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Caractère général des donnéesNotre analyse du BDPA se base sur l'entretien effectué par l'enquêteur (rédacteur) avec Monsieur M, vice-chef du Bureau Départemental de la Politique Agricole et responsable actuel (en 2006) des affaires administratives concernant le Projet Nô-Life. Il nous a accueilli dans son bureau pour répondre à nos questions pendant près de deux heures. ReprésentationsLe BDPA est un agent administratif qui exerce ses fonctions juridiquement déterminées, et dont les actions sont fortement régies par les structures supérieures comme la préfecture et le Ministère de l'agriculture, de la Pêche et de la Forêt. C'est pourquoi il ne doit pas normalement avoir un point de vue particulier ni une position particulière. Cependant, lorsque le BDPA s'implique dans le Projet Nô-Life, qui est un nouveau type de politique publique locale inspirée par de nouvelles idées, de quelle façon saisit-il la situation et le problème de l'agriculture de la région de Toyota et le Projet Nô-Life ? A-t-il un point de vue particulier sur le Projet, basé sur son propre intérêt et sa propre position ? Son point de vue particulier : calcul économique et foncierTelles étaient nos interrogations de base pour mener notre entretien avec Monsier M. Pour répondre à nos questions, Monsieur M, lui-même surpris de la visite de l'enquêteur (rédacteur) qui lui était quelque chose d'inhabituelle, s'est interrogé sur la pertinence du fait que ce soit lui qui soit choisi pour répondre aux questions de l'enquêteur. Ce qui fait déjà un grand contraste avec les employés de la municipalité qui ont l'habitude de prendre contact et de recevoir le public513(*). En évoquant la complexité pour mesurer l'efficacité des mesures de la politique agricole en disant « l'agriculture est un domaine tellement grand » (une phrase que Monsieur M a répété plusieurs fois lors de l'entretien), il nous confirme qu'il ne peut nous parler que de « calculs économiques ». Ceci suggère déjà un caractère délibérément objectiviste de son point de vue. Il pense le problème agricole et rural et le Projet Nô-Life notamment en relation avec les conditions générées par le montant de la taxe sur les biens fonciers (kotei-shisan zei) sur les terrains agricoles concernés. Il nous a d'abord expliqué les points qui l'intéressaient lorsqu'il a participé, en septembre 2006, au « contrôle du stage individuel (jisshû hantei) » des stagiaires des années 2005-2007 de la filière rizicole, en tant que l'un des contrôleurs514(*). En nous montrant le rapport officiel sur les trois stagiaires qu'il avait contrôlé, il nous a expliqué les éléments qu'il avait essayé de repérer chez les stagiaires lors du contrôle : profils (sexe, âge, parcours professionnel etc) ; objectif de chaque stagiaire pour leurs activités agricoles ; évaluation des valeurs et taxes foncières des terrains agricoles concernés ; rapport entre le coût et le profit pour la production concernée ; rapport avec le coût de la vie etc. Il a d'abord établi un constat commun sur ces trois personnes : il leur est impossible de gagner leur vie avec leur seule activité agricole, tandis que cette activité leur permet de « bien vivre (ikiiki) » en leur donnant un « deuxième emploi (daini no shûshoku) » et que leur motivation pour la production agricole est très haute. Par contre, il relève une difficulté pour évaluer chacun des stagiaires, car chacun a son propre objectif différent de celui des autres. Voici un bilan résumé de la situation de ces trois stagiaires. 1 Salarié retraité ayant 0.3 ha de terrains agricoles. Il souhaite plus tard élargir l'échelle de sa production jusqu'à 1ha 2 Salarié de l'âge mur, d'un foyer agricole pluriactif. Il cultive 0.2ha de terrains rizicoles qui lui appartiennent. 3 Salarié retraité ayant plus de 0.5 hectares de terrains agricoles dont une partie est mise en location sous forme d'appartements. Il mène sa production agricole sur ses terrains pour gérer ses biens immobiliers en tenant compte du montant de la taxe foncière qui s'impose sur ces biens. Ces trois stagiaires avaient d'abord un point commun : ils sont tous chefs d'un foyer agricole pluriactif. Et le premier stagiaire retraité souhaite agrandir sa production en louant davantage de terrains ; le deuxième, actuellement salarié, cultive son terrain, dont il a hérité, pour lui-même et sa famille ; le troisième cultive son terrain pour la gestion économique de ses biens fonciers. Dans le cas du troisième stagiaire, en raison de la localisation d'une grande partie de ses terrains agricoles 0.25ha au bord de la « zone à urbaniser », il est confronté au problème de l'élevation de la taxe foncière. Si à l'avenir ses terrains seront intégrés dans la zone à urbaniser, la taxe foncière appliquée à ces terrains va radicalement s'élever. C'est pour cela qu'il choisit de maintenir des activités agricoles sur ces terrains (au lieu de les laisser en friche) pour garder le statut agricole de ces terrains. Monsieur M constate que la succession familiale des terrains agricoles préoccupe beaucoup les producteurs agricoles en terme de gestion des biens immobiliers. Ce à quoi il accorde le plus d'importance en tant qu'enjeu de la conservation des terrains agricoles. * 513 Monsieur M : « Donc, le point clé, ce que vous voulez savoir le plus, vous vous focalisez sur le travail de l'administration départementale dans le domaine de la politique agricole pour cette nouvelle activité sociale de personnes âgées... (Projet Nô-Life) L'essentiel pour les domaines administratifs comme la politique agricole, est de mener une politique ayant un effet net ou pas... Euh, il s'agirait du détail, je risque de me tromper... En fait, l'agriculture est un domaine tellement grand que je risque de ne pas pouvoir vous répondre exactement. (...) Ce que je peux vous répondre, ce n'est que des calculs économiques, en fait. Par exemple, 'combien coûte le coût de production agricole avec tel ou tel bien foncier loué, avec tels ou tels membres de la famille ?' etc... » * 514 Le contrôle du stage individuel s'effectue à la fin du programme de la formation Nô-Life. Il s'agissait d'évaluer les pratiques agricoles que chaque stagiaire mène sur son terrain. Le stage individuel s'effectue, soit dans leur propre terrain agricole (dans le cas des stagiaires déjà possédants ou locataires de terrains agricoles), soit dans une parcelle attribuée par le Centre Nô-Life (dans le cas des stagiaires qui n'ont pas de terrains à leur disposition ou qui ont voulu utiliser une parcelle du Centre Nô-Life). Voir la présentation générale des activités de formation Nô-Life dans le chapitre suivant. |