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Typologie des systèmes d'élevage laitier au Maroc en vue d'une analyse de leurs performances

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par Mohamed Taher Sraà¯ri
Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux, Belgique - Doctorat en Sciences agronomiques et Ingénierie biologique 2004
  

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IV-2-3 Analyse des paramètres de production et de rentabilité de l'étable de la zone pluviale

L'exploitation des données brutes a fait ressortir les principaux indicateurs techniques de cette étable laitière, la production laitière totale (PLT), la moyenne économique (ME) : ME = (PLT / jours de présence des vaches) x 365, et les unités fourragères lait (UFL) issues des concentrés par vache et par an.

Les quantités d'aliments consommés par les vaches ont été saisies et converties en UFL sur la base des valeurs nutritionnelles des aliments utilisés, à partir des tables publiées par l'INRA [INRA, 1988]. Ceci a été rendu possible par l'absence de pâturage dans cette exploitation, et par la disponibilité de documents montrant les consommations de concentrés durant chaque mois, qui a permis de déterminer le taux d'inclusion des aliments concentrés dans la ration totale consommée par les vaches. Le diagnostic de la reproduction a concerné l'APV et l'IVV moyens.

Comme l'éleveur dispose d'un géniteur, avec lequel il entend pallier les échecs répétitifs de l'insémination artificielle, il a été procédé à un test statistique 2 de Pearson [DAGNELIE, 1975] pour la comparaison des proportions de réussite de la monte naturelle et de l'insémination artificielle. Les données traitées ont concerné 332 actes d'insémination artificielle et 263 saillies.

Une analyse économique de l'activité de production laitière a été réalisée durant chaque campagne agricole, grâce à la détermination du bénéfice d'élevage dégagé par vache, afin de préciser une éventuelle relation entre les critères de conduite technique et les résultats économiques.

IV-2-4 Le troupeau bovin et les variations de ses performances de production et de rentabilité

Toutes les vaches exploitées sont de race Holstein. L'analyse de la dynamique des animaux dans les différents ateliers a permis de décrire la stratégie de l'éleveur. Ainsi, la vente des mâles est presque totale, à l'exception d'un géniteur choisi parmi les veaux nés sur l'exploitation. Les veaux, vendus généralement juste après sevrage, représentent en moyenne 30 % du total des ventes d'animaux vifs. Les génisses sont gardées pour le renouvellement du troupeau, leur vente ne concernant que celles ayant des problèmes de reproduction ou de conformation. En moyenne, 14 % des femelles sont vendues en gestation et 13 % sont commercialisées pendant la phase d'élevage de 3 à 12 mois, le reste étant vendu comme vaches de réforme.

Les taux moyens annuels de renouvellement et de réforme des vaches sont respectivement de 24,0 11,3 % et de 21,4 7,2 %. Il s'ensuit une légère décapitalisation du cheptel, liée à une vente plus intense de vaches lors de la campagne agricole à faibles stocks fourragers, en 1995/1996. Les taux moyens de renouvellement et de réforme restent en deçà des recommandations pour un gain génétique maximal en élevage bovin laitier intensif [ENEVOLDSEN et al., 1996]. Au niveau de cette étable, les mammites, l'insuffisance de production et les boiteries sont les principaux critères de réforme (avec respectivement 31,6 ; 24,6 et 21,1 % des cas), suivis des problèmes de reproduction (17,5 %) et des métrites (5,3 %).

Le travail est entièrement réalisé par des ouvriers masculins permanents, dont le nombre (10) est resté constant durant la période d'étude, soit une moyenne de 46 jours de travail par unité zootechnique et par an, valeur assez semblable à celle retrouvée dans les étables laitières étatiques, avec traite mécanique [SRAÏRI et KESSAB, 1998].

La moyenne économique pour l'ensemble de la période est de 4 916 403 kg de lait par vache et par an, avec un accroissement constant, témoignant d'une volonté d'intensification de la production (Tableau 33). La valeur atteint un maximum en 1996/1997 (juste après la bonne campagne agricole de 1995/1996) avec 5 461 kg. La production annuelle totale est passée de 366 933 kg (1994/1995) à 397 095 kg (1996/1997), reflètant les nouvelles options d'intensification (rations alimentaires conformes aux besoins, sélection plus rigoureuse des génisses de renouvellement). Cette moyenne est supérieure aux résultats obtenus dans d'autres élevages intensifs au Maroc (tels que ceux de la frange suburbaine de la ville de Rabat), car les consommations en concentrés dans ces dernières sont moins importantes [SRAÏRI, 1999a]. Toutefois, elle est nettement inférieure aux 6 016 kg de lait par vache par an de moyenne économique enregistrée dans les élevages de la société étatique (SODEA), plus intensivement encadrés et bénéficiant de facilités d'achats de concentrés [SRAÏRI et KESSAB, 1998].

L'alimentation en concentrés est basée essentiellement sur la distribution de grains de céréales (maïs et orge), du gros son de blé, de la pulpe sèche de betterave, du tourteau de tournesol et accessoirement d'aliments composés. En moyenne, chaque vache reçoit 4 032 605 UFL issues de concentrés par an. Les quantités les plus élevées ont été enregistrées durant l'année 1995/1996 (4 859 UFL), tandis que la valeur la plus faible a été observée en 1994/1995 (3 440 UFL). Ces résultats attestent de la forte influence du climat sur les pratiques d'alimentation des vaches. Le déficit pluviométrique de 1994/1995 s'est répercuté sur les disponibilités fourragères durant l'exercice suivant, ce qui explique la valeur maximale de 4 860 UFL issues des concentrés par vache en 1995/1996.

Chaque kg de lait produit correspond à 0,82 0,15 UFL issues des concentrés (minimum de 0,67 UFL/kg de lait en 1996/1997 et maximum de 1,02 UFL/kg de lait en 1995/1996). Ces valeurs illustrent la très forte dépendance de cette étable laitière vis-à-vis les achats des concentrés ; la ration à base de fourrages ne permettant pas de couvrir les besoins d'entretien qui, d'un point de l'économie de la production, gagneraient à être couverts par les fourrages grossiers [METGE, 1990].

La proportion des concentrés dans la fourniture d'énergie dans le bilan fourrager est en moyenne de 72,9 3,5 % (soit environ ¾ de la consommation énergétique des vaches), ce qui s'explique en partie par la rémanence d'anciennes pratiques d'élevage, du temps où l'on subventionnait la production laitière au Maroc [EL KHYARI, 1985 ; SRAÏRI et KESSAB, 1998]. D'un point de vue financier ces pratiques constituent un très lourd fardeau pour l'éleveur, mais l'absence d'alternative valable pour alléger les charges alimentaires (absence de l'irrigation), et surtout le prestige social conféré par l'élevage de grands effectifs de bovins laitiers [SRAÏRI et MEDKOURI, 1999] ont pour l'instant reporté toute réforme des modes de production sur cette exploitation.

Tableau 33. Variations de l'assolement et de l'alimentation des vaches de 1994/95 à 1996/97 dans une exploitation laitière de Ben Slimane.

 

1994/95

1995/96

1996/97

Moyenne

 
 
 
 
 

Cultures (ha)

 
 
 
 

Vesce-avoine

53,7

41,6

47,0

47,4

Orge

31,4

38,4

33,9

34,6

Maïs

-

-

3,1

1,0

Total

85,0

80,0

84,0

83,0

Alimentation des vaches

 
 
 
 

Moyenne économique

4497

4789

5461

4916

UFLcc/v/ana

3440

4859

3796

4032

UFLcc/kg laitb

0,77

1,02

0,67

0,82

UFLcc/UFLtotalc (en %)

68,2

73,7

76,8

72,9

a UFL cc/v/an : Nombre d'UFL issues des concentrés par vache par an.

b UFLcc/kg lait : Nombre d'UFL issues des concentrés pour chaque kg de lait produit.

c UFLcc/UFL total : Part des concentrés dans la consommation totale d'énergie.

L'âge moyen au premier vêlage, déterminé chez 288 primipares, est de 935,3 97 jours (31,2 mois), avec des variations individuelles importantes (de 768 à 1 123 jours). Ces écarts peuvent être dus à l'alimentation, témoignant d'une mauvaise conduite des génisses pendant la phase d'élevage et traduisant la priorité accordée à l'atelier des vaches laitières aux détriments des autres animaux [HEINRICHS, 1993]. L'alimentation des génisses devrait être améliorée afin de mieux dominer leur croissance. L'intervalle entre vêlages (calculé sur 120 observations) est de 405  89 jours (13,5 mois), moyenne qui concorde avec celle observée dans d'autres étables laitières spécialisées du Maroc, mais qui reste supérieure aux recommandations pour un bénéfice par vache maximal [SCHMIDT, 1989].

Par ailleurs, un test d'indépendance 2 appliqué aux données de la reproduction (comparaison des résultats de la monte naturelle par rapport à l'insémination artificielle) a montré que les taux de réussite de ces deux modes de saillie n'étaient pas significativement différents (45,6 et 40,9 % respectivement) (tableau 34).

Tableau 34. Test d'indépendance statistique (2) de la monte naturelle par rapport à l'insémination artificielle.

Mode d'insémination

Fécondation

Non Fécondation

Total

 
 
 
 

Insémination artificielle

136

196

332

Saillie

120

143

263

Total

256

339

595

2obs = 1,30 ; 2théorique, 1 d.l = 3,84 Pas de différence significative entre mode de saillie

L'arrêt de l'insémination artificielle n'est pas justifié, même si l'éleveur affirme avoir de fréquents différends avec les inséminateurs, notamment suite à leurs nombreux retards et absences. Les échecs des inséminations artificielles comme des saillies doivent être plutôt expliqués par des erreurs de détection des chaleurs, de choix des horaires d'accouplement, ou encore des mortalités embryonnaires [NEBEL et MC GILLIARD, 1993].

Sur la période d'étude, le taux annuel de mortalité des veaux est de 9,6 % en moyenne (compris entre 5,7 % en 1995/1996 et 14,8 % en 1996/1997). Ce paramètre est nettement supérieur au seuil toléré en élevage laitier, qui ne devrait pas dépasser 6,0 % et constitue un sérieux frein à la rentabilité de cet élevage [WOLTER, 1994].

Les proportions du lait (50,5 à 58,5 % du chiffre d'affaires annuel), des ventes de bovins (veaux, génisses et réformes) (37,3 %) et du fumier (7,4 %) ont été relativement constantes sur les trois campagnes étudiées (fig. 25).

Lait

56 %

Bétail

37 %

Fumier

7%

A)

Frais vétérinaires

3 %

Main-d'oeuvre

16 %

Carburant

8 %

Aliments

73 %

B)

Figure 25. Structure du produit brut (A) et des charges d'élevage bovin (B) dans une exploitation laitière de la zone pluviale de Ben Slimane.

L'exploitation étudiée, productrice intensive de lait, est donc également un important pôle de production de bovins. En dépit de son statut d'étable pépinière de la province de Ben Slimane, pourvoyeuse en gènes de qualité pour les exploitations avoisinantes, elle se distingue des étables plus intensives (SODEA) par une stratégie de diversification des produits (lait et viande). Ceci est caractéristique d'une adaptation aux risques de l'aléa climatique, dans la zone de son implantation.

Le chiffre d'affaires total annuel a été peu affecté (de 1 770 859 à 2 005 805 DH) entre les campagnes agricoles de 1994/1995 à 1996/1997, les variations enregistrées étant surtout dues aux ventes de bovins, alors que la production laitière totale est relativement stable (Tableau 35).

Tableau 35. Rentabilité de la production laitière au cours des trois années d'étude de l'élevage de Ben Slimane.

Campagnes Agricoles

1994/95

1995/96

1996/97

 

en DH

en %

en DH

en %

en DH

%

 
 
 
 
 
 
 

CHARGES

 
 
 
 
 
 

Alimentation

1 058 528

71,5

1 411 677

74,7

1 231 754

72,4

Main d'oeuvre

264 000

17,8

264 000

14,0

264 000

15,5

Frais vétérinaires

18 625

1,2

56 395

3,0

25 450

1,5

Inséminations

11 050

0,8

35 955

1,9

33 000

1,9

Carburant et lubrifiants

127 777

8,7

120 661

6,4

147 515

8,7

 
 
 
 
 
 
 

CHARGES TOTALES

1 479 981

100,0

1 888 688

100,0

1 701 719

100,0

 
 
 
 
 
 
 

PRODUITS

 
 
 
 
 
 

Lait

1 036 214

58,5

1 013 255

50,5

1 110 936

56,9

Bovins

576 245

32,6

867 750

43,3

703 050

36,0

Fumier

158 400

8,9

124 800

6,2

139 200

7,1

 
 
 
 
 
 
 

PRODUITS TOTAUX

1 770 859

100,0

2 005 805

100,0

1 953 186

100,0

 
 
 
 
 
 
 

Bénéfice total (DH)

290 878

117 117

251 467

 
 
 
 

Nombre de vaches

82

66

73

 
 
 
 

Bénéfice/vache (DH)

3547

1761

3445

La structuration des charges montre une stabilité des postes de dépenses, avec en moyenne 72,9 % des charges totales pour l'alimentation des vaches, chiffre très proche de celui des unités laitières étatiques au Maroc [SRAÏRI et KESSAB, 1998], dont le niveau de production est nettement plus élevé. Ces valeurs différent de ce qui est généralement trouvé en zone tempérée (Europe plus particulièrement) dans les élevages laitiers (50 à 55 %) [WOLTER, 1994], car les aliments concentrés sont plus onéreux que les fourrages. La main-d'oeuvre (15,8 %), le carburant et les lubrifiants (7,9 %) et les frais d'insémination et soins vétérinaires (3,4 %) représentent les autres charges de production.

Le bénéfice par vache reflète intensément les variations du bénéfice global, les effectifs de vaches ne subissant pas de grands changements. Les ventes de bovins et surtout les intrants mobilisés (aliments) affectent le plus le bénéfice par vache (2 971 DH en moyenne), ce qui le place très en deçà des performances de rentabilité affichées par les étables étatiques (8 242 DH par vache).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci