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La corruption privée : un risque majeur pour les entreprises

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par Pierre ROCAMORA
Université Paul Cezanne, Aix Marseille 3 - Master 2 délinquance économique et financière 2007
  

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II : Conséquences de la corruption

Nonobstant le fait que la légitimité de la lutte contre la corruption ne soit pas à remettre en cause, nombreux sont ceux qui croient que ce phénomène peut aider à graisser les rouages d'une économie lente et sur-régulée. Certaines théories poussant le libéralisme à l'excès, affirment en effet que la corruption est un mal nécessaire permettant à l'économie de prospérer. Il convient donc d'étudier dans un premier temps l'approche qui tend à affirmer que ces pratiques corruptrices sont bénéfiques à notre économie dans une certaine mesure (A). Ensuite, nous nous pencherons sur l'ampleur et les coûts de la corruption, afin de bien appréhender les effets néfastes de ce phénomène sur nos sociétés modernes (B).

A : « Bienfaits » de la corruption.

Un certain courant de pensée s'accorde à dire que la corruption, outre les effets néfastes qu'elle engendrerait, serait un vecteur de richesse, de croissance et d'emploi. En effet, la connotation négative de la corruption a fait que les hommes se sont penchés essentiellement sur l'étude des coûts de ce phénomène. En revanche, l'étude des bienfaits de la corruption - si bienfaits il y a - n'est que très rarement abordée dans les manuels. Or, il apparaît nécessaire pour bien appréhender ce phénomène, de s'interroger sur les éventuels bénéfices que l'on peut tirer de cet acte illégal. L'on peut légitimement parler de bénéfice, car la personne qui pratique cette corruption, tire un avantage à la pratiquer. Mais l'étendue du problème ne réside pas seulement dans les avantages qu'une personne trouve à pratiquer la corruption. Il s'agit de savoir ici quel est l'impact macro-économique de la corruption sur l'économie. La question de la morale doit donc être laissée de côté pour cette analyse des bienfaits de ce phénomène.

Rudy Aernoudt24(*) reprenant la fable des abeilles de Mandeville25(*) démontre à quel point cette histoire qui au départ n'est qu'affabulation, a de plus en plus tendance à devenir réalité. D'après Mandeville, il n'existe pas seulement un rapport entre corruption et croissance économique. L'auteur soutient en effet que si la corruption n'était plus possible, l'économie dans son ensemble s'effondrerait. L'idée centrale de cette fable est que « le monde des abeilles consiste en un essaim d'individus qui tous recherchent leur propre avantage, sans reculer devant des pratiques douteuses. Les abeilles vivaient dans l'opulence. De grands projets de construction flattaient leur vanité et il était bien vu de fréquenter les bars. On pourrait résumer l'état de cette société en disant que chaque partie était pourrie mais que l'ensemble était un paradis. Le Dieu suprême Jupiter...en eut assez de ces pratiques douteuses et voulut faire le ménage - une opération mains propres en quelque sorte. Le Dieu décida de nettoyer la ruche de toute trace de corruption. La tromperie fit place à l'honnêteté, la parcimonie et la sobriété furent mises à l'honneur. Il n'y avait plus de place pour des sentiments tels que la vanité. Personne ne s'évertuait plus en ce sens. La quête de richesses ne faisait plus d'adeptes. Les bars furent fermés, faute de clients, et le marché de la construction s'effondra, faute de moyens financiers. L'artisanat dépérit et les tisserands n'eurent plus de travail ». La référence à une fable peut certes paraître fortuite et illusoire. Mais le sens d'une fable n'est-il pas d'évoquer métaphoriquement une réalité plus profonde ?

De plus, diverses analyses économiques soutiennent la position défendue dans la fable, à savoir que la corruption stimule la croissance. La corruption est alors comparée à l'huile qu'il faut injecter dans les rouages d'un système défaillant, afin de réguler, d'équilibrer le marché et toutes les transactions. Dans son ouvrage intitulé « Political order in Changing Societies », l'économiste libéral Samuel Huntington26(*) écrit qu'« en termes de croissance économique, ce qu'il y a de pire qu'une société centralisée, démocratique et corrompue, c'est une société centralisée, démocratique et honnête ». Cette vision extrême du phénomène de corruption, énoncée par son auteur aux alentours des années 1970, rejoint le courant de pensée qui tend à affirmer que la politique du « laisser-faire » est de loin la plus bénéfique pour l'économie.

Pour Hervé Magnouloux, la corruption peut effectivement servir de lubrifiant à certaines économies sous développées, et permettre ainsi de retrouver une certaine souplesse. D'après cet auteur, « Les pots-de-vin jouent alors des fonctions de « speed money », c'est-à-dire qu'ils permettent d'accélérer des processus de décisions. Les résultats économiques sont ainsi obtenus en « accéléré » et avec des possibilités d'ajustement aux intentions initiales des agents meilleures27(*) ».

Ainsi, les tenants de la thèse des bienfaits de la corruption font partie d'un courant ultra libéral, tendant à affirmer les conséquences positives du « laisser faire » sur les marchés. La seule loi respectable devient alors la loi de la satisfaction personnelle, dans le but d'une satisfaction générale. Mais la réalité est tout autre, et les coûts réels qu'engendrent la corruption démontrent à quel point l'économie est gangrenée par ce phénomène.

* 24 Rudy Aernoudt : « CORRUPTION À FOISON, Regards sur un phénomène tentaculaire », Economie et Innovation, L'Harmattan, Innoval, p. 60.

* 25 B.Mandeville est un médecin et philosophe néerlandais. Sa célèbre fable des abeilles et tirée de son ouvrage intitulé : « The Fable of the Bess », Private vices, Public Benefits, Hackett, 1984.

* 26 Rudy Aernoudt : « CORRUPTION À FOISON, Regards sur un phénomène tentaculaire », Economie et Innovation, L'Harmattan ; p. 61.

* 27 Hervé Magnouloux : « La corruption » ; Collection ETHIQUE et DEONTOLOGIE dirigée par Jean-Yves Naudet Centre de Recherche en Ethique Economique et des Affaires et Déontologie Professionnelle, librairie de l'université d'Aix en Provence, éd 2005, p. 56.

Hervé Magnouloux traite dans son récit de l'optimisation des résultats d'une économie administrée par la corruption. De fait le champ d'application se situe sur le terrain de la corruption publique et non pas sur celui de la corruption privée. Cependant, l'exemple nous apparaît transposable au secteur privée, notamment dans le cas d'appel d'offre pour un marché, de sous-traitance.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway