Importance de la dimension
territoriale
Néanmoins, le cas du Projet Nô-Life nous tient
à coeur, rien que par son utilisation d'une approche originale et
réaliste de mise en oeuvre de la multifonctionalité. Mais
au-delà de cela, le plus remarquable dans ce projet est que son
processus de construction dépendait fortement de son contexte
territorial : un des facteurs importants du développement de ce
projet est l'importance de la question d'Ikigai qui est fortement liée
à la question territoriale propre à l'histoire de la Ville de
Toyota. Il s'agit de l'identité territoriale de la Ville de Toyota, qui
a dû fortement jouer dans le processus de construction du Projet ainsi
que dans celui de l'émergence de l'agriculture de type Ikigai. En effet,
la qualité de vie et le lien social et territorial constituent une
demande permanente de la population de cette ville, et ainsi une sorte de
leitmotiv de la politique locale de redistribution de la Ville de Toyota depuis
les années 50 dans sa situation d'emprise par l'industrie automobile.
Dans ce sens-là, la question d'Ikigai est presque synonyme de celle de
l'identité de la Ville. Autrement dit, ces deux thèmes
constituent une dialectique territoriale propre à cette ville.
Et l'identité de la ville n'est pas un produit
figé, mais un processus tout comme une représentation. Elle est
donc, en permanence, et parallèlement à l'émergence de
l'agriculture de type Ikigai et la construction du Projet Nô-Life, en
devenir et en jeu. Elle a ses propres besoins, problèmes et conflits en
elle-même. C'est ainsi qu'elle compose ses objets et s'en recompose. La
réappropriation croisée de la question agricole et de celle du
vieillissement effectuée par les agents locaux de cette ville pour
construire le Projet Nô-Life, peut donc se comprendre dans le cadre de
cette dynamique identitaire inhérente au territoire de la Ville de
Toyota. Que sont alors les possibilités et limites du cas du Projet
Nô-Life ?
Projet Nô-Life :
possibilités et limites
Nous avons voulu montrer les possibilités et limites du
Projet Nô-Life de manière concrète, avec nos quatre
propositions à la fois critiques et pragmatiques portant sur : le
mode de communication (manque de concertation) ; la représentation
(slogan productiviste inadapté à la situation) ; la pratique
(méthode trop conventionnelle) ; la relation sociale (manque de
lien plus autonome parmi les stagiaires).
Malgré toutes les critiques et propositions possibles,
le développement ultérieur du Projet Nô-Life et de
l'agriculture de type Ikigai dépendra de la dynamique identitaire propre
au territoire de la Ville de Toyota. Cette dynamique constitue la
première condition pour ce développement, à laquelle on
devrait toujours se référer, et dans laquelle on devrait jouer.
Les possibilités et limites se trouveront également dans cette
dynamique territoriale où se trouvera également le processus de
transaction sociale avec des compromis, des tensions et la domination qui
ancrent les représentations sociales.
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