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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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L'origine de l'idée centrale du projet : « `Nô'(l'agriculture ou la ruralité) en tant qu'Ikigai (sens de la vie) »

L'origine de l'idée centrale du projet, celle de « `Nô'(l'agriculture ou la ruralité) en tant qu'Ikigai (sens de la vie) » qui relie le problème du vieillissement à celui de la ruralité, est-elle plutôt descendante ou ascendante par rapport à la position des acteurs impliqués dans le processus concret de la construction du projet ?

Terminologie : « Nô » et « Ikigai »

Avant de répondre à cette question, nous essayons d'examiner la définition des notions en question : « Nô » et « Ikigai », dont chacun a des traits spécifiques au niveau de l'origine, des idées et de l'usage.

« Nô : \u-28750»_ »

L'usage du terme « nô » est relativement récent et peu habituel dans le langage courant en japonais. En effet, comme nous l'avons déjà évoqué, le « nô » ne constitue pas un mot à lui seul, il ne constitue un mot qu'en combinaison avec « gyô (métier ; affaire) » : « nôgyô (agriculture) » ; avec « son (village) » : « nôson (ruralité ; villages ruraux) » ; avec « ka (personne exerçant un métier ; professionnel » « nôka (ferme ; agriculteur) » et avec « min (peuple) » : « nômin (paysan) ».

Donc, le terme « nô » est souvent utilisé entre parenthèse tel que « `nô' teki na mono (quelque chose de `nô') » signifiant « quelque chose d'agricole ou de rural ». Ainsi, Hamaguchi et Sagaza, sociologues japonais, tentent de définir ce terme en abordant le phénomène du « teinen kinô (retour à la terre après la retraite) » qui est un sujet d'actualité très animé par les médias au Japon ces dernières années678(*).

D'après Hamaguchi et Sagaza, la signification du « kinô (retour à la terre) » tel qu'il peut s'observer aujourd'hui au Japon, ne se limite pas à mener des activités agricoles comme profession. Ils relèvent que, selon un résultat d'enquête, la majorité des personnes qui veulent mener une vie rurale après la retraite ne souhaitent que mener des activités comme un prolongement du jardinage (tout comme nous l'avons constaté dans le résultat de l'enquête effectuée par le BPA et le CLFS auprès des salariés de la Ville de Toyota en 2003)679(*). Ils donnent comme exemple : la location de terrains de près de 10 ares chacun pour les cultiver ; la location d'une parcelle de jardin citoyen. Puis, ils donnent d'autres exemples en dehors du milieu des retraités : élèves de l'école primaire apprennant à planter le riz ; établissements pour les soins aux personnes âgées dépendantes appliquant le jardinage comme méthode de soin aux personnes âgées ; développement du tourisme vert etc. Hamaguchi et Sagaza entendent par l'expression de « s'impliquer dans `nô' (nô to kakawaru) » cette diversité des manières d'aborder l'agriculture680(*).

Par ailleurs, d'après la définition de Katsuo OTSUKA qui a publié en 1997 un ouvrage intitulé « L'ère de vivre de manière `nô' (nô-teki ni ikiru jidai) », la « vie de `nô' (nô-teki seikatsu) », ne signifiant pas la vie agricole ni la vie en milieu rural, cela siginife « une manière de vivre respectueuse de la nature, protectrice de l'éco-système, respectueuse de la vie même, et non artificialisée681(*) ». Et ceci est « un style de vie qui, en reconsidérant la destruction de la nature, la dégradation de l'environnement, l'anthropo-centrisme, le technocrato-opportunisme et le matérialisme dépendant des valeurs matérielle et monétaire, accorde de l'importance à la cohabitation entre la nature et l'homme, la conservation de l'alimentation et de l'environnement et à la vrai richesse, puis, tente d'introduire le plus possible les éléments de `nô' dans la vie quotidienne682(*). »

Enfin, Hamaguchi est Sagaza établissent le lien entre le « nô » et l'idée de la multifonctionalité. La montée d'une prise de conscience de l'idée de « nô » parmi la population japonaise relève du fait que « non seulement les habitants locaux concernés, mais toute la population ont commencé davantage à comprendre l'impact de la multifonctionalité de l'agriculture sur elle-même »683(*). Selon eux, « nô » est une condition nécessaire afin que la population puisse bénéficier de la multifonctionalité. (« c'est à travers nos diverses implications à `nô' que nous pouvons bénéficier de cette multifonctionalité684(*) ».)

En bref, après ce survol de la réflexion menée par Hamaguchi et Sagaza, nous pouvons retenir que le `nô' est un terme récemment employé au Japon afin de redéfinir l'agriculture et la ruralité, dans une dimension de la relation entre la multifonctionalité de celles-ci et toute la population.

* 678 D'ailleurs, le « teinen kinô » est un terme inventé par un journaliste dans la revue « gendai nôgyô (agriculture contemporaine) » en 1998. Depuis lors, ce terme fut rapidement diffusé dans les médias japonais et reconnu comme terme courant pour désignier le fait que les retraités salariés commencent à mener des activités agricoles ou à s'installer en milieu rural pour passer leur vie à la retraite (Hamaguchi, Sagaza , 1994 : p.95)

* 679 Ibid.: p.95.

* 680 Ibid. : p.95-96

* 681 Otsuka (1997) cité par Hamaguchi et Sagaza, Ibid. : p.109

* 682 Ibid.

* 683 Ibid : p.108.

* 684 Ibid.

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