WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Partenariat et médiation commerciale: la situation de la société d'état québécoise.

( Télécharger le fichier original )
par Souhail CHALOUHI, Ing; PMP; LL. M.
Université de Sherbrooke - Maà®trise en Droit 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.5.2.2 Les modes alternatifs de règlement des différends civils et

commerciaux à Hydro-Québec.

L'acteur D-05 a déjà vécu une expérience où on a eu recours au mode alternatif pour régler
un différend. Toutefois il fait la distinction entre la facilitation qu'il a utilisée et la

médiation et l'arbitrage : << Ce qu'on a utilisé depuis un certain nombre des mois, c'est : dans des cas bien particuliers à un moment donné, on engage un facilitateur, pas un arbitrage ou une médiation comme telle, dans notre langage un facilitateur. » (Acteur D05)

Ainsi, on trouve chez lui une ouverture timide à la médiation où Hydro-Québec et le représentant de ses partenaires, l'Association des Constructeurs de routes et Grands Travaux du Québec (ACRGTQ) ont établi une liste de facilitateurs qui seront appelés occasionnellement pour agir dans les dossiers de réclamations relatifs aux contrats de construction. L'ACRGTQ, qui représente les entrepreneurs en construction qui font affaire avec la société d'État, a souvent exprimé le souhait de faire intervenir un médiateur pour résoudre les conflits commerciaux entre Hydro-Québec et ses membres :

<< On s'est déjà entendu avec l'ACRGTQ sur une liste de facilitateurs, 4 ou 5 personnes. [...] À un moment donné, j'ai vécu cela, une fois c'était suite à notre demande, les trois autres c'était à la demande de l'entrepreneur. Il a dit, vous offrez les services de facilitation cela m'intéresse. Alors, on a sorti la liste il a fait un choix. » (Acteur D-05)

L'interviewé D-05 fait aussi savoir que l'exercice devient inutile si l'écart entre la demande de l'entrepreneur et ce que peut offrir Hydro-Québec est très grand. Surtout si on maîtrise très bien le dossier et qu'on est confiant de notre position :

<< Il y a des cas où l'entrepreneur nous demandait, où on était tellement éloigné, cela ne servait à rien. On ne voyait pas comment on arriverait à se rapprocher? Quand tu t'embarques là dedans, il faut toujours embarquer quelqu'un sur une base exploratoire. Mais habituellement quand tu connais bien ton dossier à l'interne, parce que tu sais que les parties sont très éloignées, cela ne sert à rien. On va juste gaspiller de l'argent, et à la fin de cela, chacun va sortir frustré, et qu'il ne voudra plus s'embarquer la dedans. Malheureusement des cas comme cela conduit à des procédures légales. Bon c'est le risque. » (Acteur D-05)

Selon l'interviewé D-05, pour une société d'État, parfois la pression de l'opinion publique va le contraindre à accepter un règlement, d'une médiation, qui lui est défavorable en terme de décision d'affaire. Pour cette raison, il préfère le mode non contraignant et informel de la facilitation : << L'opinion publique va se prendre à nous d'une façon ou d'une autre. À quelque part, on risque d'être obligé de dire on va payer on ne va pas s'embarquer là-dedans. Fondamentalement, la raison de fond c'est juste cela. Alors on préfère quelque chose de vraiment informel, la facilitation. » Ainsi, il considère que le processus de la

médiation est formel et contraignant tandis que celui de la facilitation est informel et non contraignant. Ce qui fait apparaître chez lui une ambigüité et une méconnaissance par rapport à la médiation comme mode de règlement non contraignant pour régler les différends.

Cet acteur semble avoir une compréhension vague de la médiation qu'il associe, dans une certaine mesure, à l'arbitrage. Il préfère qu'on parle plutôt d'une facilitation car, selon lui, le mode de facilitation répond mieux aux besoins en raison de son caractère informel. Il considère la médiation comme un exercice contraignant où la société d'État se trouve dans l'obligation de défendre son refus de la recommandation du médiateur face aux pressions de l'opinion publique. Ce qui n'est pas le cas pour une entreprise privée lors d'un règlement d'un différend avec son fournisseur :

« L'arbitrage à HQ, à ce que je sache, je regarde les quinze dernières années, on n'est pas là. La médiation dans sa forme qu'on connaît, on n'en est pas vu. Pourquoi qu'on essaye de se tenir loin de ça? On est le gros donneur d'ouvrage et dès qu'on va avoir un médiateur ou un arbitre qui va prononcer dans une position ou dans l'autre, dès que cela devient publique, cela devient difficile pour nous d'expliquer qu'on ne suivra pas la position de l'arbitre ou la position du médiateur. Cela peut faire en sorte que ceci ne peut pas faire notre affaire, pas du tout. Même si on nous présente que l'arbitrage ne rend pas la sentence exécutoire, la médiation rend la sentence exécutoire. Alors, nous, on dit non. À partir où un arbitre va se prononcer contre nous, ou le médiateur qui va se prononcer contre nous, on va être pris avec cette décision là. Il faut expliquer sur la place publique après, pourquoi on ne va pas dans cette direction là? » (Acteur D-05)

L'attente par rapport au processus de règlement, selon l'acteur D-05, est principalement la flexibilité qui caractérise ce mode informel et non contraignant où la société d'État peut préserver sa liberté d'action concernant tout règlement qui risque de ne pas convenir à ses objectifs :

« Alors le facilitateur rencontre les deux parties, un peu comme un médiateur le fait. Il les rencontre d'une façon individuelle. Par après, il les rencontre autour d'une table. On n'a pas besoin de rapport écrit. L'objectif est en sorte que entre les deux parties, on l'appelle pas médiation mais cela le ressemble, on ne veut pas s'y coller. C'est la facilitation. » (Acteur D-05)

L'acteur D-05 souligne également que le médiateur peut être issu des différents corps professionnels. Dépendamment du dossier, il peut venir du milieu juridique, d'un domaine technique, d'un secteur des affaires avec une formation en PRD ou une bonne expérience dans le domaine :

<< On utilise le service d'un facilitateur; quand je regarde parmi la liste des personnes qu'on a, il y a des gens qui ont fait la maitrise PRD comme celle que tu est en train de faire, puis il y a des avocats d'origine là-dedans, des ingénieurs, même des comptables là-dedans; à date, dans les trois ou quatre cas, ça a bien fonctionné. » (Acteur D-05)

Ce gestionnaire est d'avis que le médiateur doit se maintenir à son rôle et gérer le processus en toute confidentialité. Il ne doit pas jouer le rôle d'un juge car il ne s'agit pas d'un processus judicaire mais plutôt un exercice volontaire non contraignant : << Il ne faut pas qu'il sorte de son rôle et qui se donne un peu un rôle du justicier. Parce qu'il a vu une voie de règlement et que nous, on ne le voit peut être pas. » (Acteur D-05)

Les forces (les satisfactions) du mode alternatif de règlement des différends civils et commerciaux à Hydro-Québec

L'acteur D-05 voit que l'avantage d'avoir recourt au processus de médiation est la possibilité de choisir un médiateur spécialisé avec une expertise compatible avec la nature du conflit :

<< La principale force est qu'on peut aller chercher un facilitateur par domaine. Là j'ai parlé des différents domaines d'activités. Un problème des fois de type contractuel, on va aller chercher quelqu'un comme avocat de base. Pour un problème un peu plus technique, on va aller chercher quelqu'un formé comme ingénieur. » (Acteur D-05)

Ainsi les décideurs se sentent plus en confiance si le médiateur connaît le domaine d'activité du milieu où le conflit s'est produit. Ce qui n'est pas le cas dans un processus judiciaire. En effet, les juges qui président les tribunaux n'ont qu'une formation en droit. Pour cette raison, ce gestionnaire rencontré considère que le manque des connaissances techniques est parfois une lacune qui ne permet pas les juges de bien comprendre le conflit avec tous ses détails.

Cette liberté de mettre fin au processus et de discuter dans un cadre informel sans procureurs est très apprécié par l'acteur D-05 car il créera un dynamique d'échange d'informations plus important et essentiel pour trouver une solution au conflit : << Le facilitateur peut jouer un peu le rôle du médiateur. En médiation les parties peuvent arrêter le processus n'importe quand. On peut faire cela dans un cadre très informel où on ne veut pas des procureurs de chaque coté. » (Acteur D-05)

Toujours selon cet acteur, la présence du médiateur crée une dynamique dans les négociations et sort les parties de leur isolement où chacun souvent se replie sur sa position. Toutefois, l'acteur voit toujours la solution à travers un compromis sur le litige et non une solution qui embrase le conflit avec toutes ses dimensions : << Je dirai dans les quatre causes qu'on a faites, on l'a utilisée parce qu'on n'arrivait pas à s'entendre autour de la table, seul avec l'entrepreneur. Cela a porté fruit. On a fini par avoir un compromis qui faisait consensus des deux cotés de la table. » (Acteur D-05)

L'acteur D-05 trouve que le processus de la médiation, même s'il ne réussit pas à trouver une solution au conflit, permet d'avoir une réflexion et de voir le conflit sous un autre angle, ce qui permet parfois de reconsidérer sa position : << S'il n'y a pas de possibilité de rapprochement, du côté de l'entrepreneur, c'est de faire valoir ses droits vis-à-vis les tribunaux et de notre côté, c'est peut-être suite à la médiation de reconsidérer le dossier et la démarche qu'on devra faire pour trouver un règlement. »

Les faiblesses (les déceptions) du mode alternatif de règlement des différends civils et commerciaux à Hydro-Québec

Par ailleurs, ce décideur trouve, d'après son expérience, que le processus de médiation est long en raison des négociations interminables conduites durant un cas vécu. Cette perception dégage une méconnaissance du processus de la médiation qui est connu comme un processus beaucoup plus court que le processus judicaire.

<< En termes de mauvais côté, moi, je trouve toujours, c'est le temps que ça prend. Il faut que cela prenne le temps qu'il faut. Mais, je trouve parfois que c'est long. Je trouve cela long à chaque fois. Je suis conscient que cela fait partie du processus. Cela fait partie aussi du rôle du facilitateur, que chacun doit lâcher un petit bout, et cela, ça prend un certain temps avant que chacune des parties accepte de le faire. Moi, le facteur temps, je trouve que c'est long. Il faut vivre avec cela. Cela fait partie du processus de résolution des conflits. » (Acteur D-05)

Comme le fait remarquer ce gestionnaire de première ligne, il est important que le processus reste sous le contrôle de la société d'État. Selon son discours, il se dégage une crainte de déléguer certains pouvoirs d'un organisme public comme Hydro-Québec qui jouit d'un rôle aussi noble et prestigieux comme gardien des deniers publics. La bonne

gestion des fonds publics appartient à la société d'État et non au médiateur. Il souhaite que tout processus en vue d'un règlement demeure en dehors de la place publique :

« J'ai un cas qui a donné ce que je n'ai pas aimé. On est une société d'État, une société publique, il faut absolument, quand quelque chose qui se passe ou quand quelqu'un intervient chez nous, il faut que cela reste chez nous. Lorsqu'une personne part comme médiateur ou comme facilitateur et qu'il s'en va ailleurs pour essayer d'avoir des appuis ailleurs et essayer de régler cela...! Alors je veux dire : tant que cela reste à l'interne entre l'entrepreneur et HQE, cela va bien aller. » (Acteur D-05)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius