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Contribution du Bois Energie aux moyens d'existence durables des ménages riverains de la Réserve de Biosphère de la Pendjari


par Abdelaziz LAWANI
Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi
Traductions: Original: fr Source:

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2-1-1-4- Le bien-être

La définition du bien-être ou du mal-être est un exercice peut commode car ce concept varie d'un individu à un autre, d'une communauté à une autre. Malgré les spécificités régionales dans les composantes du mal-être définies par les individus pauvres, beaucoup se recoupent, ce qui peut donner lieu à une catégorisation. On pourrait s'inspirer des travaux pionniers de Chambers qui retient quant à lui huit dimensions fondamentales de privations nuisant au bien-être des individus. Par ailleurs, l'ensemble des études participatives menées par la Banque Mondiale a donné naissance à un article de synthèse : Voices of the poor (Narayan, 2000). Les composantes du bien-être et du mal-être exprimées par les individus y sont regroupées en 5 dimensions : le bien-être matériel, le bien-être physique, la sécurité, la liberté de choix et d'action, et les bonnes relations sociales.

Dans les zones rurales le bien-être matériel se traduit par la possibilité d'avoir une terre et d'avoir les ressources nécessaires pour cultiver et avoir une bonne récolte. En milieu

urbain, les individus insistent sur l'accès au crédit, la possession d'un capital suffisant pour monter une petite entreprise, la stabilité de l'emploi. Chambers (1995) inclut dans cette dimension les biens, les ressources matérielles et les revenus.

La bonne santé physique est présentée comme primordiale par les pauvres. Non seulement pour des raisons sociales et de bien-être personnel, mais aussi parce que pour beaucoup, le corps est la seule ressource dont ils disposent. Or, les mauvaises conditions de vie et de travail, combinées avec la pauvreté matérielle, rendent les individus hautement vulnérables à la maladie, à la mort et plus fréquemment sujet à des incapacités physiques permanentes.

Une troisième dimension du bien-être est caractérisée par l'insécurité décrite par les individus comme synonyme de tranquillité d'esprit ou de confiance dans leur survie. Le problème de la survie se pose non seulement en référence aux moyens de subsistance mais aussi face à la violence et la corruption croissantes, la guerre, les désastres naturels et l'incertitude des climats qui mettent en jeu la survie purement physique.

Le quatrième volet recouvre la liberté de choix et d'action. Cela inclut le pouvoir d'éviter l'exploitation et les traitements humiliants que les riches ou les personnes de plus de pouvoir imposent aux pauvres. Cela fait aussi référence à la capacité de s'instruire, de s'informer, d'avoir accès aux services de crédit, de vivre dans des endroits décents, de ne plus vivre à la merci des mauvaises saisons, de pouvoir aider ceux qui sont plus dans le besoin. L'incapacité d'action, l'impuissance confrontent les pauvres à des choix contraints. Ils décrivent l'impuissance ("powerlessness") comme l'incapacité à contrôler leur environnement à cause de la pauvreté. Ils insistent sur le sentiment d'angoisse face à l'accès difficiles aux divers actifs, à un revenu, à un emploi. Subissant le pouvoir des autres, ils sont faciles à exploiter ou à ignorer. Notamment, la difficulté à se faire entendre des autorités est renforcée par le lieu d'habitat souvent éloigné et isolé. L'isolement constitue une des huit catégories de Chambers. Il fait référence à l'isolement géographique, l'isolement en termes de communication (incluant le manque de contacts, les difficultés d'accès à l'information et l'analphabétisme), l'isolement vis à vis des supports économiques et sociaux.

L'isolement social est une cinquième caractéristique retenue dans le rapport de la Banque Mondiale. Le bien-être, dans cette dimension, correspond à la qualité des relations sociales, familiales, communautaires. Il est fonction du respect dans lequel la société tient les individus, de la place que les individus peuvent prendre dans la vie sociale. En ce sens, la possibilité de suivre les traditions et les coutumes de leur culture est déterminante du bien- être social des individus. Les pauvres soulignent l'humiliation ressentie à ne pas pouvoir participer aux rituels et aux fêtes, à ne pas pouvoir échanger des présents. Chambers parle

d'infériorité sociale, lorsque la société perçoit un individu comme génétiquement inférieur, désavantagé (en fonction de son sexe, de sa caste, de sa race, de son groupe ethnique) ou inférieur en termes de classe, de groupe social ou d'emploi. L'infériorité sociale peut être acquise, liée à l'âge ou encore liée à la naissance.

2-1-2- Approche théorique d'analyse : The Sustainable Livelihoods Analyse (SLA) ou l'Approche par les Moyens d'Existence Durables (AMED) 2-1-2-1- Les débats récents sur le concept de la pauvreté

Le concept de la pauvreté a subi ces dernières décennies de profondes réexaminations, avec l'effondrement du mythe de la croissance bénéfique pour tous. Le constat de paupérisation et de diversification des formes de pauvreté dans les pays en développement pose avec une acuité nouvelle la question de la pauvreté.

En effet, la pauvreté est communément définie en fonction des seuils de revenus ou de consommation. Selon cette approche, une personne est pauvre lorsque ses revenus sont faibles et insuffisants pour lui permettre d'accéder aux ressources économiques (terre, main d'oeuvre etc.). Cette personne devient vulnérable et s'expose aux catastrophes naturelles et économiques (insécurité alimentaire). Cette méthode pose problème parce que premièrement, elle assimile pouvoir d'achat et satisfaction des besoins et, deuxièmement, elle présuppose que tous les besoins peuvent être satisfaits par des moyens monétaires (Kabeer, 1994).

Un autre paramètre couramment employé pour mesurer la pauvreté est la sécurité alimentaire, ou plutôt son absence. On parle d'insécurité alimentaire lorsque les êtres humains n'ont pas un accès suffisant à des quantités de nourriture adéquates et ne consomment donc pas les aliments nécessaires à une croissance et un développement normaux. Ce manque d'accès à la nourriture peut être dû à sa non disponibilité, à un pouvoir d'achat insuffisant, à la distribution ou l'utilisation inadéquate des aliments au niveau des ménages. On peut procéder à d'autres analyses pour établir quels facteurs sont à l'origine de l'insécurité alimentaire et quels facteurs influent sur la capacité des ménages d'y faire face. La définition des seuils de pauvreté repose de ce fait sur une décision plus ou moins arbitraire concernant qui est pauvre et qui ne l'est pas, prise sur la base d'une définition des besoins physiologiques en énergie alimentaire.

Aussi, la pauvreté n'est-elle pas seulement une question de disponibilités de revenus et/ou de nourriture. En effet, Jodha (1988), après son étude dans les ménages de deux villages du Rajastan, a montré que bien que ces ménages aient vu leur revenu réel par tête baisser de

plus de 5%, ils ont vu leur situation évoluer positivement. Leur situation, bien que plus critique en termes de bien-être économique, s'est améliorée selon les critères que les villageois ont eux-mêmes définis. Le paradoxe de Jodha souligne donc l'intérêt de mesurer la pauvreté en ne considérant pas seulement les revenus, l'analyse en termes de revenu ne saisissant pas toutes les dimensions du bien-être.

L'approche basée sur le concept « des besoins de base » quant à elle suppose que la pauvreté s'exprime par une incapacité des individus à satisfaire les « besoins de base » physiques (nourriture, soins de santé, éducation, habillement etc.) et non physiques (participation, identité etc.) (Streetent 1977). Le problème majeur posé par cette approche est la détermination complète des besoins de base et la spécification objective des niveaux auxquels on peut considérer que le besoin est satisfait.

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