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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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Place résiduelle du Projet Nô-Life au sein de la CAT : fragilité du Projet Nô-Life

Dans quelle mesure la CAT peut-elle s'intéresser au Projet Nô-Life face à une telle ambiguïté complexe qui entoure ce projet (situation des retraités, valeur d'Ikigai, finalité du Projet) ? Et pourquoi la CAT s'intéresse à ce projet ? Quelle est l'attente de la CAT vis-à-vis du Projet Nô-Life ? La réponse de Monsieur S pour cette question montre bien la réalité paradoxale de la relation entre la structure interne de la CAT et l'intérêt qu'il porte pour s'impliquer dans le Projet Nô-Life. Comment la CAT, étant représentant des intérêts des agriculteurs membres, reconnaît-elle l'apport du Projet Nô-Life de ses membres ? Monsieur S exprime comme ci-dessous, un regard généralement peu enthousiaste des agriculteurs sur le Projet Nô-Life...

« Pour les gens des foyers agricoles, ils n'attendent pas grand chose du Centre Nô-Life. [Enquêteur : l'apport du Projet n'est pas encore reconnu...?] Ce qui leur plairait le plus, ça serait de créer des organisations pour les aider le travail. Par exemple, des organisations qui viennent aider leur travail quand l'agriculteur tombe malade. Une telle nouvelle sera très bien appréciée. Mais dans ce cas, cette aide sera payante... »

D'après cette explication, le simple fait que les citadins mènent des activités agricoles n'intéresse pas trop les agriculteurs, sauf s'ils arriveront à jouer un rôle utile pour eux, comme une organisation d'aides de travaux agricoles en cas d'urgence502(*), que Monsieur S a expliqué.

Sinon, pour la CAT elle-même, la reconnaissance interne de l'importance de son investissement dans le Projet Nô-Life est encore faible. Voici les explications de Monsieur S :

« Si je n'allais pas voir ce qui se passe là-dedans (dans le Projet Nô-Life), il n'y aurait personne qui s'y intéresserait. Il n'y a pas de membre qui s'intéresse à ce qui se passe à l'intérieur du Projet. [Enquêteur : Il s'agit de la reconnaissance de l'importance du Projet Nô-Life dans l'ensemble de la Coopérative...] Il n'y a pas trop de reconnaissance à ce niveau-là. Donc, s'il y aura de nouveaux agriculteurs parmi les stagiaires, on leur dira à peine `vous avez bien réussi'. Mais le processus du Projet lui-même ne les intéresse guère. »

Le fait que « le processus du projet lui-même n'intéresse guère » les agriculteurs, comme Monsieur S l'a évoqué, montre bien la façon des agents du monde agricole de percevoir ce qui se passe dans le Projet Nô-Life. C'est le point de vue sectoriel de la part de la CAT qui n'apprécie pas la valeur du Projet tant qu'il n'y a pas de résultat visible pour le secteur agricole. Mais, si, au sein de la CAT, il n'y a peu de reconnaissance pour son investissement dans le Projet Nô-Life, qu'est-ce que ce projet pourrait représenter pour elle ?

« On n'ignore pas le Projet, on le connaît quand même. Mais les effets concrets du Projet vis-à-vis de la Coopérative n'existent pas pour l'instant. (...) On se dit plutôt 'pourquoi on y envoie nos trois employés ?' Alors, je leur dis, 'nous coopérons avec la Ville.' Mais s'il n'y a pas de retour pour nous par rapport au temps que nous y consacrons, on devra dire 'on a été obligé de leur envoyer nos employés [par la Municipalité] !' »

En plus, le domaine de l'Orientation agricole dans la coopérative agricole est considéré comme un domaine « non productif » à la différence des autres domaines d'activités (achat, vente, utilisation etc). De ce fait, la CAT n'accorde, déjà, pas beaucoup d'importance à ce domaine. Et d'après l'explication suivante, le « mérite » de la Municipalité de Toyota pour le Projet Nô-Life a l'air de déranger l'intérêt de la CAT.

« Dans le domaine de l'orientation agricole, chez nous, on ne veut pas trop mettre les gens là-dedans. Nous sommes quand même une entreprise, même si nous nous appelons coopérative, nous devons gérer nos affaires. De ce point de vue là, l'orientation ou la formation des agriculteurs ne sont pas trop rentables. Du coup, on ne s'y investit pas trop. Et pour la création du Centre de Nô-Life, d'abord on a envoyé nos deux employés. Et le travail de ces deux employés devra être reconnu par le haut de la Coopérative. Maintenant, tout le mérite appartient au maire, alors... »

Pour la CAT, il faut quelques retours concrets et matériels par rapport à son investissement dans le Projet Nô-Life. Et cela est d'autant plus vrai que la Municipalité de Toyota semble attachée à son « mérite » qui implique un profit symbolique, comme celui donné au maire503(*).

* 502 Un stagiaire du Projet Nô-Life envisage d'organiser avec d'autres stagiaires pour aider les agriculteurs. Cette tentative vise à apporter à la fois à la Municipalité, à la Coopérative, aux agriculteurs et aux stagiaires, des possibilités de mise en valeur de la formation du Projet Nô-Life. Nous l'aborderons dans le Chapitre 3.

* 503 Cependant, ce profit n'exclut pas les aspects matériels et concrets, comme une série de chiffres économiques donnés que nous avons vu dans leur formulation du Projet dans le cadre de la politique de la Zone spéciale.

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