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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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I - 2 Recherches systémiques et élevage bovin laitier

I-2-1 Introduction

La zootechnie a été définie vers le milieu du XIXème siècle comme « une doctrine nouvelle de la production animale basée sur les sciences expérimentales et dont le caractère fondamental consiste précisément dans la manière de considérer le bétail en économie rurale » [DE GASPARIN, 1843]. L'ambition était alors de grouper, sous une seule branche scientifique, toutes les formes du savoir dont les retombées contribueraient à l'amélioration des performances des élevages. Si à l'origine, la zootechnie reposait principalement sur les sciences de la vie et les sciences humaines (sociologie, géographie, économie), ces dernières années elle s'est focalisée peu à peu exclusivement sur les disciplines biotechnologiques, n'échappant pas au mouvement de spécialisation qui marque l'époque [LATOUR, 1995]. Ce développement n'est pas fortuit mais traduit les avancées de la recherche agronomique dans des domaines telle que la génétique, la nutrition, la biologie de la reproduction ou la médecine vétérinaire. Cette tendance a aussi été massivement soutenue par les impératifs productivistes de l'après - guerre [BOSERUP, 1990]. Néanmoins, les conséquences de cette orientation ont rapidement détourné l'agronomie de sa fonction à appréhender les déboires de l'agriculture, et partant de la société, car SÉBILLOTTE [1996] affirme que « plus un seul des problèmes de l'agriculture ne saurait être isolé du reste de la société ». Dans le domaine des productions animales, et de façon similaire, le type de savoirs et de recherches qui devait a priori aider à en démêler les énigmes, c'est-à-dire la zootechnie, a été éloigné de ses préoccupations initiales, à savoir les questions des élevages et de leur gestion [LANDAIS, 1996a]. Par conséquent, dans leur majorité, les thèmes de recherche ne proviennent plus du terrain, mais sont formulés de manière autonome dans les laboratoires. Ceci a progressivement débouché sur une incapacité de la zootechnie à synthétiser et à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les acteurs des productions animales et à générer des solutions en rapport avec leurs pratiques, leurs stratégies et leur organisation [BÉRANGER et VISSAC, 1993].

De ce fait, récemment, de nombreux chercheurs à travers le monde ont souligné les échecs des approches de la zootechnie, dans ses méthodes actuelles, pour résoudre les crises du secteur de l'élevage, aussi bien dans les pays développés [VISSAC, 1994 ; LANDAIS, 1996b] que dans les pays en développement [SCHIERE, 1995 ; GRYSEELS, 1988 ; LE GRAND et HOCHET, 1998]. Dans ces dernières contrées, de manière encore plus pressante, la diversité et la complexité des rôles assumés par les animaux domestiques (épargne, outils de production, statut social, impact religieux...) rendent encore plus inadaptés les résultats des dispositifs conventionnels des sciences animales [ØRSKOV, 1993 ; BRADFORD, 1988] et imposent l'adoption d'une approche systémique aux questions de l'élevage [SPEDDING, 1988 ; RUTHENBERG, 1980]. D'ailleurs, de nombreux projets de développement qui ont fait abstraction de ce type de méthodes, et qui se sont contentés d'importer des pays tempérés des modèles de développement « clés en main » se sont soldés par des échecs [ZWART et DE JONG, 1996]. RUTHENBERG [1980] justifie le recours aux méthodes systémiques pour l'étude des productions animales en zones tropicales en invoquant qu'elles représentent bien plus qu'une simple somme de leurs différentes composantes (animaux, plantes, environnement social, économique et politique...), étant donné les nombreuses interactions qui s'établissent entre elles.

De manière plus spécifique, l'élevage laitier est certainement le type de productions animales où l'approche systémique est la plus recommandée, en raison de la diversité des domaines d'intervention des éleveurs de vaches laitières (production fourragère, élevage, gestion de différents types d'animaux...) et surtout à cause de l'ampleur de la filière laitière, de la biomasse végétale jusqu'aux consommateurs [MEYER et DENIS, 1999]. Par ailleurs, dans les pays en développement, comme les races locales ont généralement des aptitudes laitières fort limitées [SYRSTAD, 1990], que la sélection classique serait trop lente à améliorer [MC DOWELL, 1981], et face à l'augmentation des besoins en lait, le seul moyen rapide d'accroître la production est l'importation de vaches des régions tempérées avec les « paquets technologiques nécessaires à leur acclimatation » [CUNNINGHAM et SYRSTAD, 1987 ; FLAMANT, 1991]. Cette option rend encore plus délicate l'analyse des systèmes de production laitière [EDDEBBARH, 1991], avec la diversité du matériel animal qu'elle génère (vaches locales, vaches importées et leurs différents niveaux de croisements) et qui se traduit par l'émergence de plusieurs options pour la production [MC INTIRE et GRYSEELS, 1987] et d'objectifs variables pour les éleveurs, qui induisent de nouveaux horizons pour la recherche [OLESEN et al., 2000]. Ceci, dans un contexte d'incertitude pour le maintien d'une agriculture paysanne dans les pays en développement, notamment la production laitière qui est généralement entre les mains de petits éleveurs au sein d'unités familiales, et qui risquent de ne pas faire le poids face à la libéralisation totale des échanges de produits agricoles à travers le monde [HAUBERT, 1999].

A la lumière de ces éléments, la présente synthèse vise en premier lieu à exposer les champs d'application des recherches sur les systèmes agricoles (RSA), avec une référence spéciale aux concepts et à la terminologie en vigueur dans cette discipline, avant de rappeler son déterminisme historique et ses évolutions. Par la suite, les applications des RSA aux études sur les productions animales seront passées en revue, pour évoquer les outils et méthodes des recherches sur les systèmes d'élevage (RSE), plus particulièrement sur la production laitière bovine. En dernier lieu, les atouts et limites de cette discipline pour l'analyse des systèmes d'élevage laitier seront détaillés.

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