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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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Compromis dans le processsus de la construction du Projet Nô-Life

Le concept du compromis peut, nous semble-t-il, éclairer la situation de la relation telle qu'elle a été établie entre les agents dans le processus de la construction du Projet Nô-Life, en terme de l'approche du bien commun, l'ambiguïté du principe du compromis et la fragilité de celui-ci.

D'abord, le processus de la construction du Projet Nô-Life s'inscrit, au moins initialement, dans une approche du « bien commun » de manière explicite : il s'agit de valoriser l'agriculture et la ruralité non de manière sectorielle, mais via une « participation citoyenne » (surtout depuis le Plan de 96) en les considérant comme un bien commun appartenant aux citoyens mais non uniquement aux agriculteurs.

Cependant, nous l'avons relevé dans l'examen de la position respective des gestionnaires du Projet Nô-Life (BPA et CAT), l'ambiguïté du principe du Projet Nô-Life est en question en raison d'une divergence de leurs propres visions sectorielles tant sur le court terme que sur le long terme.

En principe, du côté du BPA, il est coincé entre l'intérêt général qu'il porte, et l'intérêt du secteur agricole porté par la CAT. Du côté de la CAT, en réalité, son intérêt porte exclusivement sur le profit du secteur agricole, malgré la complexité de son raisonnement.

Intéréts sur le court terme

Sur le court terme, le BPA, en tant qu'agent municipal, doit d'abord satisfaire le public en répondant le plus possible aux demandes immédiates des usagers (stagiaires) du Projet. Du coup, le critère de sélection des stagiaires doit être souple . C'est pourquoi le Centre Nô-Life accueille divers types de stagiaires qui ne correspondent pas souvent à l'objectif productiviste du Projet Nô-Life, (ce qui est d'ailleurs compréhensible en réalité, nous le verrons dans le Chapitre 3). Puis, quand il doit présenter le résultat ou la vertu concret du Projet auprès de la municipalité, il doit nécessairement recourrir aux éléments quantifiables et immédiats avec des chiffres concrets (surtout le nombre de stagiaires et la surface agricole mise en location avec les stagiaires ayant terminé la formation Nô-Life) plutôt qu'aux éléments non quantifiables qui dépendent beaucoup du long terme ou de la subjectivité (qualité de vie, lien social et territorial).

Face à cette exigence du BPA, l'engagement de la CAT reste mitigé à cause de la faible importance économique que le Projet Nô-Life pourrait apporter au secteur agricole : la CAT elle-même est en réalité un grand organisme financier et commercial dans lequel le domaine des activités agricoles est en permanence déficitaire736(*). Si bien que quelques points de désaccord étaient déjà apparents pour la conduite actuelle du Projet, sur l'élargissement du Centre Nô-Life effectué en 2006, à deux autres quartiers : l'un en plaine dans une zone fortement agricole, l'autre en moyenne montagne, dans une commune venant de fusionner avec la Ville de Toyota. Ce choix était pour favoriser la demande de la population locale et l'égalité de l'offre des services publics en terme géographique. D'après Monsieur K, président du Centre Nô-Life, la demande pour l'installation du Centre Nô-Life est surtout forte de la part des communes de moyenne montagne dépeuplées qui viennent de fusionner avec la Ville de Toyota, comme un « cadeau d'échange » de cette fusion. Mais la CAT n'était pas d'accord avec cette décision. Car ce qui compte pour la CAT, nous l'avons vu, est de « former les agriculteurs » au lieu de « satisfaire le plus possible le public ». A cet effet, le nombre des stagiaires accueillis par le Centre Nô-Life doit être minimum pour la CAT afin de pouvoir réaliser son objectif de la formation agricole, et l'élargissement de la taille du Projet Nô-Life n'est pas prioritaire pour elle.

* 736 Nous avons vu la structure interne de la coopérative : l'importance économique occupée par les activités agricoles à l'intérieur de la CAT (achat commun des matériels agricoles, vente commune des produits agricoles) est déjà extrèmement faible par rapport aux autres domaines d'activités. En tant que coopérative agricole, les coopératives agricoles japonaises effectuent surtout un ensemble de services financiers (crédits, mutualité, immobiliers, commerce de détail etc) et également ceux non agricoles (services immobiliers, divers services dans le domaine de la « vie » comme les supermarchés, les cérémonies funéraires et services de l'aide aux personnes âgées dépendantes). Surtout les services pour les personnes âgées ou leur décès sont aujourd'hui un marché à conquérir à l'ère du vieillissement...

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