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Journée de la peinture de 1993-2003 : première action pour établir un rapport entre la zone de production et le publicComme nous l'avons expliqué ci-dessus, la « Journée de la peinture des fleurs de pêcher (momo no hana shasei taikai) » fut la première action menée à l'initiative de Monsieur N qui était alors le président du Groupement de producteurs de la pêche de Toyota (JA Toyota- shi momo bukai). Ceci consistait à ouvrir les vergers au public et en faire une « contribution sociale (shakai kôken) ». Monsieur N l'explique ainsi avec enthousiasme : « [ Enquêteur : Depuis quand vouliez-vous établir un rapport avec le public qui n'a pas de lien avec l'agriculture ?] Depuis toujours. Vers 1993, 1994, lorsqu'il n'y avait pas encore le grand centre de calibrage là-bas, on se disait 'on ne peut pas rester comme ça. Il faut faire une contribution sociale !' et ainsi on a fait la journée de la peinture. (...) C'est ce que l'on a fait d'abord. Ensuite, on a fait appel à tout le monde, le président de la coopérative et compagnie. En parlant avec des jeunes arboriculteurs, on se disait 'nous le commençons enfin...!'. Puis, cela a duré 11 ans. Quelques milliers personnes sont venues. Et du coup, si on parle de cet évènement, tout le monde en est au courant. C'est important. Si on compte que sur nous, cela ne marchera vraiment pas. » Dans cette explication, on voit ce qui était essentiel pour Monsieur N pour lancer la journée de la peinture : faire connaître au public la zone de production de la pêche et de la poire du Pays de Sanage (« si on parle de cet évènement, tout le monde en est au courant. C'est important ») Puis, à travers cette action, il pensait amener la gestion de la zone de production de manière à intégrer le « public » (« Si on compte que sur nous, cela ne marchera vraiment pas »)598(*). L'établissement du GASATA en 2003 : besoins internes des arboriculteursEnsuite, Monsieur N a mené son action pour monter le GASATA en 2002. L'initiative fut prise par Monsieur N et d'autres jeunes arboriculteurs de manière spontanée et indépendante des grands organismes comme la municipalité et la coopérative agricole. Ceci en tenant compte des deux aspects suivants : la nécessité de renforcer l'entraide entre arboriculteurs de manière formelle ; vieillissement des arboriculteurs (y compris lui-même). Sur le premier point, Monsieur N s'explique ainsi : « En fait, quand on est paysan, on est `almighty' en faisant tout, quelques soit les échelles, grande ou petite. Puis, on n'a pas de limite au niveau du temps. Et si on répond à une demande d'aide de quelqu'un, on finirait par dire que l'on est seulement gentil. Mais pour pouvoir passer à une époque suivante, je me disais, il faudrait valoriser en monnaie nos compétences, quoiqu'une idée réaliste » Dans cette explication, on voit bien que l'intention de Monsieur N était de conserver les vergers pour le futur (« pour pouvoir passer à une époque suivante »), et ensuite d'organiser formellement l'entraide entre arboriculteurs via une monnaitarisation des aides aux travaux agricoles. En appliquant cette méthode, il avait l'intention de résoudre à la fois les problèmes existants chez les arboriculteurs professionnels membre du GASATA, et chez les demandeurs d'aides aux travaux agricoles : Du côté des membres du GASATA, il y avait une difficulté pour répondre « sans être prévenu »aux demandes d'aides aux travaux agricoles, et de manière à devoir « tout faire », alors qu'ils avaient leur travail à faire dans leur exploitation. Du côté des demandeurs d'aides, ils ne pouvaient s'adresser qu'aux gens qu'ils connaissaient bien, et ils étaient gênés de demander des aides aux autres arboriculteurs pour de grands travaux. Le fait d'établir une liste des contenus des aides aux travaux agricoles avec les frais précis, allait donc régler ces problèmes qui existaient implicitement entre arboriculteurs. Puis, deuxièmement, la préoccupation de Monsieur N concernait le problème de son propre vieillissement. Il l'explique ainsi : « Puis, lorsque j'ai commencé à avoir plus de 50ans, je me suis dit, si je ne peux plus continuer à travailler, la vie de ma famille ne marchera plus. Et si, dans une telle situation, quelques collègues à moi étaient là pour prendre le relais pour un ou deux mois pendant lesquels j'ai une fracture ou d'autres problèmes, je pourrais reprendre mon travail après, n'est-ce pas ? Et je me suis dit que les personnes âgées devaient penser la même chose, encore plus fort que moi, d'ailleurs. Je pensais comme cela depuis longtemps à travers mes activités de la gestion de mon exploitation. » D'après cette explication, il a eu l'idée de monter le GASATA, par sa propre réflexion, de manière à répondre à la fois à son propre besoin ressenti par lui-même et à celui des autres producteurs âgés. Actuellement, trois ans après le lancement du GASATA, les avantages du projet sont nets : « Il y a, dit Monsieur N, des gens qui nous disent ' Brusquement, le papi a eu une fracture et il ne peut pas travailler pendant deux mois. Vous pouvez faire tel ou tel travail ?' Et après, ils sont très contents ! Car, ces papis ne veulent pas arrêter leur travail, mais ils veulent continuer. C'est seulement pendant un moment qu'ils ne peuvent pas travailler ». Puis, les activités du GASATA ont également permis aux arboriculteurs de mieux communiquer (échanger des opinions, apprendre des techniques des uns et des autres etc) * 598 Et cela n'exclut pas, bien évidemment, que Monsieur N escomptait un effet de la promotion de leurs produits sur le marché. |