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Partenariat et médiation commerciale: la situation de la société d'état québécoise.

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par Souhail CHALOUHI, Ing; PMP; LL. M.
Université de Sherbrooke - Maà®trise en Droit 2008
  

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2.5.2 La perception du mode de règlement des différends

2.5.2.1 Les modes usuels de règlement des différends civils et commerciaux à Hydro-Québec.

L'analyse du discours de l'acteur D-05 laisse entendre que lorsque l'entrepreneur rencontre des conditions qu'il considère imprévisibles et qu'il juge avoir subi des préjudices, en premier lieu, il présente un dossier de demande de compensation à l'administrateur du contrat désigné par la société d'État dans l'avis d'attribution. Ce dernier étudie le dossier et tente de négocier avec le représentant de l'entrepreneur un règlement. Il s'agit le plus souvent d'une négociation bipartite que le représentant d'Hydro-Québec doit conduire avec équité et transparence, en se basant sur les clauses contractuelles, les lois et les règlements en vigueurs. À cet effet, des directives sont données aux administrateurs des contrats pour être réceptifs aux demandes de l'entrepreneur et pour analyser la demande selon des critères objectifs bien fondés en droit : « Si on a eu de plus sur nos ouvrages quelque part et on a une valeur ajoutée sur nos ouvrages on lui doit. Alors, c'est le principe de base. Tu nous as fait des travaux ça fait améliorer nos actifs, on te doit quelque chose. » (Acteur D05)

Si l'entrepreneur n'arrive pas à s'entendre avec l'administrateur désigné du contrat, la procédure inscrite dans le contrat lui permet de s'adresser à un niveau hiérarchique plus haut avec un dossier complet justifiant sa demande dans le but de trouver une entente et changer la décision de l'administrateur. Ainsi, le supérieur hiérarchique reçoit le dossier de l'entrepreneur comme un appel de la décision de son employé et tente de trouver un règlement, mais toujours en se basant sur la normativité juridique du contrat : « S'il n'est pas satisfait de cela, il peut faire appel au directeur, il va chercher un niveau hiérarchique plus élevé que celui de l'administrateur de son contrat. » (Acteur D-05)

Selon la conception de ce gestionnaire, les négociations avec l'entrepreneur et l'analyse du dossier de réclamation présenté par l'entrepreneur sont faites en équité et avec transparence en s'appuyant sur des critères objectifs où le dossier doit être bien fondé en droit. Les clauses contractuelles, les lois et règlements demeurent la source de toute justification pour la prise de décision : « Il y a toujours le Code civil qui lui permet dans les trois ans qui suivent la date de l'événement de pouvoir nous poursuivre. [...] À mesure où l'entrepreneur

soulève une problématique, la première chose qu'on regarde : est-ce que c'est prévu au contrat? » (Acteur D-05) À cet effet, un avis préalable du contentieux de la société d'État est nécessaire pour conclure toute entente concernant le règlement d'une réclamation par un gestionnaire. Le fardeau de la justification incombe à l'entrepreneur où il doit présenter sa demande de compensation avec une bonne argumentation détaillée et basée sur le contrat qui lie les parties.

Les forces des modes usuels de règlement des différends civils et commerciaux à Hydro-Québec

L'acteur D-05 croie que les modes, tel que pratiqués, sont satisfaisants car ils ont démontré leur efficacité dans les règlements de plusieurs demandes des fournisseurs au niveau de chantier avant que ces demandes se retrouvent devant le comité du Directeur sous forme des réclamations. Pour appuyer cette satisfaction, le gestionnaire invoque le règlement de tous les changements qui surviennent pendant l'exécution d'un contrat. Il mentionne que les réclamations qui sont difficiles à régler représentent environ 5 % du montant du contrat et la durée moyenne pour régler une réclamation est d'environ deux ans :

« Mais j'ai des réclamations là-dedans qui datent en moyenne de 24 à 18 mois. Alors quand je regarde cela, toute proportion gardée, je me dis les réclamations dans le coût final d'un projet vont représenter entre 4 % à 5 % du projet. Mais ce n'est pas si pire que cela. [...] Actuellement avec notre mode de fonctionnement, quand on a des changements contractuels à faire, on finit par les régler à 95 %. On finit par les régler dans des délais qui paraissent acceptables de part et d'autre. Il en reste un petit bout et ça, c'est le mode de fonctionnement actuel qui nous a amené là» (Acteur D-05)

Selon lui, la gestion des deniers publics impose un compte rendu au corps social. Ce qui n'est pas le cas dans la gestion des affaires privées. Il paraît qu'il est plus facile de faire de compromis lorsqu'on gère des intérêts privés que des fonds publics. Ce qui laisse entendre que la gestion des compromis dans les négociations des affaires de la société d'État est très fastidieuse en raison des justifications qui doivent supporter chaque décision ou chaque entente conclue pour un règlement :

« Chez nous, il faut toujours être capable d'expliquer à un moment donné à l'externe, pourquoi est-ce qu'on l'a réglé à 70 % de ce qu'il nous réclamait. [...] Dans le privé, j'ai déjà connu et travaillé dans une entreprise qui avait une liste restreinte d'entrepreneurs. Quand c'est le temps de régler un litige à un moment donné, on fait le break down de tout cela. On s'entend sur un montant forfaitaire X. Selon mon jugement, je pense que c'est correct, aussi selon le jugement de

l'entrepreneur, on pense tous les deux que c'est correct. Tandis qu'Hydro-Québec est une société d'État, la règle de transparence est de rigueur, je ne peux pas dire qu'on a réglé à soixante dix pourcent, je dois être capable de dire 70% est composé de ça, ça, ça. » (Acteur D-05)

Selon ce gestionnaire de première ligne, le statut d'Hydro-Québec comme société d'État exige un traitement équitable, avec rigueur et transparence, de toute demande provenant d'un fournisseur et toute négociation pour trouver une solution à un différend doit être guidée par ces valeurs fondamentales de la gestion de la chose publique. Il associe l'équité à l'honnêteté. Ainsi, il considère que son offre est équitable car il est sûr de sa façon de voir les choses et de la justesse de son évaluation de la demande du fournisseur :

<< On est une société d'État, alors on doit faire beaucoup de transparence. Je me rappelais souvent à dire qu'il faillait beaucoup plus de rigueur, comme n'importe quelle entreprise privée avec un astérisque de plus. [...] Il y a des règles d'équité par rapport à l'entrepreneur, et il y a des règles de transparence par rapport à l'ensemble du public québécois. » (Acteur D-05)

Les faiblesses des modes usuels de règlement des différends civils et commerciaux à Hydro-Québec

Selon l'acteur D-05 qui a vécu le conflit, il fait part de ses déceptions du mode judiciaire où toutes les parties en conflit se sont engouffrées dans une démarche coûteuse et sans fin. La médiation a permis de trouver une solution en achetant la paix :

<< C'est difficile à dire pace que nous avons appliqué une pénalité. Juste pour te mettre dans le contexte, 371 000 $ en 1990. En 1991, il y a eu une poursuite de l'entrepreneur général contre nous pour le montant plus les intérêts. Il y a eu une poursuite d'un sous-traitant contre l'entrepreneur général. Il y a eu la caution, le bureau d'avocat tout cela a fait une grosse boule. On était imbriqué là-dedans. À tous les six mois, un an, ils sortaient une procédure. Au bout de dix ans, [nous avions] changé d'avocat 2 à 3 fois. Au bout de dix ans, tu dis : on veut-tu se débarrasser de cela? Tu sais, cela finit par faire de l'usure. Puis quand il y a eu l'idée de la médiation, on avait offert 50 000 $, dans ma tête on avait trop offert, On avait offert d'acheter la paix. » (Acteur D-05)

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