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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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I.2.4 Application des recherches sur les systèmes agricoles aux activités d'élevage

La majorité des études des RSA ont été appliquées ces dernières années aux systèmes de cultures dans les pays en développement, initiées par des organismes internationaux tels que l'IRRI (International Rice Research Institute), le CIMMYT (International Maize and Wheat Improvement Center), l'ICARDA (International Center for Agricultural Research in the Dry Areas), le CIAT (Centre International d'Agronomie Tropicale) ou l'IPGRI (International Plant Genetic Resources Institute), à un moment où les recherches sur les productions animales sont restées à un stade moins avancé [ZWART et DE JONG, 1996]. Néanmoins, dans les pays développés, les préoccupations des zootechniciens et vétérinaires commencent à se focaliser sur ce type de recherches, face aux crises récentes du secteur des productions animales (maladies « technogènes », telles que l'encéphalopathie spongiforme bovine, manipulations hormonales, surplus de production...) comme le rapporte LANDAIS [1996b]. Dans les pays en développement, ce genre de recherche a été mené dès les premières implantations de colonisation, et visaient pour la plupart à décrire les systèmes d'élevage et leurs rôles dans l'organisation sociale de ces régions [COULEAU, 1968 ; LANDAIS, 1990] et à tester les possibilités d'adaptation d'espèces et de souches plus productives des pays tempérés, notamment les races laitières [DE JONG, 1996 ; JASIOROWSKI, 1991]. A cet égard, des écrits récents font état, sans aucune équivoque, de l'inadaptation des transferts de race allochtones vers des environnements d'élevage difficile et incitent à focaliser plus les efforts de développement vers une conduite plus rationnelle des animaux d'origine locale [AYALEW et al., 2003]

Par rapport aux concepts et objectifs des RSA précédemment cités, les Recherches sur les Systèmes d'Elevage (RSE) conservent exactement la même vision globale et le même souci d'adopter une méthode pluridisciplinaire pour appréhender le fonctionnement des filières animales [NESTEL, 1984]. Certes, des différences peuvent néanmoins surgir, et elles sont pour la plupart dues aux caractéristiques propres des animaux et des modes de leur exploitation. En effet, leur mobilité, leurs multiples rôles (prestige social, statut religieux, outil de production, épargne...), la diversité de leurs productions (produits principaux tels que lait, viandes,... et produits secondaires, tels que fumier et excréta, abats, peaux...), et les problèmes d'échantillonnage au sein des unités d'étude, et de durée des investigations sont autant de points qui peuvent séparer les approches conventionnelles des RSA des méthodes à utiliser en RSE [GRYSEELS, 1988 ; AMIR et KNIPSCHEER, 1989]. Néanmoins, les interrelations entre ces deux volets d'étude des questions agricoles sont trop nombreuses pour justifier de les mener de front plutôt que de rechercher à les dissocier. C'est ainsi qu'en élevage de bovins laitiers plus particulièrement, DOBREMEZ et BOUSSET [1996] insistent sur l'inévitable prise en compte des résultats globaux de l'atelier des vaches et des cultures, ainsi que de leur interaction, pour pouvoir effectuer une analyse d'un système de production laitière. Ceci est valable quel que soit le contexte et justifie davantage les difficultés des RSE, eu égard à la parcimonie de la collecte de l'information dans plusieurs régions en développement [ANDERSON, 1992]. Cet auteur prévoit aussi une nette amélioration économique des revenus agricoles, si l'épargne pouvait être réinvestie dans le développement des ressources fourragères et la santé animale pour favoriser une interaction dans la valorisation des ressources produites sur l'exploitation (animales et végétales). Par ailleurs des similarités peuvent lier élevage et cultures, puisque les parcelles plantées peuvent aussi assumer une multitude de fonctions [WILLIAMSON et PAYNE, 1965].

La volonté de développer les systèmes d'élevage s'est appuyée sur les outils de classification pour appréhender les leviers d'action afin d'en améliorer les performances [FRESCO et WESTPHAL, 1988]. Comme déjà mentionné, les modes de classification considèrent surtout les accès aux ressources et leurs éventuels changements [HAYAMI et RUTTAN, 1985]. Dans ce sens, SCHIERE et DE WIT [1993] proposent sur la base d'une abondante bibliographie, un exemple de classification, sous forme de matrice à deux dimensions, où la disponibilité en ressources pour les éleveurs est exprimée relativement par rapport à un état optimal grâce aux signes « plus » + et « moins » -, et représente un premier axe, et où la place de l'élevage est comparée aux cultures sur le deuxième axe. Par ailleurs, ils distinguent, pour des raisons de commodité de classement et selon des travaux antérieurs [BROMLEY, 1992], deux types de systèmes d'élevage : à haut et à bas niveau d'utilisation d'intrants exogènes.

Avec ces hypothèses, SCHIERE et DE WIT [1993] aboutissent à une représentation globale des systèmes d'élevage, avec des exemples caractéristiques à travers le monde, tels que figurés dans le tableau 3.

De cette matrice, il apparaît que la tendance à l'expansion, terme consacré dans la terminologie adoptée par ces auteurs pour désigner l'investissement de nouvelles terres, est la caractéristique des zones à fortes disponibilités en terres, peu productives en l'état, où les formes d'élevage les plus communes sont la transhumance et à un degré extrême le nomadisme [BERNUS, 1990].

Tableau 3. Matrice pour la représentation des systèmes d'élevage.

Tendance

Accès aux ressources

Importance relative de l'élevage et des cultures

 

Terre

Travail

Capital

Elevage

Mixte

Cultures

Expansion

+

-

-

Trans-humance

Nomadisme

Elevage pastoral : Maghreb

Céréales extensives

Bas Niveau

-

+

-

Hors-sol Achats d'aliments réduits

Dehesa espagnole

Elevage montagnard

Riziculture

Horticulture

Intermédiaire

-

-/+

-/+

Embouche

Elevage laitier extensif

Traitement des pailles

Ley-farming

Agro

foresterie

Agriculture biologique

Haut Niveau

-

-

+

Production laitière intensive

Production périurbaine

Production avicole

Plantations industrielles

D'après SCHIERE et DE WIT [1993]

Les systèmes d'élevage à bas niveau d'intrants exogènes sont surtout en vigueur dans les régions carencées en sols fertiles ou dans les zones marginales, notamment montagneuses. Dans ces types d'élevage une attention toute particulière est réservée au travail, qui compense en quelque sorte le faible niveau de capitalisation. ZWART et DE JONG [1996] mentionnent que la majorité des unités d'élevage dans les pays en développement, surtout celles détenues par de petits producteurs, peut être classée dans cette catégorie.

Les systèmes intermédiaires s'érigent comme une sorte d'alternative aux manques d'intrants dans les exploitations à niveau d'investissement réduit. Ils s'appuient sur une thèse d'équilibre des bilans de fertilité au sein de ces entités [HAYAMI et RUTTAN, 1985]. En d'autres termes, même le recours à des intrants externes à l'exploitation doit être considéré comme un transfert de capital qu'il faut neutraliser par une certaine production. L'un des points de départ du fonctionnement de ces systèmes est la limitation des facteurs exogènes et donc l'ajustement des besoins en fonction des ressources disponibles. C'est dans ce type de système qu'un vaste transfert de technologie, notamment de biotechnologies [SCHIERE, 1995], a été tenté dans les élevages laitiers des pays en développement (traitement à l'urée des résidus de culture, croisements avec des races locales, micro-irrigation de fourrages...). Néanmoins, les attitudes des éleveurs des pays en développement vis-à-vis du recours à ces rudiments de technologie restent fort mitigées, car ils doivent constamment intégrer dans leur calcul la gestion du risque économique [COUTY, 1989].

Les systèmes d'élevage à haut niveau d'inputs exogènes sont par essence les élevages laitiers des pays développés. Ils compensent la rareté des terres de pâturage par le recours forcé aux fertilisants, aux médicaments et même aux aliments pour le bétail. La valeur monétaire de ces intrants est généralement basse par rapport à celle des produits et du travail, ce qui explique souvent leur sur-utilisation, allant même jusqu'à compromettre la viabilité de ces systèmes (pollution par les nitrates, excédents de production...).

Pour conclure sur l'opposition latente qui sépare les systèmes d'élevage laitiers en pays développés à ceux des pays en développement, BRAND et al. [1996] ont proposé un schéma récapitulatif et simplifié qui permet de mieux appréhender les niveaux où interviennent ces différences (figure 1).

* Contraintes religieuses, culturelles et socio-économiques

C

* Population humaine

*Gestion A

 

* Superficie agricole

* Disponibilité des intrants

* Obligations de travaux en commun

*Maladies

* Associations paysannes (coopératives)

*Disponibilité alimentaire

 

* Taille du groupe familial

* Productivité Type de fermes

 
 

* Accès aux bois de chauffe

Lait, viande

Animaux de renouvellement

 

?

* Besoins en combustibles

* Flux monétaires, Revenus

 
 

* Accès aux pâturages communautaires

* Demande du consommateur B

 

* Taxes et intérêts

* Force de traction, fumier

* Accès aux marchés

 

* Prix en post - récolte

 
 

* Conditions climatiques

* Stabilité politique

* Qualité et type de cultures et de sols

 

D'après BRAND et al. [1996]

Figure 1. Représentation simplifiée des différences entre les systèmes agricoles monofonctionnels des pays développés (parties A et B) et les systèmes agricoles plus extensifs et multifonctionnels des pays en développement (partie C à ajouter à A et B).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery