Intérêts sur le long terme :
question de l'identité agricole
La divergence d'intérêts sectoriaux porte
également sur le long terme qui concerne directement la
définition légitime du métier agricole. La seule
référence légitime de la profession agricole renvoie, en
fait, au montant de revenu agricole annuel des « agriculteurs
qualifiés » considérés comme
« porteurs » de l'agriculture, dont la définition
relève de la politique agricole nationale. Et ce sont ceux qui peuvent
bénéficier du prêt agricole départemental
contrôlé par l'ECV (vulgarisateur agricole). Pour en
bénéficier, il faut déposer un plan planifiant une
production agricole susceptible de dégager plus de 2 500 000 yens de
revenu agricole annuel.
L'objectif du Projet Nô-Life semble être
fixé par référence à ce critère
économique. De plus, nous l'avons vu, le montant de revenu agricole
annuel donné par le Projet Nô-Life (un million de yens) s'enracine
également dans l'histoire de la modernisation agricole japonaise des
années 70 comme un slogan national, ensuite dans les années 80
comme un objectif économique donné à
l' « agriculture de type Ikigai » promue par la
politique de la vulgarisation agricole dans la région proche de Toyota,
pour les femmes et hommes âgés des foyers agricoles pluriactifs.
Cet objectif est donc lui-même un référentiel historique de
la modernisation agricole.
Donc, la définition légitime du métier
agricole reste quasi-exclusivement dans le monde agricole, et elle se
reflète même dans l'objectif du Projet Nô-Life qui a permis
le compromis entre la CAT et le BPA.
Ainsi, nous pouvons comprendre plus ce que veut
substantiellement dire l'intérêt de « former les
agriculteurs » de la part de la CAT. Et du côté du BPA,
il n'a qu'à se référer à la définition telle
qu'elle est donnée dans le monde agricole, tant qu'il n'a pas d'autres
définitions alternatives du métier agricole, à part la
représentation ordinaire comme les « jardiniers pour le
loisir ». Si bien que cet objectif lucratif du Projet Nô-Life a
été décidé par une concession de la part du BPA qui
n'était pas forcément favorable à cet objectif : il
souhaitait donner plus de liberté aux stagiaires pour choisir un type
d'activités agricoles quelconque.
Inégalité de l'effet symbolique du
Projet
En plus, selon notre enquête, c'était
apparement l'initiative du maire de la Ville de Toyota (élu en 2004) qui
a le plus fortement poussé le Projet Nô-Life jusqu'à son
démarrage en 2004 (la même année que son
élection...). Ce qui amène Monsieur S, directeur de la Direction
des activités agricoles de la CAT, à se plaindre de l'absence du
« mérite » de la part de la CAT pour la
réalisation du Projet Nô-Life. L'effet
« symbolique » de la réussite du Projet compte ainsi
dans leur relation de compromis.
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