WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les obligations du fonctionnaire en droit de la fonction publique camerounais.


par Philippe Roméo AMBI
Université de Yaoundé 2 - Master 2 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B-La cause subjective du devoir de désobéissance : la qualité de fonctionnaire comme circonstance aggravante de la responsabilité.

En effet le fonctionnaire subordonné a une raison subjective de désobéir aux ordres du supérieur. Le verdict de l'article 89 du code pénal est clair : «(1) La qualité de fonctionnaire, d'officier public ou d'agent chargé d'un service public est une circonstance aggravante de la responsabilité pénale contre ceux d'entre eux qui, hors les cas où la loi règle spécialement les peines encourues pour les crimes et les délits par eux commis, se sont rendus coupables d'autres crimes ou délits qu'ils étaient chargés de prévenir ou de réprimer. (2) La peine est alors augmentée dans les conditions prévues à l'article précédent »229. C'est dans ce sens que ce code refuse l'excuse de l'ordre du supérieur (1) et pour mettre en oeuvre cette circonstance aggravante, il faut que l'infraction ait été commise pendant le service (2).

1-Le refus de l'excuse de l'ordre du supérieur.

Lorsque les ordres du supérieur hiérarchique sont illégaux, le fonctionnaire subordonné ne peut évoquer comme excuse qu'il obéissait uniquement aux ordres du supérieur hiérarchique. L'article 132(bis) du code pénal, traitant de la torture, illustre clairement cette

229Loi n° 77/23 du 06 décembre 1977 portant code pénal du Cameroun.

Mémoire présenté et soutenu par AMBI PHILIPPE ROMEO Page 93

Les obligations du fonctionnaire en droit de la fonction publique camerounais

situation en des termes saisissant : «... b) Le terme « torture » ainsi défini ne s'applique pas à la douleur ou aux souffrances résultant de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles ;c) Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception ne peut être invoqué pour justifier la torture ; d) L'ordre d'un supérieur ou d'une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture ».

Cela est dû au fait que la non-désobéissance aux ordres illégaux a souvent été à l'origine des évènements malheureux. En France, l' histoire pourrait nous donner de nombreux exemples, que ce soit dans le domaine militaire ou de la recherche, où la désobéissance des hommes a permis de gagner des guerres, de faire progresser les connaissances. Mais l'actualité nous offre un cas douloureux, avec le procès Papon où ce fonctionnaire au comportement cité comme exemplaire a permis par sa non-désobéissance à l'administration de Vichy la déportation et la mort de nombreux juifs. Si ce cas extrême nous montre bien les limites au devoir d'obéissance, il pose aussi un certain nombre de questions est-ce qu'une organisation peut faire d'un homme une machine à obéir aux ordres au point de lui faire oublier les valeurs humaines essentielles ? C'est sans doute pour remédier à pareilles situations que, concernant les militaires, l'article 15 alinéa 2 du statut général français230 précise qu' « il ne peut leur être ordonné et ils ne peuvent accomplir des actes qui sont contraires aux lois, aux coutumes de la guerre et aux conventions internationales ou qui constituent des crimes ou délits notamment contre la sûreté et l'intégrité de l'Etat ». Pour ce qui est des circonstances aggravantes du code pénal camerounais, elles sont applicables lorsque que l'infraction est commise pendant le service.

2-La condition : la commission de l'acte pendant le service.

Le préambule de la constitution231 affirme l'égalité de tous les hommes en droits et en devoirs. Le fonctionnaire, comme tout citoyen, ne peut donc bénéficier d'un traitement de faveur. Au contraire, en tant que représentant de l'Etat, il est censé être un exemple pour les autres citoyens232. C'est peut-être pour cela que le code pénal apparaît plus sévère en faisant de la qualité de fonctionnaire, une circonstance aggravante. Pour autant, dans le but d'équilibrer un peu avec les autres citoyens, le code précise qu'il est applicable pour le fonctionnaire en ce qui concerne les infractions commises pendant le service. En effet, l'article 131 du code pénal

230Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et devoirs des fonctionnaires.

231 Loi n°96 /06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972.

232 Arrêt n°263/CCA du 27 novembre 1953, Mikoma Albert c/ Administration du territoire : « ... Qu'en effet, un fonctionnaire se doit de garder en toutes circonstances un comportement digne et honorable et être un exemple pour tous ses concitoyens... ».

Mémoire présenté et soutenu par AMBI PHILIPPE ROMEO Page 94

Les obligations du fonctionnaire en droit de la fonction publique camerounais

dispose qu' : « est considéré comme fonctionnaire, pour l'application de toute loi pénale, tout magistrat, tout officier public ou ministériel, tout préposé ou commis de l'Etat ou toute autre personne morale de droit public, d'une société d'Etat ou d'économie mixte, d'un officier public ou ministériel, tout militaire des forces armées ou de gendarmerie, tout agent de la sûreté nationale ou de l'administration pénitentiaire et toute personne chargée même occasionnellement d'un service, d'une mission ou d'un mandat public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ». Par conséquent, pour les circonstances aggravantes du code soient applicables, il faut que le fonctionnaire soit dans l'exercice de ses fonctions.

En somme, nous avons analysé dans ce premier volet des obligations de responsabilité du service, l'obligation de servir. Nous avons montré que l'obligation de servir emporte l'obligation de se consacrer personnellement et exclusivement à leur fonction (La règle qui interdit en principe le cumul d'un emploi public et d'une autre activité (publique ou privée) apparait dans la jurisprudence (CE, 1936, Caroillion : il appartient « à l'administration de veiller à ce que les fonctionnaires s'acquittent correctement et intégralement de leurs fonctions et notamment ne se livrent pas à des opérations commerciales »). Elle est confirmée dans le décret-loi du 29 octobre 1936, interdisant le cumul des fonctions, des rémunérations, des pensions, édictée par le gouvernement de Léon Blum, aussi bien pour « prévenir le risque de non-dévouement exclusif au service » selon la formule de Chapus) d'une part, et l'obligation d'obéissance hiérarchique qui comporte des exceptions d'autre part. L'on a pu constater les lacunes du système d'évaluation et les multiples violations de la continuité du service public. L'on espère qu'avec le nouveau système d'évaluation, la situation va s'améliorer. Il ne nous reste qu'à nous intéresser au second volet des obligations de responsabilité du service que constituent les obligations de confidentialité.

Mémoire présenté et soutenu par AMBI PHILIPPE ROMEO Page 95

Les obligations du fonctionnaire en droit de la fonction publique camerounais

LES OBLIGATIONS DE CONFIDENTIALITE.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille