Section 5 : Décalage
entre l'attente du public et les limites de l'audit dans la détection de
la fraude « audit- expectation GAP »
D'une manière générale, le public attend
un jugement sur la qualité de la gestion pratiquée par
l'entreprise dans laquelle ses investissements ont été
effectués. Il existe aussi des attentes portées en matière
de fiabilité des comptes. Dans la mesure où les professionnels ne
considèrent pas directement la possibilité de l'existence d'une
fraude, ayant une incidence sur les états financiers, ceux-ci ne
satisfont pas les besoins des utilisateurs des rapports d'audit. Le
décalage entre les besoins et la démarche pratiquée a
été défini dans les pays anglo-saxons, comme faisant
partie de « l'audit expectation GAP ». (27)
Pour leur défense, les auditeurs rappellent
régulièrement que leurs obligations sont des moyens et non des
résultats et qu'ils sont tributaires de la bonne foi de ceux qu'ils
contrôlent. Ils estiment être chargés de vérifier les
comptes sur base des documents qui leur sont fournis et pas de rechercher la
fraude. Tant aux États Unis qu'en Europe, ils insistent sur le fait
qu'ils sont des contrôleurs, pas des détectives. Il y a
manifestement un décalage entre cette conception de leur mission et les
attentes du public...
L' « audit attentes gap » est
un écart existant entre ce que les auditeurs externes comprennent de
leur rôle et fonctions comparés aux attentes des divers groupes
d'utilisateurs des rapports d'audit et du public concernant le processus et le
résultat de l'audit externe. (28).
« Les attentes écart » a
été reconnu par la profession d'experts comptables comme une
question d'importance fondamentale.
La commission des responsabilités des comptes (AICPA,
1978) a été constituée pour enquêter sur l'existence
de ce fossé et a conclu : « après une étude
des preuves disponibles et de ses propres recherches... un tel fossé
existe ».
L'Institut Canadien des Comptables Agréés MAC
DONNALD a créé la commission pour étudier les attentes des
citoyens des audits, le rapport final présenté en 1988 a conclu
que le public est en grande partie ignorant de l'étendue des
responsabilités confiées aux auditeurs et que le sentiment d'une
partie plus avertie de la population est que leurs attentes ne sont pas
comblées.
Au Royaume Uni l'Auditing Research Foundation (1989) a
identifié « les attentes écart » comme l'un
des domaines prioritaires de l'enquête.
L'Auditing Research Foundation (1989) avait
déjà constaté que le rapport de l'auditeur a
été considéré comme l'une des pierres angulaires
des questions de la perception des auditeurs et des attentes des usagers.
En outre Jean Michel Arlandis, Associé Responsable
Fraude chez Ernest § Young constate ce qui suit : « il
existe un décalage entre ce que le public attend d'eux et le
périmètre de leur mission légale », selon
IBR/IRE, 03/006, p, 141/423.
Les causes principales de «
l'écart-attente » sont le manque de connaissance du
droit des sociétés et des normes d'audit et d'un malentendu sur
le rôle fondamental de l'auditeur externe c'est-à-dire un
« écart-attentes ».
Il est donc largement reconnu au sein de la profession d'un
écart significatif de vérification des attentes et de la
nécessité de prendre d'urgence des mesures efficaces pour
remédier à cette lacune.
Le MAC DONNALD COMMISSION 1988 op.cit. a recommandé qu'
en plus d'un rapport d'audit plus explicite, un énoncé de
responsabilités de la direction pour les états financiers devrait
être inclus dans le rapport annuel ; et entre autres le
comité d'audit devrait rendre compte chaque année aux
actionnaires.
En plus d'un certain nombre d'approches différentes
suggérées ci-avant, notamment le rapport d'audit, d'autres moyens
possibles de réduire ce « fossé attente » ont
également été suggérés, par exemple
l'élargissement du rôle et des responsabilités du
reviseur comptable, dans le domaine de la fraude et des actes illégaux,
le renforcement de son indépendance et ensuite l'amélioration de
la connaissance et de la compréhension du rôle de l'auditeur et de
ses responsabilités grâce à l'enseignement de l'audit et de
ses limites
auprès des bénéficiaires, des prescripteurs de l'audit et
du grand public.
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