§2. Limites de la loi n°11/022
L'on peut facilement remarquer qu'entre la politique de
relance agricole prôné par cette loi et les moyens de sa mise en
oeuvre il y a un écart considérable. Certains points
nécessitent encore une réflexion approfondie, il s'agit
notamment de :
- La modernisation de l'agriculture ;
- L'opportunité de financement de
l'agriculture ;
- L'encadrement de la jeunesse en milieu rural ;
- L'accès à la terre.
A. La modernisation de l'agriculture
congolaise
En effet, l'agriculture congolaise telle que menée
actuellement est un héritage de la tradition. Basée sur une
très faible planification ; elle servait avant tout à
l'autoconsommation étant donné que les besoins vitaux
étaient encore limités et l'influence du modernisme ne se
manifestait pas encore. A l'époque la natalité était
encore faible, scolarité des enfants non préoccupante, sans
opérations d'échanges économiques avec l'étranger.
L'agriculture étant reconnue depuis comme un secteur
économique sur lequel repose le développement, elle
nécessite d'être soutenue et modernisée pour qu'elle
contribue au revenu national.
· Le renforcement et l'encadrement des filières
avec une identification des producteurs par spéculation et superficies
cultivées, sont nécessaires pour que les activités
agricoles soient menées en toute conscience pour une rentabilité
évidente. Le secteur agricole regorge des ressources humaines qui
fournissent un volume de travail insuffisant avec une faible production.
· Des objectifs clairs à suivre avec des
indicateurs précis en ce qui concerne l'augmentation des superficies
emblavées, l'augmentation des rendements agricoles ; l'augmentation de
la plus-value des productions, par la transformation, le stockage, le
conditionnement
· La mécanisation agricole, la facilitation du
financement, l'organisation des marchés locaux et l'élimination
des tracasseries liées à l'exportation sont autant des pistes
d'amélioration.
Pour moderniser l'agriculture, il faut faire d'elle une
activité intéressante c'est-à-dire
rémunératrice.
Pour cela il est nécessaire de réaliser ce qui
suit :
· Faire un état des lieux de l'agriculture dans
chaque province pour identifier les besoins d'accompagnement selon les
réalités contextuelles de chaque milieu. Une identification des
structures paysannes est aussi importante pour une planification selon les
avantages comparatifs dans les différents territoires et secteurs selon
leurs atouts ; consolidés en plans provinciaux.
· une cartographie participative permettant une meilleure
répartition des terres (zonage agricole) par entité de base,
accompagnée d'une cartographie précise des actions des
partenaires techniques et financiers
· investir dans le secteur agricole selon ses besoins et
faire une planification axée sur les résultats.
· Renforcer les capacités institutionnelles et
économiques des structures étatiques et celles de la
société civile impliquées dans l'accompagnement
agricole.
· Soutenir la bonne gouvernance pour permette une
collaboration étroite entre l'Etat et les producteurs, la protection de
l'environnement, amélioration de l'accès aux marchés et
organisations des filières par spéculation en cours
(filières café- cacao). Une bonne collaboration, un partenariat
entre les agriculteurs et les universités pour la recherche et
l'accompagnement technique peut être fructueuse. Une recherche
agronomique dont les objectifs sont déterminés par les
organisations paysannes.
· Encourager la formation technique des producteurs dans
des centres spécialisés au niveau des collectivités et
groupements, des formations pratiques de type école aux champs qui
répondent aux besoins techniques des producteurs et favorisant
l'accroissement de la production dans des conditions écologiques.
· Créer des champs-écoles dans l'optique de
la production et non de démonstration. Ces centres seront dotés
des outils appropriés pour l'intensification agricole.
· Intégrer les sujets agricoles dans les
formations scolaires pour susciter chez les enfants l'intérêt
d'entreprendre dans l'agriculture, promouvoir des projets agricoles dans les
écoles ; revoir les contenus de cours ; former à
l'entreprenariat.
· Organiser l'approvisionnement en intrants agricoles de
qualité et faciliter l'accessibilité par les producteurs aux
matériels adaptés et allégeant leur travail.
· Organiser les filières vers les marchés
cibles, le transport des produits, l'amélioration des systèmes de
conditionnement et transformation des produits agricoles.
· Promouvoir les pratiques d'une agriculture respectueuse
de l'environnement pour sa rentabilité et sa durabilité et compte
tenu de l'enjeu du réchauffement climatique qui se précise
(agroforesterie).
B. Des opportunités de financement de
l'agriculture en RDC
Les apports des organismes d'aide au développement
doivent accompagner les producteurs pour un développement durable, il
faut convertir le mandat des humanitaires pour un développement durable.
Les humanitaires inhibent les capacités entrepreneuriales des
populations actives et démunies. La RDC dispose d'atouts éco
climatiques et pédologiques sans équivalent en Afrique.
a. Prendre des initiatives pour disponibiliser les
capitaux :
· Taxes sur les exportations des produits agricoles et la
commercialisation interne ;
· Taxes spéciales dans les entités
territoriales décentralisées pour la promotion de l'agriculture
(loi organique NO 08/016 du 7 octobre 2008 portant fonctionnement des
ETD) ;
· Création des banques de
développement ;
· Tontines et caisses villageoises qui permettent de
créer une cohésion entre la population d'une contrée et la
focalisation sur leurs activités économiques coopératives
financières à vocation agricoles
b. Améliorer la productivité de
l'agriculture en accordant une attention particulière aux petits
exploitants et aux femmes agricultrices.
· L'accès aux marchés internationaux avec
une stabilité des prix qui puissent favoriser les investissements.
· Les milieux ruraux étant les lieux de
conservation des ressources naturelles et du patrimoine culturelle, il y a lieu
de développer des activités touristiques (agro et éco
tourisme) qui peuvent rapporter à l'agriculture dans la mesure où
les services étatiques maitrisent désormais le problème
des tracasseries.
La bonne gouvernance est l'une des conditions pour financer
l'agriculture. Les tracasseries multiples connues dans le secteur agricole dans
toute la chaîne des valeurs sont un facteur important dans le
sous-développement et dans un contexte d'impunité, ceci ne fait
que renforcer le manque de collaboration qui existe entre les institutions et
la population civile. Si l'accès à la terre est
réglementé, la production accompagnée du semis de la
récolte jusqu'à la commercialisation, les producteurs ne peuvent
résister de payer leurs impôts et à la rétribution
l'agriculture en profite.
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