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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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B. Théorie du système

communicationnel

Nous venons de voir comment la communication ne pouvait se satisfaire de l'approche de la théorie du code, fondée par Ferdinand de Saussure. De par l'imposition d'une supériorité de la langue sur le langage, la théorie de la transmission crée une inévitable exclusion de la situation communicationnelle ainsi que des interlocuteurs, ce qui sera pris à contrepied par les théories pragmatiques, s'attachant à l'étude du langage dans ses conditions de performances empiriques, plutôt que dans une vaine tentative de description d'une langue-code utilisant des signes-étiquettes et transitant entre deux interlocuteurs idéaux.

Bien au contraire, ce travail suivra l'approche de l'étude pragmatique de la communication, c'est-à-dire l'étude de la communication telle qu'elle est utilisée par les interlocuteurs de façon empirique. Plutôt que de concevoir les signes comme des étiquettes renvoyant à une entrée d'un code dont chaque interlocuteur aurait une copie, les signes seront dans notre travail vus comme des indices permettant aux interlocuteurs d'inférer ce que la situation d'interlocution ne sufÞt pas à communiquer, les interlocuteurs s'accordant tacitement pour que leur communication soit maximalement pertinente, c'est-à-dire que l'économie cognitive de chacun soit maximale, dans la condition que celle-ci ne vienne pas mettre un frein à l'efÞcacité générale du système.

Ainsi nous avons vu que la communication était un système dans lequel les interlocuteurs sont engagés, c'est-à-dire qu'ils font partie d'un ensemble de signes en constante interaction, dans lequel ils échangent des hypothèses et forment des conclusions hypothétiques et inférentielles sur les signes qui les entourent. Nous allons dans cette seconde partie développer plus en profondeur ce qui fonde ce système, ainsi que le fonctionnement interne des éléments qui le composent.

B.1. Stimulus et environnement B.1.1. Stimulus et attention sélective

Nous vivons au quotidien entourés d'un nombre incalculable de Ç choses È sur lesquelles nous pouvons potentiellement communiquer : objets concrets, émotions, idées pour le futur, souvenirs, etc. Comme le dit Gardiner (1989:62), Ç quand nous sommes éveillés, notre esprit n'est jamais au repos. Nos pensées et nos rêveries poursuivent tranquillement leur cours, ne s'interrompant que lorsqu'un événement extérieur ou un souvenir intéressant viennent solliciter notre attention. È

Notre étude se base sur la prémisse théorique que notre recherche ne tend pas vers une réponse au pourquoi nous choisissons de communiquer sur telle ou telle chose puisque Ç dans une pragmatique de la communication humaine, il est parfaitement hors de propos de demander pourquoi un individu a de telles prémisses È (Watzlawick,1972:96), mais sur comment nous communiquons sur cette chose. Comme nous l'avons vu dans l'introduction, il est indéniable que nous communiquons toujours sur Ç quelque chose È. Ainsi, afin d'utiliser un terme générique pour renvoyer à ce Ç quelque chose È, nous emprunterons à la théorie béhavioriste le terme de stimulus afin de référer à ce qui engendre, ce qui stimule la production de signe, Ç l'événement (S) qui provoque une réaction (R) È (Dubois, 1994:442), ce qui renvoie à Ç la situation extralinguistique qui suscite chez un locuteur une réaction verbale, ainsi que la matière acoustique ou graphique qui provoque une réaction, verbale ou non, de la part d'un locuteur. È (Mounin,2004:306) Notre étude étant une étude sémiologique, nous appellerons stimulus toute situation extrasémiotique et matière sémiotique qui suscite une réaction chez un interlocuteur. Selon notre conception, les stimuli peuvent être à la fois intrinsèques ou extrinsèques au système communicationnel.

Cependant, même si le terme y est emprunté, il est important de souligner que le stimulus auquel nous faisons référence n'est pas celui du modèle béhavioriste traditionnel stimulus-réponse (ou modèle S-R), dans lequel le stimulus est considéré

comme un événement extérieur au système à l'origine d'une manifestation à l'intérieur de celui-ci. Ici, le stimulus est la Ç chose È qui a la capacité de stimuler un processus communicationnel, cette Ç chose È pouvant être de façon équivalente intérieure ou extérieure au système, c'est-à-dire de nature très diverse tant qu'elle peut potentiellement stimuler un processus au sein du système. Comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, la communication est un système ouvert (en constante interaction avec son environnement) dans lequel les interlocuteurs sont continuellement engagés. Le stimulus ne peut donc pas être un événement, une Ç chose È entièrement extérieure au système qui engendrerait, provoquerait de manière systématique un processus à l'intérieur d'un système, puisque les processus intérieurs au système sont continuellement actifs, et de façon autonome. Ainsi, Ç le stimulus ne cause pas un processus dans un système par ailleurs inerte, il ne fait que modifier les processus dans un système actif autonome. È (VonBertalanffy,1973:214) En d'autres termes, le stimulus ne cause pas les processus, mais a une potentielle influence sur ces processus autrement autonomes.

Jusqu'ici nous avons couplé la définition du stimulus avec une idée de potentialité, de capacité. Cela est dU au fait qu'il existe deux types différents de stimuli : les stimuli manifestes et les stimuli effectifs.

Les stimuli manifestes sont des stimuli potentiellement effectifs, c'est-à-dire que ce sont de potentielles informations dans un processus inférentiel. Pour reprendre la définition de Sperber et Wilson (1989:65), un stimulus Ç est manifeste à un individu à un moment donné si et seulement si cet individu est capable à ce moment là de représenter mentalement ce (stimulus) et d'accepter sa représentation comme étant vraie ou probablement vraie. (...) ætre manifeste, c'est donc être perceptible ou inférable. È Encore, nous ne nous soucions pas des conditions de vériconditionnalité : un stimulus est manifeste lorsque le contexte fournit potentiellement assez d'indices pour permettre à un interlocuteur d'inférer une conclusion depuis ce stimulus, suite à la mise en parallèle de ce stimulus avec d'autres informations existant dans le contexte. Le stimulus représente Ç toute chose communicable ; la question de savoir si tel (stimulus) est vrai ou faux, valable, non valable ou indécidable n'entre pas en ligne de compte. È (Watzlawik,1972:49) En effet,

nos sens peuvent nous tromper, et les hypothèses sur lesquelles se basent l'inférence sont relatives à l'interlocuteur qui les fait. Ainsi, un stimulus manifeste est un stimulus depuis lequel un interlocuteur est capable d'inférer, un stimulus effectif est un stimulus depuis lequel un interlocuteur infère effectivement.

La transition d'un stimulus manifeste à un stimulus effectif est conduite par l'attention sélective. Bien que nous vivions entourés de choses et de signes, ceux-ci ne se transforment pas tous en information, c'est-à-dire que bien que nous soyons entourés de stimuli manifestes, ils ne deviendront pas tous effectifs, et donc ne seront pas tous utilisés dans une inférence. Deux interlocuteurs à la terrasse d'un café peuvent discuter de leurs vacances au ski sans communiquer sur le goUt du café ou le look du serveur. Ainsi, la boisson ou la tenue du serveur sont des stimuli manifestes, tout comme le sont leurs souvenirs du séjour en montagne, c'est-à-dire que les interlocuteurs peuvent potentiellement communiquer sur l'un comme sur l'autre, mais pourtant pas sur les trois en même temps. Un choix est effectué parmi tous ces stimuli manifestes. C'est l'attention sélective qui permet cette sélection, ce choix du stimulus manifeste qui deviendra un stimulus effectif. Ce processus de sélection est un processus permettant l'économie de l'effort cognitif que créerait l'obligation d'avoir à traiter tous les stimuli manifestes, traitement qui serait impossible aux vues de notre fonctionnement cognitif par lequel Ç nous ne pouvons pas traiter de façon élaborée tous les stimuli qui se présentent à nous simultanément. È (Sieroff,1992:4) L'attention sélective permet au système de ne choisir que le stimulus pertinent. Effectivement, l'ensemble des stimuli est manifeste à un niveau infra-attentionnel, et l'attention sélective est le processus de choix, parmi l'ensemble des environnements, du stimulus manifeste saillant, et donc pertinent, qui deviendra stimulus effectif.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld