5 Réflexion sur le devenir du Projet
Nô-Life
D'abord, il faut relever une limite imposée pour
l'analyse de cette partie. Les données analysées ici sont
beaucoup moins complètes que les données analysées dans
les parties précédentes. Ceci est dû au fait qu'avec cette
enquête par entretien, la possibilité laissée aux
enquêtés de développer leurs réflexions était
beaucoup plus limitée que dans l'enquête par questionnaire,
notamment en raison du manque de temps et d'un rapport d'interaction
enquêteur - enquêté qui s'impose dans les entretiens.
Pour dégager les éléments des
réflexions menées par les enquêtés, nous avons
repris les trois groupes identifiés dans notre analyse de la prise de
position : groupe distancié ; groupe neutre ; groupe productiviste. Nous
présenterons notre analyse en groupant les avis positifs et
négatifs des enquêtés sur les trois thématiques
abordées : Rapport du Projet au développement local ; Bilan des
activités de la formation Nô-Life ; Avenir du Projet
Nô-Life. Bien que nous ne trouvions pas toujours de relation forte entre
ce groupement et les réflexions des enquêtés sur l'ensemble
du Projet Nô-Life, la division des enquêtés en ces trois
groupes nous permet de repérer certaines tendances de leurs
réflexions.
La thématique sur le Rapport du Projet Nô-Life
au développement local a recherché les avis des
enquêtés sur l'impact extérieur des activités du
Projet Nô-Life. Puis, la thématique sur le bilan des
activités de la formation Nô-Life a recherché l'
appréciation interne des activités du Projet Nô-Life par
les enquêtés. Enfin, la thématique sur l'avenir du Projet
Nô-Life, en demandant aux enquêtés s'il faut continuer le
Projet à l'avenir, a recherché la légitimité et la
valeur générale du Projet et les propres avis des
enquêtés sur les problèmes qui résident dans
l'orientation du Projet pour sa continuation future.
Rapport du Projet au développement local
Tableau : Avis des enquêtés sur le
Rapport du Projet Nô-Life au développement local
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Avis positif
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Avis négatifs
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Avis pragmatiques
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Groupe distancié
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- Motiv. souvent plus forte chez la pop. non agri. que chez la
pop. agri.. Il faudrait que le Projet se focalise + sur les salariés
retraités aisés (M. Imai)
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- Attente faible de la pop. loc. ou agri. (M. Shioya; Mme.
Tsuzuki; M. Imai)
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Groupe neutre
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- Positif du pdv de l'identité agri. et rur. de la Ville
de Toyota (Mme. Kawamura, M.Naruse, M. Shimizu)
- Positif du pdv de la communic. entre hab. loc. (Mme.
Katô)
- Positif du pdv de l'agricult. basée sur la
localité. Influence possib. sur l'urbanisation (M. Kobayashi)
- Positif, j'espère (M. Katô)
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- Sceptique du pdv fem. au foyer encore insensibles à ce
sujet (Mme. Konno)
- Pourquoi le nbre. de stagiaires n'est pas très
élevé par rap. taille de la Ville ?(Mme Mizutani)
- Négatif car motiv. des salariés
retraités restera incertaine (M. Naruse ; M. Isomura)
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- Cela pourra être positif avec un réseau
Nô-Life (M. Itô)
- Pour que cela puisse être positif, il faudrait
créer un zonage spécial pour les activités Nô-Life
(M. Isomura)
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Groupe productiviste
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- Pas d'avis
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- Pas d'avis
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(Liste d'abréviation. Motiv. :
motivation ; pop. : population ; agri. agricole ; loc. : local ; pdv : point de
vue ; rur. : rural ; communic. : communication ; hab. : habitant ; agricult. :
agriculture ; possib. : possibilité ; fem. : femmes ; nbre. : nombre)
Dans le groupe distancié, les trois
enquêtés originaires d'un foyer agricole local (M. Shioya, Mme.
Tsuzuki, M. Imai) ont souligné que le Projet Nô-Life a peu de
répercutions sur la population agricole, et qu'en réalité,
il est plutôt rare de trouver des personnes qui continuent leurs
activités agricoles parmi cette population dont la majorité est
pluriactive. D'ailleurs, M. Imai trouve qu'aujourd'hui, la population non
agricole est souvent plus motivée que la population agricole.
Dans le groupe neutre, les avis positifs et négatifs
coexistent avec des points de vue variés.
Concernant les avis positifs, les trois points de vue suivants
sont relevés par plusieurs personnes.
- Identité agricole et rurale de la Ville de Toyota
(Mme. Kawamura, M. Naruse, M. Shimizu)
- Communication entre habitants locaux (Mme. Katô)
- Rapport entre l'agriculture et la localité (M.
Kobayashi)
Mme. Kawamura, M. Naruse et M. Shimizu ont parlé,
chacun à sa manière, l'identité agricole et rurale de la
Ville de Toyota comme caractéristique du Projet Nô-Life et quelque
chose que le Projet Nô-Life essaie de mettre en avant. Pour Mme.
Kawamura, la Ville de Toyota est un cadre idéal de la campagne où
il y a la montagne, la moyenne montagne, la plaine et la Ville. Puis, M. Naruse
considère la Ville de Toyota comme une ville rurale qui se distingue
fortement des grandes villes comme Tôkyô où il a fait sa
carrière professionnelle. Et pour M. Shimizu, les produits agricoles
font, à côté des voitures de l'Automobile Toyota,
également partie de l'identité de la Ville de Toyota.
Mme. Katô qui a connu une amélioration de sa
relation conjugale via ses activités agricoles, souligne que le Projet
Nô-Life pourra animer la communication entre habitants locaux de la
Ville.
Pour M. Kobayashi, ayant hérité 1.2ha de
terrains agricoles de ses parents, l'agriculture est un moyen par excellence
d'établir le lien social et territorial et de contribuer à sa
localité.
Concernant les avis négatifs, l'incertitude des
attentes vis-à-vis du Projet Nô-Life ainsi que de l'agriculture et
de la ruralité, du côté des femmes au foyer et du
côté des salariés a été relevée par
Mme. Konno, M. Naruse et M. Isomura.
Pour Mme. Konno, envisager le rapport du Projet Nô-Life
au développement local est difficile face au grand décalage
existant entre le mode de vie réel de la population locale et les
discours de plus en plus fréquents au niveaux politique et
médiatique sur l'alimentation comme la consommation de produits de
terroir ou la vente directe. Elle souligne, en se basant sur ce qu'elle
constate au quotidien, les femmes au foyer ne sont pas assez sensibles, en
réalité, à ce type de thématiques. Car elles vont
plutôt au supermarché acheter des plats préparés
pour économiser leur temps et leur travail de ménage. Et surtout
dans les foyers où le père travaille comme ouvrier en deux fois
huit dans le secteur automobile, il est rare que les pères se mettent
à table avec leur familles en raison de leurs emplois du temps
décalés. Cela ne permet pas à leurs épouses de
préparer des repas de famille de manière
élaborée.
M. Isomura, qui était fonctionnaire local dans la Ville
de Toyota, souligne, que les salariés retraités n'arrivent pas
changer facilement de mode de vie après leur retraite à cause de
leur tendance à être dépendants de leur travail à
l'entreprise. M. Naruse met en doute également l'attente réelle
du côté des salariés retraités.
Puis, M.Itô et M. Isomura pensent chacun à une
solution alternative. M. Itô pense qu'il faudrait créer un
réseau d'acteurs pour que le Projet puisse se développer à
long terme. C'est pourquoi il pense à organiser une association de
stagiaires. M. Isomura pense que l'entremise assurée par le Centre
Nô-Life ne sera pas suffisante pour réduire les friches agricoles.
Il pense qu'il faut que la Ville loue directement les friches agricoles, et les
gère en faisant appel au public pour leur participation à cette
gestion. Sinon, le Centre Nô-Life sera confronté à des
difficultés face à l'attitude égoïste des
propriétaires.
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