CONCLUSION DU CHAPITRE I.
Enfants chéris du législateur, les consommateurs
sur tous les plans bénéficient de ses soins paternels. C'est nul
doute l'ensemble de ces boucliers formés autour du consommateur qui ont
amené plusieurs auteurs encore plus aujourd'hui à penser que le
législateur exagère dans la protection du consommateur et que ce
dernier est résolu à être un intouchable, au risque de ne
pas enclencher l'appareil répressif du législateur. Dans ce sens,
il agit en tête chercheuse. La doctrine pense qu'il ne s'agit pas d'une
protection simple du consommateur mais d'une « sur protection ».
-' 26 -'
CHAPITRE II : LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR PAR
LES MECANISMES DES GARANTIES LEGALES ET CONTRACTUELLES.
Les garanties légales et contractuelles peuvent
être invoquées en matière de protection du consommateur
contre la publicité illégale. La garantie peut être
définit comme tout mécanisme qui prémunit une personne
contre une perte pécuniaire78. La garantie est dite
légale lorsqu'elle est prévue par le législateur et
s'impose aux cocontractants. Pour pallier aux incertitudes des garanties
légales, les cocontractants peuvent convenir par contrat à un
certain nombre de garanties. Il s'agit pour les cocontractants d'inscrire dans
le contrat une clause de garantie en fonction de ce dont qu'ils veulent
réellement être prémunis. La difficulté se trouve au
niveau des contrats d'adhésion dont plusieurs contrats de consommation
revêtent la forme, dans lesquels il est difficile de revenir sur les
clauses du contrat. En dehors de ce type de contrat, le consommateur peut
obtenir du professionnel par écrit au moment de l'achat des garanties
pour sa protection. L'information du consommateur est donc ainsi
renforcée pour qu'il n'ignore pas l'existence de la garantie.
Les garanties légales (section 1) et
les garanties conventionnelles (section 2) s'avèrent
efficaces pour la protection du consommateur contre la publicité
illégale. Nous les verrons à tour de rôle dans notre
développement.
SECTION I : L'EFFICACITE DES GARANTIES LEGALES
OCTROYEES AUX CONSOMMATEURS.
Les garanties légales que nous pouvons
considérer dans le sens de notre travail concerne d'une part
l'obligation de conformité des biens et services offerts aux
consommateurs (paragraphe 1) et d'autre part l'obligation de
sécurité des produits et services octroyées aux
consommateurs (paragraphe 2).
78 Vocabulaire Gérard Cornu, définition
garantie, page 486
--' 27 --'
PARAGRAPHE I : L'OBLIGATION DE CONFORMITE OFFERTE
AUX CONSOMMATEURS.
La conformité renvoi à ce qui est conforme, qui
répond ou qui correspond exactement à ce qui était promis
ou envisagé79. La conformité a donc été
érige au rang de garantie pour lutter contre les tromperies et les
mensonges des professionnels. L'obligation de garantie est beaucoup plus
utilisée dans le commerce en ligne, là où il est plus
facile de tromper les consommateurs. Le contrat doit ainsi mentionner d'une
manière claire et précise que le vendeur reste tenu de
l'obligation de conformité. L'obligation de conformité renvoi
à deux réalités : la conformité matérielle
(A) et la conformité d'usage (B).
A : La conformité matérielle.
Au Cameroun, le décret N°2015/1875/PM du 01
juillet 2015 instituant et fixant les modalités de mise en oeuvre
d'Evaluation de la conformité avant Embarquement des marchandises
importées en République du Cameroun ouvre un large programme pour
lutter contre la non-conformité. En effet, l'article 2 alinéa 1
du décret dispose à cet effet que : « le Programme
d'Evaluation de la Conformité avant embarquement des marchandises
importées en République du Cameroun a pour objectif principal la
protection des consommateurs en matière de santé et de
sécurité, la protection et l'amélioration de l'offre de
service de l'infrastructure de qualité au Cameroun, à travers le
contrôle de conformité aux normes des produits avant leur mise sur
le marché national »80.
Selon l'article 4 de la loi n°96/117 du 5 août 1996
relative à la normalisation au Cameroun, « la qualité d'un
produit, d'un bien ou d'un service est son aptitude à satisfaire les
besoins des utilisateurs, des consommateurs ou des usagers, ainsi que sa
conformité aux spécifications et exigences de la norme
»81. La conformité d'un produit est un principe pour le
législateur Camerounais et y attache un prix en édictant
plusieurs lois à cet effet.
Dans un contrat entre présents, la difficulté
quant à la conformité se pose avec moins d'acuité que dans
un contrat entre non présents. En effet, la conformité du bien ou
du service se vérifie sur place lors de l'acquisition du bien ou du
service. En cas de défaut de conformité, le consommateur peut
solliciter soit le remplacement du bien ou du service, soit le
79 Vocabulaire juridique Gérard Cornu,
définition conforme, page 234
80 Art 2 al 1 du décret N°2015/1875/PM
du 01 juillet 2015 instituant et fixant les modalités de mise en oeuvre
d'Evaluation de la conformité avant Embarquement des marchandises
importées en République du Cameroun.
81 Art 4 de la loi n° 96/117 du 5 aout 1996
relative à la normalisation.
-' 28 -'
remboursement de leurs prix. L'autre problème qui se
pose c'est lorsque le bien à des défauts cachés dont le
consommateur ne pourrait s'en rendre compte que lors de l'utilisation du bien
ou du service. En ce moment-là, un délai est prévu pour
que le consommateur agisse à temps pour rentrer dans ses droits.
La conformité matérielle se vérifie donc
par rapport aux stipulations contractuelles des parties. Elle peut porter sur
des éléments tels que : la qualité, la quantité, le
type, le conditionnement et même l'emballage de ce qui est convenu dans
la loi des parties. Tous ses éléments doivent correspondre
à l'échantillon ou au modèle présenté par le
vendeur du bien ou le prestataire du service.
Après constat du défaut de conformité
matérielle, l'objet du contrat doit retourner chez le vendeur, à
ses frais, peu importe s'il s'agit d'un contrat entre présents ou non
présents. Ce défaut doit donner lieu au remplacement du produit
ou du service, au remboursement total des frais d'achat, et peut même
donner lieu à des dommages et intérêts.
En matière de publicité illégale, le
défaut de conformité est très fréquent. Dans bien
des cas, le bien ou le service objet de la publicité ne respecte pas les
éléments de qualité, de quantité, des
caractéristiques, ou mieux n'est pas conforme au modèle ou
à l'échantillon proposé par le professionnel. Cette
pratique expose les consommateurs et porte atteinte à leur
sécurité financière d'où la nécessité
par le législateur d'ériger la conformité en une
obligation dont la violation expose son auteur à des sanctions assez
sévères.
La conformité attendue du professionnel dépasse
la conformité matérielle et s'étend à la
conformité d'usage.
B : La conformité d'usage.
Comme la conformité matérielle, la
conformité d'usage est aussi protégée et encadrée
par le législateur. Elle se vérifie par rapport aux stipulations
contractuelles et selon l'usage auquel on destine le bien ou le service
acheté. N'est pas conforme à l'usage par exemple un appareil
destiné à faire une chose précise mais fait plutôt
une autre chose. L'achat d'un tel bien ou service peut être le fruit des
machinations du fabricant pour tromper les consommateurs sur les
caractéristiques des biens ou des services.
A cet effet, l'article 36 de la loi camerounaise sur
l'activité commerciale dispose que : « tout bien fabriqué ou
importé au Cameroun doit être compatible avec l'usage auquel il
est
--' 29 --'
destiné (...) »82. Il s'agit ici d'un
intérêt juridiquement protéger au profit du marché
en général et au profit du consommateur en particulier.
Le législateur camerounais offre aux consommateurs une
sécurité par rapport à la publicité illégale
sur les biens et les services. L'article 13 alinéa 1 de la loi de 1996
sur la normalisation dispose que : « toute activité
économique au Cameroun peut être soumis au contrôle de
qualité des produits, biens et services »83. Ce
contrôle permet au consommateur d'avoir à l'avance une
conformité d'utilisation des biens et services. L'alinéa 2 de ce
même article dispose que : « le contrôle de qualité
d'un produit ou d'un service est l'ensemble des opérations qui
consistent à déterminer si ce produit, bien ou service
répond aux exigences et spécifications des normes en vigueur
»84.
A quoi sert-il à un consommateur d'acheter un bien qui
en définitif ne lui sera d'aucune utilité ? Lorsqu'on pose en
réalité un acte de consommation c'est pour répondre en
définitif à un besoin identifié dès la base par le
consommateur lui-même. Ainsi donc l'objet de son achat doit pouvoir
répondre à ses attentes à ses besoins légitimes. La
protection du consommateur contre les tromperies diverses est donc
assurée par le législateur en instituant une obligation de
conformité d'usage des biens et services acquis.
En cas de la violation de cette obligation, le consommateur
est fondé à mettre en oeuvre la garantie, en protégeant
ses intérêts financiers. Il est de principe que cette garantie
ainsi que sa mise en oeuvre soient expressément prévue dans le
contrat de consommation dont un exemplaire est remis au consommateur.
PARAGRAPHE II : L'OBLIGATION DE SECURITE OFFERTE
AUX CONSOMMATEURS.
L'obligation de sécurité est devenue une
exigence fondamentale en droit de la consommation, et identifie les
professionnels comme étant les débiteurs de cette obligation. Les
biens destinés à la consommation ainsi que les services forment
le terrain privilégié de l'obligation de sécurité.
Le respect de la conformité des biens et services implique par principe
la sécurité des biens et des services.
82 Loi n° 2015 /018 du 21 décembre 2015
régissant l'activité commerciale au Cameroun.
83 Article 13 alinéa 1 de la loi de 1996 sur la
normalisation précitée, page 24.
84 Alinéa 2 de l'article 13
précité à la page 25.
-' 30 -'
Cette obligation de sécurité lorsqu'elle est
respectée est efficace pour la sécurité des consommateurs.
Nous verrons dans ce paragraphe la sécurité sanitaire (A)
et la sécurité financière des consommateurs
(B).
A : La sécurité sanitaire du
consommateur.
Dans la mesure où les biens ou les services ont fait
l'objet d'une publicité illégale, il y a d'une manière ou
d'une autre exposition du consommateur à un danger. Les professionnels
sont tenus d'offrir aux consommateurs un maximum de sécurité et
en cas de violation, des chefs d'accusation peuvent peser sur eux.
Il existe au Cameroun tout une loi-cadre sur la
sécurité sanitaire des aliments. Il s'agit de loi-cadre n°
2018/020 du 11 décembre 2018 sur la sécurité sanitaire des
aliments au Cameroun. Le législateur camerounais peut être
félicité pour cette loi. Selon cette loi, les biens et services
doivent présentés des caractères non nuisibles pour les
consommateurs. L'innocuité des aliments que vise cette loi permet de
mettre les consommateurs à l'abri des dommages de la publicité
illégale. Selon l'article 5 de cette loi, « conformément au
principe d'innocuité des aliments, les aliments et le objets au contact
des aliments, y compris les ingrédients, les emballages et les
ustensiles utilisés pour leur fabrication et leur préparation, ne
doivent pas constituer un risque pour la santé humaine
»85. Le professionnel dans la réalisation de l'objet de
son entreprise doit concilier ses intérêts avec ceux des
consommateurs. Ce n'est pas une faculté mais bien une obligation de sa
part. Il est tenu de fournir les informations utiles au consommateur sur les
produits et services leur permettant d'évaluer les risques
inhérents aux produits et de s'en prémunir.
Les consommateurs doivent être informés des
différents éléments qui composent un produit et notamment
de la présence des éléments chimiques. Le fait par exemple
de mettre sur l'étiquette d'un jus de fruit la mention « fait
à base de fruits 100% naturels » alors qu'il y a la présence
des éléments chimiques constitue une publicité
illégale et expose les consommateurs à des dangers sur le plan de
la santé. Plusieurs produits aujourd'hui sont faussement
étiquetés voire contrefaits, à la lecture de la loi
suscitée.
Les lois sur la protection du consommateur exigent des
fabricants des produits qu'a toutes les étapes de fabrication desdits
produits qu'il soit prévu des mesures visant la
85 Article 5 de la loi N°2018/020 du 11
décembre 2018 portant loi-cadre sur la sécurité sanitaire
des aliments.
--' 31 --'
sauvegarde de la santé des consommateurs. Il est en est
ainsi pour tous les produits destinés à la consommation.
En plus, il est normal que les fabricants puissent
prévoir des mesures visant à indemniser les consommateurs qui ont
subi des dommages du fait de la dangerosité d'un produit.
Dans la loi-cadre portant protection du consommateur au
Cameroun, un certain nombre d'articles interviennent pour protéger la
santé du consommateur. Il s'agit de l'article 16 alinéa 1 qui
dispose que : « toute technologie ou bien produit localement ou
importé, doit être inspecté, testé et mesuré
par les administrations compétentes, afin de s'assurer qu'il est propre
à la consommation et qu'il respecte les normes nationales et
internationales sur l'environnement, la sante et la sécurité.
» l'alinéa 2 de ce même article dispose que : « la vente
d'une technologie ou d'un bien n'ayant pas préalablement satisfait aux
normes nationales sur l'environnement, la santé et la
sécurité est interdite. » l'interdiction étant une
mesure drastique, le législateur dans sa démarche avant d'en
arriver là impose que les biens, services et technologies doivent
être inspectés, testés et mesurés. Il y'a aussi le
retrait de la marchandise qui peut être ordonnée par les
autorités compétentes. A la suite de l'art 16, l'art 18 dispose
que : « tout bien de consommation ou tout service dangereux pour la
santé humaine, animale ou pour l'environnement doit être
accompagné d'un manuel d'instructions, en français et en anglais,
comprenant des avertissements facilement visibles afin de permettre une
utilisation normale dans les conditions de sécurité maximale
».
Par ce la santé des consommateurs est chère,
toutes les ressources sont mobilisées pour vérifier la
conformité des produits aux normes avant qu'ils ne soient mis en vente.
Mais, les consommateurs doivent néanmoins eux-mêmes prendre gardes
à consommer des produits sans au préalable se renseigner sur les
modes de fabrication, la composition, la date d'expiration et toute information
utile dans ses propres intérêts.
B : La sécurité financière du
consommateur.
L'intérêt financier du consommateur peut
être menacé, lorsqu'il y a une publicité illégale
sur les prix des biens ou des services. L'objectif est d'informer les
consommateurs de façon claire et véridique et de leur assurer un
acte de consommation en toute sécurité. Cette obligation de
sécurité consiste à mettre à la charge des
professionnels une obligation d'information consistant à éviter
les faux rabais sur les biens et services et l'abus de faiblesse.
--' 32 --'
Pour ce qui est des faux rabais, ils consistent à
surévaluer les prix d'un bien ou d'un service afin de faire croire
à un rabais alors qu'il n'en est rien. C'est une pratique
récurrente dans le milieu des entreprises. Les faux rabais constituent
d'une part une pratique déloyale envers les concurrents et les
consommateurs. Les professionnels font ainsi croire aux consommateurs qu'il
s'agit d'une réduction ou bien que les produits sont soldés pour
les attirer au maximum à acheter les biens ou les services. Cette
pratique est sévèrement punie en droit de la consommation comme
en droit de la concurrence et leurs auteurs peuvent être condamnés
à des dommages et intérêts. Les consommateurs victimes
d'une telle tromperie peuvent soit individuellement ou collectivement former
des actions contre les professionnels responsables.
Pour ce qui de l'abus de faiblesse, il est question de
profiter de l'état d'ignorance ou de vulnérabilité
physique ou psychologique d'une personne afin de l'amener à poser des
actes de consommation inadaptés à ses besoins ou même sans
toutefois mesurer la porter de son engagement. Selon l'Avocat
Frédérique AGOSTINI, l'abus de faiblesse consiste à :
« sélectionner des acquéreurs potentiels d'après
leurs capacités financières, à les convaincre, par la
remise de cadeaux d'une certaine valeur, qu'ils constituent une
clientèle privilégiée et à les amener à
effectuer un achat d'un prix élevé qu'ils n'auraient pas
autrement réalisés ».86 L'abus de faiblesse se
fait au moyen de plusieurs méthodes notamment : les démarchages
à domicile, des sollicitations répétées par
téléphone, par mail et tout moyen permettant d'atteindre les
personnes vénérablement visées.
Pour ce qui est des paiements, les consommateurs victimes
déboursement des grosses sommes d'argent à la suite des ruses des
démarcheurs et acquièrent des biens ou des services à des
prix anormalement élevés.
Dans bien des cas, les consommateurs victimes recourent
à des prêt d'argent pour acquérir le bien ou le service en
question. Ce délit comme nous l'avons susmentionné donne lieu
à des poursuites judiciaires de leurs auteurs et à l'octroi des
dommages intérêts aux victimes.
Si les garanties légales ne sont pas satisfaisantes,
les parties peuvent recourir aux garanties contractuelles, qui permettent de
pallier aux incertitudes des garanties légales.
86 AGOSTINI (F), « La responsabilité
pénale en droit de la consommation », Panorama de la jurisprudence
de la chambre criminelle, consulté en ligne le 1/10/2020 à
20h00.
-' 33 -'
SECTION II : L'EFFICACITE DES GARANTIES
CONTRACTUELLES OCTROYEES AUX CONSOMMATEURS.
La garantie contractuelle est un engagement du professionnel
envers le consommateur. Il s'agit d'une série de déclaration
écrite du professionnel dont un exemplaire est remis au consommateur
contenant les modalités de mise en oeuvre des garanties
contractuelles.
Pour aborder cette section, nous verrons les services
après-vente (paragraphe 1) et le droit de
rétractation (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LE SERVICE APRES VENTE NECESSAIRE A
LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR CONTRE LA PUBLICITE ILLEGALE.
Le service après-vente est définie dans la loi
de 2015 régissant l'activité commerciale au Cameroun en son
article 4 comme étant un « ensemble de prestations relatives
à l'assistance technique à l'entretien, la réparation, la
formation ou l'information, offertes par le vendeur d'un bien à un
intermédiaire ou au consommateur, à titre gratuit ou
onéreux, en vue d'assurer, suivant les normes en vigueur, le
fonctionnement du bien acquis ». 87
Le service après-vente prend la forme d'un contrat
entre le professionnel et le consommateur avec toutes les modalités de
sa mise en oeuvre dont un exemplaire est remis au consommateur.
Les annonceurs peuvent dans une publicité
illégale offrir des biens ou des services durables qui méritent
un minimum de garantie pour la protection des intérêts des
consommateurs. Durant l'acquisition, le consommateur peut exiger du
professionnel un service après-vente.
Pour l'article 58 alinéa 1 de la loi de 2015
précitée « la durée de la garantie ne peut être
inférieure à six (6) mois, à compter de la date de la
délivrance du produit neuf ou de la prestation du service et à
trois (3) mois pour les produits d'occasion ».
Le service après-vente concerne d'une part la mise en
marche du bien (A) et d'autre part la réparation et la
réparation et le remplacement du bien (B).
87 Article 4 de la loi du 21 décembre 2015
régissant l'activité commerciale au Cameroun.
-' 34 -'
A : la garantie de la mise en marche du
produit.
Il est fait obligation aux professionnels, encore plus si le
bien ou service à acquérir par le consommateur est le fruit d'une
publicité illégale. Cette dernière a pour effet de
susciter chez les consommateurs un acte de consommation. Même si par le
passé il n'avait pas vraiment envie d'acheter, la publicité
illégale lui donnera beaucoup de raisons de le faire.
L'article 10 alinéa 3 de la loi du 6 mai 2011 impose
obligatoirement un service après-vente pour les biens
durables88, certainement à cause de l'importance de cet acte,
puisse que ce n'est pas tous les jours que l'on acquiert une technologie, ou un
bien de grande valeur. Cela ne sera pas justice si le professionnel ne puisse
pas suivre le consommateur pour la mise en marche effective du bien en
question.
La garantie de la mise en marche du produit concerne d'une
part l'installation et d'autre part la vérification du fonctionnement de
l'appareil ou de la technologie.
Concernant l'installation de l'appareil ou de la technologie,
le vendeur est supposé avoir la maitrise de l'appareil, et doit par
conséquent accompagné le consommateur qui dans ce domaine est
considéré comme un profane, n'ayant qu'un aperçu de
l'installation de l'appareil. C'est une obligation qui est faite au
professionnel selon l'alinéa 2 de l'article 52 de la loi du 21
décembre 2015 qui dispose que : « le vendeur ou professionnel
concerné est également tenu d'assurer, s'il y a lieu, la
livraison, l'installation et la mise en service du bien concerné ».
Le professionnel doit donc s'assurer la livraison effective de l'appareil au
domicile du consommateur et doit mettre ses agents techniques à la
disposition de ce dernier pour que l'appareil puisse être mis en marche
et remplir la tâche pour laquelle il a été
acheté.
S'agissant de la vérification du fonctionnement de
l'appareil ou de l'objet de l'achat, le professionnel doit au consommateur
pendant la durée de la garantie un suivi pour la vérification du
fonctionnement effectif du bien.
L'achat d'un bien, service ou d'une technologie est un acte
qui grève considérablement l'économie du consommateur.
Dans le cas où, l'appareil acquis présenterait des défauts
qui entrainent son dysfonctionnement, d'autres garanties doivent prévu
par les
88 Article 10 al 3 : « pour les transactions
concernant les biens durables, un service après-vente doit
obligatoirement être assure au consommateur. »
-' 35 -'
professionnels pour protéger les consommateurs. Il
s'agit de la réparation et du remplacement du bien acquis par le
consommateur.
B : La garantie de la réparation, remplacement
et du remboursement du prix du
produit.
Bien souvent, les professionnels de mauvaise foi disposent de
la publicité qui est un outil très puissant de communication
à des fins de tromperies et d'escroquerie. Les fabricants ou les
distributeurs d'un bien, bien que connaissant ses défauts internes de
fabrication font de la publicité illégalement sur les biens en
cause pour les écouler. Dans la présentation du produit, des
fausses informations sur les caractéristiques des biens, sa
durabilité, ses performances, son fonctionnement normal ainsi que les
différents rabais sur les prix.
Au moment de l'acquisition de ce bien, pour la protection des
intérêts financiers des consommateurs, et contre des risques ou
des défauts du produit, le législateur a prévu un
mécanisme de service après-vente, tel qu'il ressort de l'article
10 de la loi-cadre du 6 mai 2011 précité.
Selon l'article 54 de la loi du 21 décembre
régissant l'activité commerciale au Cameroun, en plus de la
garantie de la mise en marche de l'appareil, le consommateur doit
également avoir une garantie de réparation, de remplacement et du
remboursement du prix du bien89.
S'agissant de la réparation, il est question de
remettre en état ce qui a été endommager dans l'appareil,
afin qu'il puisse fonctionner à nouveau. La réparation d'un
produit consiste à faire appel à des professionnels dans le
domaine. L'obligation de réparation implique la garantie de la
disponibilité des pièces de rechange de l'appareil. A titre
d'exemple, lorsqu'un consommateur achète une voiture chez un
concessionnaire, un certain nombre de garanties sont mises à sa
disposition pour le protéger contre les vices cachés du
véhicule. La sanction qui peut être prononcé contre le
défaut d'une telle garantie c'est d'une part le rappel des biens en
cause et d'autre part l'octroi des dommages intérêts aux victimes
des tromperies du professionnel. Notons toutefois que la réparation ne
peut être faite pendant le cours de la garantie du service
après-vente.
89L'article 54 dispose que : « l'exécution
de l'obligation de garantie s'effectue soit par : - La
réparation du bien ;
- Le remplacement du bien ;
- Le remboursement du prix du bien. »
-' 36 -'
Pour ce qui est des frais de réparation, l'article 56
alinéa 1 et 2 de la loi du 21 décembre 2015 régissant
l'activité commerciale au Cameroun dispose ainsi respectivement que :
« le remplacement ou la réparation du bien est effectué
à titre gratuit et dans un délai conforme aux usages », et
que « tous les frais, notamment ceux de main-d'oeuvre et de fourniture de
biens, sont à la charge du commerçant concerné ». Le
professionnel va établir le responsable de la panne, si le
dysfonctionnement est du fait du consommateur, ou des défauts du
produit. Si la panne est de la mauvaise manipulation du consommateur, les frais
de réparations lui seront imputables. S'il n'en est rien, le vendeur
supporte tous les frais.
Pour ce qui est du remplacement du produit, il est plus
efficace dans la mesure où le consommateur disposera en définitif
un bien tout neuf. Le remplacement consiste à reprendre le bien
défectueux entre les mains du consommateur et lui redonner un nouveau en
parfait état de marche. C'est une obligation qui lui est faite par
l'article 55 de la loi du 21 décembre 2015 régissant
l'activité commerciale au Cameroun qui dispose que : « le vendeur
ou professionnel est tenu de procéder au remplacement du bien lorsque le
défaut est d'une gravité telle que le bien serait partiellement
ou totalement inutilisable malgré sa réparation ». C'est le
consommateur lui-même qui déclenche la garantie dans son propre
intérêt. Mais les professionnels pour qu'ils arrivent à
remplacer un bien passe par plusieurs mécanismes. Il passe par des
tentatives de vérification du bon fonctionnement de l'appareil et des
tentatives réparation, lorsque la panne s'avère être
légère et réparable.
Pour ce qui est du remboursement du prix d'achat du produit,
le consommateur peut ne vouloir ni la réparation, ni le remplacement du
bien mais plutôt le remboursement du prix d'achat du bien. C'est de son
droit de demander discrétionnairement ce remboursement. Il n'a donc
nullement l'obligation de motiver sa décision. Mais il pourrait s'agir
de la perte de confiance envers le vendeur du bien. C'est un droit qui est
reconnu au consommateur par l'article 57 de la loi du 21 décembre 2015
régissant l'activité commerciale au Cameroun qui dispose que :
« lorsque le vendeur ou professionnel est dans l'impossibilité de
réparer ou de remplacer le bien, il est tenu d'en rembourser le prix
sans délai et aux conditions suivantes : Lorsque le bien est
partiellement inutilisable et que le consommateur préfère le
garder, le remboursement est partiel et proportionnel à la perte subie ;
Lorsque le bien est totalement inutilisable, le remboursement est total et le
consommateur restitue le bien défectueux ».
Quel qu'en soi les démarches du professionnel, le
consommateur reste et demeure protégé. La difficulté
pourrait se rencontre dans les contrats en ligne dans lesquels il est plus
-' 37 -'
facile de se faire livrer un produit non conforme aux attentes
légitimes. Là aussi, une autre forme de garantie est
prévue et plus utilise dans les contrats en ligne. Il s'agit du droit de
rétractation qui est aussi efficace pour la protection du consommateur
contre la publicité illégale.
PARAGRAPHE II : L'EXERCICE DU DROIT DE RETRACTATION
EFFICACE A LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR CONTRE LA PUBLICITE
ILLEGALE.
Le droit de rétractation est une garantie qui s'exerce
aussi bien dans le contrat entre non présents que dans le contrat en
présentiel. Le législateur camerounais a prévu des
dispositions par rapport au droit de rétractation mais nous pouvons lui
reprocher de ne pas donner une définiront légale de cette notion.
Nous trouvons sa définition ailleurs. Dans le vocabulaire juridique, la
rétractation est dentition comme une manifestation de la volonté
contraire par laquelle l'auteur d'un acte ou d'une manifestation
unilatérale de volonté entend revenir sur sa volonté et la
retirer comme si elle était non avenue, afin de la priver de tout effet
passé ou à l'avenir.90 Selon le Professeur JULIEN
JEROME, la rétractation consiste à : « retirer un
consentement »91. Par ce que l'engagement du consommateur est
le fruit d'une décision impulsive, irréfléchie et non
murie et qui implique aussi qu'il ne saisit pas les conséquences de ses
actes, le législateur a ainsi prévu des canaux dans lesquels le
consommateur puisse se rétracter.
Le droit de rétractation est une garantie
particulière pour le consommateur qui pourrait être lié par
un contrat qui a pour base une publicité illégale. C'est une
garantie qui lui permet donc ainsi de revenir sur un consentement vicié
exprimé définitivement et immuablement.
Pour la protection du consommateur, il exerce son droit de
rétractation dans un délai raisonnable (A) et
selon une forme simplifiée (B).
A : Un délai raisonnable à l'exercice du
droit de rétractation.
En principe, le consentement donné par les
cocontractants est définitif et immuable. Le droit de rétraction
encore appelé ailleurs droit de repenti défie ce principe en
consacrant une résolution du contrat déjà formé et
qui est sensé produire ses effets. Lorsque le consommateur
90 Vocabulaire juridique Gérard Cornu,
définition rétractation, page 925
91 JEROME (J), Droit de la consommation, LGDJ, page
122
-' 38 -'
se rend compte de la manoeuvre du professionnel ou que l'objet
acheté n'est pas conforme aux stipulations contractuelles, le
consommateur est protégé et est fondé à revenir sur
sa décision. Le droit de rétractation protège les
consommateurs contre les démarchages à domicile, des ventes hors
établissement, vente par téléphone ou dans le cas
général des ventes à distance.
Le droit de rétractation s'exerce dans un délai
bien défini et raisonnablement fixé par le législateur
avec pour souci de protéger les consommateurs. Le délai
d'exercice du droit de rétraction dépend d'un pays à un
autre.
En droit camerounais, ce délai varie d'un texte de loi
a un autre. Nous reprochons au législateur camerounais ce manque
d'harmonie entre les textes de lois du Cameroun et que l'harmonisation est
souhaitable dans l'intérêt des consommateurs.
Dans la loi cadre du 6 mai 2011, l'art 7 dispose à cet
effet que : « le consommateur a le droit de se rétracter dans un
délai de ne pouvant excéder quatorze (14) jours à compter
de la date de signature ou d'exécution du contrat, de réception
d'une technologie, d'un bien, ou d'un bien lorsque le contrat a
été conclu, indépendamment du lieu, à l'initiative
du fournisseur, du vendeur ou de ses employés, agents ou serviteurs
». À titre de droit comparé, le délai d'exercice dans
le droit de la consommation française est de quatorze (14) jours comme
dans la loi-cadre.
Dans la loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010,
régissant le commerce électronique au Cameroun, ce délai
est diffèrent de celui de la loi-cadre. En effet, selon l'art20 al 1,
« sous réserve des dispositions de l'article 15 ci-dessus, le
consommateur peut se rétracter dans un délai de quinze (15) jour
: A compter du lendemain de la date de leur réception par le
consommateur, pour les marchandises ; A compter de la date de conclusion du
contrat pour les services ».
Les délais d'exercice du droit de rétractation
sont d'ordre public et selon l'article 6 du code civil on ne peut pas y
déroger.92
Dans ce délai de quatorze (14) et quinze (15) jours, le
consommateur est tenu de renvoyer le bien ou technologie ou service en cause.
Le professionnel quant à lui doit au
92 L'article 6 du code civil dispose que : «
On ne peut déroger, par des conventions particulières, aux lois
qui intéresse l'ordre public et les bonnes moeurs. »
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consommateur la totalité des sommes versées, y
compris les frais de livraison dans un délai ne dépassant pas
quatorze (14) jours, après la réception du produit.
La mise en oeuvre du droit de rétractation est
facilitée, du fait de l'absence d'une norme légale de son
exercice. La facilitation de la forme d'exercice du droit de rétraction
bénéficie directement au consommateur. Le législateur a
prévu des facilitations au consommateurs pour exercer son droit de
rétractation. Il prend en compte la faiblesse du consommateur.
B : La facilité dans la forme de l'exercice du
droit de rétractation.
Le droit de la consommation est un droit essentiellement
protecteur. En obligeant certain contrat à disposer du droit de
rétractation, il met ainsi en oeuvre les différents
mécanismes de la protection du consommateur. Comme son délai est
raisonnablement organisé par le législateur, ainsi la forme de
l'exercice du droit de rétractation est simple et facilitée dans
l'intérêt des consommateurs.
La forme de rétractation est prévue par le
législateur camerounais dans la loi du 21 décembre 2010 portant
commerce électronique au Cameroun. En effet, l'article 20 alinéa
2 parle de la notification de la rétractation, ou tout autre moyen
pertinent. Cet article dispose que : «la notification de la
rétraction se fait par voie électronique ou tout autre moyen
pertinent »93. Cet article est une preuve de la facilité
de la mise en oeuvre du droit de la rétractation par le consommateur.
Mais il peut aussi être fait par simple renvoi du bien, le consommateur
peut aussi refuser de prendre livraison de la marchandise, telle que le
témoigne la pratique dans le commerce tel que Jumia.
Pour ce qui du renvoi du bien, plusieurs raisons peuvent
être invoquées. Il peut se faire lorsque le bien acheté ne
satisfait pas au consommateur ou n'est pas conforme à ce qu'il
attendait, ou bien lorsque le produit présente des défauts suite
à l'utilisation faite par le consommateur. Il renvoi ainsi le produit au
vendeur à son adresse et peut solliciter le remboursement du prix de la
chose.
L'autre option à l'exercice du droit de
rétractation c'est le refus de retirer le produit expédié
ou livré par le vendeur. Lorsque le consommateur se comporte ainsi,
c'est généralement suite à la prisse de conscience ou
à l'évaluation de sa situation. C'est
93 Article 2O alinéa 2 de la loi du 21
décembre 2010 régissant le commerce électronique au
Cameroun.
généralement le cas lorsque le consommateur
revient à lui, se repent après avoir acheté un produit
suite à une décision hâtive. Lorsque le délai pour
retirer le bien passe, le bien est retourné chez le vendeur, et le
consommateur peut demander à ce que le prix de la chose lui soit
reversé, y compris les frais d'expédition du bien. C'est ce que
prévoit l'article 20 alinéa 3 qui dispose que : « au cas
où les marchandises n'ont pas été altérés
par le consommateur, le vendeur est tenu de rembourser les sommes
perçues dans les quinze (15) jours à compter de la date de retour
des marchandises ou de la renonciation au service »94. Mais
néanmoins, le consommateur a l'obligation de ne pas altérer les
biens et doit supporter les frais de retour comme le dispose l'alinéa 4
de la loi de 201095, et l'article 21 de la même loi. Cet
article 21 dispose : « sous réserve de la réparation des
préjudices au profit du consommateur, ce dernier peut, dans un
délai de quinze (15) jours à compter de la date de livraison,
restituer le produit en l'état s'il n'est pas conforme à la
commande ou si le vendeur n'a pas respecter les délais de livraison
prévus à cet effet.96
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94 Article 20 alinéa 3 de la loi du 21
décembre 2010.
95 Article 20 alinéa 4 dispose que : « le
consommateur supporte les frais de retour des marchandises ».
96 Article 21 de la loi précitée.
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