B.1.2. L'environnement cognitif direct
Ainsi, les stimuli sont des phénomènes qui
existent au sein de l'environnement du système. Les théories
linguistiques utilisent généralement le terme de Ç
contexte È pour référer à Ç tout ce
qu'englobe l'horizon de la situation ; le fait que ce soient des hommes qui se
parlent et s'écrivent, (...) le moment et le lieu comme les raisons
qu'ils ont de communiquer et de communiquer ainsi. È (Eluerd,1985:13)
Notre travail prenant le tournant de l'étude systémique, nous
préférerons le terme d' Ç environnement È,
terminologie utilisée dans cette approche. L'environnement du
système communicationnel est défini comme l'ensemble des stimuli
qui sont manifestes aux interlocuteurs, c'est-à-dire leurs
environnements cognitifs.
Il est important de noter que l'interaction du système
communicationnel avec son environnement est informationnel : en d'autres
termes, nous communiquons sur et non pas par les
environnements. Ces environnements étant eux-même des informations
sur des perceptions du monde, et non pas le monde, la communication est une
production et une compréhension d'informations sur des informations. En
effet, comme le souligne Bateson (1980:73), Ç c'est ma perception de la
chaise qui est vraie du point de vue de la communication, et ce sur quoi je
suis assis n'est pour moi qu'une idée, un message que je crois vrai.
È En d'autres termes, les stimuli ne sont pas les choses, mais bien des
informations de ce qui est perçu sur ces choses : quand un interlocuteur
communique sur la température de la pièce, sur la phrase qu'a
produit son interlocuteur ou sur le souvenir de ses dernières vacances,
il communique sur les informations perceptibles et perçues sur ces
choses, et non pas par ces choses. Cela permet à la communication
d'utiliser un processus unique pour le traitement de niveaux de perception
différents : les stimuli peuvent être une perception d'une chose
comme un perception d'un signe ou d'un élément existant en
mémoire, et pourtant, ils sont tous traités de la même
façon, dans une boucle infinie de production et de compréhension
d'information(s) sur de l'information.
De cela découle le fait que, comme le disent Gauducheau
et Cuisinier (2004:334), Ç l'(environnement) ne préexiste pas
à l'interaction mais il est coconstruit par les individus au cours des
échanges. È En d'autres termes, à l'inverse de la
conception traditionnelle de l'environnement qui est faite
dans les théories linguistiques, celui-ci n'est pas
prédéterminé et donné au système, en ce sens
que c'est la perception continuellement renouvelée des interlocuteurs
qui le crée. Celui-ci est donc dans un continuel renouvellement, une
continuelle reconstruction et modification de lui-même.
Bien qu'uniforme, nous pouvons diviser l'ensemble de
l'environnement en deux sous-environnements. Ces deux sous-environnements ne
sont pas entièrement séparés puisqu'ils n'ont pas de
frontières imperméables : le processus inférentiel utilise
des stimuli d'un environnement en comparaison et en combinaison à des
stimuli de l'autre environnement. Le premier de ces sous-environnements
cognitifs, que nous allons développer dans un premier temps, regroupe la
catégorie des stimuli appartenant à l'environnement cognitif
direct, au sens d'un environnement directement perceptible par les
interlocuteurs, c'est-à-dire ce que constitue l'ensemble des
informations nouvelles utilisées dans le processus
inférentiel.
L'environnement cognitif direct peut se diviser en deux
sous-environnements. Le premier de ces environnements est l'environnement
situationnel. C'est ce qui est qualifié dans la tradition linguistique
comme Ç monde È, ou comme Ç extralinguistique È.
Cet environnement regroupe l'ensemble des perceptions sur les
éléments, les situations du monde extra-communicationnel. Dans un
environnement étant partie de l'espace-temps, l'environnement
situationnel est l'espace, c'est-à-dire l'ensemble des entités
physiques se situant spatialement à la portée de la perception
sensorielle des interlocuteurs : le lieu dans laquelle ils se trouvent, les
sons qu'ils entendent, la température, etc.
L'environnement cognitif direct est également
composé des signes créés par le système, ce que la
tradition appelle Ç contexte littéral ou cotexte :
l'environnement verbal ou écrit de l'énoncé. È
(Eluerd,1985:13) En d'autres termes, c'est l'environnement crée par
l'existence sémiotique directement présente dans la communication
que sont les stimuli produits, et donc également à la
portée sensorielle des interlocuteurs.
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