou non par des emplois salariés, ou encore des anciens ruraux de l'agriculture. Ces travailleurs deviennent indépendants pour deux raisons particulières. La première, par contrainte soit parce qu'ils ont été licencié ou pour éviter qu'ils ne restent trop longtemps au chômage. La seconde, par volonté d'être indépendant et de rechercher de meilleurs revenus. C'est dans la première raison qu'on peut voir qu'il s'agit de travailleurs indépendants vulnérables parce que le statut d'emploi de travailleur indépendant est une phase de transition, le chômage leur est imposé c'est donc une contrainte tandis que, ceux qui désire vraiment être travailleurs indépendants pour des raisons positives, par pure volonté, seront à la recherche de l'objectif final décrit précédemment.

Enfin, le troisième secteur du marché du travail correspond au secteur agricole rural. On enregistre une baisse des cours qui a fait décliner la rentabilité du secteur, malgré ça, l'agriculture reste un secteur attractif. En effet, elle permet de développer des activités de subsistance. L'exemple a été clairement démontré en ce qui concerne le freinage de l'exode rural, il a été suggéré de retenir et de maintenir les jeunes dans ce secteur, sous prétexte qu'ils pourraient ainsi subvenir à leur besoin.

Pour résumé, le nombre d'emploi convenable et décent de l'économie urbaine en Afrique sub-saharienne dépend du niveau de l'offre de biens et services, qui dépend lui-même des capacités de production du secteur structuré. Or, on a pu remarquer que les capacités de production de ce secteur sont relativement limitées par rapport à l'offre de travail salariée, tous les agents offrant un travail dépendant ne pourront pas accéder à un emploi salarié décent. Certains individus vont travailler en tant qu'employés non protégés et d'autres vont créer leurs propres activités en offrant du travail indépendant.

Selon un rapport de DIAL (Développement, Institutions et Analyses de long terme) les choses ont à bouger encore. En effet, pour accentuer nos idées sur l'emploi des jeunes, ce rapport énonce qu'il apparaît que ceux-ci « ont payé le plus lourd tribu aux médiocres performances économiques du continent africain38(*) ». Les inégalités de revenus, le manque d'emploi décent suffisent à amoindrir les chances des jeunes à pouvoir vivre correctement et à assurer leur avenir.

A ce stade, les économies de l'Afrique sub-saharienne ne sont donc pas assez efficaces car elles sont globalement en difficulté pour offrir aux plus démunis un travail salarié leur permettant de faire vivre leur famille. Avec toutes ces données peut-on encore espérer que les entreprises de l'Afrique sub-saharienne fournissent des efforts considérables en termes de compétitivité pour intégrer le giron d'une économie mondiale en pleine expansion.

* 32Tendances de l'emploi en Afrique, Bureau International du Travail, Genève, Avril 2007, 87 pages.

* 33 Travail de recherche tiré en grande partie de l'étude du marché du travail urbain et pauvreté en Afrique sub-saharienne réalisée par le Docteur Adama ZERBO

* 34 http://www.ilo.org/public/english/employment/strat/download/getyfr.pdf

* 35 Modèle de la segmentation du marché du travail. Concept de marchés internes du travail développé au début des années 1970 par les économistes Peter DOERINGER et Michael PIORE. Pour comprendre les modèles d'emploi et la présence où l'absence de marché interne du travail dans différents contextes, ils ont distingué les secteurs primaire et secondaire de l'économie.

* 36 Statisticien Economiste, dipl™mé de l'Ecole Nationale de Statistique et d'Administration Economique (ENSAE). Docteur en Economie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Paris. Thèse: Ç Inégalités et développement - quatre études économétriques È. Domaine : Economie du développement, Distribution du revenu, Econométrie.

* 37 Bruno LAUTIER (Professeur à Paris I-IEDES), président depuis 1993 du Groupe de Recherche sur l'Etat, I' Internationalisation des Techniques et le Développement (GREITD), administrativement indépendant des institutions publiques. Il regroupe des chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants de doctorat issus de plusieurs universités et centres de recherche, spécialisés (complètement ou partiellement) dans l'étude des problèmes sociaux et économiques du Sud, particulièrement l'Amérique latine.

* 38http://www.dial.prd.fr/dial_axes_de_recherche/fiches_programme/dial_axes_I_dynamique_pauvrete.htm

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille