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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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A.3.2. Retour sur l'incertitude

Comme nous l'avons vu dans la partie A.2.3., le principe fondateur gouvernant la cognition lors de la communication est celui de l'inférence.

Ainsi, les interlocuteurs ne décodent pas un message qu'ils Ç reçoivent È, ils infèrent des conclusions tirées du parallèle fait entre les prémisses présentes dans le contexte et les indices laissés par l'un (ou chacun) d'entre eux. Comme le disent Sperber et Wilson (1989:27), à propos de l'opposition entre l'inférence et le décodage, Ç un processus inférentiel a pour point de départ un ensemble de prémisses et pour aboutissement un ensemble de conclusions qui sont logiquement impliquées ou, au moins, justifiées par les prémisses. Un processus de décodage a pour point de départ un signal et pour aboutissement la reconstitution du message associé au signal par le code sous-jacent. È Inférer, si l'on reprend la définition du Nouveau larousse encyclopedique (1994), c'est Ç tirer quelque chose comme conséquence d'un fait, d'un principe. È De ce fait, la communication est un processus déductif, c'est-à-dire dans lequel les communicateurs partent de leurs prémisses pour tirer des conclusions, l'ensemble des prémisses qu'il existe à un énoncé constituant son contexte. Cependant, comme nous l'avons déjà abordé dans l'Introduction24, les conclusions auxquelles arrive chaque communicateur ne peuvent être déduites de façon certaine : bien que partageant un contexte mondain potentiellement manifeste pour les deux, les prémisses des deux interlocuteurs ne sont jamais entièrement semblables, c'est-à-dire que les deux interlocuteurs ne possèdent pas un Ç savoir mutuel È qu'ils partageraient de façon certaine. Un interlocuteur ne sait jamais si les conclusions post-compréhension que l'Autre va tirer de sa production seront les conclusions souhaitées, et en même temps, un interlocuteur ne peut arriver à être certain que les conclusions tirées de sa compréhension sont celles auxquelles l'interlocuteur produisant a voulu arriver. Ce que chacun forme, gr%oce à ses capacités méta-représentationnelles (capacités de se représenter les représentations de l'Autre), ce ne sont que des hypothèses sur le processus cognitif qui ont amené l'Autre à cette communication particulière. Ainsi, la communication est un mécanisme

24 Voir Introduction I.2. L'incertitude

assurant Ç un succès tout au plus probable, mais non certain. È (Sperber&Wilson, 1989:33)

Nous ne pouvons contredire que dans toute communication, ce que souhaite chacun, c'est se faire comprendre, et donc réduire au maximum la divergence potentielle entre les conclusions auxquelles la production veut emmener la compréhension et les conclusions auxquelles arrivent effectivement la compréhension. Inconsciemment, le système déductif utilisé par les interlocuteurs est donc amené à effectuer des choix parmi l'ensemble des hypothèses possibles. Ces décisions sont guidées par le processus de pertinence. Selon la définition de Hjrland et Christensen (2002), Ç une chose A est pertinente pour la tâche T lorsqu'elle augmente les chances d'arriver au but G, lui-même impliqué par T È. De ce fait, toute hypothèse est pertinente pour un locuteur lorsque, en tant que résultat du processus d'inférence, elle lui apparait comme augmentant les chances d'arriver à la minimisation de la divergence des conclusions souhaitées et effectives. Les interlocuteurs n'ayant jamais des prémisses homogènes, chacun produit et comprend en fonction d'une pertinence qui lui est propre, mais aussi en fonction de celle qu'il suppose à l'Autre, c'est-à-dire que chaque production est porteuse de sa pertinence optimale, et que chaque interlocuteur produisant est mené à penser que l'Autre possède les prémisses nécessaires pour tirer les conclusions souhaitées.

Nous avions abordé dans l'Introduction l'analogie que nous pouvions faire entre cette incertitude de la communication et l'expérience de pensée du chat de Schrdinger : un chat est enfermé dans une bo»te, et à un moment aléatoire, un poison peut se renverser dans la boite. Ainsi, tant que la bo»te n'est pas ouverte, nous ne pouvons juger que de la probabilité que le chat soit encore en vie ou non, un expérimentateur voulant ressortir au moment Ç pertinent È un chat vivant ou mort ne peut que juger des probabilités de l'état de celui-ci avant d'ouvrir la bo»te. Il en va de même pour la communication. Tant que le signe n'est pas produit, le locuteur ne peut que suivre des hypothèses, qui l'amèneront à produire l'énoncé aux probabilités de pertinence les plus grandes. Pour ce qui est de la compréhension, l'interlocuteur est amené à reconstruire des hypothèses sur le raisonnement qui a amené l'Autre à choisir ce moment précis pour ouvrir la boite, ou cet énoncé comme porteur de probabilités de pertinence les plus grandes. On retrouve dans cette idée le concept

économique de Ç l'incertitude stratégique È, qui est Ç l'incertitude qui découle de l'interaction des agents, l'environnement est tel que chaque individu doit anticiper le comportement des autres pour prendre sa propre décision. Ici ce n'est pas la "trop faible" rationalité des agents qui est source d'incertitude mais au contraire leur trop parfaite rationalité. È (Viviani,1994:112) Nous retrouvons cela dans notre sujet : l'incertitude au sein de la communication est due au fait que, par essence, la communication est une interaction au sein d'un environnement, et que chacun prend des décisions de communication, en anticipant par hypothèses et décisions sur les hypothèses et décisions de l'Autre. Ainsi, ce qui amène de l'incertitude dans la communication n'est pas Ç l'irrationalité È des décisions d'un interlocuteur, mais au contraire le fait que, rationnellement, un locuteur est conscient qu'il ne lui est possible que d'anticiper et jamais prédire, il ne peut que créer des hypothèses et jamais des certitudes.

La communication est un processus complexe dans lequel chaque échange a pour résultat un ensemble d'hypothèses sur les intentions de l'Autre, mais aussi sur le résultat de l'efficacité de la production de chacun. Les interlocuteurs cherchent à ce que l'Autre reconnaisse leur intention communicative, mais aussi à ce qu'il arrive à certaines conclusions. Se basant sur l'inférence et non sur le décodage25, la communication laisse chacun dans une situation d'incertitude face à l'efficacité effective des processus cognitifs de l'Autre. Cependant, cherchant à comprendre et à se faire comprendre, les interlocuteurs utilisent un système qui est auto-régulé, à savoir un système cybernétique permettant le feedback. Nous verrons cette notion dans le chapitre II. Avant de voir cette notion, nous développerons le fonctionnement de la pertinence dans le système.

25 Décodage selon la définition de la théorie du code

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