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Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

( Télécharger le fichier original )
par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

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D. Des résultats d'activités relativement performants mais une affectation de la valeur ajoutée peu favorable aux salariés.

Incontestablement, Casino est un exemple de réussite, de celles qui restent dans les annales des histoires d'entreprise et des sagas familiales d'entrepreneurs cités en exemple. Pourtant, à travers les analyses que nous venons d'évoquer, on voit bien le danger d'une simplification réductrice dont la distinction, voire l'opposition, entre « l'économique et le social » est porteuse.

Il nous paraît donc utile, d'explorer les performances de l'entreprise en confrontant plusieurs indicateurs différents permettant de les évaluer au regard des intérêts de ses différents acteurs.

a) Des indicateurs de productivité apparente du travail qui montrent une forte tendance à son intensification

Les rendements de la surface de vente en chiffre d'affaires et en valeur ajoutée, ont affiché (fig. 41) une progression moyenne jusqu'en 2003, puis une chute sensible dans les deux dernières années en raison de la conjoncture.

Fig. 41 Fig. 42

145

140

135

130

125

120

115

110

105

100

95

90

85

80

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution comparée des indices de productivité de la
surface de vente

CA / m2 (K€ constants)

VA / m2 (K€ constants)

Linéaire (VA / m2 (K€ constants))

y = 0,2303x + 98,913

y = 0,1658x + 101,08

145

140

135

130

125

120

115

110

105

100

95

90

85

80

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution comparée des indices de productivité des
salariés par m2

y = 3,5309x + 91,31

Surface de vente / salarié (m2) Surface de vente / HT (m2)

y = 2,0058x + 93,097

Indicateurs

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Surface de vente en milliers de m2

100,0

96,9

100,6

103,4

106,3

107,3

107,4

108,9

111,0

108,4

113,0

122,0

CA / m2 (K€ constants)

100,0

102,1

98,5

96,5

95,2

97,0

100,9

105,1

106,4

109,5

102,1

91,4

VA / m2 (K€ constants)

100,0

99,5

97,4

101,0

103,9

105,9

96,7

105,7

110,0

116,6

106,5

82,5

Surface de vente / salarié (m2)

100,0

97,0

98,2

99,5

101,0

104,7

107,0

110,1

110,1

106,4

114,1

125,5

Surface de vente / HT (m2)

100,0

99,0

101,6

104,4

106,4

109,5

111,8

123,4

123,7

121,0

128,8

141,5

 

Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs personnels

C'est ainsi, qu'en 2005, on observe un CA au m2 en baisse de -8,6% par rapport à 199452 en € constants et une VA au m2 en baisse de -17,5% sur la même période. Ces résultats sont confirmés par l'évolution de l'efficacité du capital (VA / Total Immobilisations brutes) dont la tendance lourde à la baisse se traduit par un ratio divisé par 3 depuis 1992, même si on assiste à une stabilisation depuis 2001.

Fig. 43 Fig. 4453

180%

170%

160%

150%

140%

130%

120%

110%

100%

40%

90%

80%

70%

60%

50%

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution comparée de l'éfficacité du capital et de la productivité
apparente du travail (1 992-2005

Efficacité du capital (VA/Immo B) VA / FP

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution comparée de la rentabilité économique et de celle des capitaux
propres (1 992-2005

Rentabilité capitaux propres (Profit total net / CP)

Rentabilité économique (EBE/CP)

Ratios financiers

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Rentabilité économique (EBE/CP)

23,1%

5,6%

42,0%

38,6%

42,3%

52,3%

65,1%

68,9%

27,7%

37,0%

41,7%

38,8%

15,7%

8,4%

Rentabilité capitaux propres (Profit total net / CP)

5,0%

0,9%

12,4%

8,6%

12,3%

17,3%

23,7%

24,7%

8,6%

17,4%

17,3%

13,9%

7,5%

5,4%

Efficacité du capital (VA/Immo B)

168,5%

118,6%

93,4%

83,5%

81,6%

78,7%

80,7%

78,3%

49,1%

53,7%

54,8%

54,4%

56,4%

56,4%

VA / FP

123,6%

127,1%

126,3%

127,1%

128,9%

134,2%

139,0%

141,0%

147,3%

157,6%

160,1%

163,8%

162,8%

162,8%

 

Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs personnels

A l'inverse, on peut relever une forte augmentation du nombre moyen de m2 par salarié qui progresse sur la période de +25,5% et pour le nombre de m2 par heure travaillée de +41,5%. Il s'agit d'un premier indice d'une intensification du travail, corroboré par l'évolution du ratio Valeur ajoutée / Frais de personnel qui mesure l'évolution de la productivité apparente du travail d'un point de vue comptable (fig.43). La parole des salariés dans l'enquête confirme également ces résultats :

Entreprise

Auchan Carrefour Casino

Charge Trav.

normale
trop importante
pas assez importante
ne sait pas

52,7%

38,9% 48,8%

2,3% 1,0% 3,4%

6,1% 1,0% 2,9%

49,1%

44,9%

48,7%

TOTAL

100,0% 100,0% 100,0%

TOTAL

46,8%

47,7%

2,7%

2,8%

100,0%

34. - Votre charge de travail est-elle ?

52 Nous n'avons pas pu utiliser la même période 1992-1 994, en raison d'une comptabilisation différente de la surface de vente et des données comptables suite à l'intégration du groupe rallye en 1992.

53 Le décrochage des courbes que l'on constate sur ce graphique n'ont qu'une signification technique et correspondent au changement de périmètre comptable considéré par Casino en 2000 avec la filialisation qui a séparé les comptes du siège, des entrepôts et des magasins.

Question 48

N° 343 : « moins de fatigue, plus de temps libre donc meilleures conditions dans le travail »

N° 7 : « le partage du temps de travail doit être prioritaire pour le bien être de chacun avec une réduction du temps de travail sans baisse proportionnelle du salaire mais aussi comme axe de réflexion contre le chômage ».

N° 14 : « ... effectif convenant à la charge de travail »

N° 49 : « Avoir plus de loisirs pour être davantage au service du client. Moins de travail = bonne humeur ».

29. - Qu'est ce qui a le plus changé dans votre travail depuis votre embauche ?

Chang.Trav.

les technologies
l'organisation du travail
la baisse des effectifs
la charge de travail
ne sait pas

TOTAL

Entreprise

Auchan Carrefour Casino

100,0% 100,0% 100,0%

28,2% 30,5%

22,2%

31,0%

12,9% 12,1% 11,2%

5,6% 1,3% 2,9%

29,2% 30,6%

26,9% 30,0%

25,2%

TOTAL

100,0%

26,9%

29,4%

29,3%

11,6%

2,8%

L'augmentation de la charge de travail et la baisse des effectifs sont les éléments considérés par les salariés, comme ceux qui ont le plus changé depuis leur embauche. Ils sont près de 1 sur 2 (48,7%) à juger leur charge de travail trop importante (question 34). On notera les aspirations à la réduction du temps de travail exprimées dans l'enquête réalisée en 1997, avant l'accord de RTT mis en place en 1999. Dans le même sens, on peut souligner que cet accord ne s'est nullement traduit par une baisse de la productivité apparente du travail (fig. 43). C'est au contraire la période où elle a évolué le plus, ce qui montre que ce sont les salariés qui se sont « financé » leur RTT par une hausse de productivité, malgré les dispositions de l'accord sur la stabilisation des salaires. L'ensemble de ces résultats, met en évidence une intensification du travail que l'on peut mettre en relation avec la dégradation de l'état de santé des salariés54.

Par ailleurs, les indicateurs de rentabilité économique55 et de rentabilité des capitaux56 (fig. 44), montrent des évolutions et des niveaux tout à fait honorables. Cette dernière affiche même un niveau supérieur aux 20%, admis comme étant la norme d'exigence des marchés financiers aujourd'hui en 1998 et en 1999. Si les niveaux ont baissé à partir de 2000, c'est à la fois lié au changement de périmètre, qui ne comptabilise plus, à partir de cette date que les magasins57 et à une conjoncture concurrentielle dégradée depuis cette date.

Il convient, par conséquent, d'expliquer les raisons de ces données en apparente contradiction, en sachant que la hausse de la productivité apparente du travail, suggère une réduction du « coût du travail ».

54 De nombreux travaux ont été réalisés sur le lien entre intensification, densification du travail et santé. Nous pouvons citer ISERES (2001), POITOU (2005), MENAHEM (2000), THERY et coll. (2006), KERGOAT J., BOUTET J., JACOT H., LINHARDT D. et coll. (1999), CARTRON D. (1999), BAUDELOT C., GOLLAC M. et collectif (2002), etc.

55 Nous avons calculé la rentabilité économique par le rapport entre l'excédent brut d'exploitation (EBE) et les capitaux permanents.

56 Rapport entre le profit total net et les capitaux propres. Elle constitue la rémunération de l'actionnaire.

57 La création du groupe CASINO, qui fait figure de holding en 2000, absorbe une partie de la rentabilité, notamment, par le biais des frais de groupe qui lui sont versés (comptabilisés dans les charges externes).

Fig. 45 Fig. 46

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution de la répartition en % de la Valeur ajoutée
(1992-2005)

Coût personnel (Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)

Etat (Impôts exploit.+Impôts bénéf.-Subventions exploit.)

Profit total net

660

610

560

510

460

410

360

310

260

210

160

110

60

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Evolution comparée du coût du personnel avec le profit et les
dividendes (1 992-2005)

Montant total distribué aux actionnaires

Profit total net

Coût personnel (Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)

y = 44,567x - 6,0704

y = -0,7518x + 93,305

y = 18,344x + 63,949

Répartition de la VA (en %)

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Coût personnel (Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)

83,4%

80,5%

79,7%

78,1%

76,7%

75,6%

71,9%

69,4%

70,9%

64,6%

64,0%

62,8%

59,5%

66,9%

Etat (Impôts exploit.+Impôts bénéf.-Subventions exploit.)

7,2%

7,7%

7,5%

9,3%

10,9%

12,6%

10,7%

11,9%

13,8%

14,7%

13,8%

13,8%

13,0%

7,9%

Profit total net

9,4%

11,8%

12,9%

12,6%

12,4%

11,8%

17,4%

18,7%

15,3%

20,7%

22,2%

23,4%

27,4%

25,2%

 

€ constants 2005 par salarié

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Coût personnel (Salaires+Cotis.+Intér.+Particip.)

100,0

93,8

91,3

87,5

85,6

86,3

87,0

88,8

75,6

85,2

87,3

87,3

86,0

85,6

Profit total net

100,0

123,2

139,4

130,5

129,8

126,8

197,9

224,6

171,9

249,8

278,7

298,1

359,6

293,2

Montant total distribué aux actionnaires

100,0

96,3

165,2

111,9

155,8

215,6

290,9

316,3

306,5

581,4

562,5

525,5

675,8

490,8

 

Source : Bilans financiers Casino 1992 - 2005 et calculs personnels

Problèmes méthodologiques dans le calcul des soldes intermédiaires de gestion :

La valeur ajoutée : Elle est le résultat du solde entre le chiffre d'affaires et les consommations intermédiaires (achats consommés + charges externes).

Mais les normes comptables ne permettent pas toujours une bonne appréciation économique des grandeurs utilisées dans les comptes sociaux des entreprises. Les principales difficultés sont liées au classement des différents postes de charges externes.

Par exemple, les rémunérations des personnels intérimaires et celui des entreprises sous-traitantes figurent dans ces dernières. Il convient, par conséquent, quand c'est possible de les reclasser dans les coûts de personnel. La plupart des experts comptables, le font dans leurs rapports sur les comptes annuels pour les comités d'entreprise.

D'autres postes, peuvent contribuer à minorer la valeur ajoutée et, par conséquent, le résultat d'exploitation. On peut citer, notamment :

· Les redevances immobilières, notamment, dans le cas où le propriétaire des locaux est lié à l'actionnaire principal, ce qui peut faire évoluer les loyers selon des critères autres que celui du prix de marché.

· Les frais de siège et autres frais versées à des filiales appartenant au même groupe, dont la réalité peut être discutée.

Dans le cas de Casino, on ces difficultés, du fait d'un niveau de détail insuffisant dans les données financières que nous avons pu traiter. On a pu, néanmoins, surmonter ces difficultés, en rapprochant certaines données non comptables (par exemple le nombre des intérimaires et le nombre de salariés dépendant d'entreprises extérieures (obtenues dans les bilans sociaux) pour vérifier que cela n'altérait pas la pertinence de nos analyses.

Le coût du travail : Nous l'avons calculé en additionnant les salaires et traitements, les cotisations sociales, l'intéressement et la participation et après déduction des 10 plus hauts salaires de l'entreprise que nous avons réintégré dans le profit total net.

Le profit total net : Nous l'avons calculé en déduisant le coût du travail et les impôts (d'exploitation et des sociétés) de la valeur ajoutée et en ajoutant les résultats financier et exceptionnel. Il permet ainsi de mesurer le profit total net disponible pour les actionnaires et pour le financement de l'entreprise.

 

ISST - Paris I - DEA Politiques Sociales et Société 2006 / D. Sanchis sous la direction de M. J.M. MONNIER 79

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille