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Impact de la police judiciaire sur la poursuite des infractions en droit rwandais

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par Innocent NIRINGIYIMANA
Université libre de Kigali - Licence en droit 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre travail, il nous est bon de dégager les points saillants qui l'ont caractérisé. La partie introductive de notre travail nous aidé à  justifier le choix et l'intérêt de notre sujet, à délimiter notre étude dans son domaine, dans l'espace et dans le temps, à présenter la problématique couronnée par les questions de recherche, à établir les hypothèses de notre travail, à nous fixer les objectifs de la recherche, à avoir les techniques et méthodes permettant de recueillir les données ainsi qu'à pouvoir faire la subdivision du travail.

Au premier chapitre, nous nous sommes intéressés à élucider toutes les notions nécessaires à notre sujet. Il a été d'abord question de voir les définitions des concepts clés à notre sujet. En plus, nous avons passé en revue les notions relatives à la police judiciaire, à son historique, à son organisation au Rwanda, à son statut et à sa mission. Nous avons également passé en revue les notions sur l'enquête préliminaire conduite par la Police judiciaire et enfin par le statut et la compétence de la police judiciaire.

Dans le deuxième chapitre, nous nous sommes intéressés à analyser les problèmes constatés lors de l'enquête préliminaire conduite par les OPJ et à voir leur impact sur la poursuite des infractions au niveau de la police judiciaire, au niveau de l'ONPJ ainsi qu'au niveau des juridictions compétentes.

De prime abord, il y a les problèmes d'ordre technique, matériel, financier et les moyens humains comme l'insuffisance des connaissances techniques et les moyens humains suite à l'insuffisance de la maîtrise du droit et des techniques d'enquêtes, le nombre insuffisant des OPJ face au taux de criminalité plus ou moins élevé dans certaines régions du pays sur l'effectif de 7300 policiers relativement faible compte tenu de la population rwandaise qui arrive à 10.000.000 d'habitants.

Pour ce qui est de l'expertise médicolégale, nous avons remarqué l'incompétence, le manque de temps et des techniques de la médecine légale pour les médecins ou tout simplement l'absence d'un médecin légiste. Il y a également l'insuffisance des moyens matériels et financiers comme les moyens de déplacement, de communication et les enjeux de prise de photos et ainsi que la situation socioéconomique liée à l'insuffisance de traitement salarial ce qui conduit à la corruption et la non réception des demandes et plaintes comme l'indique la liste établie par la Cour Suprême sur ceux qui ont été condamnés pour l'infraction de corruption et le Rapport de l'Office de l'Ombudsman sur l'infraction de corruption dans les services publics et privés.

Nous avons également constaté le problème du statut des OPJ car d'un côté ils sont régis par le statut de leur fonction principale et de l'autre côté par le Procureur au niveau de Grande Instance ; ce qui conduit à la contradiction des ordres, des règles différents émanant des autorités hiérarchiques créant ainsi l'instabilité des OPJ dans leur mission. Il y a enfin l'ignorance de la population qui modifie les traces des preuves ou qui ne savent pas où porter les plaintes.

D'où, les conséquences non moins importantes surgissent au niveau de la police judiciaire comme la non poursuite des infractions constatée suite à l'instabilité de l'OPJ dans l'exercice de sa mission, la non poursuite des infractions constatées et la constitution des dossiers insuffisamment renseignés suite à l'insuffisance des techniques d'enquêtes et moyens matériels et humains. Au niveau de l'ONPJ, il y a les difficultés dans l'instruction du dossier liées aux lacunes dans les dossiers transmis par l'OPJ. Sur ce, nous avons constaté que sur 100 dossiers, 87% ont des rapports d'expertise médico-légale en des termes compliqués et 13% n'ont même pas ces rapports.

Pour le classement sans suite des dossiers, nous avons remarqué qu'un grand nombre de dossiers sont classés sans suite surtout les dossiers d'accidents matériels et de viol. Il y a également la non poursuite des infractions et leurs auteurs, la perte des procès suite au manque de preuves au niveau des juridictions concernées.

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Il été question enfin, de proposer des mesures préventives et curatives en vue de l'amélioration de l'efficacité des enquêtes préliminaires conduites par la police judiciaire. Pour les mesures préventives, des propositions ont été faites au niveau de la police judiciaire, des experts médico légaux ainsi qu'à la population.

Concernant les OPJ, il faudrait l'harmonisation des dispositions légales sur la Police judiciaire par l'unification de l'autorité hiérarchique. Ainsi, il faudrait un seul département de police judiciaire sous la direction d'un Directeur de la CID; l'incorporation de la Police judiciaire comme les magistrats auxiliaires au sein de l'ONPJ; considérer uniquement la fonction de l'OPJ en dehors de sa fonction principale de policier lors qu'il est dans sa mission d'OPJ. Il en est le cas en France et en Belgique car l'OPJ est sous le contrôle de la chambre d'instruction mais sous la direction du ministère public.

Il faudrait aussi la mise en place du statut propre à la Police judiciaire soit en considérant uniquement le statut de la police nationale ou bien le statut des magistrats et agents de l'ONPJ et un code écrit régissant la conduite des enquêtes préliminaires complétant l'Arrêté Ministériel n° 004/05 du 22/12/2005 instituant le règlement, les sanctions et la procédure disciplinaires au sein de la Police Nationale. Il faudrait ensuite le renforcement des moyens techniques, matériels, financiers et humains des OPJ, par la mise en place d'un programme de formation en droit ou d'un département de la police judiciaire dans la faculté des sciences sociales et policières au sein de Kigali Institute of Education (KIE), branche de Musanze ou à l'Institut supérieur de pratique et de développement du droit de Nyanza pour former les OPJ spécialisés en droit comme il en est le cas en France et en Belgique.

Pour les experts légaux, il faudrait la formation globale des experts légaux sur l'importance des rapports d'expertise dans la poursuite pénale et la formation spécifique des médecins légistes issus de la faculté de médecine de l'UNR, comme il en existe en France et en Belgique.

Au niveau de la population, il serait mieux de faire la sensibilisation aux habitants surtout ceux du milieu rural sur l'importance des preuves dans la poursuite pénale lorsqu'une infraction vient d'être commise. Il faudrait former les membres des Community Policing Comittees (CPC) et les Local Defense Forces (LDF) aux techniques d'enquêtes et aux notions élémentaires du droit de procédure pour connaître les cas d'infractions et assurer le maintien des preuves en vue d'une bonne enquête préliminaire. Un OPJ devrait alors siéger dans chaque village pour poursuivre les activités des CPC et des LDF comme il en est le cas au Kenya ;

Quant aux mesures curatives, il faudrait le renforcement des mesures disciplinaires, par la mise en place d'un service d'inspection de la police judiciaire comme il en existe au niveau de l'ONPJ, permettre, à part la possibilité de la victime de recourir à l'ONPJ, l'application du principe de récusabilité aux OPJ qui n'ont se sont pas acquittés convenablement de leur tâche de faire les enquête préliminaire et la possibilité des mesures répressives aux OPJ en cas de leur défaillance. Il serait mieux enfin d'indemniser les victimes des vices de l'enquête préliminaire selon l'article 258 CCLIII. La mise sur pieds d'un fonds d'indemnisation des victimes des vices de l'enquête préliminaire serait l'une des solutions en vue de rendre justice à ces victimes.

Somme toute, nous constatons que les résultats de notre étude confirment en totalité toutes nos hypothèses et nous permettent d'atteindre nos objectifs.

Tout compte fait, la Police judiciaire est l'un des acteurs principaux dans la poursuite des infractions en droit rwandais. Nous pouvons alors suggérer au Gouvernement rwandais et à toutes les instances concernées ce qui suit :

- Il faudrait instaurer au sein de l'Ecole supérieure de la Police nationale sise à Musanze et à l'Ecole supérieure de profession de droit de Nyanza, un programme de formation élargie en droit et surtout les techniques d'enquêtes judiciaires, le droit de procédure pénale, le droit pénal et à la criminologie à l'endroit des OPJ;

- Il faudrait adopter une loi renforçant le statut de la police judiciaire, son fonctionnement et sa compétence;

- Il faudrait également mettre en place une loi permettant l'indemnisation des dommages résultant des vices de l'enquête préliminaire conduite par les OPJ;

- Il faudrait instituer un Arrêté ministériel accordant le pouvoir d'OPJ à certaines autorités de l'administration locale;

- Enfin de compte, il faudrait renforcer les moyens socioéconomiques et matériels aux OPJ ainsi que leur effectif en vue de répondre à leur mission en toute efficacité.

Nous voici au terme de notre travail, nous ne prétendons pas avoir épuiser le sujet, car notre domaine était clair; l'impact de la police judiciaire sur la poursuite des infractions en droit rwandais. C'est le domaine du droit de la procédure pénale. La voie est ainsi ouverte à d'autres chercheurs pour aborder d'autres aspects de notre sujet que nous n'avons pas pu traiter ou approfondir. La raison n'est rien d'autre que le manque de temps et de moyens financiers de feuilleter plus de documentations et de mener des enquêtés suffisantes dans ce domaine. C'est ainsi que nous n'avons pas pu traiter les points suivants:

Ø La problématique des preuves dans la poursuite des infractions de viols en droit rwandais

Ø Impact des experts médico-légaux dans la poursuite des infractions de viols et d'homicides en droit rwandais ;

Ø De la restructuration de la police judiciaire et le renforcement des mécanismes d'enquêtes préliminaires en droit rwandais.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote