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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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B.3. Un système cybernétique B.3.1. Définition

Jusqu'ici, nous avons développé que la communication était un système dans lequel les processus principaux de production et de compréhension sont inséparables et influencés l'un par l'autre. De plus, ce système est un système ouvert, à savoir influencé par son environnement, et par conséquent dépendant de l'espace-temps. Ainsi, aucun signe n'est indépendant de ce qui le précède, ni d'ailleurs de ce qui le suit. Comme nous l'avons vu dans la première partie, nous ne considérons pas qu'il puisse exister de tours de parole échangés entre un communicateur et un récepteur, et de ce fait, tout signe produit devient lui-même un nouveau stimulus et est perceptible, pas seulement pour l'Autre, mais aussi pour celui qui l'a produit. Ainsi, la production, créatrice d'outputs, est simultanée à la compréhension, traitant les inputs, les deux étant entièrement inter-dépendants : tout output est un nouvel input. Ce phénomène, traditionnellement appelé rétroaction, permet au système d'optimiser sa pertinence et aux interlocuteurs d'être dans une constante phase d'apprentissage.

Ce type de système correspond à un système cybernétique, c'est-à-dire un système oü tout output est immédiatement réinjecté en tant que nouvel input. Toute production sémiotique produit un stimulus qui sera manifeste (à la condition que l'Autre puisse percevoir cette production), c'est-à-dire que tout output devient un input potentiel, qui, dans la grande majorité des cas, deviendra effectif. De cette manière, tout output influence les inputs suivants, une production qui semblerait sans rapport avec ce qui lui est antérieur est tout de même influencée par ce qui précède puisque la perception de rupture est due à cette production antérieure. Cette notion de Ç réinjection È de l'output dans le système est appelé feedback, ou rétroaction, qui est la Ç commande d'un système au moyen de la réintroduction dans ce système des résultats de son action. (...) La langue peut être ainsi conçue comme un système autorégulateur. È (Dubois,1994:201) Cette autorégulation est un processus qui existe afin de faire face aux jeux de la communication, de réajuster la mise en commun

communicationnel qui peut être divergente. Comme le disent Sperber et Wilson (1989:311), Ç lorsqu'il y a des problèmes de communication, (l'interlocuteur) doit essayer de découvrir quelle fausse image de lui a permis à (l'Autre) de penser que son énoncé serait optimalement pertinent. È Ainsi, lorsqu'une incompréhension intervient dans la communication, c'est-à-dire lorsque la pertinence est divergente, chaque interlocuteur se doit de découvrir quelle(s) hypothèse(s) les ont amené à cette situation.

Ainsi, la communication est un système cybernétique, et plus précisément un type particulier de système cybernétique. Nous partirons d'une définition générale du système cybernétique, que nous affinerons jusqu'à pouvoir définir le système communicationnel.

VonBertalanffy (1973:20) donne une première définition de la cybernétique comme : Ç la théorie des systèmes contrôlés fondés sur la communication (transfert d'informations), système-environnement et interne au système, et sur le contrôle (rétroaction) de la fonction du système en ce qui concerne l'environnement. È Cette première définition réfère à ce qu'il convient d'appeler la Ç première cybernétique È, et réfère aux systèmes dans lesquels existe une idée de circularité, c'est-à-dire systèmes dans lesquels il existe un retour d'informations, ou contrôle rétroactif, dicté originellement par un observateur extérieur au système. Un parfait exemple d'un système de la première cybernétique est le thermostat d'un radiateur : c'est en contrôlant la chaleur sortante qu'il ajuste sa température pour arriver à la température désirée. Celle-ci, qui est le but à atteindre par le système, est fixée par un élément qui est extérieur au système. Cette extériorité de la norme est étrangère au fonctionnement du système communicationnel, c'est pourquoi la définition de la première cybernétique n'est pas entièrement adéquate à l'étude de ce type de systèmes.

Ainsi, il convient de perfectionner, voir de reformuler cette définition du cybernétique pour un système vivant comme le système communicationnel. Ce type de système est étudié par ce qui est appelé la Ç seconde cybernétique È,

redéfinissant la nature même du système étudié. C'est ce que nous allons voir par la suite.

Alors que la première cybernétique avait pour but l'étude et le perfectionnement des machines38, la seconde cybernétique prend pour objet d'étude le vivant. Dans ce changement de paradigme, le système obtient un statut différent : le système est autonome, autoréférentiel39, auto-organisateur et auto-régulateur. Moreno (2004:137) définit les systèmes étudiés par la seconde cybernétique comme Ç les systèmes abstraits capables de générer de nouvelles formes d'organisations non prédictibles trivialement par un observateur ou apparaissant comme tel. È Dans ce type particulier de système, l'observateur ne peut plus être extérieur au système, au contraire, il lui est intérieur : le système est auto-produit, il s'organise selon des éléments qui lui sont internes et agit en fonction de lois et de règles qui lui sont intérieures et qu'il génère, agissant Ç par lui-même et pour lui-même, il est à la fois source et destinataire de ses actions. È (ibid:141) Le système, selon la seconde cybernétique, est autopo
·étique. Voici la définition qu'en donne Varela (1989:45) :

Un système autopo
·étique est organisé comme un réseau de processus de production de composants qui (a) régénèrent continuellement par leur transformations et leurs interactions le réseau qui les a produits, et qui (b) constituent le système en tant qu'unité concrète dans l'espace oü il existe, en spécifiant le domaine topologique oü il se réalise comme réseau.

Ces systèmes particuliers, adaptés à la description des systèmes humains, sont des systèmes autonomes adaptatifs : alors qu'ils n'échangent pas avec leur environnement, ils sont pourtant capables de s'y adapter. Ainsi, ces systèmes sont autonomes mais pourtant s'insèrent dans des métasystèmes de plus grande envergure.

La définition que nous venons de donner du système selon la seconde cybernétique en tant que système autopo
·étique adaptatif, c'est-à-dire autonome, auto-référentiel et auto-organisé, correspond aux caractéristiques du système communicationnel : la communication est une mise en commun entre deux (ou plusieurs) interlocuteurs selon des règles générées par le système, et c'est cette

38 Il convient tout de même de remarquer nombreuses applications de la première cybernétique au vivant par l'école de Palo Alto et les penseurs qui y sont associés.

39 La genèse de ce théorème est donnée à Von Foester reprenant Maturana dans une de ces conférences : Ç anything said is said by and to an observer. È

production qui crée, qui régénère continuellement le système, le contrôle étant exercé au travers de la compréhension par et pour les interlocuteurs qui sont à l'intérieur du système en autonomie par rapport à son environnement, cette autonomie étant adaptative : lorsqu'ils communiquent, les interlocuteurs communiquent sur leur environnement et non pas par leur environnement, il n'existe donc pas d'échange direct entre le système et son environnement. Cette adaptivité du système autonome en fait un système dit Ç social È, c'est-à-dire qu'un système est composé d'un ensemble de sous-systèmes et est partie intégrante de métasystèmes, ou métaréseaux. En d'autres termes, chaque système s'adapte en fonction des autres systèmes qui composent son environnement : par exemple, il est indéniable que le système communicationnel soit bien inséré dans d'autres systèmes que sont le système social, historique, religieux, etc., ce qui ne l'empêche pas de leur être autonome. De cela découle l'importance de la prise en compte d'une hiérarchie dans l'étude des systèmes : l'auto-organisation du système se fait gr%oce à la formation de configurations spécifiques, de patterns organisateurs émergeant à un niveau macroscopique par répétition d'interactions à un niveau microscopique, en d'autres termes, Ç à partir d'un ensemble d'interactions microscopiques (...) une forme apparemment simplifiée d'organisation apparait. È (Moreno,2004:138) 40

Ainsi, la communication est un système autopo
·étique, i.e. qui s'auto-produit, s'auto-organise et s'auto-régule, en fonction d'éléments qui lui sont intérieurs. Nous avons vu que l'organisation dans le système est effectuée par un contrôle d'informations par feedback, ce feedback étant devenu au travers de la seconde cybernétique le concept d'autorégulation. Nous allons voir cette autorégulation plus en détails à travers son application au système communicationnel.

40 On retrouve cette idée dans la littérature sur la schizophrénie la déÞnissant comme pattern de communication résultant non plus d'un choc ponctuel mais de la répétition d'interactions Ç schizophrénogènes. È Voir notamment Watzlawick (1972) et Bateson (1977-1980)

Nous reviendrons sur cette idée dans le troisième chapitre du présent travail.

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