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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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Mode d'actions

D'abord, le mode d'actions de la CAT est, comme les deux agents précédents analysés plus haut, marqué par son côté « bricoleur », c'est-à-dire son mode d'actions flexible et spontané qui mobilise les éléments humains, matériels et même symboliques dans sa dimension territoriale. Comme nous l'avons constaté dans les expériences de Monsieur S, pour le « Marché du mardi soir » au sein de la Coopérative de Matsudaira, ainsi que dans sa proposition de « Second Life Academy » qui a anticipé et inspiré le fondement des idées non seulement du Plan de 96 (dirigé par le BPA), mais également celui du rapport de propositions remis au maire en 2001 par le CPCI. Et ce mode d'action que l'on peut qualifier de celui de bricoleur est basé sur son ancrage territorial et social qui est lié à l'organisation de la CAT. En plus, comme nous l'avons constaté dans le cas de Monsieur S, cet ancrage territorial est également lié au niveau de sa propre trajectoire505(*).

Toutfois, cette caractéristique de l'agent en tant que bricoleur de la CAT ne doit pas, comme c'était le cas chez les agents publics que l'on a analysés précédemment, être considérée comme étant séparée de la logique institutionnelle de la coopérative agricole. Au contraire, les actions de la CAT obéissent plutôt au principe du secteur agricole intégré dans l'économie marchande. Cette logique se distingue de celle du secteur des services publics qui suit, en principe, la logique de la politique de redistribution.

L'explication suivante de Monsieur S « le domaine de la vente constitue le visage de la Coopérative. (...) C'est de là que l'argent vient pour les membres », met bien en évidence le principe marchand des activités de la coopérative agricole. De ce fait, le domaine de l'orientation agricole où est placé la coopération de la CAT dans le Projet Nô-Life, est considéré comme un domaine « non productif » et secondaire par rapport au domaine de la vente. D'où une réticence pour s'engager et s'investir davantage dans le Projet Nô-Life.

En raison de ce caractère marchand, la CAT s'intéresse moins au « mérite » dans le sens symbolique que la Municipalité cherche souvent à obtenir, mais plus au profit concret et matériel reconnaissable du point de vue économique. D'ailleurs, pour elle, c'est ce côté concret et matériel qui « mérite » d'être reconnu. De ce fait, la CAT a tendance à chercher en priorité à obtenir son propre profit concret et matériel506(*). D'où un décalage par rapport à l'intérêt « altruiste » de la Municipalité de Toyota qui travaille d'abord « au service de tous » et qui doit chercher la reconnaissance pour le fait qu'elle travaille effectivement pour cette finalité. Et ce principe, en fait, n'exclut ou ne doit pas exclure pour autant le fait de travailler « avec » et même « pour » le profit des autres agents privés507(*) à la différence de la coopérative agricole qui a tendance à poursuivre uniquement son propre profit. Cependant, il ne faut pas non plus qu'elle serve exclusivement le seul profit de la coopérative agricole, ce qui risque d'aller à l'encontre de l'intérêt public. Ceci constitue un dilemme pour la Municipalité de Toyota dans la conduite du Projet Nô-Life, tant que la CAT reste dans son propre principe sectoriel, même dans le cadre de sa coopération avec la Municipalité de Toyota. Et la CAT, de son côté, en poursuivant toujours exclusivement sa propre logique d'actions, a moins de dilemme de ce type, auquel l'autre est confrontée. D'où une relation d'intérêts décalés...

Monsieur K, président du Centre Nô-Life, nous a bien suggéré, de manière quelque peu ironique, ce caractère exclusiviste de la CAT en expliquant à l'enquêteur le caractère général du comportement de la coopérative agricole comme ci-dessous :

« Quand on fait un appel quelconque à la Coopérative, s'ils disent 'non' à notre demande, l'histoire est finie pour nous. D'ailleurs, c'est plus facile de dire 'non' que dire 'oui' pour eux, n'est-ce pas ? »

Cette exclusivité qui fait une des caractéristiques du mode d'actions de la coopérative agricole, constitue une cause du manque d'intersectorialité dans ses actes de coopération avec la Municipalité de Toyota. Monsieur A, président du « Toyota Young Old Support Center », nous a expliqué cet aspect en relevant comme ci-dessous l'insuffisance de la prise de consciense de la part de la coopérative agricole pour la thématique de l'aménagement de la ville.

« Si la Coopérative avait un point de vue de l'aménagement de la ville dans ses actions... (...) Maintenant, ce n'est que le côté des producteurs et du développement agricole. Mais si on partage ce point de vue de l'aménagement de la ville, on pourrait développer plus de choses... »

* 505 Sans doute c'est le cas chez beaucoup d'employés dans les unités locales des Coopératives agricoles au Japon. En effet, des fils d'agriculeteurs sont souvent employé dans la Coopérative de la même localité. Ce qui sembe être une des caractéristiques des branches locales des Coopératives agricoles.

* 506 Le profit pour la CAT est d'ailleurs censé, au nom du principe de la coopérative, représenter le profit de tous ses membres.

* 507 Le Projet Nô-Life s'inscrit dans la logique du « Partenariat » entres les acteurs pubics et privés.

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