9-2 ANALYSE DU DISPOSITIF NATIONAL DE SECURITE ET SANTE
AU TRAVAIL
L' OIT préconise comme principes
généraux pour tout dispositif national de sécurité
et santé au travail:
- qu'il y ait une séparation de tâches entre les
organes et acteurs selon trois pôles d'activités : un
pôle de conception, un pôle de prestations et un pôle de
contrôle
- Que la hiérarchie des normes soit respectée
dans l'ordre de priorité descendant : les lois , les décrets
, les arrêtés ; avec les normes internationales qui peuvent
être intégrées au dispositif national par ratification.
Si dans le cas du DNSST du Cameroun la hiérarchie des
normes est réelle avec figuration des niveaux où ces normes sont
prises (5) , la séparation des tâches quant à elle n'est
pas nette car nous avons la DSST qui d'après ses attributions est
à la fois :
- le pôle de conception ( conception et
élaboration des normes)
- le pôle de contrôle (contrôle de
l'application des normes techniques de santé et sécurité
au travail)
- le pôle de prestation (surveillance de la santé
des travailleurs)
d'où la nécessité de mettre sur pied un
DNSST avec trois pôles bien distincts (6) :
a) un pôle de conception qui serait la DSST dont les
activités normatives recevront l'avis du CNSST
b) un pôle de prestations constitué par :
- L'institut de Sécurité et Santé au
travail
- les services médicaux des entreprises et les services
médicaux interentreprises
- les formations sanitaires publiques , confessionnelles et
privées
- les services médicaux da la CNPS
c) un pôle de contrôle qui comprendrait les relais
provinciaux et départementaux de la DSST, ainsi que les services de
contrôle de la CNPS
Enfin la conception et l'élaboration des normes suivent
un cheminement assez complexe, impliquant la DSST , avec mise à
contribution des responsables provinciaux et départementaux du MINTSS ,
le CNSST pour revenir selon le type de norme envisagé au MINTSS, au
Premier ministère ,à la Présidence de la république
ou à l'Assemblée nationale .
9-3 ANALYSE DE LA PRATIQUE
La douzième session du comité mixte OIT/OMS de
la santé au travail qui s'est tenue du 5 au 7 avril 1995 et qui
était libellé comme suit « Infrastructures pour une
pratique de la santé au travail, options et modèles pour les
politiques nationales, les approches, les stratégies et les programmes
en matière de soins de santé primaires, et fonctions des services
de santé au travail » précise que:
- L'expression pratique de la santé au travail englobe
les activités de tous ceux qui concourent à la protection et
à la promotion de la santé des travailleurs, ainsi qu'à
l'amélioration des conditions et du milieu de travail, et cette
expression ne s'applique pas seulement à la pratique des professionnels
de la santé au travail(22)
- L'expression infrastructures pour la pratique de la
santé au travail désigne les mécanismes institutionnels
permettant de mettre en application une politique nationale et de prendre des
mesures au niveau de l'entreprise; ces infrastructures peuvent prendre la forme
des services de santé au travail
« institutionnalisés » et englober de nombreux
autres organismes comme les instituts de sécurité et de
santé au travail(22)
- L'expression approche de la santé au travail
désigne un certain nombre de principes et de démarches qui
orientent les interventions telles que le principe général de
soins de santé primaire mis en avant par l' OMS et les
améliorations des conditions et du milieu de travail prônée
par l'OIT(22).
Ces trois concepts : infrastructures, pratiques et approches
permettent aux divers acteurs et partenaires dans les domaines de la
prévention de jouer chacun leur rôle dans leurs domaines de
compétences respectifs et en même temps de conjuguer les
efforts.
Les services de santé au travail contribuent à
la pratique de la santé au travail qui est fondamentalement
multidisciplinaire et fait intervenir d'autres spécialistes tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise,
outre les professionnels de la sécurité et de la santé au
travail, ainsi que les autorités gouvernementales compétentes ,
les employeurs, les travailleurs et leurs représentants.
Au Cameroun les services de santé au travail
relèvent du MINTSS. Bien que n'ayant pas ratifié la convention
n° 161 sur les services de santé au travail,
le Cameroun a adopté le modèle proposé
par l'OIT en tenant compte des particularités et des ressources
disponibles en personnel spécialisé : c'est ainsi que
beaucoup de médecins de santé publique sont autorisés
à exercer au sein des services de santé au travail et que les
agréments sont délivrés aux médecins
désirant prester en entreprise.
Cependant nous notons qu'il n'existe pas une politique
nationale cohérente de sécurité et santé au
travail pouvant permettre une évaluation continue, et une coordination
des activités de santé au travail.
En analysant la réglementation et la pratique nationale
au regard de la convention n° 161/recommandation n° 171, de la
convention n° 155, de la convention n°187 et des principes du
système de gestion de la sécurité et de la santé au
travail (voir tableau ci-dessous) nous nous rendons compte qu'il apparaît
des insuffisances à plusieurs niveaux :
- sur les principes d'une politique nationale
- sur les actions à entreprendre sur le plan
national
- sur les actions à entreprendre au niveau de
l'entreprise
Analyse de la réglementation nationale au regard de la
convention n°161 , et des principes dégagés de la
convention n°155, de la convention n°187 et du système de
gestion de sécurité et santé au travail
Aspects évoques
|
Convention n°161
|
Principes dégagés de la Convention
n°155 et du système de gestion de sécurité et de
santé au travail(23)
|
Convention n°187
|
La situation au Cameroun
|
Date d'adoption
|
1985
|
1981 et 2001
|
2006
|
Non ratifié
|
Principe d'une politique nationale
|
Préconise l'adoption d'une politique nationale en
matière de sécurité et santé au travail
|
Adoption d'une politique nationale en matière de
sécurité et santé au travail
|
Préconise l'élaboration d'une politique
nationale en matière de sécurité et santé au
travail
|
Absence d'une politique nationale en matière de
sécurité et santé au travail
|
Mesures législatives et
réglementaires
|
Adoption des mesures législatives et
réglementaires ou autres
|
Mise en place d'un cadre national pour les systèmes de
gestion de sécurité et santé au travail soutenu par la
législation et la réglementation nationale
|
Etablir , maintenir et réexaminer
périodiquement un système national de sécurité et
santé au travail
|
Existence des mesures législatives et
réglementaires ; mais absence d'un cadre national pour les
systèmes de gestion de sécurité et santé au
travail
|
Institution des services de santé au
travail
|
Préconise l'institution des services de santé au
travail
|
Mise en place des services de santé au travail
|
Institution des services de santé au travail
|
Existence des services médicaux de travail
|
Organisation des services médicaux du
travail
|
Peuvent être organisés sur une base desservant
soit individuellement une entreprise soit plusieurs entreprises à la
fois
|
|
Organisation des services de santé au travail
conformément à la législation et à la pratique
nationale
|
Existence de :
- services médicaux autonomes
- services médicaux interentreprises
- convention de visites et de soins
|
La pratique
|
Participer à l'élaboration et à la mise
en oeuvre des programmes d'information, d'éducation et de
communication
Analyse des AT et MP
Formation du personnel
Protection des travailleurs
Désignation de l'autorité chargée de
surveiller le fonctionnement des services de santé au travail et de les
conseiller
|
Communication et coopération au niveau du groupe de
travail et de l'entreprise
-Exécution d'enquêtes en cas d'AT et de MP
- Etablissement des statistiques annuelles sur les AT et les
MP
Personnel qualifié
Les employeurs sont tenus de fournir les équipements de
protection aux travailleurs
Mettre sur pied un système d'inspection
|
Informations et services consultatifs en matière de
sécurité et santé au travail
Collecte et analyse des données sur les lésions
et maladies professionnelles
Formation en matière de sécurité et
santé au travail
Invite les membres à prendre les mesures en vue de
protéger la sécurité et la santé des
travailleurs
Elaborer les mécanismes visant à assurer le
respect de la législation nationale y compris les systèmes
d'inspection
|
- non mise en oeuvre de la fonction information,
éducation et communication
- manque de coordination
- très peu d'entreprises procèdent aux analyses
des AT et MP
- la CNPS établit les statistiques annuelles sur les AT
et MP mais seulement bon nombre de ces AT et MP ne sont pas
déclarés
absence de cadre de formation en sécurité et
santé au travail
c'est prévu dans les dispositions de
l'arrêté n°039/MTPS/IMT du 26 novembre 1984 fixant les
mesures générales d'hygiène sur les lieux de travail mais
très peu d'employeurs fournissent ces équipements , seules les
entreprises soumises à l'obligation d'obtention des certificats de
conformité aux normes de qualité ont élaboré une
politique de sécurité et santé au travail propre à
leur structure
présence d'un système d'inspection
inappropriée et ne disposant pas de ressources humaines
|
a) sur le plan national
Bien que disposant des mesures
législatives , réglementaires et conventionnelles, le Cameroun
n'a pas encore adoptée une politique nationale de
sécurité et santé au travail
b) Le déficit des mesures au niveau
national
la législation et la réglementation nationale
sont muettes sur certaines mesures prévues par les convention n°
161 , convention n° 155 , convention n°187 et les principes
directeurs pour la gestion des systèmes de santé :
- L' adaptation de certaines composantes du travail aux
capacités physiques des travailleurs.
- La prise en compte des questions de sécurité
et santé au travail dans les programmes scolaire
- La protection des travailleurs contre les
conséquences injustifiées résultant de leur retrait
à bon droit des situations de travail périlleuse pour leur
santé et leur vie.
- L' interdiction ou la limitation de certains
procédés de travail , substances et agents physiques ou
biologiques.
c) Les carences au niveau de la pratique
A ce niveau on note principalement :
- Un manque de coordination
- Un système d'inspection inappropriée
- une non mise en oeuvre de la fonction information,
éducation , communication
- une absence d'analyse des AT et MP
- une non application des dispositifs de l'arrêté
n°039/MTPS/IMT du 26 novembre 1984 relative à la fourniture des
équipements de protection individuels et collectifs aux travailleurs
|