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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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II - 5 Développement des filières laitières dans les pays du Maghreb

Dans les trois pays du Maghreb, les filières laitières sont aujourd'hui plus que jamais soumises à des impératifs d'approvisionnement des populations et surtout à des contraintes macro-économiques liées aux programmes d'ajustement structurel qui y sont appliqués. Il s'ensuit que nombre des mesures initialement prévues, à l'instar de celles pour toutes les autres filières des produits alimentaires de première nécessité, sont en voie d'être relativisées et même les objectifs initiaux corrigés [KYDD et THOYER, 1993 ; CHEMINGUI et DESSUS, 1999]. Mais c'est surtout au Maroc et en Tunisie, qui se sont les plus résolument engagés dans un processus de production locale de lait, que les répercussions de l'ajustement structurel risquent d'être les plus ressenties, puisqu'en Algérie la politique d'importations va se poursuivre.

Au Maroc, les pouvoirs publics, en accord avec les principales parties concernées par la production bovine (associations d'éleveurs et les transformateurs du lait) ont déjà entamé une phase de réflexion sur l'avenir du secteur laitier, à la lueur des derniers développements évoqués plus haut, dans ce qui a été appelé « nouveau plan laitier », et dont les grandes lignes devraient orienter la filière jusqu'à 2020 [MADRPM, 1998b]. Ainsi, à l'horizon 2020 et sur la base d'une estimation de la demande en produits laitiers déterminée par les prévisions de croissance démographique et de variation des habitudes alimentaires, il est attendu d'avoir un besoin de près de 3,7 milliards de litres par an, soit 3,7 fois plus que le niveau de production actuel. Ceci serait nécessaire pour satisfaire les besoins d'une population de 40 millions d'individus pour moins de 30 millions en 1999. La production marocaine devrait ainsi connaître un rythme d'accroissement annuel de plus de 6 % alors qu'elle n'a crû qu'à un rythme de 2,3 % de 1975 à 1998, à l'époque de la pleine apogée des mesures prévues par le plan laitier, avant l'application des mesures de désengagement de l'Etat, prévues par le programme d'ajustement structurel. Néanmoins, les décideurs tablent sur une nouvelle dynamique qui serait due à une politique plus ciblée vers l'intensification de la production en régions propices à l'élevage (surtout les périmètres irrigués et à un degré moindre les zones d'agriculture pluviale « favorables »). Ceci passerait par la concentration des efforts financiers vers les zones laitières, afin de garantir l'adoption par les éleveurs de tout le bagage technique nécessaire à l'extériorisation du potentiel des vaches importées, telles l'insémination artificielle, la rationalisation de l'affouragement des bovins, l'amélioration génétique... Toutefois, il est légitime à ce stade de se questionner sur la réelle portée de ces prévisions, lorsqu'en parallèle les pouvoirs publics ont gelé leur niveau d'intervention dans le secteur de l'élevage bovin, et surtout lorsqu'à partir de 2010, les protections tarifaires relatives aux produits agricoles seront levées [KYDD et THOYER, 1993]. En fait, il semblerait qu'à l'instigation des bailleurs de fonds internationaux, l'Etat prône une politique de compétitivité de l'élevage, à l'image de la révision globale de la politique agricole antérieure qui consistait à garantir la paix sociale parfois au prix de subventionner l'inefficacité. Cette tentative, certes louable, car visant à lutter contre les manques à gagner, risque cependant de rester lettre morte, si elle demeure uniquement liée au domaine du technique et si elle ne s'appuie pas sur une « réforme des affaires du monde rural plus drastique »  [AKESBI, 1997].

En Tunisie, ce sont de mêmes déterminants de politique économique qui conditionnent le devenir du secteur agricole. Sur la base des recommandations des bailleurs de fonds pour plus de libéralisation et d'ouverture de l'économie du pays [CHEMINGUI et DESSUS, 1999], la production laitière est appelée à se professionnaliser et à devenir plus compétitive. Des avancées significatives ont été accomplies à ce niveau, notamment par le fait que des élevages d'élite aient été constitués. Ainsi, DJEMALI et BERGER [1992] citent l'expérience tunisienne d'étables spécialisées en lait qui ont été créées et qui atteignent des niveaux de production nettement plus élevés que ceux des petits éleveurs. De même, RONDIA et al. [1985] relatent l'exemple d'une expérience menée dans le Nord de la Tunisie pour implanter, moyennant tout un arsenal de techniques importées, un atelier laitier intensif exploitant près de 100 vaches. Après plus de 10 ans d'expérience, ce projet démontre la viabilité économique de la production laitière, mais il dévoile surtout que cette spéculation est très vulnérable face aux variations climatiques et qu'avec un laisser-aller même temporaire, les fruits de plusieurs années de capitalisation peuvent être perdus.

Par rapport à la situation marocaine, un net clivage entre le Nord de la Tunisie aux potentialités de production fourragère et le Sud aride a favorisé la spécialisation en élevage laitier dans la partie Nord, à l'exception de quelques ateliers laitiers qui se sont développés dans les oasis pour répondre à une demande locale. Mais la forte dépendance des élevages vis-à-vis des aléas climatiques et surtout face aux variations des prix des intrants (aliments concentrés importés surtout !) reste la caractéristique principale des élevages tunisiens. Elle pose de sérieuses questions quant aux perspectives de ce type d'élevage, surtout dans un contexte où les pouvoirs publics négocient l'ouverture du marché aux marchandises importées, et aussi dans une conjoncture où, après les efforts productivistes, la recherche d'un lait de qualité est devenue un objectif affiché [ABAAB, 1999].

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