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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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III-4-3 Résultats et discussion

III-4-3-a Aperçu général sur les caractéristiques des exploitations et des performances laitières

Les paramètres moyens décrivant les exploitations agricoles retenues dans ce travail sont rapportés dans le tableau 22. En raison de la présence dans l'échantillon étudié de fermes à paramètres structurels très dispersés, la moyenne pour les paramètres de taille (effectifs bovins et superficie agricole) était supérieure à l'écart - type. Par exemple, il y avait 16,3 #177; 52,8 ha de superficie arable par exploitation agricole avec plus de 80 % des fermes utilisant moins de 25 % de la surface agricole totale. Dans le périmètre irrigué du Gharb, la sole fourragère représentait 18 % de la surface totale et était emblavée principalement en bersim (Trifolium alexandrinum) qui occupe 60 % de la superficie fourragère, suivi de la luzerne et du maïs (tous trois bénéficiant d'irrigations d'appoint). Dans la zone suburbaine de Rabat - Salé, les fourrages représentent 31,7 % de la superficie totale et étaient à base de cultures pluviales telles que l'avoine, l'orge et les lupins, avec un complément de cultures irriguées estivales (luzerne et maïs) dans 32 exploitations.

Il y a en moyenne 9,6 #177; 14,3 vaches par ferme étudiée. Comme pour la superficie arable, il est possible de constater une importante variabilité dans les effectifs de vaches en raison du choix dans l'échantillon de fermes de situations très diverses (fermes spécialisées, fermes étatiques, petites exploitations...). La structure génétique du cheptel bovin est dominé par les vaches des races Holstein et Frisonne (77 % des effectifs totaux), suivies des vaches de type croisé « locales x Holstein ou Frisonne » (21 %) et des vaches des populations locales (2 %). Le rendement laitier moyen par vache était de 2 844 #177; 1 105 kg. L'analyse de l'alimentation des vaches a montré que les fourrages ne représentaient que 59,7 % de l'énergie dérivée des concentrés.

Tableau 22. Paramètres moyens de structure et de fonctionnement décrivant les 118 fermes laitières étudiées dans les zones suburbaine et irriguée.

Variables

Minimum

Moyenne #177; é.t.

Maximum

 
 
 
 

Superficie agricole utile, SAU (ha)

0,0

16,3 #177; 52,8

388

Superficie fourragère, SF (ha)

0,0

4,38 #177; 4,07

20,8

Charge (ha de fourrage/vache)

0,0

0,38 #177; 0,42

3,4

Effectifs de vaches

1

9,6 #177; 14,3

106

Moyenne économique, ME (kg/vache)

727

2 844 #177; 1105

6 602

Concentrés/kg de lait, UFL cc/kg lait

0,09

0,70 #177; 0,55

2,3

Concentrés/vache/an, UFL cc/v/an

159,6

1 734 #177; 757

3 959,1

Ratio Fourrages/Concentrés FCC (%)

12,2

59,7 #177; 50,2

83,3

Ratio Bovins/Lait, VAL (% de ventes)

8,3

62,0 #177; 71,3

76,9

Aliments/Charges totales, CAT (%)

44,1

80,4 #177; 14,7

98,9

Prix de revient du kg de lait, PRK (DH)

1,6

3,6 #177; 1,9

11,2

Bénéfice par vache, BV (DH)

- 9 652

1 611 #177; 2584

12 522

L'importance quantitative des concentrés combinée à leur diversité qualitative (son de blé, pulpes déshydratées de betterave et d'agrumes, orge grain, maïs, tourteaux de tournesol et de soja) dans des formules alimentaires très variables, a souvent résulté en des rations alimentaires déséquilibrées. Les concentrés servaient alors beaucoup plus d'aliments de base plutôt que de compléments aux fourrages et contribuaient alors plus à la satisfaction des besoins d'entretien des vaches plutôt qu'à la production laitière à proprement parler, surtout dans les situations (fermes à fortes charges animales à l'hectare et saisons défavorables) de carences chroniques en fourrages. Le lait est principalement vendu à travers un réseau de colportage local au prix moyen d'environ 3,2 DH par litre dans l'environnement suburbain, tandis qu'au Gharb, du fait de l'absence de marchés potentiels à proximité, il est écoulé en majeure partie à travers les centres de collecte coopératifs au prix moyen de 2,8 DH.

Les performances de reproduction du cheptel n'ont pu être calculées que pour 117 vaches, en raison de l'absence de fichiers de données régulièrement tenus sur les exploitations. Ces performances étaient quelque peu décevantes, avec un intervalle moyen entre vêlages de 429 jours. Le bénéfice par vache était très variable, de positif (12 522 DH) à déficitaire (- 9 650 DH), avec une moyenne de 1 610 DH. Les charges liées à l'alimentation du cheptel représentaient 78,6 % des charges totales, témoignant de l'importance des pratiques alimentaires, non seulement sur les résultats économiques globaux mais aussi par rapport à la stratégie générale d'élevage adoptée par les gestionnaires d'étables.

III-4-3-b Evaluation des différences entre régions de l'activité laitière des exploitations agricoles

Une comparaison générale des statistiques élémentaires décrivant les étables de Rabat - Salé et celles du Gharb est représentée au tableau 23. Elle montre de prime abord, que les variables liées à l'intensification de la production laitière (rendement par vache, allocation en concentrés par vache, effectifs de vaches par troupeau et ratio des ventes du lait par rapport aux ventes totales) sont plus élevées dans la région de Rabat - Salé par rapport au périmètre du Gharb. Ce résultat semble paradoxal par rapport aux atouts que présente le Gharb, puisque ce périmètre, avec son infrastructure d'irrigation, devrait être plus propice à la production de fourrages et donc garantir de meilleures conditions pour un élevage laitier intensif.

Tableau 23. Comparaison générale des fermes laitières au périmètre irrigué du Gharb et dans la ceinture suburbaine de Rabat - Salé.

Paramètres

Moyenne #177; écart type

 

Rabat - Salé

Gharb

 
 
 

Charge (ha de fourrages/vache)

0,53 #177; 0,67

0,47 #177; 0,42

Variation d'inventaire Relative, VIR (%)

-0,22 #177; 0,85

-0,06 #177; 0,52

Moyenne Economique, ME (kg/vache)

3 219 #177; 1 087a

2 588 #177; 1 121b

Concentrés/kg de lait, UFL cc/kg lait

0,73 #177; 0,28a

0,59 #177; 0,38b

Concentrés/vache/an, UFL cc/v/an

2 209 #177; 758a

1 187 #177; 760b

Ratio Fourrages/Concentrés, FCC (%)

60,6 #177; 63,1b

116,0 #177; 126,2a

Ventes de bovins/ ventes de lait, VAL (%)

52,2 #177; 86,3

73,0 #177; 81,9

Charges alimentaires/charges totales, CAT (%)

81,0 #177; 15,1

77,8 #177; 14,5

Prix de revient du kg de lait, PRK (DH)

3,8 #177; 1,8

3,4 #177; 1,9

Bénéfice par vache, BV (DH)

1 553 #177; 4 287

1 777 #177; 3 472

a,b Les moyennes avec des lettres différentes sur la même ligne sont significativement différentes (P<0,05).

Au contraire, les étables du périmètre du Gharb semblent adopter des pratiques d'élevage plus extensives que celles de Rabat - Salé, avec des ventes de bovins plus importantes (73 % de la valeur du lait vendu par rapport à 52,3 % à Rabat - Salé), une moindre utilisation de concentrés alimentaires par vache (1 188 UFL contre 2 209 UFL à Rabat - Salé), et des rendements laitiers par vache inférieurs (2 588 kg contre 3 218 kg à Rabat - Salé). De plus amples analyses des pratiques adoptées par les éleveurs montrent que dans 45 étables du Gharb, un arrêt total de la distribution de concentrés aux vaches a été observé dès que le fourrage principal (bersim) devient disponible (du mois de novembre à la fin du mois de mai). Ceci y résulte en une contribution plus importante des fourrages à l'apport énergétique global (ratio Fourrages/Concentrés de 116,0 contre 60,6 % à Rabat - Salé). Dans la zone de Rabat - Salé, de telles pratiques étaient totalement absentes, puisque toutes les étables ont distribué des concentrés, tout le long de l'année, en quantités variables.

Il n'y avait pas d'écarts importants entre les deux régions vis-à-vis du bénéfice moyen dégagé par vache (1 553 DH à Rabat - Salé et 1 777 DH au Gharb). Les deux régions ont présenté des valeurs de rentabilité par vache très variables, avec pour les deux des écart - types supérieures au double de la moyenne. Les résultats économiques moyens par vache sensiblement plus élevés au Gharb pourraient être expliqués par les ventes plus intensives de bovins dans les étables de cette région.

Cette comparaison préliminaire des styles d'élevage entre les deux régions n'est cependant basée que sur une analyse de moyennes générales. Or, comme tous les paramètres décrivant les fermes sélectionnées sont caractérisés par une ample variabilité (moyenne généralement inférieure à l'écart type), des analyses statistiques complémentaires seraient nécessaires pour ordonner les observations par rapport aux groupes de variables les plus déterminantes et pour se focaliser concrètement sur l'effet éventuel de la région. Ceci affinerait les comparaisons et permettrait ensuite de se débarrasser des effets liés à la région afin d'entreprendre une classification non biaisée des élevages laitiers.

III-4-3-c Résultats des analyses statistiques multidimensionnelles

A l'issue de la mise à l'écart des 4 fermes aux caractéristiques de taille trop écartées du reste, une ACP générale a été appliquée aux 114 étables restantes. Les trois premiers axes factoriels obtenus ont ainsi expliqué 69,9 % de la variation totale.

.

L'axe 1 avec 29,4 % de la variation totale caractérise concrètement les pratiques d'alimentation du cheptel bovin sur les exploitations. Il est fortement corrélé aux variables « Concentrés par kg de lait , UFL cc/kg lait» et « Ratio Fourrages sur Concentrés dans le bilan alimentaire global, FCC ». Cet axe va donc différencier les exploitations à fortes consommations de concentrés par kg de lait et à faibles utilisation de fourrages dans l'alimentation des vaches, de celles à caractéristiques opposées.

L'axe 2 représente 21,7 % de la variation totale. Il peut être considéré comme un axe reflétant l'intensification laitière, puisque uniquement corrélé à la variable « Moyenne Economique, ME ». Il va donc opposer les fermes avec un important rendement laitier par vache à celles avec des vaches moins productives.

L'axe 3 constitue 18,7 % de la variation totale. Il est surtout corrélé aux variables reflétant le poids des ventes de bovins dans les fermes étudiées, telles que « valeur des animaux par rapport au lait, VAL » et « Variation d'Inventaire Relative, VIR ». Par conséquent, cet axe discrimine les élevages avec d'importantes ventes de bovins et des variations de stock négatives des fermes avec des caractéristiques orientées vers l'augmentation de stocks animaux et la réduction des ventes de bovins.

Cette ACP globale sur les 114 étables des deux régions ne permet pas de différencier les étables selon leurs performances économiques. C'est pourquoi, nous avons opté pour un approfondissement de l'étude des différences régionales par la mise en oeuvre d'analyses inter et intra régionales, afin de clarifier, d'une part, l'ampleur de cet effet de la région, et d'autre part, d'éliminer cet effet de la région.

Une ACP inter régions a été appliquée au jeu de données en vue de mettre en relief un éventuel impact de la région sur les caractéristiques d'élevage laitier. Un seul axe factoriel en est résulté, avec un test de Mantel très significatif (P < 0,05). L'illustration graphique de cette ACP inter région est représentée dans les figures 16 et 17.

UFL cc/

kg lait

UFL cc/

v/an

Charge

PRK

BV

VIR

VAL

FCC

ME

CAT

Axe factoriel 1

- +

BV : Bénéfice par Vache ; CAT : Charges Alimentaires par rapport aux charges Totales ; Charge : Charge bovine exprimée en ha de fourrages par vache ; FCC : Rapport Fourrages sur Concentrés dans le bilan alimentaire ; ME : Moyenne Economique ; PRK : Prix de revient du kg de lait ; UFL cc/ kg lait : Unités Fourragères Lait par kg de lait ; UFL cc/v/an : Unités Fourragères Lait des concentrés par vache et par an ; VAL : Valeur des ventes d'animaux par rapport au lait ; VIR : Variation d'inventaire Relative.

Figure 16. Projection des variables sur l'axe factoriel issu de l'ACP inter régions.

Il apparaît de ces deux figures que les exploitations de la région du Gharb sont liées à toutes les variables retenues pour caractériser le fonctionnement des élevages laitiers, ce qui confirme que cette région groupe une plus large gamme de types d'élevages bovins par rapport à la zone suburbaine de Rabat - Salé. Cette dernière, comme nous l'avions déjà évoqué à l'analyse des moyennes par zone, semble au contraire plus liée aux variables reflétant l'utilisation des concentrés et leurs effets sur la production laitière (moyenne économique), ce qui constituerait une indication préliminaire sur une intensification relative de la production laitière dans cette zone.

Ces résultats impliqueraient que la spécialisation laitière souhaitée par les organismes de développement après le lancement des mesures du « Plan Laitier » est loin d'avoir été atteinte. En fait, la production laitière semblerait plus intensive dans la ceinture périurbaine de Rabat - Salé, même avec moins de fourrages de bonne qualité par vache.

Axe factoriel 1

- +

Figure 17. Projection des exploitations des régions suburbaine de Rabat - Salé (R) et irriguée du Gharb (G) sur l'axe factoriel issu de l'ACP intra régions.

L'ACP intra région a été effectuée en vue d'éliminer les effets liés à la localisation géographique. Les résultats qui en découlent montrent que les trois premiers axes représentent 68,3 % de la variabilité totale (Tableau 24). L'interprétation de la signification de ces trois axes peut être obtenue à partir des corrélations qui les lient aux variables (figure 18).

Tableau 24. Résultats de l'ACP intra région : définition des axes.

Axe

Corrélation des variables aux axes

Proportion

Variation cumulée

 

Variables

Corrélation à l'axe

(%)

(%)

 
 
 
 
 

1

UFL cc/kg lait

0,71

 
 
 

PRK

0,62

29,0

29,0

 
 
 
 
 

2

VIR

0,66

 
 
 

BV

0,53

21,0

50,0

 
 
 
 
 

3

UFL cc/v/an

0,48

 
 
 

ME

0,46

18,3

68,3

BV : Bénéfice par Vache ; ME : Moyenne Economique ; PRK : Prix de Revient du kg de lait ; UFL cc/kg lait : Unités Fourragères Lait des concentrés par kg de lait ; UFL cc/v/an : Unités Fourragères des concentrés par vache et par an ; VIR : Variation d'inventaire.

L'axe 1, avec 29,0 % de la variation totale, reflète l'efficience économique de valorisation des concentrés alimentaires en lait (corrélé fortement aux variables « Prix de Revient du kg de lait, PRK » et « Unités Fourragères issues des concentrés par kg de lait, UFL cc/kg lait »). Cet axe va logiquement opposer les fermes qui gaspillent des concentrés et auront par conséquent des prix de revient du kg de lait élevés, à d'autres qui extériorisent de meilleures valorisations métaboliques de l'énergie des concentrés en lait avec des prix de revient du lait limités.

L'axe 2 (21,0 % de la variation globale) est encore plus lié à l'économie de l'élevage laitier, puisque corrélé aux variables Variations d'Inventaire Relative « VIR », et Bénéfice par Vache « MBV ».

Axe 2

Finalement l'axe 3 (18,3 % de la variation) est liée à l'intensification laitière, à travers sa liaison à la variable Unités Fourragères des Concentrés consommées par vache et par an « UFL cc/v/an », et ses conséquences sur le rendement laitier par vache ou Moyenne Economique « ME ». Aussi, cet axe est-il caractéristique des fermes avec des rendements laitiers moyens par vache élevés et des consommations de concentrés supérieures à la moyenne.

Axe 1

BV : Bénéfice par Vache ; CAT : Charges Alimentaires par rapport aux charges Totales ; Charge : Charge bovine exprimée en ha de fourrages par vache ; FCC : Rapport Fourrages sur Concentrés dans le bilan alimentaire ; ME : Moyenne Economique ; PRK : Prix de revient du kg de lait ; UFL cc/kg lait : Unités Fourragères Lait par kg de lait ; UFL cc/v/an : Unités Fourragères Lait des concentrés par vache et par an ; VAL : Valeur des ventes d'animaux par rapport au lait ; VIR : Variation d'inventaire Relative.

Figure 18. Projection des variables techniques et économiques caractérisant les fermes laitières sur le plan principal défini par l'ACP intra régions.

Ainsi, il apparaît qu'avec la mise à l'écart de l'effet région, à travers l'ACP intra région, l'interprétation des axes a évolué pour rassembler toutes les caractéristiques des étables, notamment les aspects de rentabilité qui se trouvent mis en exergue. En effet, avec l'ACP globale, qui ne tenait pas compte des différences entre régions, la rentabilité de l'élevage laitier n'était pour ainsi dire pas prise en compte.

La dernière étape de cette série d'analyses multidimensionnelles a visé la constitution d'une typologie générale de ces 114 exploitations étudiées, à travers les scores obtenus par l'ACP intra-régions. Quatre groupes d'exploitations laitières ont été définis. Les résultats de la classification ascendante hiérarchique établie sont reportés au tableau 25.

Tableau 25. Caractéristiques moyennes des types d'élevage bovin identifiés par la classification ascendante hiérarchique.

Groupe

a

b

c

d

 
 
 
 
 

Nombre de fermes

41

40

26

7

Charge (ha fourr./v)

0,4 #177; 0,4

0,4 #177; 0,4

0,4 #177; 0,5

1,7 #177; 1,0

VIR (%)

- 0,6 #177; 0,7

0,1 #177; 0,3

0,3 #177; 0,5

0,3 #177; 0,6

ME (kg de lait/vache)

2 334 #177; 805

3 731 #177; 888

2 163 #177; 681

2 655 #177; 825

UFL cc/kg lait

1,54 #177; 0,74

0,97 #177; 0,29

1,08 #177; 0,48

0,45 #177; 0,44

UFL cc/v/an

2 819 #177; 1 150

3 148 #177; 1 355

2 117 #177; 1 316

988 #177; 1 134

FCC (%)

98,4 #177; 87,5

98,6 #177; 86,3

167,4 #177; 158,2

685,4 #177; 425,2

VAL (%)

122,6 #177; 94,0

24,3 #177; 20,5

11,7 #177; 22,4

116,1 #177; 71,2

CAT (%)

83,3 #177; 14,5

73,7 #177; 11,9

86,7 #177; 11,5

60,2 #177; 15,8

PRK (DH/kg de lait)

4,3 #177; 2,1

2,4 #177; 0,5

4,0 #177; 1,5

2,5 #177; 0,9

BV (DH/vache)

2 289 #177; 4 143

2 489 #177; 2 261

- 2 311 #177; 2 790

4 684 #177; 2 728

BV : Bénéfice par Vache ; CAT : Charges Alimentaires par rapport aux charges Totales ; Charge : Charge bovine exprimée en ha de fourrages par vache ; FCC : Rapport Fourrages sur Concentrés dans le bilan alimentaire ; ME : Moyenne Economique ; PRK : Prix de revient du kg de lait ; UFL cc/kg lait : Unités Fourragères Lait par kg de lait ; UFL cc/v/an : Unités Fourragères Lait des concentrés par vache et par an ; VAL : Valeur des ventes d'animaux par rapport au lait ; VIR : Variation d'inventaire Relative.

L'interprétation des résultats de la classification ascendante hiérarchique montre que le groupe (a) est constitué de 40 exploitations pour lesquelles les variables Prix de Revient du kg de lait « PRK » et Unités Fourragères des concentrés par kg de lait « UFL cc/kglait » sont largement supérieures à la moyenne. Ce sont aussi des exploitations qui affichent des valeurs supérieures à la moyenne pour la variable Variation d'Inventaire Relative « VIR ». Par conséquent, les exploitations de ce groupe (a) seront projetées principalement sur la partie négative des deux axes 1 et 2 de l'ACP intra-régions. Ces fermes laitières peuvent ainsi être considérées comme gaspilleuses de concentrés avec des ventes massives de bovins pour réaliser l'équilibre économique, sans aucune spécialisation en lait.

Le groupe (b) rassemble 41 fermes. Leur caractéristique principale est la recherche de rendement laitier (3 731 kg/vache) par rapport à une moyenne générale de 2 844 kg/vache. Les consommations de concentrés par kg de lait sont réduites. Ces exploitations seront donc principalement projetées positivement sur les axes 1 et 3 de l'ACP intra-régions. Toutefois, la rentabilité moyenne par vache demeure modérée en raison de ventes de bétail moins importante que dans le premier groupe.

Le groupe (c), avec 26 fermes, représente les fermes déficitaires. Toutes les fermes le constituant sont projetées exclusivement sur la partie positive de l'axe 2, tandis que leurs autres caractéristiques sont proches de la moyenne générale pour tout l'échantillon de fermes étudiées. Ce groupe rassemble donc les fermes déficitaires eu égard à l'atelier d'élevage laitier.

Le groupe (d) est constitué de 7 fermes d'élevage bovin qui peuvent être qualifiées de mixtes extensives. Il présente des ateliers de vaches tous projetés positivement sur l'axe 1 et négativement sur l'axe 3. Il représente donc les fermes avec une importante valeur pour la variable « Charge » (superficie fourragère par vache laitière) mais un rendement laitier limité par vache présente. Le ratio Charges alimentaires par rapport au total des charges est en conséquent réduit. Les fourrages représentent près de sept fois (685 %) les allocations en concentrés, dans le bilan énergétique global. C'est pourquoi ces exploitations peuvent être davantage considérées comme productrices extensives de viande bovine que laitières, à l'instar du groupe des éleveurs extensifs avec un penchant vers la production de viande distingué dans la typologie effectuée dans le périmètre irrigué du Gharb.

En analysant la répartition par région des fermes au sein des groupes identifiés par la classification ascendante hiérarchique, il s'avère que seul le groupe (d) est typiquement lié à la région du Gharb, avec six des sept fermes qu'il contient étant situé dans ce périmètre irrigué. Les groupes a) (19 étables au Gharb, 21 à Rabat -Salé), b) (26 du Gharb, 15 de Rabat - Salé) et c) (17 du Gharb, 9 de Rabat - Salé), présentent la caractéristique commune de rassembler des étables des deux régions.

IV-4-4-d Discussion des résultats de la typologie comparative des étables laitières à Rabat - Salé et dans le Gharb

L'ACP inter régions a mis en exergue des différences quant aux pratiques d'élevage, principalement liées à l'usage des concentrés, entre la région suburbaine de Rabat - Salé et le périmètre irrigué du Gharb. Une tendance similaire a été rapportée par EDDEBBARH [1986] lorsqu'il a comparé des étables du Gharb à des élevages laitiers de la ville de Fès, au Maroc. Cet auteur a aussi trouvé des rendements laitiers annuels par vache plus élevés en zone suburbaine (2 525 kg) par rapport à ceux enregistrés en périmètre irrigué (1 654 kg), notamment grâce à un usage plus important de concentrés.

En éliminant l'effet région, grâce à une ACP intra région, il apparaît que toutes les variables caractérisant les exploitations sont bien représentées (rendement laitier par vache, rentabilité et pratiques alimentaires). La typologie réalisée par une classification hiérarchique montre que les fermes des trois premiers groupes constituent 105 des 114 exploitations étudiées. Ces trois groupes illustrent des échantillons très divers de stratégies d'élevage laitier : des fermes qui gaspillent des concentrés et qui ont recours à des ventes de bovins pour accéder à l'équilibre économique (groupe a), des fermes qui réalisent des rendements laitiers élevés par vache et se dispensent de ventes d'animaux (groupe b) et enfin des fermes avec un important déficit économique par vache (groupe c). Il n'a pas été noté de lien spécifique entre un groupe donné et une location géographique, ce qui confirme les assertions de MEYER et DENIS [1999] à propos de la diversité des systèmes d'élevage laitier en pays du Sud. Selon ces auteurs, cette variabilité des performances et des modes d'élevage bovin est bien plus en relation avec l'efficience de conversion des aliments plutôt qu'avec la disponibilité des aliments ou les facilités d'irrigation des fourrages.

En fait, avec un rendement moyen en lait de 3 218 kg par vache, la région de Rabat -Salé réalise une performance bien meilleure que celle du périmètre irrigué du Gharb. Toutefois, cette intensification est totalement due à des consommations plus élevées de concentrés par vache à Rabat - Salé (2 210 UFL) qu'au Gharb (1 188 UFL). Ce début d'intensification de la production laitière en zone suburbaine n'est cependant pas synonyme de spécialisation en lait [SRAÏRI et LYOUBI, 2003]. En effet ces fermes conservent toutes de jeunes mâles à l'engraissement. L'intensification semble en revanche plus liée aux facilités de commercialisation du lait dans cette zone. En effet, dans le périmètre du Gharb, avec les centres de consommation éloignés des fermes, le lait ne peut être vendu qu'au travers de centres de collecte collectif à un prix inférieur de près de 15 % à celui qui est offert par les réseaux de collecte privée (colporteurs) dans les abords des grandes villes. Ce genre de situations est très commun dans les pays en voie de développement et implique l'émergence de « bassin laitier » dans les banlieues de nombreuses agglomérations [DEBRAH et al., 1995 ; LOSADA et al., 2000]. Par conséquent, et même paradoxalement, la production bovine laitière de type « hors-sol » basée sur des apports massifs de concentrés, semble économiquement plus efficace en zones urbaines que dans les périmètres agricoles irrigués, même si dans ces derniers les fourrages sont plus abondants. Les exploitations étatiques qui ont été ôtées des analyses multivariées pour des raisons de taille du cheptel et de superficie, représentent le pic de cette intensification laitière reposant sur des quantités massives de concentrés (3 908 UFL par vache).

Par ailleurs, les exploitations caractérisées par un rendement laitier très réduit et une orientation allaitante (groupe d) sont quasi exclusivement situées dans la région du Gharb (6 sur 7). Ce résultat est en accord avec les observations précédentes relatives aux différences du prix du lait à la ferme entre zones rurales, mêmes irriguées, et ceintures urbaines. Il peut aussi être attribué à des prix du lait offerts aux éleveurs par les industriels en stagnation depuis plus de 10 ans [AKESBI, 1997], et aussi par les fréquentes pénalités, souvent non justifiées, qu'appliquent les usines laitières aux centres de collecte collectifs [SRAÏRI et MEDKOURI, 1999]. Toutefois, cette orientation viandeuse d'étables dotées de vaches de type Holstein, et qui est passible de se renforcer si les termes du marché du lait frais demeurent tels qu'ils sont, nécessite des mesures d'accompagnement ciblées (non des moindres, la constitution d'un cheptel de races à caractères viandeux meilleurs que la Holstein). En effet, au Maroc, la production de viande continue d'émaner de troupeaux considérés à tort comme laitiers, dans un contexte d'absence d'importations de races bovines à viande.

Dans une optique de développement, il est évident que des recherches et la vulgarisation adaptées à la réalité de l'élevage bovin intensif avec des vaches de type Holstein sont nécessaires. Ceci pour tirer efficacement profit des populations bovines importées massivement depuis le début des années septante. A un moment où le conseil technique est rare pour les éleveurs, en raison du manque de moyens dans les services d'encadrement zootechnique, des actions à travers des démonstrations de rationnement même avec des fourrages de piètre qualité, pourraient être très fructueuses. Comme les concentrés sont très largement usités, c'est principalement l'amélioration de l'efficience de leur valorisation en lait qui demeure la clé de tout progrès. Comme l'a fait remarquer EDDEBBARH [1986], l'émergence d'une infrastructure de collecte du lait (centres coopératifs) a déjà stimulé, même les élevages aux dimensions les plus modestes, à livrer quotidiennement leur production. Ces mêmes centres pourraient constituer une plate-forme propice à toute action de vulgarisation ciblée, pour peu qu'un choix politique clair soit effectué en direction d'une augmentation de la production laitière locale. Dans le contexte suburbain, des initiatives privées se sont manifestées pour un rendement laitier accru et certaines exploitations s'acheminent vers la spécialisation [SRAÏRI et LYOUBI, 2003]. Cette tendance pourrait se renforcer pour les fermes qui s'investiraient davantage dans l'augmentation du prix auquel elles commercialisent leur lait cru, en le transformant en dérivés (fromages, beurre, petit lait fermenté...), comme le mentionne DE BOER [1985] dans son analyse des évolutions possibles de l'élevage bovin dans les pays en développement.

III-4-4 Conclusion

Cette série de suivis d'élevage bovins laitiers dans deux sites agricoles du Maroc foncièrement différents, a confirmé la prééminence des facteurs de conduite des troupeaux sur les paramètres de taille quant à l'efficience économique et les performances techniques par vache. Elle a aussi dévoilé que la présence de moyens d'irrigation, avec ce qu'il en était supposé de bienfaits pour la production fourragère, n'était pas synonyme d'augmentation de la rentabilité et encore moins des rendements laitiers par vache. Au contraire, c'est dans l'abord de l'agglomération urbaine que se retrouvent les étables les plus productives, stimulées par des approvisionnements bien plus réguliers et massifs en concentrés.

Pareils résultats suggèrent que les habituelles typologies esquissées et qui sont uniquement fondées sur des paramètres de taille (nombre de vaches et superficie totale de l'exploitation) sont erronées et incomplètes pour appréhender la complexité de l'élevage bovin au Maroc. En outre, ces typologies de taille ne peuvent en aucun cas embrayer sur des actions efficaces de développement au niveau des élevages bovins, car elles butent immédiatement sur la réalité crue : plus de 85 % des vaches sont situées dans des étables de moins de cinq vaches. Au contraire, en s'intéressant aux pratiques d'élevage et à leurs incidences, il est alors possible d'identifier des genres différents de stratégies. Celles-ci nécessitent des actions ciblées et spécifiques pour rehausser la rentabilité et la productivité en lait et même en viande des fermes, étant donné la proportion fort importante d'élevages mixtes rencontrés. C'est là une condition sine qua non pour assurer le maintien, voire l'essor, de l'élevage bovin et de canaliser à bon escient les faibles moyens encore investis dans la vulgarisation agricole.

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