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Approche systémique des jeux pragmatiques communicationnels.

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par Colin FAY
Université de Rennes 2 - Master LCER 2012
  

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C.2.2. Le cas du mensonge

Avant de venir à l'utilisation de ce type de jeu pour permettre le mensonge, revenons un instant sur l'équilibre, et plus particulièrement sur l'équilibre en situation de mensonge. Il pourrait sembler contre-intuitif de considérer que le gain est collectif en situation de mensonge, c'est-à-dire que celui qui ment utilise l'asymétrie d'informations pour l'avantage collectif. Le gain pourrait sembler individuel. Or, il n'en est pas ainsi selon notre définition de l'équilibre. L'équilibre doit toujours être un gain collectif : celui qui ment cherche à ce que l'Autre trouve du sens dans sa production et donc qu'il la trouve pertinente, or nous avons vu que pour être pertinente, une communication se doit d'atteindre l'équilibre par maximisation du gain collectif. Ainsi, nous ne pouvons pas contredire qu'il existe un certain gain, un certain avantage personnel trouvé par un interlocuteur dans un mensonge, mais celui-ci est d'un ordre autre que communicationnel (moral, sociologique, etc.) et donc n'intéresse pas directement notre propos.

Le jeu en tant que ruse par création d'asymétrie d'informations peut donc être utilisé par un interlocuteur afin de mentir. Le mensonge est un choix communicationnel, conscient et délibéré, d'un interlocuteur souhaitant tromper l'Autre54. Un menteur est un Ç homme aux deux pensées, celle qu'il tient pour fausse et qu'il déclare, et celle qu'il tient pour vraie et qu'il tait, (...) (c'est-à-dire) le désir de tromper en parlant contre sa pensée. È (Cavaillé,2004:96) De ce fait, nous définirons le mensonge comme une communication intentionnellement produite par un interlocuteur de manière à ce que celle-ci contredise consciemment un pattern qu'il tient pour vrai dans son environnement cognitif. Est donc considéré comme mensonge tout signe qui est délibérément produit et qui va volontairement à l'encontre des patterns tenus pour Ç vrais È dans l'environnement cognitif de celui qui produit, en d'autres termes, un interlocuteur qui ment connait la vérité.

54 Ekman,2009:28 : Ç A liar can choose not to lie. Misleading the victim is deliberate; the liar intends to misinform the victim. (...) One person intends to mislead another, doing do deliberately, without prior notification of this purpose, and without having been explicitly asked to do so by the target. È

Il existe deux types différents de mensonges : direct, c'est-à-dire par falsification, et indirect, par ambigu
·té, correspondant aux cas de tromperies. Nous allons voir en quoi le jeu en tant que ruse est utilisé dans le second, et en quoi le premier n'est pas un cas de jeu tel que nous l'étudions dans cette partie.

Ainsi, la première configuration de mensonge est le mensonge par falsification. Cette configuration est une configuration dans laquelle l'interlocuteur présente des informations à l'Autre qu'il sait délibérément fausses55. Nous ne nous intéresserons pas à ce cas ici, car ce type de mensonge se fait selon les mêmes règles qu'une communication dite Ç vraie È : ce qui diffère ici est une notion de vériconditionnalité, ce qui, comme nous l'avons vu auparavant, n'a pas attrait à notre sujet. En d'autres termes, bien que possiblement créateur d'un autre type de jeu, que nous verrons dans la dernière partie, le mensonge par falsification n'est pas un jeu en tant que ruse, il n'y a pas d'exploitation de l'ambigu
·té relative aux règles du jeu communicationnel, mais bien une utilisation directe des règles du système.

Le type de mensonge qui nous intéresse présentement est le cas du mensonge comme tromperie, c'est-à-dire le cas oü Ç il ne s'agit pas de tromper positivement autrui par des signes faux (...) mais de lui dissimuler légitimement une information à travers l'usage de signes qui ne sont pas faux, même si leur effet est bien de tromper. L'intention première n'est donc pas de tromper, mais de cacher la vérité. È (Cavaillé,2004:97)56 Un interlocuteur usant de ce type de ruse se trouve dans une situation dans laquelle il ment par utilisation d'une ambigu
·té propre au système et à ses règles. Ce type de jeu, permettant la création d'une asymétrie d'informations, exploite la nature inférentielle, et donc implicative et hypothétique de la communication. Comme nous l'avons vu auparavant, la communication est production de signes et la compréhension reconstruction d'hypothèses, d'implications dont les signes sont les indices.

Cette nature inférentielle permet la tromperie de deux façons : dans un premier temps, la tromperie peut jouer sur la présomption de pertinence d'une production, et donc sur le fait que l' Ç on peut être optimalement pertinent sans pour

55 Ekman,2009:28 : Ç (the liar) presents false informations as if they were true. È

56 Également Ekman,2009,28 : Ç the liar withholds some informations without actually saying anything untrue. È

autant être " aussi informatif que le demande les objectifs de l'échange en cours " : si, par exemple, on garde pour soi des informations dont la connaissance serait pertinente aux interlocuteurs. È (Sperber&Wilson,1989:243) Ainsi, ce type de mensonge est possible par la capacité d'être pertinent sans pour autant communiquer l'ensemble des informations dont un interlocuteur dispose, c'est-à-dire que lorsqu'un interlocuteur communique, l'Autre attend qu'il soit optimalement pertinent, et donc enclin à fournir ce maximum d'informations.

Dans un second temps, la nature inférentielle du processus communicationnel permet la tromperie par production de signes dits Ç équivoques È, c'est-à-dire Ç toute communication détournée, ambigu`, contradictoire, tangentielle, obscure ou même évasive, qui n'est ni un message faux ni une claire vérité, mais plutôt une alternative à laquelle on a recours lorsque tous deux doivent être évités. È (Bavelas&al.,1990:21 cité dans Cavaillé,2004:106) La tromperie devient ainsi une production de signes ambigu`s et polysémiques, permettant la création d'implications trompeuses.

Ce type de mensonge est le plus courant dans la communication et ce pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, la tromperie est plus simple que la falsification57. De plus, la tromperie n'est pour certains pas considérée comme un mensonge58, elle est du moins majoritairement vu comme moins répréhensible que la falsification, ce qui permet d'éviter les dommages moraux associés au mensonge direct. En effet, dans ce type de mensonge, Ç l'intérêt majeur est de rendre le demandeur responsable des inférences erronées et non le répondant, qui pourra toujours se réfugier derrière le malentendu. È (ibid:109) Malgré leur opposition flagrante, la falsification et la tromperie sont toutes deux sources d'une troisième forme de jeu, que nous verrons dans la partie 3 de ce chapitre. Avant, nous verrons comment le jeu en tant que ruse peut être utilisé dans une troisième perspective.

57 Ekman,2009:29 : Ç when there is a choice about how to lie, liars usually prefer concealing to falsifying, (...) it seems lees reprehensible and is much easier to cover afterward. È

58 Ibid:28 : Ç not everyone considers concealment to be lying. È

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams