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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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I.2.2 Terminologie et concepts des recherches sur les systèmes agricoles

Dans toutes les sociétés humaines, les animaux domestiques représentent richesse et / ou pouvoir. La relation étymologique entre les termes « animaux », « capital » et « épargne » a été relevée dans plusieurs langues [RENFREW, 1994] comme le montre le tableau 1. Ces similitudes linguistiques peuvent être expliquées par le rôle fondamental des herbivores dans la transformation de la biomasse végétale issue de l'énergie solaire en produits de haute valeur ajoutée pour la société [ODUM, 1971], quel que soit son niveau de développement.

Malgré la large gamme de systèmes agricoles qui se sont constitués à travers le monde, les animaux domestiques y représentent le plus souvent un atout, plus particulièrement pour les agriculteurs ayant accès à de vastes superficies leur procurant des ressources fourragères pour leurs troupeaux. Cependant, avec l'accroissement continu des mises en culture, explosion démographique oblige, une forte pression sur les terres à pâturage, communautaires comme privées, s'est manifestée [JODHA, 1986 ; HARDIN, 1968]. Dès lors, les éleveurs ont compensé ce manque en intégrant de plus en plus de résidus de cultures dans les rations de leur bétail [SCHIERE, 1995]. De ce fait, une multiplicité de systèmes d'élevage s'est constituée, tant par la diversité des modes d'affouragement des animaux que par la quantité d'espèces exploitées et des niveaux d'intensification [SPEDDING, 1988].

Tableau 1. Quelques exemples de liens linguistiques entre les mots « cheptel » et « richesse ».

Cheptel (Français)

Dérive du latin « caput » qui veut dire tête, c'est-à-dire nombre d'animaux

Cattle (Anglais)

Lié au mot capital à travers la racine latine « caput »

Kassiba (Arabe)

Du verbe « kassaba » qui veut dire thésauriser, gagner

Ganado (Espagnol)

Participe du verbe « ganar » qui veut dire gagner,

Vieh (Allemand)

En relation avec « fehu » en Vieux Saxon qui suggère richesse et bétail

Byoto (Polonais)

A partir du vieux slave « bydo » qui veut dire posséder. La relation entre la possession et le troupeau est typique dans différentes langues slaves

Définie comme étant « une combinaison raisonnée d'éléments ou de parties interdépendantes et interactives qui se comportent de manière à réaliser un objectif précis via la transformation d'intrants en produits terminaux », la notion de système de production agricole a été récemment adoptée par les agronomes [MIRHAM, 1972 ; LE MOIGNE, 1984]. Cependant, cette définition, avec tous ses corollaires, n'a pas arrêté précisément l'objet d'étude des RSA, qui seraient plus une attitude ou une perspective de recherche qu'un type d'investigations [BYERLEE et TRIPP, 1988]. Ce domaine d'études scientifiques continue donc de souffrir d'un étalage confus de définitions, de méthodologies et d'objectifs, qui justifient de maintes tentatives de formalisation [MERRILL-SANDS, 1986 ; FRESCO et WESTPHAL, 1988]. Néanmoins, d'un avis commun, les RSA ont pour point de départ une vision similaire à celle que se ferait un agriculteur en essayant d'améliorer ses résultats : compréhension de ses pratiques et action à un niveau concret et multidisciplinaire, au niveau de l'exploitation agricole [LANDAIS, 1996a ; BYERLEE et al., 1982]. NORMAN [1980], et plus tard TRIPP [1991] vont au delà de cette considération pour mentionner que face à l'urgence d'améliorer les résultats des petites exploitations, notamment dans les pays en développement, les RSA ont eu le mérite d'entamer leurs investigations en postulant que « tout changement agricole planifié doit être organisé autour de la compréhension des conditions et des priorités des agriculteurs ». Pour cet auteur, il est plus qu'important de se focaliser sur l'exploitation agricole en tant qu'objet d'études, ce qui impose de considérer la totalité des interactions qui lient ses différentes composantes (Tableau 2).

Tableau 2. Classification des interactions au sein d'un système de production agricole.

Type d'interaction

Exemples

 
 

Interactions entre cultures

 

Interaction dans l'espace

Interactions liées aux associations de cultures

Interaction dans le temps

Effets des précédents culturaux liés aux résidus, à la fertilité et aux mauvaises herbes

 
 

Interactions entre cultures et élevages

Utilisation des ressources fourragères et des résidus par les animaux

 

Recyclage des effluents d'élevage comme fertilisants des cultures

 

Utilisation des animaux pour la traction

 
 

Compétition et

synergie des ressources

Conflits pour l'utilisation de la force de travail entre cultures, élevage et activités non - agricoles

 

Compétition pour l'utilisation de l'eau entre fourrages et cultures vivrières

 
 

Atteinte des multiples objectifs des foyers ruraux

Choix entre types de cultures et d'élevage et itinéraires techniques pour gérer le risque

 

Production et stockage de grains et de denrées animales pour contrebalancer les effets des carences saisonnières

D'après BYERLEE et TRIPP [1988]

Au préalable d'une recherche sur les systèmes agricoles et d'élevage, il faut clarifier la terminologie en vigueur et les concepts de cette discipline [HART, 1982]. Ainsi, le mot « système » peut renvoyer simultanément à l'énumération des unités (composantes) qui le constituent [ODUM, 1971 ; SHANER et al., 1982], tout comme il peut désigner les modes d'interaction de ces parties [RUTHENBERG, 1980]. Par ailleurs, l'adjectif « agricole » véhicule avec lui toute la diversité des activités du monde de l'agriculture, comme l'horticulture, la foresterie, l'aquaculture, le maraîchage ou l'élevage. C'est pourquoi, les chercheurs sur les systèmes agricoles sont contraints de s'imposer des limites, constituant un réductionnisme qui va à l'encontre de la vision globale prônée par la RSA. L'urgence d'établir ces limites comporte alors deux inconvénients : le danger de sous-estimer les retombées d'un système donné sur les autres, ce qui empêche d'appréhender ses réalisations globales [CONWAY et BARBIER, 1990], et la difficulté de se fixer un référentiel d'étude aussi bien dans l'espace que dans le temps. Par exemple, pour les études sur les systèmes d'élevage, plusieurs chercheurs considèrent le troupeau comme unité de base [ROELEVELD et VAN DEN BROEK, 1999], mais rien n'empêche de reporter l'effort d'analyse au cheptel d'une région ou d'un pays [HART, 1982]. L'agrégation de systèmes peut aller au point extrême où toute la planète Terre peut être représentée sous forme d'un seul système [HOPKINS et WALLERSTEIN, 1992].

Avec les considérations précédentes, les RSA se posent comme un agrégat d'une gamme d'études multidisciplinaires relatives aux systèmes de production agricole. SIMMONDS [1986], en essayant de dresser une classification des voies empruntées par la RSA, distingue les RSA au sens strict du terme (RSA sensu stricto), des RSA pour le développement et la vulgarisation, et de la recherche pour le développement de nouveaux systèmes de production. La première, dont le but est une analyse profonde des systèmes agricoles à des fins académiques (SIMMONDS [1986] pense qu'elle sert surtout de contexte à des doctorats), consiste en une compilation des informations et données issues du terrain [MERRILL-SANDS, 1986] suivie d'une phase de développement de concepts et de méthodologies de recherche. L'objectif est alors de comprendre les systèmes de manière induite, puisqu'à partir d'un grand nombre d'observations, des lois générales sont élaborées. En revanche, les deux autres visent, en plus d'une phase de description grâce à l'utilisation d'enquêtes [LABE et PALM, 1999], la modélisation des systèmes pour la compréhension de leur organisation, suivie parfois du test de nouvelles hypothèses pour leur évolution.

SIMMONDS [1986] soutient que ces deux genres d'approche des RSA sont un moyen pratique de tester la viabilité socio-économique des hypothèses de la recherche avant de recommander leur vulgarisation. TRIPP [1991] en rappelant les priorités des RSA pour la diffusion de méthodes pour le développement des petites exploitations du tiers-monde estime que celles-ci doivent nécessairement emprunter le protocole suivant :

- diagnostic des pratiques des exploitations agricoles et de leurs problèmes ;

- planning d'un programme expérimental ;

- test de technologies alternatives ;

- évaluation des résultats ;

- développement et vulgarisation de recommandations.

Une des principales finalités des RSA est de préparer minutieusement le terrain au développement de leur objet d'étude. Or, le développement des systèmes agricoles est globalement déterminé par les relations y liant demande et offre de biens matériels. Elles expriment l'accès à la technologie et aux valeurs fondant un système [HARRIS, 1988]. Aussi, le développement peut-il se présenter sous diverses apparences, résultat de changements combinés des ressources disponibles ou de la demande. Le mot « développement » se définit comme une évolution vers une croissance naturelle avec différenciation et passage par différentes étapes. Il n'implique donc pas nécessairement une direction irréversible vers un but plus évolué [CROTTY, 1980]. Les ressources impliquées dans un processus de développement agricole sont généralement de trois ordres : la terre, le travail et le capital [BONNEVIALE et al., 1989]. Elles induisent des phénomènes d'offre et de demande qui se concrétisent dans les termes du marché. Ceux-ci déterminent l'accès aux ressources. Par ailleurs, l'évolution d'un système est aussi conditionné par les innovations qui peuvent s'y exercer et qui génèrent des changements dans ces modes de régulation, notamment technologiques et institutionnels.

L'ajustement des fonctionnements des systèmes suite à une perturbation dans les termes de l'offre ou de la demande en intrants a été largement documenté par GRIGG [1982]. Cet auteur impute à trois principales causes les évolutions des systèmes agricoles :

- l'accroissement de l'exploitation des ressources en sols, soit par intensification des pratiques ou par la recherche de nouveaux espaces pour l'agriculture ;

- les changements dans les habitudes de consommation, qui induisent aussi des modifications dans les modes de production ;

- l'introduction de technologies et d'innovations qui sont porteuses de changements.

Des réflexions précédentes découlent les nombreuses tentatives de classer les systèmes agricoles [RUTHENBERG, 1980]. Généralement, les classifications retiennent deux types de critères, qui sont les variables qui déterminent le comportement du système (variables de structure tels que le climat, les types de sol) et les variables qui montrent les choix stratégiques des acteurs qui y évoluent (pratiques d'élevage, type d'agriculture...).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand