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La protection des droits de la personne humaine en République Centrafricaine

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par Marius Judicael TOUATENA SIMANDA
Université de Bangui - Maitrise en droit public 2012
  

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Paragraphe 2 : La recherche de l'efficacité

L'efficacité du contentieux administratif en RCA parait relative du fait des retards considérables dans la prise de décision (A). De l'autre, le contentieux administratif a du mal à se décoller eu égard au nombre limité des juges qui sont chargés pour le conduire (B).

A/ Le retard des jugements

Autrefois, on note un nombre relativement faible des arrêts rendus au cours de treize années d'activités judiciaires, soit 14 affaires par an (depuis 1988).

Aujourd'hui, la réforme de 1995 a suscité l'afflux des recours. Ainsi, on a constaté une augmentation importante de recours qui viennent s'ajouter sur ceux non encore instruite devant l'ancienne chambre administrative. En s'étalant à remplir sa mission, le Conseil d'Etat, depuis sa mise en place jusqu'en 1999, a eu à juger 90 affaires. Le Tribunal Administratif a plus statué de 1999 à 2005, il a eu à enregistrer 145 requêtes et en 2009 sur plus de 269 requêtes 131 jugements ont été rendus, dont 124 en six mois. La durée moyenne d'instance est de 4 ans.

Cette lenteur qui peut favoriser le découragement est due au nombre insuffisant des juges.

B/ Le nombre limité des juges

Le personnel des juridictions centrafricaines provient en majorité du recrutement, sur titre, complété par la nomination de divers juristes. Les juges du CE sont nommés par décret. Globalement, il y a 186 magistrats pour tout le pays dont moins de 15 pour les juridictions administratives. Cet effectif ne peut permettre le fonctionnement normal du contrôle juridictionnel et par conséquent ne peut favoriser la protection juridictionnelle efficace des droits de la personne humaine.

Parfois le CE est obligé de réquisitionner un juge du TA pour compléter sa formation de jugement. Chaque juge dispose de plus de 70 dossiers à instruire, un seul commissaire du gouvernement doit présenter des conclusions pour l'ensemble de dossiers instruits par différents juges.

En somme, initialement, c'est contre le pouvoir politique, issu du « pouvoir militaire» qu'a été établi le barrage, « le cordon sanitaire» appelé « droits de la personne humaine». Mais d'autres pouvoirs ont depuis pris le relais : que ce soit le pouvoir de l'argent ou le pouvoir de la science qui, chacun à leur façon, doivent être à leur tour, comme le pouvoir politique, limités, canalisés, «domestiqués» au seul profit de l'homme, lequel doit être l'unique maître de son destin.

Cependant, la violation des droits de la personne humaine trouve un terrain fertile là où le pouvoir politique est très instable. Depuis l'indépendance du pays, plusieurs « coups d'Etat » et de nombreuses mutineries ont été dénombrés, des exactions, abus, actes cruels dégradants et inhumains ont été constatés dans le pays, notamment dans les arrières pays. Cette instabilité politique fait que les réformes favorisant la protection de l'être humain mises en oeuvre n'ont pas toujours produit les résultats escomptés. L'instabilité politique a installé le pays dans un climat d'insécurité généralisée. Les crises politiques et militaro politiques successives se sont traduites par l'implication de l'armée et des forces de l'ordre dans la vie quotidienne. Sous prétexte de maintenir l'ordre public, l'armée a mis en place des barrages qui finalement seront utilisés pour racketter les transporteurs et les usagers et fait des règlements de compte jour et nuit dans le pays. La présence des mouvements de rébellion, des bandes armées dans le pays a fait qu'on ne peut pas affirmer véritablement qu'il y'a efficacement protection de l'être humain. Car nos mamans, nos soeurs, nos frères subissent de torture de toute part dans nos provinces, les conditions de vie ne sont pas bien requises, la famine et les maladies continuent de sévir à grande échelle la population.

Néanmoins, la RCA qui se veut être un Etat de droit, doit pouvoir faire preuve du respect des droits de la personne humaine par une protection efficace et par la mise en oeuvre d'une justice réellement équitable. C'est d'ailleurs le centre d'intérêt d'un Etat démocratique. De ce fait, par la création d'institutions étatiques qui protègent les droits humains et l'agrément ou bien la liberté de création des associations et ONG, l'Etat centrafricain fait preuve de sa volonté pour la protection des droits de l'être humain. On note également les efforts fournis par les juridictions pour que les droits de tout un chacun puissent être respectés.

Mais, il convient de relever que les mécanismes de protection des droits de l'homme sont parfois paralysés. Cette paralysie s'explique par plusieurs facteurs. Certains facteurs sont d'ordre politique. C'est ainsi que le phénomène du pouvoir, du contrôle explique pour partie l'ineffectivité de la protection. Par son pouvoir et ses prérogatives, l'exécutif contrôle parfois les ONG et Associations qui ont pour but de protéger l'être humain. De même, les institutions étatiques dites indépendantes sont sous l'emprise de l'exécutif du fait du choix ou bien de la nomination des leurs composants (membres).

D'autres facteurs sont d'ordre institutionnel. La présence du Chef de l'Etat au sein des organes de gestion de la carrière des magistrats ainsi que le lien ombilical qui unit le parquet au Ministère de la Justice sont de nature à entraver toute répression efficace de la violation des droits de la personne humaine au sein de l'Exécutif. L'indépendance de la justice formellement consacrée par la Constitution n'a en définitive pratiquement pas consistance pratique.

L'insuffisance des moyens matériels et humains s'est traduite par l'action par insuffisance de certains organes de protection. La faiblesse du budget alloué aux juridictions centrafricaines dans l'ensemble, par exemple, entrave le fonctionnement de ces juridictions et du coup bloc parfois l'efficacité de la protection. Cette situation n'est pas spécifique aux juridictions, elle caractérise le fonctionnement de la quasitotalité des Institutions politiques et administratives de la RCA.

Bien que la protection des droits de l'homme ne soit que relative dans le pays, il faut allouer l'effort fourni par l'Etat dans le cadre des droits de l'être humain. On reconnait par-là l'effort qui aboutit à l'élaboration du Projet de Renforcement de l'Etat de Droit (PRED) dont son objectif est de renforcer les institutions du système judiciaire et pénitentiaire, de fourni un service de qualité au citoyen et de réduire les délais de détention. Il conviendrait aussi d'allouer la promulgation de la Loi no12.003 du 12 avril 2012, fixant les principes fondamentaux du régime pénitentiaire en RCA, les engagements conséquents pris par le gouvernement pour favoriser l'épanouissement de la femme50 et aussi la création de la direction générale de la promotion féminine placée sous tutelle du Ministère des Affaires Sociales et de la Solidarité Nationale.

En définitive, nous ne pouvons clôturer ce travail sans pour autant formuler des suggestions à propos de cette analyse. En effet, pour conclure, nous suggérons à ce que les institutions étatiques qui sont appelées à protéger les droits humains puissent respecter et suivre de vrai leur mission par l'application de leurs textes de base et qu'il leurs soient octroyés des budgets considérables afin de bien poursuivre leurs objectifs. De part notre plume, nous voudrions à ce qu'il y ait une indépendance réelle et effective des Associations et ONG qui ont pour vocation de protéger les droits de l'homme en RCA ; car on constate que parfois les autorités de la place font injections sur ces ONG et Associations non étatiques. Cependant, sans l'appui matériel et financier de l'Etat, celles-ci ne parviendront guère à leur mission qui est celui de protéger et de promouvoir les droits de l'être humain ; et donc, il faut y penser à cela. Nous suggérons à ce que soit mise en place une Commission Nationale des Droits de l'Homme regroupant toutes les entités : la classe politique, la société civile, l'administration, etc. Il est souhaitable que la société civile soit obligatoirement consultée et bien même associée dans la prise des décisions.

50 Selon M. Antoine MBAGA, directeur de cabinet au Ministère des Affaires Sociales, journal des droits de l'homme :»kôngô ti doli», no16, p 2.

En dernier lieu, nous suggérons à ce que soit mis à la disposition des juridictions des moyens financiers, matériels et logistiques permettant à ces dernières de remplir à bien leur mission. Car, si dans un Etat la justice ne s'exerce pas véritablement, il ne peut y avoir véritablement respect des droits de l'être humain et cela engendra d'office de la barbarie. Alors pour être loin de l'état barbare, il est véritablement nécessaire que la justice s'exerce réellement dans une condition favorable et descente, c'est-à-dire avoir des moyens suffisants pour son exercice. Car le besoin du maintien de l'ordre, de la paix et de la tranquillité que cherche le Centrafricain repose sur un bon fonctionnement de la justice.

Si la protection des droits de personne humaine, la soumission de l'Etat au droit, le respect des principes démocratiques ainsi que la bonne gouvernance constituent les socles d'un Etat de droit, est ce que la RCA peut se prévaloir être un Etat de droit ?

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